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Déjà un mois que nous avons visité avec Anne-Marie le quartier des Batignolles et je trouve seulement aujourd'hui le temps d'en relater le déroulement. Identifier les photos, leur donner un nom, puis les retoucher parfois avant de finalement les mettre dans ce blog avec quelques mots autour, cela prend du temps finalement et..., en ce moment je cours sans cesse après !
Le rendez-vous était donné au métro La Fourche que nous avons rejoint, Évelyne et moi, pour 14h30 pétantes : l'heure, c'est l'heure... Anne-Marie recense son petit monde dans le Square Ernest Chausson : nous sommes une petite vingtaine aujourd'hui : cool !
Et c'est le départ pour une balade de deux heures environ. Premier arrêt : la Cour Saint-Pierre, une impasse prenant sur le boulevard de Clichy et un vrai havre de paix dans ce quartier plutôt animé.
Nous rejoignons ensuite la Cité Lemercier qui donne dans la rue du même nom.
C'est au N°11 que Jacques Brel séjourna à son arrivée à Paris, dans un petit hôtel où il resta jusqu'à son départ pour les Iles Marquises. Une plaque en cuivre le rappelle au visiteur curieux.
L'immeuble ne présente guère d'intérêt architectural par ailleurs.
Mais l'ensemble des petits immeubles clos par de jolies grilles en fer forgé est plaisant.
Un petit détour par la rue de la Condamine pour admirer un bel immeuble haussmannien.
Et cette petite maison, coincée entre deux immeubles, n'a-t-elle pas du charme... ?
Qu'a dit Anne-Marie sur celui-ci ? Je ne sais pas car, comme toujours, je suis à la traîne... En tout cas, il surprend le passant.
Une très jolie boutique de fleuriste, rue Legendre.
Au fait, voici le plan (très approximatif) de la balade que nous avons faite.
En sillonnant ce quartier, je repense avec émotion à ma tante Léa (une grand-tante) qui a d'abord été femme de ménage à la Gare Saint-Lazare puis concierge au 14, rue de Bizerte et dont le petit-fils (Guy, un garnement qui faisait damner sa mère et ses grands-parents) deviendra plus tard Directeur de la Gare... Comme quoi, il ne faut jamais désespérer. J'ai marqué d'une flèche l'immeuble dans lequel elle habitait et où je venais souvent déjeuner avec mes parents étant petite...
Au 76 de la rue Nollet se trouve un immeuble de pierre et de brique fort élégamment sculpté. Je ne vous dis pas le prix que cela devait représenter... En tout cas, l'architecte s'est fait plaisir.
C'est le cas aussi de cet immeuble situé au 43 de la rue du même nom.
Chemin faisant nous arrivons devant l'ancienne usine électrique de la rue des Dames.
Cette usine de production d'électricité fonctionnait au moyen de machines à vapeur. Le bâtiment inscrit aux Monuments historiques abrite désormais des services EDF-GDF.On continue avec l'architecture avec cet immeuble à oeil de boeuf du 7 rue Bridaine.
Mais quel est la raison de cet attroupement ?
C'est qu'ici, au 13-15 de la rue Lamandé, se trouve l'ancienne école polonaise des Batignolles comme le suggère l'aigle de la grille en fer forgé qui la clôture.
L'Ecole a été fondée en 1842 à l'initiative de l'émigration massive qui suivit la guerre polono-russe de 1830. Les bâtiments qui la composent entourent une élégante courette.
L'Eglise Sainte-Marie des Batignolles se trouve au bout de la rue du même nom. Elle a la forme d'un temple grec et son fronton triangulaire est soutenu par quatre colonnes. C'est l'une des rares églises à ne pas posséder de clocher. Sa construction commence en 1828 grâce à des dons du Roi Charles X et de la comtesse d'Angoulême.
Chemin faisant, nous arrivons Place du Docteur Félix Lobligeois : ici se trouve une très jolie fontaine Wallace, la véritable comme nous apprend Anne-Marie (que l'on reconnait à l'anneau qui permettait d'accrocher une timbale autrefois). Comme il fait beau, celle-ci a été une providence pour les "randonneuses" que nous sommes ! Contrairement à ce que je pensait, leur "architecte" n'est pas du tout Sir Richard Wallace (qui les finança) mais Charles-Auguste Lebourg : l'argent a fait la différence...
Tout à côté se trouve le Square des Batignolles.
Que fait cet oranger tout seul dans cette serre ? Il doit s'ennuyer je pense...
Tout comme le Parc Montsouris, le Parc Monceau ou encore les Buttes-Chaumont, il possède sa rivière, sa cascade, son lac et sa grotte. A cette époque, on aimait le romantisme...
et tout comme dans ces autres parcs créés par Jean-Charles Alphand, les balustrades sont en ciment imitant le bois : un style à la mode au XIXème siècle.
La pièce d'eau comporte une sculpture en pierre noire de Volvic.
Les Vautours de Louis Monard (1930).
Un arbre qui a dû voir passer beaucoup de monde...
Une des allées du Square porte le nom de la chanteuse qui le traversait autrefois : Barbara l'a en effet immortalisé dans sa très belle chanson "Perlimpinpin".
Au sortir du Square, des hommes "tapent le carton"...
En face se trouve le chantier du nouveau quartier des Batignolles qui accueillera d'ici à les nouveaux locaux du Quai des Orfèvres : la cité judiciaire de 160 m de haut, imaginée par l'architecte Renzo Piano (vous savez : l'architecte du Centre Pompidou) est attendue pour 2017. Que va nous réserver l'architecte italien cette fois-ci... ?
Nous rejoignons la rue Brochant : c'est dans cet immeuble qu'est justement née Barbara, de son vrai nom Monique Andrée Serf.
En enfilant la rue Brochant jusqu'au métro du même nom, nous arrivons à la Cité des Fleurs. Il s'agit d'une voie privée donnant sur le Boulevard de Clichy et débouchant sur la rue de la Jonquière au nord. L'accès au public n'est possible que de jour, un peu comme dans les parcs parisiens.
Il est 17 heures : nous avons donc tout le temps d'y faire un petit tour et d'écouter les explications que nous en donne Anne-Marie.
Ce véritable "village dans la ville" date de 1847. La Cité des Fleurs possède en effet une église, une école, une crèche (à l'époque c'était celle de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest) et même une clinique (Catherine Deneuve et Françoise Dorléac y sont nées).
Son origine remonte à la création par Ernest Goüin en 1846 de la première société de construction de machines ferroviaires à Paris (dans le village des Batignolles). Celui-ci se spécialise dans la construction de locomotives et de machines de filature et sa société ne cesse de s’accroître employant rapidement 2 000 personnes (qu'il faut loger...). Plus tard la fabrique des Caramels Valentin-Picards puis la fabrique des Poupées Gerb's s'implanteront également dans ce quartier avec leur personnel.
La Cité des Fleurs est constituée d'une voie centrale bordée de maisons et d'hôtels particuliers, rythmée par trois placettes circulaires.
Les conventions passées en 1847 et 1850 entre les fondateurs pour être appliquées par chaque acquéreur des lots de terrain sont particulièrement détaillées : leurs statuts définissent, entre autres :
► l'alignement des façades
► le nombre d'étages constructibles
► la hauteur des murs mitoyens
► la disposition des cours et des jardins
► les arbres obligatoires
► la présence de murets surmontés de grilles de clôture entre les pilastres en pierre de taille, toujours placés en vis-à-vis de part et d'autre de la voie et surmontés d'un vase Médicis d'un modèle unique.
Ils contiennent aussi les droits et devoirs applicables aux propriétaires, aux habitants et au public ainsi qu'en témoigne encore cette pancarte.
C'est là où je regrette de n'avoir pas plus grandi ! Les grilles sont hautes et gardent bien l'intimité de leurs habitants... (heureusement)
Les fameux vases Médicis
Arrondi d'une placette
Des trésors d'architecture se cachent derrière ces hautes grilles.
Le métro Guy Mocquet n'est pas loin... Prochain rendez-vous pour la prochaine balade d'Anne-Marie (mon Dieu mais c'est demain : j'espère qu'il fera beau !) "Les derniers jours de la Commune de Paris".
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Sur la route de Saint-Etienne, nous nous sommes arrêtés à Lapalisse qui se trouve entre Moulins et Roanne. J'avais en effet vu que cette petite ville de l'Allier possédait deux intérêts touristiques : un château, celui du Seigneur de La Palice bien connu de tous (▲ : voir en fin d'article) et un musée d'Art Brut appelé "l'Art en Marche". Le temps n'étant pas top..., nous décidons de visiter le musée, gardant la visite du château pour un autre voyage.
Jean Dubuffet donne cette définition de l'Art Brut : "Oeuvres ayant pour auteur des personnes étrangères aux milieus intellectuels, le plus souvent indemnes de toute éducation artistique et chez qui l'invention s'exerce, de ce fait, sans qu'aucune incidence en vienne altérer la spontanéité." (Cahier de l'Art Brut N°1 - 1964)
Luis Marcel, le Directeur de "l'Art en Marche" aime à dire :
"L'Art Brut est un art populaire, un art de tout le monde pour tout le monde".
Galeriste et amateur d'art, il retrace ci-dessous l'histoire du musée en citant Aristote : "Seul l'Art rend les hommes libres".
En 1982, Jean DUBUFFET choisit le terme de "Neuve Invention" pour désigner les œuvres "pas tout à fait brutes" de sa collection.
En 1981, je créai la Galerie des 4 Coins pour commercialiser tous les artistes dont personne ne voulait à l'époque. L'Art Brut et ses dérivés étaient encore enfermés dans un ghetto. Donc, sans le vouloir et sans le savoir, je devenais la première Galerie "Neuve Invention". Depuis cette date, la Galerie des 4 Coins est devenue le point de rencontre de tous ces créateurs.
Il fallait une association pour les réunir. Ce fut fait en 1988, par la création de "l'Art en Marche", association loi 1901 à but non lucratif qui a pour vocation la défense et la promotion des artistes contemporains, la création et la gestion d'un musée d'Art Brut et le développement des classes d'art.
Il faillait un lieu pour les montrer au public (la collection "Neuve Invention" n'est pas exposée en permanence au Musée de l'Art Brut de Lausanne, elle sort ponctuellement lors d'expositions temporaires à travers le monde.), le premier site fut celui de Lapalisse dans l'Allier (et le second celui de Haurerives dans la Drôme).
Le Musée "l'Art en Marche" est situé dans une ancienne friche industrielle de 2.600 m² sur laquelle se trouvait un bâtiment abritant une maroquinerie. Il présente en rotation plus de 500 œuvres de 350 artistes français et étrangers.
Dès l'entrée, on est mis au parfum : près d'un terrain vague entouré de palissades de bois plus ou moins branlantes au milieu duquel trônent quelques totems (avec en prime une camionnette taguée...), se trouve un grand bâtiment curieusement "peinturluré".
Est-ce bien ici qu'on doit se garer... ? Dans le doute, on le fait !
J'avoue que je suis un peu méfiante en poussant néanmoins la porte du musée.
C'est Luis Marcel qui nous ouvre et nous invite à entrer dans ce temple de l'Art Brut.
Nous sommes les seuls visiteurs.
Nous ne le regretterons pas !
En effet, dès les premiers instants, la découverte est surprenante. L'immense salle est remplie d’œuvres éclectiques et diversement colorées. Par où commencer... ?
Par François Monchâtre peut-être ?
avec ce "Sacré pique-nique" (1928)
Avouez que c'est déroutant !
François Monchâtre est né en 1928 : il a donc actuellement 86 ans. De son enfance et de ses diverses expériences professionnelles (liftier, garçon d'ascenseur, marionnettiste au cabaret de la Rose Rouge, étalagiste aux Dames de France…), il tire sa passion pour la nature et son regard ironique sur le monde. De 1956 à1960, il suit des études à l'Ecole des métiers d'Art de Paris dans la section vitrail et peinture sur verre. Dans les années 60-70, il expose chez Iris Clert où il côtoie Arman, César, Tinguély...
Ce n'est qu'en 1975, quand il rejoint l'atelier Jacob dirigé par Alain Bourbonnais, un proche de Jean Dubuffet, qu'il est "classé" parmi les artistes "singuliers de l'art" même s'il est lui-même réfractaire aux étiquettes.
Il offre un regard à la fois poétique et critique sur le monde.
Un si beau jardin"
Emilie François, dite "La mère François"
Née en 1941 , elle est autodidacte. Elle réalise des personnages de femmes en résine stratifiée recouverts de peinture acrylique avec de grosses têtes et de longues jambes, personnages qui dérangent mais qui attirent également...On dit qu'elle est à la sculpture ce que Claire Bretécher est à la BD.
Vue d'ensemble sur une partie du musée
Louis de Verdal
"Le fou et l'enfant en mobylette" : et ça fonctionne !
Jean-Paul Baudoin
Des têtes grimaçantes et des poitrines généreuses pour ce "Toréador dans l'arène"
Jean-Paul Baudoin aime tout jeune à griffonner sur le papier de la boucherie de son père (il a d'ailleurs acquis lui-même un CAP de boucher) et il peint le soir dans la cave de la maison familiale. Par l'entremise d'un cousin artiste, il devient ensuite artisan potier spécialisé dans la reproduction du vieux Quimper, métier qu'il exerce encore aujourd'hui.
A partir de 1991, il dessine sur des cartons et papiers de récupération tout un monde dédié aux divinités féminines païennes : Isis, Ishtar, Ana, fées et sirènes, mais aussi aux héros de la légende arthurienne. Ce créateur semble en effet avoir certaines accointances avec la magie et collabore en outre librement avec des revues druidiques.
Ses œuvres ont rejoint depuis 1992 la collection du Musée de la Création Franche (près de Bordeaux).
On pourrait peut-être intituler ce tableau "Sirènes bretonnes"... ?
Sculptures de Patrick Guallino
Patrick Guallino est né en 1943 à Uzès. Il est peintre, sculpteur, illustrateur. Il travaille en collaboration avec sa femme, Anne Poiré qui, elle, est écrivain.
Louis Chabaud
Né à Aubagne en 1941 d'un père cheminot qui mourra écrasé par un train et d'une mère qu'il a à peine connue puisqu'elle est décédée quand il avait 3 ans, l'enfance de Louis Chabaud est tragique... Élevé par un oncle brutal et une grand-mère infirme, il connaît la violence et la misère. C'est l'école publique qui le sauve : il est bon élève. Tout en préparant son certificat d'études, il vend des marrons chauds l'hiver et des glaces l'été sur les plages.
A treize ans, il découvre la peinture et il est remarqué puis soutenu par Marius Chave, maître santonnier, et Théo Sicard, peintre provençal renommé à l'époque, propriétaire du grand atelier de céramique d'Aubagne.
Durant toute son adolescence, il peint des paysages provençaux qu'il vend aux touristes, avec des "pralines", d'où son surnom qu'il a conservé depuis.
"Paysage provençal" - Louis Chabaud
A vingt-cinq ans, il perd sa grand-mère et, sans famille, part sur les routes avec 80F en poche. Tout en continuant à peindre, il tente le café-théâtre en compagnie de son ami Michel Cremades (son spectacle s'intitulera "Michel et Praline"). Puis il s'essaie à la céramique... Bref, c'est un artiste complet. Il est présent dans tous les musées d'art hors norme de France.
"L'homme dans la passoire" - Louis Chabaud
Chantal Roynet
Chantal Roynet est créatrice depuis toujours. Elle a une activité professionnelle de styliste. Crétarice de mode ne rechignant pas à coudre elle-même, elle travaille d'abord pour ses amis puis pour de grands créateurs. Ce sont de véritables sculptures qu'elle réalise comme ici ce "fauteuil nounours". On aime ou on n'aime pas mais il faut en avoir l'idée ! En tout cas cela doit être bien agréable de s'y lover...
Alfred Trouvé
L'artiste est né en 1953 à Wilrijk en Belgique. A dix-sept ans, il suit des cours à l'école des Beaux Arts d'Angers et en 1975 il commence à travailler la résine polyester. C'est un artiste qui est maintenant mondialement reconnu.
Un engin bizarroïde (pour aller sur la lune ?) surmonté par des serpents najas... Quelle imagination ! Évidemment, c'est difficile à placer dans un salon mais c'est original...
Vue d'ensemble sur une autre partie du musée
Claude Brugeilles
L'artiste contemporain (il a 70 ans) ne travaille que des matériaux de récupération. Fouiner dans les décharges et les casses (où on le trouve en bleu de chauffe) est son premier travail d'investigation et les roues sa prédilection. Il a travaillé pendant deux ans à une série mettant en scène Don Quichotte et Sancho Pansa.
Simone Le Carre Galimard : Masques faits avec des objets de récupération
Elle n'est pas autodidacte : née en 1912 à Troyes, elle fréquente à 17 ans l'Ecole des Arts Décoratifs et en 1949 elle sera, en tant qu'élève de Germaine Richier, chargée de récolter les cotisations et de pourvoir aux dépenses communes de l'atelier.
C'est à partir de 1970 que Simone Le Carre Galimard commencera vraiment l'aventure des accumulations d'objets de récupération. En son temps, elle aurait dû faire figure de précurseur de l'art contemporain. Son mari, Maurice, l'assista dans la réalisation de ses œuvres et surtout accepta que la maison soit envahie par l'oeuvre et les objets de récupération dans un minimum d'espace vital. Ils collectaient ensemble, le soir, dans les poubelles de leur quartier...
Mario Chichorro
Des masques aussi, mais à une autre échelle
Mario Chichorro est né au Portugal en 1932. Il fait des études d'architecture à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Porto pendant 2 ans. Il arrive en France à Perpignan en 1963 et collabore jusqu'en 1968 avec divers architectes après quoi il abandonne l'architecture pour la peinture. C'est un artiste mondialement connu qui expose régulièrement dans les musées.
Valérie Bidaud
J'ai une pensée particulière pour elle car j'ai découvert que, tout comme ma mère, elle est née au Petit-Quevilly en Seine-Maritime : c'est d'ailleurs son seul point commun avec ma pauvre mère...
Après des études à l’École des Beaux Arts du Havre, Valérie Bidaud fréquente l’École d'Architecture de Rouen de 1986 à 1989. Pendant près de dix ans, elle dirige une petite entreprise de moulage (des personnages) avant de se consacrer exclusivement à la sculpture en 1998. Elle crée alors un univers issu des fonds marins et de son imagination fertile, s'inspirant aussi bien de Lewis Caroll que de Jérôme Bosch.
Ses sculptures ont une armature grillagée recouverte de staff et enfin de résine.
"Femme-poisson" : une sculpture pour le moins massive...
Vitalis : je n'ai rien trouvé sur ce sculpteur aux œuvres pour le moins tarabiscotées...
Jean-Claude Melton dit Léon
L'artiste, né en 1943 et qui se dit "marchand de sable", est issu d'un grand groupe de travaux publics (il assure l'approvisionnement en matériaux de la moitié de la France). Son besoin de créer est vital, aussi dans ses moments perdus (il en a peu...), fait-il naître des personnages toujours renouvelés en utilisant des objets tombés en désuétude.
"La femme au vélo"
Ses supports privilégiés sont les boîtes à œufs comme ici dans ce tableau fort expressif.
Sans doute aussi de Jean-Claude Melton ce pressoir dont les lattes racontent l'histoire du vin et de la vigne ?
Jacques Renaud-Dampel ramasse les pierres dans la nature et ne les sculpte pas : il se contente de les peindre à l'acrylique en interprétant leur forme. Ainsi naissent les "Dampelites".
Il est originaire du Sud-Ouest et s'est installé en mai 68... à Chambourcy après un séjour de 10 ans à New-York. Ses recherches plastiques et littéraires ont été encouragées par des personnalités telles que Raymond Queneau, Michel Thévoz (qui est conservateur du Musée d'Art Brut à Lausanne) et Jack Lang.
D'étranges figures humaines dans cette "Dampelite"...
Roger Bezombes est né à Paris en 1913 (il est décédé en 1994). Après avoir fait les Beaux Arts, son goût pour les voyages l'entraîne en Afrique, blanche (où il se lie avec Albert Camus) puis noire. Il parcourt aussi la Grèce et même la Palestine. En 1955, il reçoit le titre de "peintre de la marine" et participe au niveau international à de nombreuses expositions (le Centre Pompidou l'a exposé en 1978).
Une espagnole sans doute, si j'en crois la mantille ?
Pascal Audin
L'artiste habite et travaille à Poitiers et est surtout connu dans la ville comme champion du monde de "manger de bananes" (il est inscrit dans le livre des records avec 6kgs en un quart d'heure !). Côté art, il est complètement autodidacte : il se met à peindre en 1996 sans avoir jamais visité une exposition de peintures ni regardé le moindre livre.
Un peu comme la maison du Facteur Cheval, sa maison est peinte de A à Z.
Il peint et sculpte un peu comme les enfants et dit d'ailleurs se sentir bien avec eux.
Une explosion de couleurs...
Au fond du bâtiment et à côté d'une autre sculpture de Pascal Audin, une curieuse construction dans laquelle on peut rentrer... Qui en est l'auteur ? Peut-être celui qui signe G.I.L ? Je ne sais pas...
A l'intérieur, ce n'est pas plus sobre...
Revenons à un artiste plus classique même s'il peint des monstres : Kurt Joseph Haas.
L'artiste est né en 1935 à Zurich. Autodidacte, il commencera à peindre à l'âge de 40 ans. Ses premières oeuvres sont abstraites, géométriques, puis peu à peu deviennent surréalistes. Il se promène toujours avec un harmonica dans la poche : ainsi, il peut jouer du blues aussi bien qu'il dessine sur un coin de table ou un menu de restaurant... Il expose aux États-Unis en particulier où son succès est immense.
Rosemarie Koczy (1939 - 2007)
Rosemarie Koczy a quitté l'Allemagne en 1959 pour la Suisse et est entrée en 1961 à l’École des Arts Décoratifs de Genève. Par la suite, elle est allée vivre à New York.
Les dessins, peintures et sculptures que fait l'artiste (née en Allemagne en 1939 et déportée successivement dans deux camps de concentration) s'appellent "Je vous tisse un linceul". Ils sont un hommage aux morts des camps que l'on enlevait avec des bulldozers, que l'on jetait dans un trou et qu'on recouvrait ensuite de chaux vive.
Dans la religion juive, quand quelqu'un meurt on lave son corps (une femme lave le corps d'une femme et un homme celui d'un homme) et on le recouvre d'un linceul blanc avant de le mettre dans le cercueil.
Les traits que dessine Rosemarie Koczy représentent le linceul que les morts des camps n'ont pas eu... Ainsi, l'artiste les enterre dignement et respectueusement. Les deux sculptures qui entourent ces dessins représentent les trains qui emmenaient les juifs dans les camps de concentration.
Des dessins et des sculptures forts de sens...
Gilbert Clément
L'artiste est né à Saint-Bonnet de Joux, un village du Charolais. D'une mère catholique pratiquante et d'un père menuisier-ébéniste anticlérical qui fumait des boyards papier maïs, il mène une existence chaotique de vendeur de casseroles à défaut de pouvoir devenir menuisier à son tour, faute... au progrès ! Réfugié depuis 40 ans dans un petit village de l'Aveyron, il est atteint périodiquement de pulsions créatives qui finissent souvent dans un coin de son jardin potager...
Collectionnant les bouchons... il a réalisé cette "Madame Capsule" !
Jean Tourlonias
L'artiste qui a exposé dans le monde entier, notamment aux États-Unis, au Japon et en Allemagne, est né dans le Puy de Dôme en 1937 et est décédé en 2000. De retour de la guerre d'Algérie, il commence à peindre et trouve son style en 1986 : un style qui répond à sa passion pour l'automobile. Il ne peint que sur commande, au tarif horaire d'un ouvrier, des toiles qui sont toutes au même format (65cm par 100cm) et qu'il dédicace à des célébrités ou à leurs acquéreurs.
"Spéciale Jean Dubuffet" : huile sur toile cirée
Comme vous pouvez le constater, l'Art Brut peut plaire à chacun, grand ou petit, car il est très varié : des spécialistes aux non-initiés, tous y trouvent le plaisir et la surprise de déambuler dans ce labyrinthe créatif et de découvrir cet art marginal, si souvent ignoré.
J'ai pris moi-même beaucoup de plaisir à visiter ce musée.
Le petit résumé que j'en ai fait s'est largement inspiré des informations sur les artistes que j'y ai trouvé affichées. Il y a peut-être des erreurs : si vous lisez l'article, n'hésitez pas à m'en informer !
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(▲) Lapalisse (orthographe moderne) est la ville du Maréchal de François Ier, Jacques II de Chabannes, dit Seigneur de La Palice. Contrairement à la croyance populaire, il n'a jamais été l'auteur d'aucune lapalissade. Ses soldats, pour illustrer le courage dont il fit preuve lors du siège de Pavie en 1525 où il trouva la mort, écrivirent une chanson à sa mémoire dans laquelle se trouve la strophe suivante :
Hélas, La Palice est mort,
Est mort, devant Pavie ;
Hélas, s'il n'était pas mort,
Il ferait encore envie.
voulant exprimer le fait qu'il s'était battu comme un lion. Sa veuve, Marie de Melun, s'inspirant de cette chanson fit graver comme épitaphe sur son somptueux monument funéraire :
Ci-gît le Seigneur de La Palice ;
S’il n’était mort il ferait encore envie.
Mais il existe à cette époque (nos recherches généalogiques nous le prouvent) deux graphies différentes de la lettre minuscule s : le s rond (s) et le s long (ſ). Ce dernier peut être confondu avec un f. Une erreur de lecture a fait lire "hélas, s’il n’était pas mort, il ſerait (serait) encore en vie". Aujourd’hui on retrouve encore cette phrase déformée en : "Un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie".
Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour s'instruire !
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Lors de notre séjour à Saint-Etienne, Régine, notre amie, nous a fait faire la tournée des églises de Haute-Loire... Beauzac, Retournac et enfin Chamalières-sur-Loire.
Beauzac
Le clocher de l'église de Beauzac a de l'allure : il s'agit d'un clocher-mur, encore appelé clocher à peigne : dans ce type de clocher, les cloches sont apparentes. Il est très répandu en Limousin, en Périgord, en Languedoc et en Catalogne.
L'intérieur de l'église Saint-Jean (datée des XII-XVIIème siècles) est sobre. Un escalier mène à une crypte dont les piliers sont joliment sculptés.
Retournac
La petite ville de Retournac est située à équidistance entre Saint-Etienne et Le Puy.
Il s'y trouve une jolie église romane élevée au rang de Collégiale en 1446 (Saint-Jean-Baptiste) et un musée de la dentelle.
L'église est construite en brèche volcanique rouge et en une roche gréseuse ocre jaune. La présence de trous de boulin dans le clocher indique que le clocher de l'église devait servir au Moyen-Age de tour de guet.
Ici encore un choeur très sobre.
La collégiale possède une série de vitraux d'un maître-verrier de réputation internationale : Henri Guérin. Celui-ci y a créé des vitraux en dalles de verre et ciment, lors de trois opérations (en 1966, sur la façade sud, en 1986 dans le chœur même de l'église puis en 2006 sur son coté nord).
Gros plan sur le vitrail du choeur
Henri Guérin travaille des dalles de verre de deux à trois centimètres d’épaisseur, y taillant des éclats multicolores, eux-mêmes nuancés par une nouvelle taille, fine et minutieuse. Les éclats de verre sont assemblés par des joints en ciment qui entrent dans l’expression et la composition de l’œuvre.
L'un des vitraux d'Henri Guérin au sud de l'église.
De plus près...
L'artiste a aussi réalisé en 2005 un vitrail en hommage aux dentellières.
Nous avons aussi visité le Musée de la dentelle qui est très beau mais qui apparemment ne remporte pas le succès escompté... Vous le verrez (peut-être) dans un prochain post.
Chamalières-sur-Loire
L'église prieurale Saint-Gilles (fin XIème- début XIIème siècles) est représentative de l'art roman auvergnat.
Vue côté cloître
Au travers des murailles de la ville
Le bénitier du XIIème siècle
Merci Régine pour cette belle promenade
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Hier après-midi, je suis allée au Grand Marché d'Art Contemporain de la Bastille sur invitation de son organisateur, Joël Garcia : il suffit de s'inscrire sur le site pour recevoir l'invitation. La foire se termine ce soir et je me suis dit qu'il fallait finir le week-end en beauté.
La foire est installée en plein air le long des boulevard de la Bastille et Bourdon qui longent le port de l'Arsenal et sous un chapiteau sur la Place. Elle accueille plus de 400 exposants : sculpteurs, peintres, photographes, céramistes, créateurs de mobilier contemporain, français et étrangers.
Avec le soleil, les badauds étaient venus nombreux...
Je me suis arrêtée sur quelques stands qui ont particulièrement retenu mon attention.
Tout d'abord celui de Fleur Baudon
D'origine vendéenne (elle est née aux Sables d'Olonne en 1978), cette jeune artiste peintre utilise le laqué de résine sur toile. Elle a déjà exposé sur le Village du Vendée Globe et explique dans une interview qu'elle utilise (dans sa série "Splashs") les mêmes pigments que ceux utilisés par les marins pour radouber leurs bateaux...
Impression de Printemps de la série "Splashs"
Si je ne suis pas spécialement fan de cette série, j'ai bien aimé par contre la série qu'elle appelle "Un point c'est tout" : en voici une déclinaison en blanc. La photo ne rend pas bien mais si vous allez sur son blog ICI vous la verrez mieux éclairée.
J'ai découvert par ailleurs qu'elle venait de créer un nouveau magazine en collaboration avec Arnaud Chedal-Anglay exclusivement réservé aux expositions parisiennes. Le magazine s'appelle "Expo in the City" et est maintenant vendu en kiosque au prix de 1.90 euros.
Je suis passée devant le stand de Jos Verheugen, mon voisin de la Butte aux Cailles. J'ai discuté un moment avec lui, lui rappelant que j'étais déjà venue dans son atelier il y a deux ans lors d'une journée portes ouvertes aux ateliers d'artistes (Les Lézarts de la Bièvre).
C'est un peintre d'origine hollandaise autodidacte qui vit et travaille à Paris depuis 1994. Il fait des portraits, des nus plantureux, s'intéresse particulièrement à la faune et s'est amusé à peindre "librement d'après Mondrian" (son compatriote) en ajoutant à ses toiles divers animaux extrêment bien dessinés (grenouille, lézard, perroquet...) : un peintre qui n'hésite pas à changer de style pour se renouveler...
"Course de vitesse"
Un peu plus loin, le stand de Ki et Isabelle Diguet intrigue par ses petits personnages ventrus et multicolores aux yeux exorbités...
A l'origine, Isabelle Diguet s'est intéressée à travers la peinture au costume traditionnel, à l'apparat et à l'ornement : pour témoin cette toile intitulée "Guérisseur"
En parallèle est né il y a deux ans un travail à 4 mains : totems, divinités, fétiches, masques naissent entre les mains de Franck Vanheul (Ki), son compagnon ; une fois le volume terminé, Isabelle pose la couleur... Une technique basée sur la récupération : accumulation de plastique, de carton, de papier, de plâtre, avec de l’enduit. Ce sont les matériaux que le sculpteur utilise pour fabriquer ces drôles de petits bonshommes.
Ces totems symbolisent l'objet que l'on vénère pour porter chance, pour obtenir une protection. Ils sont parfois achetés pour mettre dans les jardins m'a dit avec beaucoup de gentillesse Isabelle Diguet. Moi, j'aurais juste peur qu'on me les vole tellement ils sont plaisants à regarder !
"Uzume"
"Norbou"
Le stand de Christophe Cayla m'a particulièrement amusée : ce sculpteur autodidacte apprend le travail du bronze lors d'un séjour en Afrique. Il fabrique des "sculptures en équilibre" qu'il fait tourner autour d'un axe relié à un poids ou à une boule de pétanque : on dirait des derviches tourneurs ! malheureusement, j'ai raté le petit film que j'en avais fait...
J'ai adoré les sculptures d'Alexandre Mijatovic. Ce jeune sculpteur est né à Paris en 1971 et découvre le travail de la terre cuite en 1999 dans un atelier parisien.
Un petit air de ressemblance...
En bronze, en résine ou en terre cuite, elles sont pleines de vie, toutes dans le mouvement, exprimant chacune un sentiment différent.
"Chagrin secret"
Un magnifique bronze que le sculpteur a choisi de mettre sur sa carte de visite...
Je termine par le stand du peintre pour lequel je suis tout spécialement venue visiter ce GMAC : comme vous pouvez le constater, il attire les connaisseurs...
Il s'agit de celui de Lionel Borla dont j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion d'admirer les toiles (à la GMAC ou à Saint-Sulpice où il expose régulièrement). Lionel Borla est né à Menton, en 1974 et vit et travaille à Marseille et ce sont justement ces paysages méditerranéens qui inspirent cet architecte de formation ayant étudié la musique.
Ses toiles sont souvent très symétriques et rigoureusement équilibrées. Souvent, il peint un piano parmi des baigneuses très stylisées dans un décor de théâtre comme ici à Sienne ou sur fond de méditerranée.
Moi, j'adore tellement que je viens de lui acheter une petite gouache !
Elle s'intitule "Entre les deux pins"
Il me reste à lui trouver un encadrement : il m'a dit que je trouverais un cadre "Nielsen" qui conviendrait parfaitement chez le Géant des Beaux Arts : pratique, il y en a un tout à côté de chez nous !
A flâner ainsi de stand en stand, le temps passe si vite que je n'ai pas vu le quart de la moitié du Marché... mais le prochain rendez-vous de l'Art Contemporain, c'est Place Saint-Sulpice : ce sera un salon moins démesuré avec seulement... 100 exposants.
Les dates à retenir : du 29 mai au 2 juin 2014
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Ce dimanche matin, nous sommes allés au cinéma voir
"Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu ?"
Un film d'un réalisateur que je ne connaissais pas : Philippe de Chauveron mais avec des acteurs bien connus, eux : Christian Clavier et Chantal Lauby.
Sans que ma cousine préférée ne nous le conseille comme "un bon moment de détente", je n'y aurais peut-être pas entraîné Philippe car - naturellement - la critique de Télérama était mauvaise ! Bien m'en a pris d'ignorer la critique puisque, somme toute, Evelyne avait raison : on a passé un excellent moment tous les deux.
Il s'agit d'une comédie dont le ressort est basé sur la surprise : Claude et Marie sont un couple de bourgeois catholiques un peu coincé mais qui, religion oblige, fait preuve d'une certaine ouverture d'esprit. Ils habitent une petite ville de province, Chinon et leur maison est bon chic bon genre : des tableaux et des bibelots partout... La classe quoi !
Tout irait donc pour le mieux dans leur vie si leurs trois filles aînées n'avaient pas épousé, l'une un arabe, l'autre un juif et la troisième un chinois... Le couple a beau avoir les idées larges : trop c'est trop ! Et la petite dernière me direz-vous ? Et bien c'est elle qui va créer la surprise justement ! Mystère, mystère...
Des situations cocasses, des dialogues percutants mais jamais lourds, pas de temps morts, des acteurs excellents font de ce film une comédie très sympathique qui, si elle ne vous rend pas plus savant... a du moins le mérite de vous faire du bien au moral !
Le couple des Verneuil au mariage de leur troisième fille : mêmes têtes d'enterrement qu'aux deux précédents mariages !
Les quatre filles : Iabelle, Laure, Odile et Ségolène
Les trois gendres : David le juif, Medi l'arabe et Chao le chinois
La petite dernière, Laure et Charles, l'élu de son coeur : il est catholique, lui, au moins !
Un excellent moment de cinéma
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