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☻ Conférence de la Société d'Histoire et d'Archéologie du 13e sur les Filles du Roy
Vous me direz : c'est quoi les Filles du Roy ?
Pour le savoir, il faut se tenir informé de l'histoire de la Nouvelle France à l'époque de Louis XIV sachant que La Nouvelle-France était un ensemble de territoires coloniaux français d'Amérique septentrionale, ayant existé entre 1534 (date de son exploration par Jacques Cartier) et 1763, avec le statut de Vice-Royauté de France, et dont la capitale était Québec.
Carte de la Nouvelle-France au XVIIe siècle dédiée à Colbert
La Nouvelle-France du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, se consacre surtout à des activités en lien avec le commerce de fourrures. Avec seulement 6,3 % de femmes, la population est principalement composée d’hommes (officiers et soldats en fin de contrat ayant décidé de rester en Nouvelle-France), et l'écart entre les sexes ne fait que se creuser. En échange d’un monopole sur la traite des fourrures, une politique d’augmentation de la démographie est mise en place à court terme. L’objectif est de rétablir la parité entre les sexes en l’espace de 15 ans en faisant venir des femmes de France.
Les Filles du Roy sont des jeunes femmes envoyées en Nouvelle-France sous la tutelle du roi Louis XIV et sous la direction de Colbert, entre 1663 et 1673, pour s'y marier, y fonder un foyer et établir une famille afin de coloniser le territoire.
Romain Belleau, fondateur de la Société d'Histoire des Filles du Roy du Québec, va nous parler dans son exposé des Filles du Roy dont il est l'un des descendants tandis que Maud Sirois-Belle , Présidente de la Société d'Histoire et d'Archéologie du XIIe, fait une petite introduction.
Tous les deux ne peuvent pas cacher l'émotion qui les étreint en évoquant leurs ancêtres Filles du Roy.
Maud Sirois-Belle nous parle tout d'abord d'un livre que je vais probablement me procurer "Le premier jardin" d'Anne Hébert, une québécoise, livre dans lequel l'auteur dit : "Il faudrait les nommer toutes à haute voix".
770 jeunes femmes ont ainsi été envoyées en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 dont 240 qui sont parties de la Salpêtrière. D'autres sont parties de Rouen (plaque sur les murs de l'hôpital Charles Nicolle), de Dieppe (plaque sur les murs du château) ou encore de La Rochelle (plaque sur le mur du Couvent de la Providence).
Sophie Moisan, qui est peintre, a représenté les premières Filles du Roy parties coloniser la Nouvelle-France en 1663 avec leur costume de l'époque. C'est le même costume qui est porté par leurs descendantes à l'occasion des nombreuses fêtes commémoratives au Québec.
Mais aujourd'hui, en 2023, c'est le 350ème anniversaire du dernier départ de France des Filles du Roy qui est commémoré.
Romain Belleau qui a beaucoup travaillé sur le sujet nous dit qu'elles étaient 27 dans sa généalogie (de 15 à 36 ans), filles ou veuves, et qu'elles ont présumément bénéficié de l'aide royale pour ce qui est de leur voyage et de leur établissement en Nouvelle France.
L'aide royale servait à payer leur mariage, leur nourriture et leur logement avant qu'elles ne se marient (entre leur arrivée à Québec et leur mariage, les Filles du Roy étaient placées sous la protection de religieuses, de veuves ou de familles. Elles y étaient logées et nourries). L'aide royale représentait 50 livres canadiennes en sus des biens propres qu'elles emportaient et dont le montant est estimé en moyenne à 300 livres.
Les Filles du Roy se mariaient en moyenne 4 mois après leur arrivée (elles étaient très attendues par la gente masculine). Les hommes, de leur côté, étaient privés de la traite et de la chasse s'ils ne se mariaient pas dans les quinze jours suivant l'arrivée des bateaux...
D'après mon ami internet, les hommes pratiquaient la traite des fourrures avec les autochtones (qui connaissaient mieux qu'eux les territoires de chasse) contre des marchandises provenant de France mais ils pouvaient aussi chasser par eux-mêmes.
Certains mariages se font ainsi à la chaîne, certains mariés servant de témoins à un autre couple.
Côté fécondité, il apparait que les Filles du Roy étaient plus fécondes (en moyenne 9,1 enfants) que les françaises de métropole (en moyenne 6,5 enfants).
Cela s'explique sans doute par des critères de sélection très stricts : les Filles du Roy devaient être plutôt agréables à regarder, en tout cas pas des laideronnes, avoir des dons pour les travaux manuels et une santé solide (elles doivent en effet résister à l'épreuve du voyage qui dure plusieurs mois et à celle du climat de la Nouvelle France, en particulier s'adapter au rythme des saisons). Il leur faut aussi avoir une bonne santé pour participer au travail de la terre.
Romain Belleau nous a aussi parlé de l'historien Yves Landry qui a écrit un livre intitulé "Les Filles du Roy au XVIIe siècle".
Voici une vidéo où Yves Landry parle des Filles du Roy.
Romain Belleau a aussi évoqué la condition juridique des Filles du Roy en Nouvelle France nous parlant de "La coutume de Paris" mais je n'ai pas bien compris ce qu'il a dit. J'ai trouvé sur le net ceci à ce propos :
La Coutume de Paris est un code français qui régit les droits civils des individus, leur statut, leur régime matrimonial ainsi que la propriété et la transmission de leurs biens. Cet ensemble de lois est appliqué officiellement en Nouvelle-France à partir de 1664.
En vertu de la Coutume de Paris, la femme est soumise à son père tant qu’elle est mineure et ne peut se marier, se lancer en affaires ou signer un contrat sans son consentement. Une fois mariée, la femme demeure inapte juridiquement et doit s’en remettre à son mari pour la gestion de leurs biens. Les seules femmes qui détiennent une autonomie juridique sont les femmes adultes non mariées, qu’elles soient veuves ou célibataires.
En 1663, on recensait 3.500 habitants en Nouvelle France. Ce chiffre est passé à 11.000 en 1673.
Intéressant !
Qui sait si mon cousin a des Filles du Roy dans sa généalogie ? Il parait que la plupart des québécois en ont...
Tags : Société d'Histoire et d'Archéologie du XIIIe, Paris, Maud Sirois-Belle, Romain Belleau, Filles du Roy
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Commentaires
Merci Claire comme toujours très intéressant.
Bonne journée Monick