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Pour s'imprégner d'Aix en Provence, il faut tout d'abord aller traîner ses savates sur le cours Mirabeau : c'est là que les aixois aiment à flâner. D'un côté les banques au nord, de l'autre au sud les terrasses de cafés et des deux côtés les façades de superbes hôtels particuliers bâtis entre le 16ème et le milieu du 18ème siècle.
L'hôtel d'Arbaud-Jouques est situé au N°19 du cours Mirabeau. Les ferronneries de ses balcons et les mascarons de pierre taillée des clés de baies en pierre d'Italie en font l'un des plus beaux de la ville selon les guides.
Le Tribunal de commerce d'Aix est aussi situé sur le cours Mirabeau au N°20, dans les locaux de l'hôtel Maurel de Ponteves. Il est surtout remarquable par la taille des deux atlantes qui ornent son porche.
Ailleurs dans la vieille ville, les hôtels particuliers sont pléthore. Voici le porche de l'hôtel Croze de Peyronetti (fin 16ème siècle) à la façade vermiculée.
Il contraste avec les sculptures raffinées de l'étage.
L'hôtel d'Agut (17ème siècle), situé place des prêcheurs, n'a rien à lui envier...
On en rêve, non... ?
L'hôtel de Châteaurenard est situé rue Gaston de Saporta. Sa particularité est d'avoir un escalier en trompe-l'oeil que nous n'avons pas pu voir cette fois-ci car le portail était fermé...
Mais le voici grâce à mon ami internet !
Allez, un dernier pour la route mais pas des moindres.
L'hôtel particulier du duc de Vendôme, cousin de Louis XIV, appelé aussi Pavillon Vendôme a été construit en 1665 et est situé au nord de la ville juste derrière le cours Sextius. Il est entouré d'un grand jardin à la française et l'on y rentre par une élégante grille en fer forgé.
En s'approchant, on est littéralement "soufflé" par l'endadrement de la porte d'entrée flanquée de deux immenses atlantes réalisés par le sculpteur Jean-Claude Rambot (et non pas "Rambo" comme le signale si astucieusement le guide du Routard !)
Mais Aix ne serait pas Aix sans ses fontaines (on en compte pas moins de 21 !).
Quatre d'entre elles se trouvent justement sur le cours Mirabeau : depuis la fontaine du Roi René en passant par la Moussue ainsi nommée à cause de la mousse qui s'y est accumulée au cours des siècles (cette fontaine est alimentée par l'eau chaude des thermes de la ville), la fontaine des neuf canons, pour arriver tout au bout du cours à la fontaine de la Rotonde, la plus imposante par la taille des fontaines aixoises mais aussi la plus récente.
La fontaine du Roi René
La moussue
La fontaine des neuf canons, également couverte de mousse qui montre bien la perspective sur le cours, piétonnier en son centre.
La Rotonde
Les autres fontaines d'Aix sont éparpillées sur les nombreuses placettes qui jalonnent la ville. La plus ancienne est la fontaine Espéluque (espeluco signifie grotte en provençal) qui date du 15ème siècle.
Il y a aussi la fontaine d'Albertas de la très élégante place du même nom , en plein centre de la vieille ville. Réalisée au 19ème siècle, la vasque en pierre de la fontaine devenue fissurée fût remplacée à l'identique par une vasque en fonte par les élèves de l'Ecole des Arts et Métiers d'Aix : merci internet !
La fontaine d'argent est située rue de la mule noire. L'origine de son nom est incertain : il vient peut-être des âpres discussions du conseil municipal autour du prix de son édification jugée trop onéreuse (le propriétaire du terrain a dû être dédommagé par la ville de l'enclave faite dans son terrain...). L'eau qui sort par la bouche de deux têtes de turcs joufflus rappelle la mode des turqueries de l'époque de sa construction (1758).
La fontaine des quatre dauphins est située dans le quartier Mazarin au sud-est de la ville. La place du même nom a vraiment beaucoup de charme à mes yeux car, à cette époque en tout cas, elle n'est pas trop fréquentée et on peut y faire des photos tranquillement...
On termine avec le centre d'Aix par la fontaine de la rue des Bagniers dédiée à Cézanne (médaillon du haut) Il en fallait bien une pour honorer la mémoire du peintre...
Quant à cette élégante fontaine Pascal (du nom d'un riche industriel qui la fit construire à ses frais et en fit don à la ville), elle est située sur le cours Sextius, le "périph" d'Aix !
J'arrête là avec les fontaines au risque de lasser... mais il y en a d'autres. (peut-être dans un prochain article lors d'un prochain séjour, qui sait !)
Que voir (ou revoir) d'autre dans cette belle ville ?
Les oratoires de coin de rues. Leur origine : la peste de 1720 qui faisait rage en Provence comme ailleurs et qui obligea les autorités de la ville à "parquer" les habitants d'Aix chez eux pour éviter l'expansion de l'épidémie. Des petites statues de la vierge (et de saints protecteurs des maladies) furent érigées aux encoignures des rues pour permettre aux gens de prier. Ces petites niches sont tellement nombreuses dans la vieille ville qu'elles attirent la curiosité des touristes dont je fais partie.
Voici quelques uns de ces oratoires
Place du tribunal
Rue Richelme
Rue Marius Reynaud
Près du Beffroi : ancien ou moderne, je ne sais pas...
Quittons maintenant la douceur aixoise pour aller quelques 90 kms
plus à l'ouest rejoindre le grand Rhône à Arles.
Depuis le syndicat d'intitiative, on rejoint la place de la République en plein coeur de la ville. C'est là que se trouve l'obélisque romain (du 2ème siècle après JC) qui sert de centre à une fontaine et qui fait face à l'Hôtel de ville construit par Mansart.
Eh oui, je sais : il y a du soleil, Philippe... et les lunettes, elles sont où ?
Sur la même place se trouve l'admirable primatiale Saint-Trophime édifiée au moyen-âge. Son portail qui est extrêmement ouvragé représente le jugement dernier.
A l'intérieur de l'église, une belle mise au tombeau en marbre
et une collection de tapisseries d'Aubusson
En montant un escalier donnant sur le cloître, on a une belle vue d'ensemble sur l'église.
Le cloître mériterait un petit coup de nettoyage, mais à part ça les chapiteaux qui ornent ses colonnes sont remarquables.
L'un des piliers d'angle représente Saint-Trophime, premier évêque d'Arles.
En arpentant la ville, on découvre de jolies places comme celle du Forum où se pressent arlésiens et touristes autour des terrasses de cafés.
La statue de Frédéric Mistral y trône en bonne place, juste à côté des restes de l'ancien forum.
Les maisons sont soit simples comme celle-ci
soit travaillées comme celle-là
Nous voici maintenant arrivés à l'amphithéâtre romain (les arènes).
On tourne, on tourne...
et on arrive à une petite place bien sympathique où le café des arènes (qui leur fait face) nous tend les bras. Ca tombe bien, on avait justement envie d'un petit panaché !
Elle est pas belle la vie !
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J'ai découvert la peinture de William Turner il y a plus de 20 ans lors d'un séjour londonien. La modernité et l'extrême luminosité des toiles exposées
à la Clore Gallery à cette époque m'avaient très fortement impressionnée.
Aujourd'hui, je le redécouvre avec grand plaisir grâce à une intéressante exposition
qui se tient cette fois-ci au Grand Palais à Paris, intitulée "Turner et ses peintres".
Un autre regard sur ce grand peintre anglais du 19ème siècle qui a eu une très longue carrière : né en 1775, il commence à peindre dès l'âge de 14 ans et ne s'éteint qu'en 1851. Le Grand Palais a pris le parti de présenter au public des toiles de Turner en regard des toiles des maîtres qui l'ont inspiré, tant anciens que contemporains.Ci-dessous, une toile de William Parrot, contemporain et ami de Turner, représentant ce dernier au vernissage de l'une de ses expositions (je découvre d'ailleurs ici l'origine du mot "vernissage" !) Le peintre avait l'habitude d'apporter une dernière touche à ses tableaux avant de les vernir devant le public.
Turner jeune : autoportrait
Turner voyagea beaucoup tout au long de sa carrière, en Angleterre, en Ecosse tout d'abord puis, après la paix d'Amiens en 1802, en France, en Suisse et en Italie. Au cours de ses voyages, il visite les grands musées et s'imprègne des grands maîtres.
Ici, Turner s'inspire d'une toile de Claude Gelée (1600-1682)
qu'il admirait particulièrement : "Le débarquement de Cléopâtre à Tarse"
pour exécuter son tableau intitulé "Regulus".
Regulus était un général romain à qui les Carthaginois coupèrent les paupières et qui dut alors regarder le soleil en face. Dans sa toile, Turner peint l’éblouissement même du soleil : personages et lieux n’ont plus guère d’importance, seule compte la lumière.
Ce tableau intitulé "Jeune hollandaise" peint par Jan Victors
et celui-ci : "Jeune fille à sa fenêtre" de Gilbert Stuart Newton (1794-1835)
lui inspirent "Jessica"
"Le gardien de troupeau" d'Aelbert Cuyp suscite à Turner son "Abington"
"Les deux cousines" de Watteau lui suggèrent "Ce que vous voudrez" (d'après Shakespeare)
"Le môle vu du bassin de Saint-Marc" de Canaletto
"Le pont des soupirs" de Turner
Mais Turner fut aussi influencé par ses contemporains.
Ici, le tableau de Constable intitulé "Jetée de Yarmouth"
et là le "Bateau échoué" de Turner
Allez, on termine avec un autre peintre contemporain de Turner.Richard Parkes Bonnington : "Côte française avec pêcheurs"
Ce tableau inspira à Turner "La plage de Calais à marée basse" qui fait l'affiche de l'exposition.
Pas mal choisi !
A la fin de l'expo, on peut aussi admirer quelques superbes toiles du célèbre peintre, plus caractéristiques de son style annonciateur de l' impressionnisme.
Pour moi, le clou : c'est celui-là !
"Tempête de neige" (qu'il peignit après avoir essuyé une tempête en mer
et s'être fait attacher au mât du bateau pour mieux vivre et ressentir la force des éléments...)
Le gros défaut de cette expo, c'est la foule qui la visite car, malgré le système de filtre dû à la pré-réservation des places qui évite les longues files d'attente, une fois à l'intérieur il faut jouer des coudes pour parvenir en bonne position.
Dommage...
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Une balade en Seine et Marne ces jours-ci pour profiter de la Smartbox gentiment offerte par mes collègues de travail à l'occasion de ma retraite.
La chambre d'hôtes : La Loutinière à Sourdun près de Provins.
La façade de la maison n'a rien d'extraordinaire mais à l'intérieur de cette ancienne grange remaniée par ses propriétaires, 4 chambres d'hôtes avenantes dont la nôtre ont été créées. Un petit détail amusant : Les murs de notre chambre sont crépis à la chaux et parsemés de petits brins de paille !
Dans Provins, nous ne ferons qu'une petite ballade car le froid pince sec... Par contre, le château de La Motte Tilly, également voisin et entièrement meublé d'époque (XVIIIème siècle) nous ouvre ses portes pour une visite guidée... privée !
Question de saison sans doute...
Le château est édifié à partir de 1754 dans un parc boisé en bordure de Seine, sur des plans de l’architecte François Nicolas Lancret, pour les frères Terray. Le plus célèbre, devient contrôleur général des finances du roi Louis XV en 1769. En 1910, le comte de Rohan-Chabot, descendant par sa mère de la famille Terray, entreprend des travaux de restauration d’après des documents d’archives. Le parc est ainsi redessiné avec des terrasses descendant en pente douce jusqu’au miroir d’eau. Le château est classé monument historique en 1946. Après le décès du comte en 1964, sa fille, la marquise de Maillé, reconstitue par le décor et l’ameublement aux prestigieuses estampilles, l’ambiance raffinée d’une demeure du XVIIIe siècle. Décédée en 1972, sans héritier, la marquise lègue son château à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites aujourd'hui Centre des monuments nationaux, à la condition qu’il soit maintenu en l’état et que « le visiteur puisse y ressentir le sentiment d’une présence ».
Le petit salon ou salon bleu et la salle à manger meublés en style Régence
La chambre en toile de Jouy de style Louis XVI
Le billard français tout en marqueterie...
Merci les collègues !
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Noyée dans une mer de téléphones portables, une tête d'Hermès (Hermès en Grèce ou Mercure chez les Romains), messager des Dieux, ouvre l'exposition que présente le Musée de La Poste. Le ton est donné pour cette expostion qui couvre 2500 ans d'histoire de transmission de la communication entre les hommes.Une enveloppe et une lettre en argile datant de 1800 avant J.C.Pendant les guerres, on a utilisé de tous temps le langage codé. Ici, le code de César décalé de trois lettres.
Au Moyen-Age, la connaissance prend la forme du rouleau : ici, un rotulus. Ce parchemin souvent transporté d'abbaye en abbaye par les moines s'allongeait au fur et à mesure du voyage par les accusés de réception allant parfois jusqu'à mesurer plus de 10 mètres de longueur !A l'époque, la correspondance est scellée à l'aide de sceaux de bois, d'ivoire de laiton ou encore d'argent revêtant parfois des formes animalières.
Un nécessaire à cire
Nous voici mainenant au 15ème siècle avec ici des bottes de postillon. Celui-ci acheminait le courrier d'un relais-poste à l'autre (distants de 7 lieues, soit 28kms), ce qui inspira Charles Perrault pour les bottes de l'ogre de son Petit Poucet.
Au 16ème siècle, la civilisation inca ne connait pas l'écriture. Les Incas savaient cependant conserver l'information (essentiellement mathématique) par un système de noeuds sur des cordelettes multicolores appelées Khipus. En fait, chaque khipu constituait pour l'état un livre de comptes. On comptait les personnes, les animaux, les récoltes, etc...
Autre continent, autre moyen de communication. En Afrique, les tambours étaient utilisés pour transmettre des messages oraux.
Mais revenons à l'occident avec la création en 1760 de La Petite Poste de Paris, c'est-à-dire un service de collecte et de distribution du courrier urbain. Le facteur de ville est né. Muni d'un claquoir qu'il agite pour avertir de son arrivée, il distribue la correspondance intra-muros.
Le 18ème siècle voit l'invention par les frères Chappe de la télégraphie aérienne par un système de relais diurne entre sémaphores. La première ligne, inaugurée en 1794, est celle qui relie Lille à Paris. Les messages partis de Paris arrivent à Lille 6 heures après !
Les guerres exigent de nouveaux moyens de communication de l'information. Lors de la guerre de 1870 et du siège de la capitale qui isole les Parisiens de la province, on utilise alors des "ballons-montés" pour envoyer le courrier en dehors de Paris. Près de 11 tonnes de courrier seront ainsi acheminées par la voie des airs au moyen de 65 ballons. Emile Lacaze, aéronaute, perdit la vie lors d'un naufrage de son ballon, "le Richard Wallace" dans l'Océan atlantique.
Apparaissent aussi à cette époque les "boules de Moulins" immergées dans la Seine et qui remontent le courant jusqu'à la capitale. Elles contiennent chacune jusqu'à 5 à 600 lettres. Rarement parvenues à destination, ces boules étanches ont été retrouvées dans la Seine par la suite et La Poste a fait de son mieux pour les faire parvenir aux descendants de leurs destinataires qui possèdent là un vrai trésor.
Après la télégraphie aérienne, voici l'arrivée de l'électricité et du télégraphe d'Ampère, amélioré par Samuel Morse. Un signal long correspond à un trait, un signal court à un point, le tout retranscrit sur papier par une aiguille.
Le code Morse est toujours utilisé par l'armée.
C'est ensuite l'invention des pneumatiques, du téléphone et de... l'internet mais tout ceci est contemporain ! La boucle est bouclée, du moins pour le moment...
Ceci n'est qu'un aperçu d'une exposition très documentée qui nous a bien intéressés mais un peu difficile à évoquer en abrégé car les photos y étaient interdites !
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Un superbe film de Tony Gatlif vient de sortir sur les écrans parisiens.
"Liberté"
Il est inspiré du livre de Jacques Sigot "Ces Barbelés oubliés par l'Histoire : un camp pour les tziganes... et les autres " sur le camp de Montreuil-Bellay établi près de Saumur.Le film évoque la traque des tziganes par la police du gouvernement de Vichy à la solde des nazis et leur internement (de novembre 1941 à janvier 1945) dans des camps. L'histoire se passe dans un petit village de la zone occupée.
Théodore, est vétérinaire et maire du village. Il a recueilli P'tit Claude, neuf ans, dont les parents ont disparu depuis le début de la guerre. Mademoiselle Lundi, l'institutrice fait la connaissance des Tziganes qui se sont installés à quelques pas de là. Ils sont venus pour
faire les vendanges dans le pays. Humaniste et républicaine convaincue, elle s'arrange, avec l'aide de Théodore, pour que les enfants Tziganes soient scolarisés. De son côté, P'tit Claude se prend d'amitié pour Taloche, grand gamin bohémien de trente ans qui se promène partout avec son violon sur l'épaule. Mais les contrôles d'identité imposés par le régime de Vichy se multiplient et les Tziganes, peuple nomade, n'ont plus le droit de circuler librement : Théodore cède alors un de ses terrains aux bohémiens, désormais sédentarisés. Tandis que les enfants Tziganes suivent les cours de Mademoiselle Lundi, P'tit Claude est de plus en plus fasciné
par le mode de vie des Bohémiens - un univers de liberté où les enfants sont rois. Mais la joie et l'insouciance sont de courte durée : la pression de la police de Vichy et de la Gestapo s'intensifie et le danger menace à chaque instant. Comme ils l'ont toujours fait depuis des siècles, les Tziganes devront reprendre la route…
Tony Gatlif explique l'origine du scénario.
"J’ai fini par trouver une anecdote de quelques lignes : Le destin d’un dénommé "Tolloche" (Taloche dans le film) fut particulièrement tragique. Interné à Montreuil- Bellay, il réussit à se faire libérer après avoir acheté, par l’intermédiaire d’un notaire, une petite maison à quelques kilomètres de la ville. Incapable de vivre entre quatre murs, il reprit la route pour retourner dans son pays d’origine, la Belgique. Il fut arrêté dans le Nord et disparut en Pologne avec ses compagnons d’infortune. C’est le destin de ce Tolloche qui a pris tous les risques pour sauvegarder sa liberté qui m’a décidé à faire ce film. Et puis il y a ce Juste, un notaire, qui lui aussi a pris tous les risques pour tenter de le sauver..."Une interview de Tony Gatlif à propos de son dernier filmPour votre info, James Thiérrée qui joue le rôle de Taloche n'est autre que
le petit-fils de Charlie Chaplin... ce qui explique peut-être sa facilité à se mouler dans
la peau de ce personnage à la fois clownesque et tragique à la fois.
Son grand-père, il ne peut guère le renier, non... ?
Quant au personnage de Mademoiselle Lundi, il vient de la résistante Yvette Lundy, elle-même institutrice pendant la guerre dans le village de Gionges dans la Marne.
Celle-ci, toujours en vie, s'exprime sur son action pendant la guerre :
"Etre résistant, c'est être un peu "anormal" dans la société de l'époque. Au début de la guerre il y avait seulement quelques dizaines de résistants dans la Marne. Ma famille s'est trouvée engagée dans la Résistance dès l'été 1940. Nous habitions au Nord de Reims, pas très loin du camp de Bazancourt où étaient enfermés plus de 3000 soldats français prisonniers, gardés par les Allemands. Certains sont parvenus à s'enfuir et nous en avons recueilli. Il fallait les habiller en civil, les nourrir, leur changer l'identité. Comme j'étais institutrice et secrétaire de mairie, je pouvais faire des fausses cartes. Les cartes d'identité étaient nécessaires pour pouvoir obtenir les cartes d'alimentation à cause du rationnement. Mes frères avaient de la place chez eux et pouvaient héberger plusieurs personnes, moi je ne pouvais en héberger qu'une seule à la fois. J'ai aussi fait des fausses cartes d'identité pour des familles juives, pour des gens qui refusaient de faire le S.T.O. et qui se cachaient . D'autres personnes ont hébergé des aviateurs anglais et américains dont les avions avaient été descendus par la D.C.A et qu'il fallait cacher pour les faire repartir en Angleterre. J'ai été dénoncée et les Allemands sont venus m'arrêter dans ma classe, devant mes élèves ! J'ai été emmenée et interrogée au Cours d'Ormesson à Châlons puis emprisonnée au fort de Romainville et ensuite on nous a entassées en train, dans un wagon à bestiaux : 120 femmes là où il y a de la place pour 6 chevaux. Nous avons eu 4 jours et 3 nuits de voyage avec juste une ration de pain chacune, une bassine d'eau et une tinette commune. On ne pouvait pas être toutes assises en même temps. Puis on est arrivées au Nord de Berlin, à la gare de Fürstenberg, on a fait 4,5 km de marche et on est arrivées au camp de Ravensbrück".Rappel historique
Avec la guerre, Himmler, le chef de la police d’Hitler devient le responsable de toutes les opérations de génocide et de déportation. À partir de 1941, il conduira la liquidation de millions de personnes et des 6 millions de Juifs. Son bras droit, Arthur Nebe, est le responsable du génocide des Tziganes. Par un décret du 16 décembre 1942, appelé ultérieurement Auschwitz Erlass, Himmler décida du transfert des Tziganes et des Zigeuner-Mischlinge du grand Reich à Auschwitz-Birkenau. Le registre du camp a été découvert et publié. Au moins 23 000 Tziganes étaient à Auschwitz-Birkenau. Les familles tziganes d’Allemagne, d’Autriche, de Bohême Moravie, des Pays-Bas, du Luxembourg, de Belgique et du Nord et du Pas-de-Calais, furent totalement exterminées. De même les Tsiganes de Pologne furent liquidés avec les ghettos juifs ou massacrés sur place. La Troisième République impose leur assignation à résidence sur l’ensemble du territoire métropolitain et pour toute la durée de la guerre par un décret-loi daté du 6 avril 1940, soit un mois avant l’invasion des troupes allemandes. Les nomades arrêtés et assignés par les gendarmes seront les principales victimes de l’ordonnance allemande du 4 octobre 1940 qui ordonne aux autorités françaises de procéder à l’internement des Tsiganes en zone occupée. Entre 6 000 et 6 500 personnes majoritairement de nationalité française furent internées en famille dans les 30 camps d’internement pour nomades dont 5 situés en zone libre. L’internement en zone libre et notamment dans le camp de Saliers (Bouches-du-Rhône) releva de la décision exclusive du gouvernement de Vichy. Ces camps étaient gérés par les préfectures, surveillés par des gendarmes. Les familles vécurent ces années d’enfermement dans la plus grande précarité tant physique que morale et dans l’indifférence totale. Les plus importants étaient ceux de Montreuil-Bellay, Jargeau et Poitiers. Les Tsiganes de France ne furent pas concernés par le décret du 16 décembre 1942 ordonnant la déportation à Auschwitz des Tziganes résidant dans le Grand Reich (à l’exception de 145 personnes arrêtées dans les départements du Nord et du Pas de Calais et déportées le 15 janvier 1944). Bien qu’il n’y ait pas eu de déportation massive, des Tziganes furent déportés dans le cadre du travail au service de l’Allemagne, pour faits de résistance ou pris dans des rafles allemandes.
Carte des camps d'internement des tziganes en France
Quelques photos de ce très beau film
Marc Lavoine dans le rôle du vétérinaire, maire du village
Mademoiselle Lundi l'institutrice jouée par Marie-Josée Croze
Les paysages des Monts du lyonnais
L'arrestation des tziganes par les forces de l'ordre et les nazis
Derrière les barbelés...
Et puis, il y a la musique, toujours aussi partie prenante des films de Tony Gatlif, comme ce morceau de Kalman Urszuj qui rend si bien l’atmosphère de la fête qui se déroule dans le village et qui permet aux tziganes de gagner le sel de leur soupe.J'ai beaucoup aimé.
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