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Concert de trompes de chasse à l'Abbaye du Val des Choues
Je mourrais d'envie depuis un bon mois (mais l'internet me faisait cruellement défaut...) de vous narrer l'agréable sortie que nous avons faite cet été : allant régulièrement sur le site de l'Office du Tourisme du Pays Châtillonnais, j'avais en effet flashé sur l'une de leurs annonces, celle d'un concert de trompes de chasse à l'Abbaye du Val des Choues précédé du repas de la meute.
Direction donc la forêt de Châtillon à la sortie de laquelle se trouve ce qui reste de cet ancien Prieuré de la fin du XII ème siècle. L'endroit est très bucolique comme vous pouvez le constater et donc propice à la méditation...
L'entrée de l'Abbaye se fait par un porche surmonté de la statue d'un homme d'église (je ne suis pas arrivée à savoir de qui il s'agissait...). La crosse qu'il tient indique qu'il s'agit peut-être d'un évêque ?
Le Prieuré a été fondé en 1202 par Eudes III, Duc de Bourgogne, qui chassait sur ses terres, pour répondre au souhait d'un frère convers de la Chartreuse de Lugny (voisine du Val des Choues) nommé Viard, d'y finir ses jours à l'écart du monde. Le moine, vivant à l'origine dans une grotte, devint alors le chef d'une communauté qui sera rattachée au XVII ème siècle à l'ordre cistercien. Comme beaucoup d'édifices religieux, l'abbaye fut presque entièrement détruite à la Révolution et ses débris servirent même de carrière de pierres. Les bâtiments qui subsistent sont ceux des frères convers et des dépendances.
La grande cour qu'ils encerclent est agréablement décorée d'un bassin dans l'eau duquel se reflète la ramure d'arbres d'âge vénérable.
Des chaises ont été installées tout autour du bassin en vue du concert de la soirée.
Une très impressionnante sculpture de sanglier grandeur nature...
Pas plus rassurant de dos que de face !
Tout autour, toutes sortes de petits animaux, à l'échelle, comme cette grenouille que mon zoom fait paraître plus grosse que le boeuf...
ou ce lézard poursuivi par un serpent sous l’œil indifférent d'une gentille petite tortue.
Mais nous ne sommes pas venus pour nous soucier d'architecture (même si l'occasion fait le larron, n'est-ce pas ?) mais pour écouter un concert !
Et tout d'abord un concert d'aboiements : ceux des chiens d'Inès et Michel Monot, Maîtres de l'équipage Piqu'Avant-Bourgogne qui chasse chaque semaine le sanglier en forêt de Châtillon et le cerf en forêt de Clairvaux et dont les chenils sont abrités ici.
Inès Monot nous explique tout ceci par le menu avant de nous conduire au chenil afin d'assister au repas de ses chiens (ce jour-là il y en avait, paraît-il, plus d'une centaine : des grands anglo-français tricolores).
Et savez-vous ce qu'ils attendent impatiemment ces chiens dont le repas s'effectue chaque jour en fin d'après-midi ? La bidoche, évidemment et... pas qu'un petit peu, non : en quantité !
Celle-ci provient, nous explique Inès, des déchets des grandes surfaces environnantes.
Je vous laisse en compagnie d'Inès et de ses chiens (qu'elle nomme tous par leur nom...). Celle-ci est restée à l'intérieur du chenil jusqu'à ce que les chiens se taisent ; vous savez, c'est un peu comme à l'école : si on n'est pas sage, il n'y a pas de bons-points !
RESPECT
En attendant le repas, nous faisons la visite des jardins de l'Abbaye (les anciens potagers des moines sont devenus un très joli jardin à la française).
Pour y accéder, il faut passer sous une voûte surmontée d'un petit clocheton.
Et nous voici de l'autre côté...
Passée l'entrée un panneau indique l'esprit dans lequel ce jardin a été dessiné.
Sur la gauche, la demeure des propriétaires
Le parc est très bien entretenu : il y règne une atmosphère paisible.
Près des murs de ceinture, on peut, avec un bon zoom, surprendre des cerfs, des biches et même des faons : c'est-y pas mignon, tout ça ?
Un peu plus loin, une grande pièce d'eau (qui mériterait un petit curage...) conduit le regard jusqu'à des arbustes d'ornements, taillés de façon à former le nom de l'abbaye : VAL DES CHOUES !
Il est temps de nous rendre au moulin (ou sous le barnum) : un repas froid y attend les 100 invités.
Pour le prix modique de 20 euros, nous avons pu dîner convenablement et écouter un beau concert. Espérons que cet argent puisse contribuer à l'entretien de ce beau lieu (Inès et Michel Monot ont créé en 1988 une Association pour la Sauvegarde de l'Abbaye du Val des Choues)...
J'avais pris une photo de notre table avec le feu de bois, mais les convives n'étant pas au mieux de leur image..., je ne vous montre que le plateau repas.
En attendant le concert, une petite visite au musée. Le parapluie, c'est pas pour le décor : il y a eu dans l'après-midi un orage carabiné qui a dû faire trembler Inès Monot car..., si le repas était à couvert, le concert, lui était prévu en plein air !
Que trouve-t-on dans ce musée : je vous le donne en mille... ?
Des trophées naturellement : les murs en sont couverts ! Il est vrai que les chasses à courre de l'équipage ont lieu, de septembre à mars, deux fois par semaine.
Il y a aussi dans le musée deux intéressantes lithographies qui témoignent de ce qu'était l'Abbaye après la Révolution : vous savez, le goût de l'époque pour le romantisme...
Dans les anciennes écuries, Inès Monot expose les vases et jardinières Médicis qu'elle vend aux particuliers sous le vocable de "Les Jardins d'Inès" : un peu de pub pour aider l'entreprise, ça ne peut pas faire de mal (les bâtiments sont grands et pas toujours en bon état)...
C'est maintenant le temps du concert tant attendu et... il ne pleut pas : c'est une vraie chance !
Outre les invités au repas, d'autres spectateurs sont venus grossir les rangs du public.
Les musiciens sont arrivés : Cette formation associant des musiciens de la Côte d'Or, de la Nièvre et de la Saône et Loire s'appelle "les sonneurs du Bien-Aller du Morvan".
Tandis qu'une voix off racontait l'histoire de l'Abbaye et des légendes qui l'entourent, les trompes ont résonné le temps d'une vingtaine de morceaux si bien que, quand la nuit est arrivée, ils n'avaient pas encore fini de nous régaler.
Naturellement, les musiciens ont joué "la Saint-Hubert", en l'honneur du patron des chasseurs.
Hubert, fils d'un Duc d'Aquitaine, est né vers le milieu du VII ème siècle. Il était marié à la fille du Roi Dagobert, vous savez : celui de la culotte... et menait une vie mondaine jusqu'au jour où, lors d'une partie de chasse, un cerf lui apparût avec une croix entre les bois. De ce jour, et sur les conseils de Saint Lambert, évêque de Maastricht, il mena une vie monastique exemplaire et devînt même plus tard lui-même évêque de Maastricht en remplacement de Saint Lambert.
Pour clore ce concert, Inès et Michel Monot ont lâché une trentaine de chiens, courant après... un leurre : une brouette recouverte d'une peau de sanglier les a trompés le temps qu'ils se regroupent autour d'un amas de viande, sans se soucier de la présence des spectateurs tout à fait admiratifs. Peu d'images de ce moment fort : la nuit avait pris possession des lieux...
Le concert s'est clos par un joli feu d'artifice tiré de l'extérieur, en contrebas de l'Abbaye.
Une superbe sortie qui nous a tous enchantés !
Tags : Abbaye du Val des Choues, concert, Trompes de chasse, repas meute, anglo-français tricolores, Inès et Michel Monot, Bien-Aller du Morvan, Sonneurs
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Commentaires
L'Abbaye est superbe