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Par Tolbiac204 le 12 Juillet 2023 à 23:00
Le village de Noiron-sur-Seine est lové dans un site particulièrement préservé,
et son église voisine ce paysage idyllique.
Elle est perchée sur un promontoire et on y accède en montant une pente douce.
La Mairie l'a récemment pourvue d'une élégante rampe en fer forgé pour permettre un accès plus facile à la population âgée ou handicapée.
Depuis son cimetière, on jouit d'une vue superbe sur la vallée. C'est dans cette direction que se trouvait autrefois le château de Noiron aujourd'hui disparu.
C'est une habitante de Noiron, Marielle Lefils, qui est chargée de commenter cette visite guidée proposée par l'association "Un jour, une église". Elle le fera avec beaucoup de professionnalisme et de gentillesse et nous serons cinq à l'écouter religieusement (normal, non, vu le lieu !) dont Jean Millot, l'historien local du châtillonnais dont je connais les écrits et Daniel Bourgeois, l'antiquaire de Laignes, que je ne connaissais pas, tous les deux évidemment très intéressés par le passé et se posant beaucoup de questions, ce qui a rendu la visite particulièrement intéressante.
La voici qui nous ouvre la porte de l'église nouvellement refaite - l'église, elle, est très en souffrance et n'est ouverte que pour ces journées patrimoniales et quelques rares événements.
Les murs du chœur et de la nef, voûtés d'ogive, datent du début du XVIe siècle et proviennent d'une première église fondée au XIIe siècle par l'abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Pothières.
L'église est en très mauvais état, en témoignent ces ferrailles qui consolident les arêtes des voûtes.
La clef de voûte avec ses fleurs de lys semble être récente, sans doute du XIXe siècle.
Au sommet de la voûte du transept, l'orifice des cloches surmonte un Christ en croix.
Celui-ci date du début du XVIe siècle.
Le fort état de dégradation de l'église provient sans nul doute d'une source située à l'arrière de l'église et qui imprègne ses murs.
Depuis que la mairie a fait un regard dans le mur, il semble que les dégâts soient un peu moindres.
Dans le transept droit, l'autel est consacré à la Vierge.
On parle de la "Vierge au baldaquin".
On voit qu'elle est tardive car l'enfant Jésus a un très joli minois : elle date en effet de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Hélas, la poussière qu'y s'y est accumulée ne peut être nettoyée au risque d'enlever la dorure...
Le transept gauche montre le triste état de cette église qui ne reçoit pas de subventions pour permettre de la restaurer.
Son autel est consacré à Saint Joseph.
Marielle Lefils nous montre, sur la gauche, un haut-relief du XVe siècle représentant le Christ avec les douze apôtres, Saint Nicolas et Saint Claude. L'ensemble était vraisemblablement fermé par deux volets comme en témoigne la présence de gonds sur les côtés. Le Christ, au centre, est manquant.
Une inscription gravée en haut de l'encadrement indique la date - que j'ai eu du mal à déchiffrer car écrite en chiffres romains de façon non habituelle (1485) - et le nom des donateurs qui sont représentés ici agenouillés au pied de leur saint réciproque.
LAN MIL IIIIC CCCC XX ET V NICHOLAS CHAMON ET CLAUDE SA FEMME ET SES ENFANS AUSY ONT FET FAIRE CEST table IHS
Nicolas Chamon, est ainsi représenté agenouillé au pied de Saint Nicolas.
Tandis que sa femme Claude, l'est au pied de Saint Claude.
Les visages des différents apôtres sont très expressifs.
On voit ici la jeunesse de celui-ci...
et la vieillesse et cet autre.
Cette peinture murale située sur le même mur Nord est du XVe siècle. Il s’agit du miracle de Châtillon-sur-Seine au cours duquel le saint aurait invoqué la Vierge en lui disant « Montre moi que tu es ma mère ». Et celle-ci de faire jaillir un jet de lait de son sein dans la bouche de Saint Bernard...
Vous pouvez Cliquer sur l'image pour l'agrandir et constater le miracle !!!
Cette autre peinture, de la même époque probablement, représente Saint Jacques-le-Majeur, le frère de Jean, apôtre du Christ lui aussi. J'ai cru comprendre qu'on y voit aussi le donateur : peut-être devant (?)
Toujours dans le transept gauche, une Sainte Brigide d'Irlande accompagnée d'une brebis et d'un animal fabuleux (XVIe siècle) : je ne sais pas quels attributs permettent de dire qu'il s'agit bien de cette sainte : peut-être le livre... mais elle n'est pas la seule sainte à en porter un, ou alors le monstre qui l'accompagne (elle avait demandé à Dieu de la rendre laide, elle qui était très belle, pour n'avoir pas de prétendant afin de se consacrer entièrement à lui).
Et une statue de Saint Sébastien (XVIe siècle)
On note la présence de croix de consécration réparties un peu partout dans l'église.
Je ne les ai pas comptées mais elles sont ordinairement au nombre de douze. Elles ont pour but de garder le souvenir de la cérémonie de consécration de l'église par l'évêque.
Nous voici maintenant devant le Maître-Autel garni d'un grand retable en bois doré et peint, de la fin du XVIIe siècle. Il s'agit du retable de l'abbatiale des Cordeliers de Châtillon-sur-Seine.
De chaque côté de l'autel, les deux saints qui ont donné son nom à l'église : Saint Pierre et Saint Paul.
Ici encore, pas de ménage possible hélas...
Quatre bustes-reliquaires se trouvent de part et d'autre de l'autel.
Saint Paul peut-être, représenté par des pieds liés et des oiseaux (?) et Saint Nicolas d'un côté : Saint Nicolas, à droite, est reconnaissable grâce au groupe de trois petits enfants dans une bassine.
Saint Pierre de l'autre
Il est identifié grâce à ses clefs (celles du Paradis) et un coq. Rappelez-vous ce que Jésus lui a dit : "avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois". Je n'ai pas retenu le nom du quatrième saint.
Notre visite guidée tire à sa fin. Nous nous dirigeons à nouveau vers la sortie, c'est-à-dire vers le transept Sud où se trouve un vitrail intéressant.
Il a la particularité d'avoir été modifié au cours des siècles, la partie centrale étant un réemploi d'une fenêtre en grisaille.
Dans la partie basse de la scène représentant la fuite en Egypte, une inscription date la verrière de 1856.
De part et d'autre du Couronnement de la Vierge, deux petits anges jouent de la musique. Il n'y a qu'en visite guidée qu'on peut les voir !
Marielle Lefils a gardé le plus beau pour la fin : il s'agit, à droite de la porte, d'une Vierge à l'Enfant datant du XIVe siècle, superbe.
Quel joli port de tête...
Un petit tour d'église maintenant : nous sommes à l'écoute de notre guide bénévole.
Derrière l'église, un escalier de pierre permet d'accéder au clocher.
Voici le regard de la source, source de nuisance pour l'église...
Nous sommes toujours en pleine nature.
Une visite bien intéressante
2 commentaires -
Par Tolbiac204 le 31 Juillet 2021 à 23:00
Ce vendredi, nous sommes allés à Coulmier-le-sec (à une vingtaine de kilomètres de Courcelles) visiter l'église du village dans le cadre de l'animation estivale "Un jour, une église". Le village, qui date de plus de 2000 ans, est établi sur un plateau karstique, ce qui explique le nom de la commune et de celles des environs (Ampilly-le-sec, Fontaines-les-sèches, Bligny-le-sec). La croisée de deux chemins de pèlerinage, l'un vers Saint-Jacques-de-Compostelle et l'autre vers Alise-Sainte-Reine, va contribuer à l'importance du bourg au Moyen-Age.
Sur la place de l'église, des stands s'installent car ce soir dans ce village de 240 âmes, c'est la fête !
C'est Madame Odile de Korner, conseillère municipale, qui nous y accueille, masquée, à 16h30 (la photo vient d'internet lors d'une autre manifestation). Elle nous prévient tout de suite qu'elle n'est pas spécialiste de l'art roman et qu'elle va nous montrer surtout le mobilier religieux de l'église.
Nous sommes les premiers à arriver et attendons les éventuels autres visiteurs. Une seule personne, visiblement amie de notre guide, suivra cette visite qui durera une bonne heure.
Il ne fait pas beau, c'est le moins qu'on puisse dire, mais au moins il ne pleut pas. L'église date du XIIIème siècle mais a été remaniée au XVIIIème siècle.
La nef comporte trois travées séparées par deux rangées de piliers supportant des voûtes sur croisées d'ogives. Le chevet du chœur est plat, éclairé par deux baies à lancettes surmontées d'un oculus.
Un beau Christ en bois peint du XVIème siècle mériterait meilleur emplacement : il est si haut placé qu'il faut lever les yeux pour le contempler.
Vous me direz qu'il est au ciel !
Notre guide commence la visite par l'entrée de l'église où se trouvent les fonds baptismaux en marbre sculpté. Elle nous parle des statues qui y sont exposées : Sainte Ursule à gauche et Sainte Reine à droite portent toutes les deux les attributs des martyres (la palme et la couronne pour Sainte Ursule, la palme et le poignard pour Sainte Reine).
Passée la porte d'entrée de l'église, on peut voir deux autres statues de saintes : il s'agit de Sainte Catherine d'Alexandrie représentée avec la roue de son supplice et de Sainte Cécile, patronne des musiciens, représentée avec sa lyre. Les deux saintes tiennent la palme des martyres.
Ces quatre statues ne présentent pas d'intérêt vraiment artistique : elles ont été offertes à la paroisse par un couple en référence aux prénoms de leurs quatre filles.
Nous continuons la visite en nous arrêtant au niveau de la lourde porte d'entrée de l'église dont la fermeture est assurée par une barre possédant un système de sécurité formé d'une chaîne reliée à une serrure. Quand on tourne la clé, la chaîne se libère !
Nous en profitons pour sortir et regarder l'église de l'extérieur : tout d'abord, cette porte sculptée.
La façade s'ouvre depuis la seconde moitié du XVIIIème siècle sur un porche pourvu de quatre colonnes massives, surmonté d'un fronton triangulaire portant un bas-relief. Curieux effet de mon appareil photo... On dirait bien que le rayon de dieu est tombé sur l'église !
La lourde porte en bois est également surmontée d'un bas-relief représentant Saint Germain, l'évêque qui a donné son nom à l'église (Photo Christaldesaintmarc).
En observant le clocher, on peut voir que sa base, romane, a été surélevée au-dessus du cadran de l'horloge d'une partie plus moderne (à baies géminées) datant de 1840. Il a été détruit pendant la seconde guerre mondiale par l'aviation allemande mais reconstruit à l'identique.
Des petits oiseaux se sont innocemment perchés sur la girouette qui surmonte le clocheton central ! La photo met en exergue la jolie corniche à modillons ornant le bas des toitures.
Continuant de faire le tour de l'église, je remarque les chapiteaux à crochets, typiques du XIIIème siècle.
Ils sont parfois ornés de petites têtes...
Puis, nous arrivons devant l'un des trésors de l'église : un Christ de Pitié ou Christ aux liens du XVIIème siècle grandeur nature.
Il est d'une très grande expressivité : on croirait bien qu'il va prendre la parole...
Madame de Korner nous fait remarquer que les liens ont été cassés lors d'un déménagement et que quand les classes visitent l'église, les enfants remarquent ses dents !
Dans la partie nord de l'église, près de l'autel latéral dédié à Saint Germain, un très beau lutrin du XVIIème siècle présente une partition à l'ancienne.
Derrière le lutrin, une statue de Saint Germain, le patron de l'église. Saint Germain d'Auxerre est né à Appoigny près d'Auxerre vers 380 et mort à Ravenne en Italie. Il était fonctionnaire de l'Empire romain et un religieux gaulois (il fut 6ème évêque d'Auxerre en 418). Il est reconnu pour avoir été l'évangélisateur de l'Auxerrois et de la Bretagne insulaire. Il est fêté le 31 juillet.
Au sol, des pierres sculptées correspondant aux pierres tombales de l'ancien cimetière qui entourait autrefois l'église ont servi au pavage.
Nous voici arrivés devant l'autel de marbre rouge près duquel des vêtements sacerdotaux sont suspendus : ils ont été brodés à la main...
L'autel latéral sud présente une statue de Sainte Philomène et une autre du Curé d'Ars (qui accomplit plusieurs miracles grâce à son intercession) qui encadrent une Vierge à l'enfant dont Madame de Korner ne nous a pas parlé.
On arrive ainsi à l'aile sud de l'église : s'y trouve, un double lavabo joliment éclairé par deux bougies et abritant une Vierge à l'enfant du XVIème siècle.
Là se termine cette visite intérieure. A l'extérieur, trois poutres de pierre témoignent de la destruction du clocher en 1940 : elles ont servi à supporter les cloches qui avaient été démontées pendant la guerre.
Un petit tour au nouveau cimetière où se trouve une croix du XIXème siècle.
L'autre croix du cimetière, du XVIIème siècle, possède la particularité d'avoir une table des morts dans sa partie basse.
Les tables des morts servaient à déposer le corps du défunt lors de l'inhumation car dans certains cas l'arrivée du prêtre pouvait attendre plusieurs jours. Elles ont été utilisées jusqu'à la fin du XIXème siècle.
Le trou dans celle-ci aurait servi à planter un flambeau (?)
La croix montre d'un côté un Christ en croix,
et de l'autre une Vierge à l'enfant.
Si si si, je vous assure : c'est bien une sculpture de vierge mais le soleil est tristement absent pour la mettre en valeur...
Une visite intéressante mais un temps de chien !
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Par Tolbiac204 le 21 Juillet 2020 à 23:30
Faisant suite à la visite du château, Madame Bouzoud, sa propriétaire qui est aussi bénévole dans le cadre de l'opération "Un jour, une église", nous a fait visiter celle de son village.
L’église de Savoisy est bâtie en même temps que le château en 1442 par Nicolas Rolin, Chancelier de Philippe le Bon duc de Bourgogne.
En 1752 la nef et le clocher sont détruits par la foudre qui n'épargne que le chœur. L’église est reconstruite mais le poids du nouveau clocher fissure la voûte de la nef et elle doit être redémolie en 1778. Le clocher, la nef et les deux petites chapelles latérales ont été édifiés l'année suivante avec des voûtes en plein cintre.
Louis nous accompagne dans cette visite...
Les armes des Rolin, trois clés symbolisant le pouvoir, sont sculptées sur la clé de voûte de la nef et reproduites sur deux peintures des murs d’angle derrière l’autel.
L'église est connue pour ses croix de consécration surmontées de fresques représentant les apôtres comme celle-ci devant laquelle le pitchoune a posé.
Il s'agit ici de Saint Jude Thaddée et non de Judas l'iscariote qui trahit Jésus. Il est représenté ici avec une hache.
Plusieurs d'entre elles sont situées dans le chœur qui date de l'origine de la construction de l'église (XVème siècle). C'est en retirant un badigeon il y a quelques années qu'elles ont été découvertes.
Un Christ en croix sépare la nef du chœur.
Sur la clé de voûte sont représentées les armes des Rolin : trois clés symbolisant le pouvoir.
Les croix de consécration sont au nombre de douze comme le nombre des apôtres.
Ici, Saint-Matthieu qui porte une lance.
Je n'ai pas retenu le nom de ce saint qui semble représenté avec une massue.
L'église possède également une statuaire intéressante comme ce Saint-Martin faisant la charité datant du XVIème siècle. Madame Bouzoud nous a dit que contrairement aux dires habituels, le saint ne coupa pas son manteau en deux pour le donner à un pauvre mais lui donna plus probablement la doublure de ce dernier...
Dans l'une des deux chapelles latérales, une Vierge du XVème en pierre polychrome dont l'enfant tient un oiseau dans la main : il s'agit d'un don des Rolin à l'église,
tout comme cette Sainte Catherine d'Alexandrie du XVème siècle, également en pierre polychrome, portant la roue de son supplice.
Un Christ portant sa croix en bois polychrome du XVIIème siècle.
Pour l'anecdote, j'ai relevé un vitrail qui peut concerner la famille portant l'inscription : en souvenir des époux Isidore Verdot et Anne Lemaître. Les Verdot sont effectivement originaires de Savoisy...
Le "monument aux morts" situé à l'intérieur de l'église porte d'ailleurs le nom de Georges Eugène Verdot décédé lors de la Grande guerre en 1915.
Merci à l'Office de Tourisme de Châtillon pour cette visite très intéressante.
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Par Tolbiac204 le 15 Juillet 2019 à 23:00
L'animation "Un jour, Une église" fait toujours partie du programme d'été de l'Office de Tourisme de Châtillon-sur-Seine. En ce début de vacances à la campagne, nous sommes allés visiter celle de Massingy, petit village de 155 habitants à la tradition viticole, voisin de Courcelles.
◄►◄►◄►◄►◄►
C'est Brigitte Dewaele, une habitante de ce village faisant partie du conseil municipal, qui guide la visite : elle nous donne les hypothèses - incertaines - du nom du village. Est-ce "maison sur l'eau" ou "maison incendiée"... ?
Elle nous explique aussi qu'au début du XXème siècle Massingy comptait alors 260 habitants parmi lesquels on recensait 33 vignerons, 3 bouilleurs de cru, 3 tonneliers, 14 cultivateurs et... un marchand de champignons.
Nous avons aussi appris grâce à elle qu'une légende locale raconte que ses fameux "Jumeaux" ne seraient que les mottes de terre tombées des bottes de Gargantua...
Le Jumeau de Massingy (307 m) voisine le Jumeau de Chassaigne '300 m) : entre les deux, passe la voie romaine de Châtillon à Langres.
Elle nous parle aussi du surnom des habitants du village, les "Sorciers de Massingy" : on trouve en effet dans les textes l'existence de cérémonies de "Sabbat" (assemblées nocturnes de sorcières au XVIème siècle) sur ces célèbres collines.
Le blason du village rappelle l'existence des collines jumelles et la vocation viticole du village.
Le Domaine Brigand, viticulteur local, fait face à l'église.
En grande partie refaite aux XV-XVIe, l'église des XII-XIIIe était celle d'un prieuré-cure dépendant de l'abbaye Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine. Elle fut à nouveau modifiée au XIXe, époque où fut dressé le clocher dominé par une flèche octogonale couverte d'ardoises.
Le portail est sobre mais élégant.
A l'entrée de l'église, les fonds baptismaux sont recouverts d'un linge blanc.
L'église est très bien entretenue, hormis le confessionnal, nous dit Brigitte Dewaele, qui mériterait une restauration : c'est vrai que l'église ne sert guère maintenant que pour les mariages et les enterrements...
Nous allons en faire le tour en commençant par le côté nord où l'on trouve une statue de Sainte Thérèse de Lisieux résolument XIXème siècle. La Sainte est représentée portant un crucifix qu'elle couvre de roses. La rose joue un rôle important dans l'iconographie consacrée à Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus : elles signifient son don total à Dieu.
Un peu plus loin, un ensemble de trois statues dont seule celle du bas mérite de s'y arrêter.
Il s'agit d'une Pietà mais je n'ai pas retenu de quelle époque elle est (les Pietàs sont souvent du XVème siècle...).
Pas de transept dans cette église : la séparation entre le chœur et la nef est marquée par deux autels qui encadrent l'ouverture donnant sur le chœur.
Voici à gauche, celui dédié à à Saint-Vincent, le patron de l'église
Le dessous de l'autel est très joliment décoré de grappes de raisin.
Saint-Edme tout de blanc vêtu
De l'autre côté de la nef, un autel où trône un Saint dont j'ai oublié le nom...
Le Saint, revêtu d'une chasuble cousue de fils d'or, porte un crucifix dans la main gauche.
On trouve aussi une Vierge à l'enfant en bois doré : la statue doit être ancienne vue la taille de la tête de l'enfant Jésus (bénissant de la main droite et présentant le globe terrestre dans sa main gauche, signe de son pouvoir sur le monde).
Les voûtes du chœur sont en berceau brisé si je ne me trompe...
Le seul vitrail ancien se trouve dans le chœur.
Sur le côté sud, un tableau représente Saint-Vincent, le patron de l'église. Nous avons eu du mal à identifier ses attributs... Saint-Vincent est le patron des vignerons.
Brigitte Dewaele nous montre un corbeau perché en bas à droite du tableau sur un cep de vigne.
On trouve ensuite une curieuse croix à double face : il s'agit vraisemblablement d'une croix de chemin, symbole religieux très répandu du XVIème siècle à nos jours.
D'un côté un Christ en croix, de l'autre une Vierge très mutilée
Elle date de 1676 comme le montre l'inscription gravée sur son socle.
Brigitte Dewaele nous entraîne ensuite dans le cimetière attenant à l'église.
Une croix en pierre et fer forgé présente dans sa partie basse une sculpture de Saint-Edme.
Saint-Edme, né en Angleterre à Cantorbery, a passé les dernières années de sa vie en Bourgogne.
Dans le cimetière des tombes assez originales où sont gravées sur la pierre les qualités des morts qu'elles commémorent comme celle-ci par exemple.
On peut y lire cette épitaphe.
Ici repose Pierre Lucien Boncompain né le 4 avril 1856 et décédé le 10 septembre 1874 dans sa 19ème année. Bon et sensible fils, tendre et respectueux, il était l'espoir de ses parents inconsolables. Priez pour lui !
Ici, il s'agit, nous a dit Brigitte Dewaele, de la tombe d'un prêtre à cause de la croix et du calice entrelacés.
Je ne regarderai plus cette église de la même façon quand je passerai à côté...
2 commentaires -
Par Tolbiac204 le 2 Août 2018 à 23:55
Obtrée, c'est le village où nous avons fait notre fête il y a maintenant 12 ans. Eh oui, le temps passe... Nous avions loué la salle des fêtes à la Mairie sans pouvoir visiter l'église située juste en face.
C'est maintenant chose faite grâce à l'animation "Un jour, une église" qu'a repris l'Office de Tourisme du Châtillonnais suivant ainsi l'exemple de celui de l'Aube.
Le cimetière du village est situé en dehors de l'agglomération. On peut y voir des vignobles, sans doute destinés à la fabrication du fameux Crémant de Bourgogne.
Le village d'Obtrée vu depuis le cimetière
Le rendez-vous était donné devant l'église mais je trouve le petit groupe à l'intérieur, la chaleur estivale ayant enclin les participants à chercher la fraîcheur...
C'est Colette Diot, première adjointe au Maire d'Obtrée, qui fait la visite guidée : en temps que bénévole, elle a reçu une petite formation mais elle a aussi fait des recherches sur internet et consulté les archives du village pour se documenter.
Le Châtillonnais et l'Auxois a fait un article l'an dernier sur cette animation : pour la lire, cliquez ICI.
Colette Diot et les participants à l'animation
Nous quittons l'église avec elle pour aller du côté du lavoir voisin : c'était en effet, nous apprend-elle, ici que se faisait la messe au XVIIème siècle (jusqu'en 1644). La commune d'Obtrée était en effet rattachée à l'époque à celle de Chaumont-le-bois et le prêtre y officiait régulièrement jusqu'à ce qu'il refuse parfois de le faire arguant des mauvaises conditions pour exercer son culte...
Un très beau lavoir (malheureusement accolé à un poteau électrique). Vivement que la commune enterre les fils ! Mais je sais que ça a un coût...
La fontaine est très belle, décorée de poissons.
A l'intérieur du lavoir deux pierres portent des inscriptions. L'une d'elle a été posée à l'envers (je l'ai redressée grâce à Photoshop).
On peut y lire "posée par mes soins"........"le 10 avril 1819".
L'église, elle, a été construite en 1856 comme en témoigne une pierre scellée sur sa façade.
Le nom de Gillon apparaît dans les deux cas mais Jean Millot, spécialiste de l'art religieux, qui était présent lors de cette animation, nous a dit qu'il n'y avait probablement pas de rapport entre les deux noms.
Le porche d'entrée est sobre mais élégant.
Des colonnes au chapiteaux à feuille d'eau (caractéristiques des abbayes cisterciennes) supportent un fronton de stylé néo-roman.
Le tympan sculpté représente les quatre évangélistes : le lion de Saint Marc, l'aigle de Saint Jean, le taureau de Saint Luc, l'ange de Saint Matthieu.
Au centre, Jésus-Christ tient une table où sont inscrits les mots :
"Sum principium, sum finis" (Je suis le début, je suis la fin).
Entrons maintenant dans l'église.
Une nef unique, avec un choeur à coupole nous fait remarquer Jean Millot.
Au centre, un beau lustre en cristal éclairait autrefois l'église de ses bougies. Depuis, l'électricité est apparue.
Nous regardons tout d'abord le Chemin de Croix et ses quatorze tableaux. Remarquez les jolies colonnettes qui les séparent...
Les tableaux sont curieusement sous-titrés en deux langues : le français et l'espagnol comme le montre cette station intitulée "Jésus tombe la première fois"- "Primera cada de Jesus" qui semble avoir été exécutée dans la seconde moitié du XIXème siècle, gravée par Ghebard et imprimée par la Maison Basset (imprimeurs rue Saint-Jacques à Paris).
Nous voici devant l'autel principal - je devrais dire "les" autels puisqu'un petit autel (don de la commune de Vannaire) se trouve devant le grand placé juste derrière.
Sous la nappe, la pierre sacrée renfermant les reliques que le prêtre embrasse au cours de la messe
L'autel principal avec, en décoration, l'Agneau de Dieu
Un joli tabernacle et des vases de fleurs de soie anciens
Sue le tabernacle, une représentation de Saint Jean-Baptiste portant l'Agneau de Dieu. Emma, dans son commentaire, émet l'hypothèse que ce pourrait aussi être Jésus, le Bon Pasteur et Pain de vie... ?
Vitrail de Saint Joseph tenant des fleurs de lys
Le lys est avant tout le symbole de la chasteté, il renvoie donc essentiellement à l’absence de consommation charnelle du mariage avec Marie, à la virginité de son épouse et à la conception de Jésus par l’Esprit Saint.
Vitrail de Saint Claude, le patron de l'église
Voici un petit autel dans l'aile latérale Nord
Il est orné d'une statue représentant visiblement un évêque avec sa mitre et sa crosse. Je donne ma langue au chat si quelqu'un a la bonne idée de me renseigner sur son nom que j'ai oublié...
Juste à coté on trouve un bâton de procession représentant Saint Nicolas : on le reconnaît grâce aux trois petits enfants à ses pieds.
Sur le bas-côté droit, un autel symétrique dédié à Sainte Catherine : s'agit-il de Catherine Labouré qui résidait dans la maison des Sœurs de la charité à Châtillon-sur-Seine... ? Une hypothèse émise par Jean Millot. Ce pourrait aussi être, me dit Emma dans son commentaire, Marie Reine du Ciel, des Anges et de tous les Saints car elle porte un diadème.
A côté, un bâton de procession représentant Sainte Catherine d'Alexandrie et sa roue pourvue de piques vers laquelle elle s'est avancée courageusement (début IVe siècle), fidèle au Christ.
Un dernier regard sur l'église...
A droite de la nef, une Sainte Thérèse tenant dans ses mains un crucifix couvert de roses, ne voulant Le couvrir que des fleurs de toutes ses attentions et sacrifices, par 10 ans de Carmel et expirant pour Lui de la tuberculose.
La Sainte étant décédée en 1897, la statue date probablement de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe.
Au fond de l'église dans un petit renfoncement, les fonds baptismaux
et un tableau très endommagé qui semble représenter la Visitation : Marie, enceinte du Christ, rend visite à sa cousine Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste : cette visite est rapportée par l'évangéliste Saint Luc. Emma, dans son commentaire, émet une autre hypothèse...
Dommage que l'équipe de Sciences-Po qui a permis la restauration du tableau de Jean Tassel de la chapelle Sainte-Anne de Courcelles n'ait pas remarqué ce tableau qui semble avoir été bien beau...
Colette Diot nous a ensuite montré la toiture de l'église récemment restaurée en tuiles de pays.
Zoom sur la girouette-coq du clocher
Une visite vraiment très intéressante avec une personne passionnée par la mise en valeur de sa commune que je remercie au passage pour le temps qu'elle a passé avec nous sans le compter.
Une après-midi chaude... mais instructive
N'oubliez pas, avant de quitter cette page, de lire le commentaire posté par Emma qui revient sur plusieurs points de cet exposé en les éclairant différemment.
3 commentaires
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