• Ce lundi, nous nous sommes projetés 3300 ans en arrière grâce à l'exposition "Toutânkhamon, son tombeau et ses trèsors" proposée aux parisiens à la Porte de Versailles depuis le mois de mai dernier.

    Le Pavillon de Toutankhamon
    Une surface de 4500 m² présente des copies des objets qu'Howard Carter, l'archéologue anglais, a découvert en compagnie de Lord Carnarvon, son mécène, le 29 novembre 1922 après 6 longues campagnes de fouilles dans la vallée des Rois à la recherche de la tombe du jeune pharaon.
    La dernière exposition présentant le trésor de Toutânkhamon à Paris date de 1967. Elle avait été inaugurée par André Malraux en présence du ministre de la culture égyptien de l'époque et était le symbole de l'amitié entre l'Egypte et la France. Il est maintenant hors de question d'envisager de faire voyager les pièces du trésor pour deux raisons : leur fragilité et le coût de l'assurance que cela représenterait. L'exposition de la Porte de Versailles est donc intéressante en ce qu'elle permet à ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir aller en Egypte de découvrir tout de même ces trésors inestimables.

    Cinq années ont été nécessaires pour préparer l'exposition qui dévoile au public plus de 1000 objets funéraires prévus pour accompagner le pharaon dans son voyage dans l'eau-delà. L'originalité de l'exposition tient à la mise en scène de la présentation du trésor. Après avoir fait un bref rappel de la généalogie de ce pharaon de la XVIIIème dynastie et visionné deux films présentant, le premier la vie de Toutânkhamon et le deuxième la découverte du tombeau par Howard Carter, le visiteur est convié à assister au spectacle qui s'est offert à l'archéologue lorsqu'il a pénétré dans la tombe du pharaon.
    Assisté par une équipe d'une centaine d'ouvriers égyptiens qui creusent inlassablement la roche, l'archéologue arrive enfin devant une porte. Derrière celle-ci, un escalier de seize marches conduit à l'entrée de la tombe. De là, un corridor mène à une porte fermant l'entrée de la première pièce, l'antichambre.

    Schéma de la tombe

    Ayant pratiqué une petite ouverture dans la porte, Carter y passe une bougie et là, c'est l'extase. Lord Carnarvon lui demande ce qu'il voit : "des merveilles" répond Carter. Une foule d'objets s'amoncellent en effet devant eux tels qu'on le voit sur cette photo prise en 1922 à l'ouverture de l'antichambre par les archéologues.

    Photo-de-l-antichambre-1922.jpg

    L'antichambre ici reconstituée par les commissaires de l'exposition.

    l'antichambre


    Après avoir percé un mur, Carter accède à la chambre funéraire. Celle-ci est ornée de peintures murales représentant le passage dans l'eau-delà du pharaon.

    Mur séparant la chambre funéraire de l'antichambre percé


    Ici, Touthânkhamon sous les traits d'Osiris est face à Aÿ, son successeur, revêtu d'une peau de léopard. Celui-ci procède ici au rituel de "l'ouverture de la bouche" qui doit permettre au pharaon momifié de pouvoir manger dans l'eau-delà.

    Toutankhamon à gauche mort et Aÿ son successeur à droite

    Le spectacle de la chambre funéraire : le sarcophage de Toutânkhamon est ici présenté, extrait des chapelles qui le protégeaient.

    La chambre funéraire

    La suite de l'exposition présente des copies des objets découverts dans la tombe.
    On commence la visite par les quatre chapelles funéraires qui enfermaient, telles des poupées russes, le sarcophage du pharaon. Elles sont en bois doré.

    La première chapelle

    Détail

    Détail de la deuxième chapelle

    Vue de l'intérieur de la première chapelle : au sol sont tracés les emplacements des autres chapelles, du sarcophage et du cercueil momiforme.

    Intérieur de la première chapelle

    Le sarcophage de Toutânkhamon est en quartzite et porte en ses angles des déesses ailées. Les archéologues ont découvert qu'à l'origine, il devait être destiné à une reine et non pas au pharaon puisque les déesses ne portaient pas d'ailes. Celles-ci ont été rajoutées par la suite lors du placement du défunt.

    La dernière chapelle en céramique

    On admire ensuite les trois cercueils momiformes s'encastrant les uns dans les autres.

    Les 3 sarcophages

    Détail du grand cercueil tout en or

    Le premier sarcophage - la tête

    C'est dans le troisième cercueil en bois doré que se trouvait la momie du pharaon.

    Le troisième sarcophage

    Howard Carter ouvrant les cercueils du pharaon.

    Howard Carter ouvrant le sarcophage

    Tout à côté se trouve le masque en or massif incrusté de lapis-lazuli, de cornaline, de turquoise et de pâte de verre. L'intérêt de la présentation de l'exposition : comme il s'agit d'une copie, il n'est pas sous verre, on pourrait presque le toucher ! Comme vous le voyez, le public est béat d'admiration.

    Le masque de dos

    Le masque de face

    Non loin de là sont exposés la chapelle des canopes (au fond) et la chapelle portative avec la statue d'Anubis (au premier plan). La première renfermait un "coffre aux canopes" en albâtre (ci-dessous) dans lequel il y avait 4 cerceuils miniatures momiformes destinés à conserver les viscères du pharaon.

    La chapelle aux canopes et la chapelle portative avec la st

    Le coffre aux canopes en albâtre (les couvercles ont la forme de tête du Roi)

    Le coffret à canopes en albâtre

    Vient ensuite l'un des 5 chars amoncelés dans l'antichambre. Ceux-ci avaient été démontés pour y être entassés et constituaient un amas confus scintillant d'or et de pierres précieuses. 

    Le char et les boucliers 1

    Oeillères de chevaux

    Oeillères des chevaux

    Le trône de Toutânkhamon est en bois doré, argent et pâte de verre. Il est précédé d'un escabeau servant de repose-pieds au pharaon. Orné sur la face supérieure d'un motif composé de trois Nubiens et de trois Asiatiqes, les chefs de toutes les terres étrangères sont ainsi sous la domination de Toutânkhamon. 

    Le trône de Toutankhamon 2

    Le détail du dossier montre Toutânkhaton et son épouse, Ankhsenpaaton, se faisant face sous les rayons du soleil du Dieu Aton, un rappel de la période de l'hérésie amarnienne instaurée par Akenhaton, le pharaon qui instaura le culte unique d'Aton au grand dam des égyptiens.

    Toutânkhaton, monté sur le trône à seulement 8 ans, était trop jeune pour gouverner. C'est le vizir, Aÿ, et le général des armées Horemheb qui assurèrent la régence. Désireux de restaurer le culte d'Amon, ils incitèrent le jeune pharaon à revenir au culte de ses ancêtres : celui-ci abandonna ainsi le nom de Toutânkhaton pour prendre celui de Toutânkhamon en l'honneur du Dieu Amon. Quant à Ankhsenpaaton, elle prit le nom d'Ankesenhamon.

    Le trône - détail

    Le lit rituel de Toutânkhamon à têtes de lionnes

    Le lit rituel à têtes de lionnes

    Le mobilier funéraire comportait aussi de nombreux coffres et sièges.

    Le mobilier funéraire 1

    Dans la chambre du trésor, on retrouva une flottille miniature de 18 bateaux dont quelques uns sont présentés ici.Toutes les embarcations avaient la proue dirigée vers l'ouest indiquant la direction symbolique du voyage entrepris par le défunt pour rejoindre le royaume des morts.

    Les bateaux

    Le modèle ci-dessous est une barque dotée de voiles et de haubans avec une cabine centrale peinte de petits carreaux de couleur, motifs typiques du décor géométrique égyptien. A la proue et à la poupe on trouve deux dais ornés d'un décor de taureaux et de sphinx. Deux rames-aviron servent de gouvernail.

    Le bateau à voiles

    Dans une vitrine, on peut voir de nombreaux objets attenant à la beauté, en particulier des vases en albâtre pour stocker les onguents précieux devant accompagner le défunt dans sa vie dans l'au-delà.

    Vitrine toilette

    Celui-ci est en forme d'Ibex. Il lui manque une corne, probablement cassée lors d'un pillage partiel de la tombe peu après l'inhumation du pharaon.

    Pot à onguents en forme d'Ibex

    Cet autre est en forme de lionne.

    Pot à onguent en forme de lionne

    Les sandales en or et les protections d'orteils retrouvés dans la tombe du pharaon ont permis une meilleure conservation de ces parties du corps du pharaon, l'or empêchant les quantités excessives d'onguents appliquées sur la momie de les endommager.

    Sandales et protections d'orteils

    Toujours dans le domaine de la beauté, plusieurs bijoux du pharaon sont présentés, telles ces parures de colliers.

    Parures de colliers

    Un pectoral en forme de scarabée

    Pectoral scarabée

    Carter a aussi trouvé dans la tombe des objets de la vie courante comme cet appuie-tête en ivoire représentant le Dieu Chou entouré de deux lionnes.

    Repose-tête du pharaon

    Un nécessaire allume-feu en bois.
    Afin de produire une étincelle, les anciens égyptiens faisaient tourner à vive allure un morceau de bois dans des trous à l'aide d'un arc muni d'une corde.

    Allume feu

    Une palette de scribe dotée de stylos en roseau

    Palette de scribe

    La momie de Toutânkhamon était aussi entourée des cerceuils de ses deux enfants mort-nés probablement à cause de la consanguinité des mariages que les égyptiens croyaient,à tort, préservatrice de la race.Un autre petit cercueil miniature renfermait une mèche de cheveux de sa grand-mère paternelle, la Reine Tiyi...

    Sarcophage d'un des bébés de Toutankhamon

    Un peu plus loin, dans une autre vitrine, on peut voir des oushebtis, "répondants" qui doivent obéir aux ordres de leur maître et se charger dans l'au-delà des corvées de l'irrigation et de la fumure réputées comme désagréables (à l'inverse du labourage, des semailles et des moissons). En quelque sorte, des substituts du pharaon défunt...

    Les-oushebtis.jpg

    En face, se trouve un grand espace où l'on peut voir différentes statuettes en bois doré également retrouvées dans la tombe du pharaon.

    Statues-dans-la-tombe.jpg

    Toutânkhamon pêchant avec un harpon

    Statue représentant Toutankhamon sur une barque

    La déesse Sekhmet assise sur son trône

    Statue de la déesse Sekhmet assise sur son trône

    Une très élégante statuette du Dieu Ptah

    Statue du dieu Ptah

    Statue d'un dieu en forme de Cobra portant le signe de la déesse Neith. Le cobra est le serpent des pharaons, symbole de la royauté.

    Statue de dieu en forme de cobra

    Une petite vidéo avant de laisser enfin Toutânkhamon dormir en paix...

     L'exposition se termine le 1er septembre.

     Au fait, voici le cartouche de Toutânkhamon : l'image vivante d'Amon.

     Cartouche-T.jpg


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  • Le 10 mai dernier, nous sommes allés écouter une interview de Juliette Gréco par un journaliste de France Info, Bertrand Dicale. Il suffisait de téléphoner pour réserver l'entrée gratuite à la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

     Réserver, c'est mon job : aussitôt su, aussitôt fait !

     La bibliothèque est située dans le quartier du Marais (le 4ème arrondissement). C'est un superbe bâtiment du XVIIème siècle (l'ex Hôtel de Lamoignon). Elle   rassemble une collection de plus d'un million de documents sur l'histoire de Paris et de la Région Ile-de-France, notamment photos, plans anciens et manuscrits et est ouverte au public (uniquement à la consultation). Beaucoup de chercheurs viennent y préparer leur thèse.

    JUuliette GRECO - Le portail de l'Hôtel Lamoignon

     Bibliotheque-historique-de-la-ville-de-Paris.JPG

     La salle de consultation est splendide. Elle possède un plafond à caissons étonnant.

     Juliette GRECO - La bibliothèque

     Juliette GRECO - Plafond

     Nous étions nombreux a avoir profité de cette invitation...

     Juliette GRECO - Les spectateurs

     Mais il faut dire que l'invitée était de marque...

     Juliette GRECO - Affiche

     Juliette Gréco est en effet la marraine d'une exposition "Paris en Chansons" justement organisée par deux bibliothèques parisiennes (La Bibliothèque historique et la Médiathèque musicale) et c'est à l'occasion de l'inauguration de cette exposition qu'elle se livrait à Bertrand Dicale pour une durée d'une bonne heure et demie.

     Il n’est pas besoin d’être née à Paris pour être parisienne. Il n’est même pas besoin d’être parisienne pour être Paris. Et Juliette Gréco est Paris. Née à Montpellier de mère bordelaise et de père corse, elle dit elle-même qu’elle est venue au monde à Paris. Son expression est exacte : "il n’y a pas loin de son Paris au monde entier". Son Paris est Saint-Germain-des-Prés, bien sûr, Jean-Paul Sartre qui l’aide à choisir ses premiers textes de chansons, Joseph Kosma qui les met en musique, Raymond Queneau qui la remercie d’avoir mis tant d’insolence à son Si tu t’imagines… Un clin d’oeil plus tard, ce sont des étudiants de Berkeley ou de Tokyo qui rêvent de ses pochettes de disques, des jeunes femmes de Buenos Aires ou de Beyrouth qui se désirent aussi libres qu’elle… Et, depuis lors, elle chante tous les vertiges nés de Paris, ceux de Jacques Brel ou de Serge Gainsbourg il y a quelques années, ceux d’Abd Al Malik ou de François Morel aujourd’hui. Si différente qu’elle soit de Josephine Baker, de Maurice Chevalier ou de Francis Lemarque, elle partage avec eux mieux qu’une parenté, mieux qu’une ivresse, mieux qu’un amour. Comme eux, elle incarne la plus belle ville du monde, tout simplement.

     Et Juliette raconte tout ceci très simplement. Je ne vous rappelle pas son âge...

     Juliette GRECO - au verre

     Aujourd'hui, nous sommes allés visiter l'exposition et ça a été un vrai plaisir. Nous avons tous en tête une chanson qui évoque Paris, quelle que soit notre génération et nos goûts musicaux. Pensez à "A Paris" d'Yves Montand, à "Paris Canaille" de Juliette Gréco, à "Paris s'éveille" de Jacques Dutronc ou encore à Marie-Paule Belle et à sa fameuse chanson "Je ne suis pas parisienne". Etc etc... Les chansons sur Paris sont foison : c'est même la ville du monde qui a été la plus chantée. Du XVIème siècle au XXIème siècle, 180 interprètes, auteurs compositeurs sont réunis par l'exposition et près de 400 chansons sont en écoute. Mais, ce n'est pas tout ! Il y a aussi un parcours visuel extrêmement riche composé d'affiches, de photos noir et blanc de la capitale ou des artistes qui l'ont chantée, de pochettes de disques, de partitions musicales, de livres, de revues, de plans... qui s'articulent autour de 8 grands sujets :

    1. Aux origines (XVIe - XVIIIe siècle)
    2. Aristide Bruant
    3. Le long des rues de Paris

     4. Dans Paris à pied, en voiture, en métro
    5. Les Parisiens
    6. Paris est une fête
    7. La chanson de Paris au cinéma
    8. Des artistes de légende

    Un vrai régal !

    C'est Clément Jannequin qui a le premier chanté Paris dans sa chanson "Voulez-vous ouyr les cris de Paris" (vers 1530). Une quarantaine de cris de marchands et de vendeurs ambulants sont ainsi mis en musique en polyphonie.

     Les cris de Paris carte postale

    Au XXème siècle, des séries de cartes postales sont éditées illustrant, ici le cri du du ramoneur, du rémouleur ou encore celui du marchand de tonneaux...

     Carte postale tonneaux marchand de tonneaux

     Il n’est pas un quartier de Paris qui ne soit le sujet ou le cadre d’une chanson, selon une tradition mise en place à la fin du  XIXe siècle par Aristide Bruant.

     Ici, l'affiche bien connue de Henri de Toulouse Lautrec (1892)

     Aristide-Bruant-dans-son-cabaret-en-1892.JPG

     L'epxosition présente d'ailleurs de vieilles photos de la capitale.

     Ici la rue des Trois-canettes en 1860 par Charles Malville

     Rue-des-3-canettes-de-Charles-Malville---1860.jpg

     Paris avec ses musiciens ambulants comme ici Place Denfert-Rochereau en 1938

     Musicens-des-rues-a-Denfert-Rocherau---1938.jpg

     A cette même épooque, à Paris il y avait la "zone"...

    Chiffonniers en 1936

     Chiffonniers-de-la-zone-Paris-1936.jpg

     La presse d'empare bien sûr de la chanson : le mensuel "Les chansons de Paris" parait en 1903. Il se vend sur abonnement.

     Partitions de chansons

     Côté spectacles, au début du XXème siècle, c'est la grande époque de Maurice Chevalier et de Mistinguett. Les affiches de ces stars de la chanson fleurissent dans tous les quartiers de la capitale.

     Affiche Misttinguett par de Weninger - 1933

     Mistinguette-ca-c-est-paris-.JPG

     Maurice Chevallier se laisse même tenter par le cinéma...

     Affiche Maurice Chevalier - La chanson de Paris

     Et puis il y a la mythique Joséphine Baker : je me souviens que mes parents m'ont dit être allés l'applaudir à l'Olympia... Elle est ci-dessous aux Folies-Bergères.

     Josephine-Baker-aux-Folies-Bergeres-en-1949.jpg

     Un peu plus tard, un film sort en 1954 "Boum sur Paris" mettant à l'honneur les grands de la chanson de cette époque comme le montre cette affiche de cinéma.

     Affiche Paris en chanson 2

     Saviez-vous que la chanson de Jacques Dutronc "Il est cinq heures, Paris s'éveille" avait une grande soeur... Il s'agit de la chanson de Marc Antoine Désaugiers écrite en 1802 et intitulée "Paris à cinq heures du matin" !

     Paris-cinq-heures-du-matin---Affiche-.jpg

     Charles Trénet, la môme Piaf, Yves Montand, Barbara, Juliette Gréco sont bien sûr aussi les vedettes de cette exposition tout comme Henri Salvador, Colette Renard et bien d'autres...

     Edith Piaf en 1936

     Edith Piaf 1936

     Barbara au Bar de l'Elcuse en 1958

     Barbara-au-Bar-de-l-Ecluse-en-1958.JPG

     Joséphine Baker et Charles Trénet - Olympia 1959

     Josephine-Baker-et-Charles-Trenet---Olympia-1959.JPG

     Yves Montand en 1960 devant le Pont neuf

     Yves Montand 1960

     Dommage que vous ne puissiez plus vous y rendre... Nous avons fait la fermeture !


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  •  Fidèles à L'Adresse, nous y avons vu cette fois-ci une exposition de peinture et j'ai ainsi découvert deux peintres que je ne connaissais pas : Albert Gleizes et Jean Metzinger. Ce dernier, jamais exposé ni en France ni à l'étranger depuis sa mort en 1956, est pourtant avec Picasso et Braque l'un des peintres qui a le plus oeuvré pour la propagation du mouvement cubiste en France et à l'étranger.

     En apparence, tout les oppose : leur milieu, leur parcours, leur mode de vie.

     Albert Gleizes (1881 - 1953) est né à Saint-Rémy de Provence. Il est autodidacte en ce qui concerne la peinture (c'est son oncle, grand prix de Rome, qui la lui enseigna). Il est également dessinateur et graveur. Il exécute ses premiers tableaux en 1901 et les expose 10 ans plus tard au Salon des Indépendants : le scandale qui en découle... a pourtant le mérite de dévoiler le cubisme au grand public.

     Jean Metzinger (1883 - 1956), lui, est né à Nantes. Il a fait des études artistiques et est également poète et écrivain. Il fréquente le Bateau-Lavoir et les artistes qui y travaillent et dès 1903, expose régulièrement ses oeuvres.

     Les deux peintres font connaissance en 1909 et dès lors, ne se quittent plus. Ils signent en 1912 un ouvrage théorique élaboré sur le cubisme qu'ils intitulent : Du "Cubisme".

     C'est justement pour fêter le centenaire de cette publication que Le Musée de La Poste, l'Adresse, leur ouvre ses portes. 80 tableaux et dessins, des documents et un film sur le cubisme constituent l'exposition.

     Albert Gleizes Jean Metzinger tzinger L'affiche de l'expo

      Albert Gleizes abandonne assez vite ses paysages au style impressioniste pour se consacrer au dessin et témoigner de la vie des mariniers, des bords de la Seine, des marchés de Bagnères-de-Bigorre...

     Péniches sur la Seine - Albert Gleizes (1901)

     Albert Gleizes Péniches sur la seine 1901

     Jour de marché à Bagnères-de-Bigorre - Albert Gleizes (1908)

     Albert Gleizes Jour de marché à Bagnère de Bigorre 1908

     L'écluse de Suresnes - Albert Gleizes (1908)

     Albert Gleizes l'écluse de Suresnes 1908

     Jean Metzinger, lui, est influencé par les impressionistes et le fauvisme.

     Château de Clisson - Jean Metzinger (1905)

     Chateau-de-Clisson---Jean-Metzinger--1905-.jpg

     Falaises de Longues-sur-mer - Jean Metzinger (vers 1906)

     Jean Metzinger Falaises de Longues sur mer 1956

     Paysage coloré aux oiseaux exotiques - Jean Metzinger (1907)

     Jean Metzinger Paysage coloré aux oiseaux exotiques 1907

     Ce n'est qu'à partir des années 1910 que les deux peintres, ayant fait la connaissance de Picasso et de Braque, se tournent vers le cubisme.

     Albert Gleizes - Maternité (1934)

     Albert-Gleizes-Maternite--1934-.jpg

     Albert Gleizes - Terre et ciel (1935)

     Albert Gleizes Terre et ciel 1935

     Jean Metzinger - Femme à la fenêtre (1911)

     Jean-Metzinger---Femme-a-la-fenetre--1911-.jpg

     Jean Metzinger - le goûter (1917)

     Jean Metzinger Le goûter 1917

     Après la guerre, finis les corps déchiquetés : Jean Metzinger revient à la figuration.

     Jean Metzinger - Ecuyère au cirque (1927)

     Jean Metzinger L'écuyère 1924

     Un timbre représentant une oeuvre d'Albert Gleizes a été émis en 1981 ainsi qu'une enveloppe "premier jour". Naturellement, Philippe se l'est procurée...

     Albert-Glaizes---1981.jpg

     Albert-Glaizes---1er-jour---1981.jpg

    Voici une photo de Jean Metzinger.

    jean-metzinger-photo-portrait.jpg

     Une jolie exposition (elle dure jusqu'au 22 septembre prochain) toujours bien présentée comme sait le faire L'Adresse.


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  •  Ce mercredi, étant en Bourgogne pour affaires..., nous en avons profité pour faire une balade en direction d'Alise Sainte-Reine où s'est ouvert en mars dernier un MuséoParc ayant pour thème la bataille d'Alésia. Sur notre route, Bussy-le-Grand possède une belle église entourée d'un cimetière superbement situé face au Château de Bussy Rabutin.

     Bussy le grand (vue sur la campagne)

     Le château de plus près...

     Bussy le grand (Le Château de Bussy Rabutin)

     Bussy le grand (l'église)

     L'église renferme une belle chaire en bois polychrome du XVIIème siècle ainsi qu'un cyborium en pierre destiné à conserver les huilles saintes.

    Bussy le grand (Intérieur église)

     Bussy-le-grand--Cyborium-.jpg

     Mais continuons notre promenade. Depuis le site de l'ancienne ville gallo-ramaine d'Alise, le paysage est magnifique. Normal : nous sommes en Bourgogne !

     Alise Sainte-Reine (vue sur la campagne)

     Bon, évidemment je triche grâce à internet pour vous montrer cette vue d'avion beaucoup plus spectaculaire et surtout plus explicite que les ruines que l'on voit à ras du sol... Au premier plan, le théâtre, puis derrière un ensemble constitué du temple, de la Basilique civile et du forum et enfin, au fond, les maisons du village.

     La-ville-Gallo-ramaine-vue-d-avion.JPEG

    Dans le village, la cave aux amphores était la réserve d'un marchand de comestibles. Dans les niches, prenaient place de grandes jarres que l'on remplissait probablement d'huile.

     Alise-Sainte-Reine--Cave-aux-jarres-d-huile-.jpg

     La ville gallo-romaine née après la défaite de Vercingétorix fût prospère notamment grâce à l'activité d'artisans bronziers. Composés d'une grande dalle calcaire supportée par des blocs verticaux, les "fours des bronziers" permettaient de faire du feu pour la production en série d'objets en bronze.

     Alise-Sainte-Reine--Les-fours-bronziers-.jpg

     Mais revenons en arrière, plus précisément pendant l'été de l'année 52 avant J.-C.

     César, qui a entrepris la conquête des Gaules, vient d'être défait à Gergovie par une jeune chef arverne nommé... Vercingétorix. Celui-ci, après que sa cavalerie ait été décimée par les romains près de Montbard, se retranche avec ses troupes dans l'oppidum d'Alésia situé sur le mont Auxois.

     Et c'est là que César vient l'assiéger...

    Un très beau musée retrace ce siège et la défaite qui s'ensuivit pour le chef arverne. L'architecte en est le suisse Bernard Tschumi. Pour info, c'est le même architecte qui a fait le zénith de Rouen. Le voici devant le "MuséoParc Alésia".

     Bernard-Tschumi-architecte-du-MuseoParc-Alesia.jpg

     On accède au musée depuis le parking par une allée bordée d'arbres.

     Muséo parc Alésia - Le bâtiment

     Comme vous le voyez, le bâtiment circulaire (de 52 mètres de circonférence, un clin d'oeil à la date de la bataille...), possède une terrasse arborée, ce qui lui permet de bien s'intègrer à la nature. Son revêtement de bois (une résille de mélèze) est un rappel aux fortifications que César fit construire pour encercler les armées gauloises. Il constitue aussi un véritable bouclier thermique limitant la consommation énergétique du musée.

     Muséo parc Alésia - Le bâtiment de près

     L'intérieur est très épuré : du béton "calepiné" partout. Moi, j'aime. Une rampe d'escalier en pente douce permet d'accéder au premier étage où se trouve l'espace d'exposition.

     Muséo parc Alésia - intérieur du bâtiment

     Une petite faim nous tenaillant, nous prenons place à la terrasse du restaurant située en rez-de-chaussée et agréablement ombragée par un "toit" ajouré en poutres de bois.

     Muséo parc Alésia - la terrasse

     Puis, nous nous lançons à l'assaut du premier étage !

     A l'entrée, une sérigraphie représente Jules César déroulant le manuscrit de "De Bello Gallico", autrement dit "La guerre des gaules", unique témoignage des événements.

     Muséo parc Alésia - César

    La "galerie du combat" mène à l'exposition mais attention : elle est redoutable... Il s'agit de passer entre les gaulois (en bleu à gauche) et les romains (à droite en rouge) !

     Museo-parc-Alesia---les-combattants.jpg

     Le décor est planté !

     Un-soldat-gaulois.jpg

     A gauche le pied d'un combattant gaulois, à droite celui d'un soldat de César.

     Pieds-combattants.jpg

    Après avoir parcouru la frise chronologique rappelant l'histoire de la crise que subit Rome au long de son histoire, nous découvrons un mur mettant en présence les deux armées. Gaulois à droite, romains à gauche.

     Ici, le "train" des bagages des gaulois

     Muséo parc Alésia - le train des bagages des gaulois

     Là, le "train" des bagages des romains. Ya pas photo : les romains sont plus disciplinés !

     Muséo parc d'Alésia - le train des baggages des romains

     Des vitines présentent par ailleurs l'habillement et l'armement des deux armées. Ce sont majoritairement des reconstitutions : il y a relativement peu d'objets authentiques mais l'ensemble est très réussi.

     Ici, un bouclier gaulois reconstitué

     Muséo parc Alésia - reconstitution d'un bouclier gaulois

     Là, des "caligae" romaines

     Muséo parc d'Alésia - Caligae

     Enseignes romaines reconstituées

     Muséo parc d'Alésia - enseignes romaines

     Enseignes gauloises reconstituées

     Muséo parc d'Alésia - Enseignes gauloises

     Dans l'oppidum d'Alésia, Vercingétorix s'est retranché avec 60 à 80.000 hommes... et il attend le renfort d'une armée alliée de quelque 240.000 hommes et 8000 cavaliers.

     Plutarque raporte dans sa "Vie de César, XXVII, 1 - 8"

    « Alésia passait pour imprenable en raison de la taille de ses remparts et du nombre de ses défenseurs »

     César, lui, a construit une double rangée de fortifications : une "contrevallation" (pour affamer l'ennemi à l'intérieur de l'oppidum) et une "circonvalation" (pour se protéger de l'arrivée des renforts éventuels).

     et César dans "la Guerre des Gaules, VII, 73-7"

    « Mis au courant par des déserteurs et des prisonniers, César entreprit les travaux que voici. Il creusa un fossé de vingt pieds de large…, il creusa deux fossés larges de quinze pieds et chacun de profondeur égale, il remplit le fossé intérieur, dans les parties qui étaient en plaine et basses, d’eau qu’il dériva de la rivière. Derrière ces fossés, il construisit un terrassement surmonté d’une palissade, dont la hauteur était de douze pieds […] On coupa donc des troncs d’arbres ayant des branches très fortes et l’extrémité de celles-ci fut dépouillée de son écorce et taillée en pointe ; d’autre part, on creusait des fossés continus profonds de cinq pieds. On y enfonçait ces pieux, on les reliait entre eux par le bas, pour empêcher qu’on les pût arracher, et on ne laissait dépasser que le branchage. Il y en avait cinq rangées, reliées ensemble et entrelacées : ceux qui s’engageaient dans cette zone s’empalaient à la pointe acérée des pieux. On les avait surnommés les cippes. Devant eux […] en rangées obliques et formant quinconce, des trous profonds de trois pieds […] On y enfonçait des pieux lisses de la grosseur de la cuisse, dont l’extrémité supérieure avait été taillée en pointe et durcie au feu ; on ne les laissait dépasser le sol que de quatre doigts […] Le reste était recouvert de branchages et de broussailles afin de cacher le piège. On en fit huit rangs, distants les uns des autres, de trois pieds. On les appelait lis, à cause de leur ressemblance avec cette fleur. En avant de ces trous, deux pieux longs d’un pied, dans lesquels s’enfonçait un crochet de fer, étaient entièrement enfouis dans le sol ; on en semait partout et à intervalles rapprochés ; on leur donnait le nom d’aiguillons [...] « Ces travaux achevés, César, en suivant autant que le lui permit le terrain la ligne la plus favorable, fit sur quatorze milles de tour, une fortification pareille à celle-là, mais inversement orientée, contre les attaques du dehors »

     Museo-parc-d-Alesia---plan-de-l-oppidum-et-des-fortificat.jpg

     Des fortifications ont été reconstituées sur une centaine de mètres : succession de fossés remplis d'eau, de barrières, de pieux, de palissades et de tours de guet : tout y est !

     Muséo parc d'Alésia - les fortifications 2

     Pas engageants les abords des fortifications...

     Muséo parc d'Alésia - les fortifications

     Entre les deux rangs de fortifications, le camp des romains. L'après-midi, le musée organise une animation entre des soldats romains et des soldats gaulois : le centurion donne ses ordres en latin pour faire plus vrai ! Nonobstant la chaleur étouffante ce jour-là, c'est amusant.

     Muséo parc d'Alésia - animation soldats

     L'armée de César se compose de 10 à 12 légions, soit 40 à 70.000 hommes. Elle est organisée en cohortes, manipules, centuries et décuries. La décurie se compose de 10 hommes. La manipule (2 centuries) comporte un porte-enseigne, un musicien et un agent de liaison. Chaque centurie (comprenant 8 à 10 décuries) est commandée par un centurion. Tout ce petit monde loge dans des tentes plantées dans l'espace inter-fortifications tout autour de la tente de Jules César.

     Muséo parc d'Alésia - le camp de Jules César

     Le siège dure 2 mois et se solde par la défaite des gaulois. Comme le dit la légende, Vercingétorix dépose ses armes aux pieds de César.

     Peinture de Lionel Royer (1899) : la rédition de Vercingétorix

     Vercingetorix-depose-les-armes.jpg

     Le Conseil général de Côte d'Or place le site de la bataille d'Alésia à Alise Sainte-Reine. Normal, non ?

     Voici une vue du site présumé de la bataille depuis les fortifications du musée.

     Muséo parc d'Alésia - site d'Alise Sainte-Reine

     Une statue de Vercingétorix (par Aimé Millet et Eugène Viollet-le-Duc) commandée par Napoléon III qui se passionnait pour l'histoire romaine et la Guerre des Gaules domine le mont Auxois. Elle ressemble étrangement à l'empereur...

     Alise-Sainte-Reine--Statue-de-Vercingetorix-1-.jpg

     Alise-Sainte-Reine--Vercingetorix-2-.jpg

     D'autres archéologues contestent ce lieu : ce sont principalement les partisans du site de Chaux-des-Crotenay dans le Jura qui est beaucoup plus escarpé mais qui s'adapte comme un gant aux écrits laissés par César et les auteurs de l'époque. C'est l'archiviste et paléographe André Berthier (1907 - 2000) qui est à l'origine de cette "école". C'est par une étude à distance (depuis Constantine où il était en poste dans les années 60) qu'André Berthier réalise une carte topographique idéale de l'emplacement de la bataille d'Alésia. Il étudie ainsi de nombreux emplacements et arrive à la conclusion que c'est à Chaux-des-Crotenay que s'est livrée la bataille. A partir de 1964, plusieurs autorisations de fouilles lui sont accordées, notamment par André Malraux pour de très brèves périodes.

     A ce jour, les autorisations de fouilles demandées par les archéologues de l'école d'André Berthier sont régulièrement refusées... L'avenir tranchera peut-être ? mais gageons que la partie sera rude maintenant que le musée est construit !

     A Alise Sainte-Reine, un autre projet doit voir le jour en 2016 : celui d'un  musée archéologique qui évoquera, à partir de nombreux objets et vestiges, la vie des gaulois de depuis la préhistoire.

      On visite le MuséoParc à l'aide d'un audioguide et ma foi, c'est très bien fait. Les enfants peuvent choisir une version qui leur est adaptée. Ah j'oubliais : il y a aussi un film d'une vingtaine de minutes qui retrace la bataille, sur écran géant !

    A voir sans restriction !

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