• Mon amie Madeleine, avec laquelle je travaille sur le site de G13, m'a gentiment proposé récemment deux places dont elle disposait pour aller voir à l'Opéra Bastille le ballet chorégraphié en 1992 par Rudolph Noureev,

    La Bayadère.

    Evidemment, j'ai sauté dessus : vous savez que pour réserver un tel spectacle à l'opéra - qu'il soit Garnier ou Bastille - c'est tout un binz, à croire que la prestigieuse institution cherche à décourager les gens d'accéder à la culture. Et pourtant, elle a fait ce jour là salle comble, comme tous les soirs depuis le début de ce spectacle ! Par précaution, même si les conditions sanitaires peuvent l'autoriser maintenant, j'ai gardé le masque.

    Ultime œuvre d’une vie tout entière consacrée à la danse, ce ballet de Rudolf Noureev est devenu l’un des joyaux du répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris. Le célèbre danseur et chorégraphe russe, atteint du Sida, décédera peu de temps après la première.

    Créée en 1992, La Bayadère raconte, dans une Inde fantasmée - avec éléphant, tigre et palanquins - les amours contrariées de la danseuse Nikiya et du noble guerrier Solor, promis à la redoutable Gamzatti, fille du Rajah. Rudolf Noureev a adapté la chorégraphie de Marius Petipa - sur une musique de Ludwig Minkus (étonnamment européenne) - en recomposant le ballet avec variations virtuoses et grands mouvements d’ensemble. Succès jamais démenti de l’Opéra de Paris, la richesse inouïe des décors d'Ezio Frigerio et des costumes de Franca Squarciapino font de La Bayadère un spectacle flamboyant.

     Il s'agit d'un ballet en trois actes, le premier présentant les personnages et le deuxième développant l'intrigue. Au début, même si on a regardé auparavant l'histoire sur le net, on est un peu perdu mais au deuxième acte tout s'éclaire : comme dans presque tous les ballets, il s'agit de mettre en scène des amours contrariées.

    J'étais placée au deuxième balcon, presque tout en haut de la salle (qui est très vertigineuse, un peu comme à la Philharmonie) avec un "billet collectivité" à 22 euros, donc plus cher pour le particulier, mais vous savez que dans une telle salle les prix peuvent grimper très très haut, si on veut être à l'orchestre par exemple. Me doutant que je serais loin de la scène, j'avais eu la bonne idée de prendre mes jumelles de théâtre, ce qui m'a permis de voir les costumes de plus près.

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    Voici l'intégrale du ballet filmé en 1992 lors de sa création à l'Opéra Garnier (le ballet commence réellement à 5min 50). Il semble que, si les artistes ont changé bien sûr, les costumes soient toujours les mêmes à peu de chose près, trente ans après cette création.

    On peut y voir à 51min le début de l'acte II, celui qui m'a le plus emballée : des décors superbes, des costumes sublimes et une chorégraphie haute en couleurs.

    A 53min 45, vous y verrez Laurent Hilaire, le danseur étoile de l'époque jouant le rôle de Solor, juché sur un éléphant à roulettes, venant assister à la cérémonie de ses fiançailles avec Gamzatti, la fille du Rajah...

    Spectaculaire !

     Dans le célèbre acte III - "Le Royaume des Ombres" - (considéré comme un sommet de l'art chorégraphique), on retrouve Solor fumant de l'opium pour oublier sa peine jusqu'à en mourir lui-même. Personnellement, si j'ai surtout aimé l'arrivée progressive sur scène des trente deux danseuses du corps de ballet (début à 2min 30), j'ai un peu moins apprécié les performances individuelles suivantes, mais... je ne suis pas une spécialiste de la danse classique.

    Un spectacle qui m'a enchantée !


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  • Je viens de découvrir, en rapport avec une actualité terrifiante, cette vidéo sur Facebook, proposée par France Culture.

    Elle me fait découvrir cette artiste, Maria Primachenko, paysanne ukrainienne du début du XXème siècle, représentante de l'art naïfDepuis le bombardement par les russes du musée d'histoire locale d'Ivankiv (à 80 km de Kiev) qui abritait une partie de ses toiles, elle est devenue un symbole de paix dans le pays.

    "Parmi les nombreuses atrocités commises en Ukraine au cours de ces derniers jours, les forces russes ont commencé à détruire le patrimoine culturel ukrainien", s'est exprimé James Cuno au Los Angeles Times, le directeur du musée J.Paul Getty Trustsitué à Los Angeles. Une véritable "catastrophe culturelle en cours"selon des universitaires américains, rapporte le journal.

    "En Ukraine, des millions d'œuvres d'art et de monuments sont en danger, y compris des monuments représentant des siècles d'histoire, de la période byzantine à la période baroque, ainsi que des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO", poursuit James Cuno, avant de conclure : "L'héritage culturel matériel du monde est notre patrimoine commun, l'identité et l'inspiration de toute l'humanité. Le patrimoine culturel a le pouvoir de nous unir et est essentiel pour parvenir à la paix. Il est aussi trop souvent la cible de la guerre, une autre façon de détruire et de dépasser une société en effaçant sa mémoire".

    Maria Primachenko, la "Séraphine de Senlis" de l'Ukraine


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  • Nous avons profité de nos vacances bourguignonnes pour aller visiter la nouvelle Médiathèque de Châtillon ouverte depuis le 5 février au public.

    L'ancienne bibliothèque était devenue trop étriquée et surtout peu facile d'accès. Elle était hébergée depuis 1947 dans l'ancien auditoire royal, un bâtiment fort élégant datant du XVIème siècle, mais peu approprié car, sans places de parking, et constitué d'une maison à étages.

    Celle-ci vient d'être vendue par la ville à un particulier. Le prix reste un mystère mais il devrait être en rapport avec un bâtiment classé Monument Historique depuis 1993 et inscrit à l'inventaire général de la Région Bourgogne-Franche-Comté...

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    La Mairie de Châtillon a donc depuis deux ans fait le projet de déménager cette bibliothèque dans de nouveaux locaux, plus vastes, de plain-pied et également plus centraux. Ce sont les fondations de l'ancien Marmont (fermé depuis de nombreuses années) que l'on voit ici lors de sa déconstruction qui ont servi de base à cette nouvelle construction.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Nous avons appris l'été dernier lors d'une visite des "Mardis découvertes" (organisée par l'Office de Tourisme de Châtillon) que la pierre qui avait été choisie pour garnir la façade de la nouvelle Médiathèque provenait de la carrière d'Etrochey, petit village voisin de Courcelles.

    Face à la Médiathèque, l'immense parking du Cours l'Abbé qui sert chaque année aux "Journées châtillonnaises" (la foire agricole de la ville) accueillera les visiteurs.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

     

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Nous venons de passer la porte d'entrée de la Médiathèque - qui s'ouvre toute seule - et arrivons dans l'espace d'accueil du public. Des vestiaires, aménagés dans une structure en panneaux de bois fort élégants, attendent les visiteurs. Au-dessus, ce sont les bureaux réservés au personnel.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    En face des vestiaires, des casiers renferment les quelques 150 jeux de société mis à disposition des familles pour jouer sur place. A gauche de la photo, le présentoir des périodiques : le dernier exemplaire reste en bibliothèque mais les autres sont empruntables.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Et voici le domaine des bibliothécaires : quel changement de lieu de travail par rapport aux anciens locaux ! Cela me donnerait presque l'envie de "rempiler"...

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Sarah Kennel-Thiriot, la directrice, a eu la gentillesse de me faire faire le tour de la médiathèque pour m'en expliquer l'organisation.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Pendant ce temps, Philippe payait notre inscription. Le prix en est de 20 euros par an pour les habitants de Châtillon, 25 euros pour les extérieurs et 30 euros par famille, mais... pour les "étrangers" dans notre genre (habitant par exemple sur Paris, même si on a dans la région une maison de vacances), il ne faut débourser que 3,50 euros par an et par personne ! Ca s'appelle de la philanthropie, non ?

    Bien sûr, il s'agit d'attirer les touristes de passage.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Ce très grand espace est le domaine des jeunes. On y trouve des albums, des documentaires, des bandes dessinées, des DVD, des CD, et j'en oublie sûrement...

    Avouez que la déco est top !

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

     Dans ces petites niches munies d'une vitre donnant sur l'espace "Adultes", les jeunes peuvent tout à loisir s'isoler, munis d'un casque, pour s'adonner à leur jeu vidéo préféré à l'aide de deux consoles (PS5 et Nintendo Switch).

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Au fond, ces gradins peuvent accueillir une classe entière autour d'un enseignant.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Les "wawa" des tous petits...

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    Trop trognon !

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    Il contient même une table pour langer les bébés...

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Prenant un peu de recul, nous voici à la "frontière" entre le monde des petits et celui des grands...

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Une cloison les sépare ménageant également de petits espaces individualisés permettant de s'installer confortablement pour y lire un livre.

    Le confort intégral !

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Cet autre espace, isolé phoniquement grâce à un panneau anti-bruit, permet d'avoir accès à internet sur un ordinateur.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Dans l'espace "Adultes", les livres sont classés par thème : ceux-ci sont identifiés grâce à des cubes en plexiglass situés en haut des étagères comme ici le rayon "Philosophie". On y trouve tous les livres généralement présents dans une bibliothèque y compris des livres en gros caractères.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Il y a également ici une possibilité de regarder des DVD (il y en a pas moins de 1000), des films, séries et dessins animés de tous les genres sur un écran de télévision, en se munissant d'écouteurs de façon à respecter le silence dû aux autres visiteurs.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Mais si l'on vient en bibliothèque pour travailler, il est aussi possible de s'isoler complètement dans une pièce fermée pourvue de tables et de chaises.

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    La visite se termine ici avec ces étagères où sont regroupés les ouvrages plus particuliers à la Bourgogne et même au Châtillonnais !

    Nous avons visité la nouvelle médiathèque de Châtillon : elle est superbe !

    Il existe aussi un "fonds ancien" : je vous renvoie sur le blog de Christiane Talfumière - Châtillonnais en Bourgogne - pour en prendre connaissance.

    Cliquez ICI.

    Cette visite nous a enthousiasmés : quel plaisir ce sera lors de nos séjours bourguignons d'aller y faire un tour et d'y emmener Louis ! Je suis sûre qu'il y prendra beaucoup d'intérêt, lui pour qui la lecture n'est plus un secret...

    Quant à Christelle, grande dévoreuse de livres, elle y trouvera peut-être un roman de science-fiction, qui sait ? Elle les adore !


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  • Comme certains le savent, je gère avec trois autres copines maintenant, le site internet de mon association Générations 13 et cela a parfois des avantages. Un mail reçu sur la boîte mail du site nous demandait il y a quelques temps si nous serions intéressés par des entrées gratuites pour l'exposition en cours "Juifs d'Orient, une histoire plurimillénaire" qui se tient en ce moment à l'Institut du monde arabe.

    J'ai bien sûr répondu par l'affirmative à la personne responsable du "marketing" du musée. Nous avons reçu en retour une dizaine d'invitations et j'ai hérité de deux d'entre elles... C'est aussi ça, le bénévolat !

    Philippe m'a accompagné pour cette visite que nous n'aurions peut-être pas faite autrement mais que je n'ai pas regrettée.

    L'IMA est facilement accessible depuis chez nous par le 67 qui nous dépose au bout du boulevard Saint-Germain, juste en face du bâtiment construit en bord de Seine. L'édifice a été conçu par un collectif d'architectes (Jean Nouvel et Architecture-Studio) : il s'agit d'une synthèse entre culture arabe et culture occidentale. Il donne, à l'arrière, sur mon ancienne fac, Jussieu, mais n'existait pas quand j'y ai fait mes études bien sûr puisque, commandé sous Valéry Giscard d'Estaing, il a été inauguré en 1987 par François Mitterand.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    L'affiche de l'exposition : j'y vois que l'expo est bientôt terminée.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

     Cette exposition met en lumière la longue histoires des juifs en Orient. Elle permet de découvrir la richesse des contacts noués par les communautés juives avec les différentes civilisations, grecque, romaine, perse et surtout arabe qui se sont succédé dans cet espace au sein duquel le judaïsme s'est épanoui. C'est à partir du VIIème siècle à Médine que commence l'histoire commune des juifs et des musulmans.

    Grâce à des prêts d'œuvres issues de collections internationales (France, Angleterre, Maroc, Israël, Etats-Unis, Espagne), l'IMA présente des œuvres inédites et d'une grande variété de formes : archéologie, manuscrits, peintures, photographies, objets liturgiques et du quotidien et enfin installations audiovisuelles et musicales.

    L'exposition ouvre sur un tableau de Marc Chagall intitulé "Moïse recevant les tables de la loi" (1950-1952) prêté par le Musée d'Art Moderne de Paris.

    C'est au mont Sinaï, lors de la fuite d'Egypte, que Moïse reçoit les tables de la Loi et scelle l'Alliance du peuple juif avec Dieu. Dès l'antiquité, Moïse est le prophète le plus fréquemment représenté dans l'iconographie biblique et cela dès le IIIème siècle dans la synagogue de Doura  Europos (Syrie actuelle). Marc Chagall respecte l'interdiction de la représentation de Dieu symbolisé par deux mains sortant des nuées. Moïse, vêtu de blanc, porte sur son front les rayons de lumière. 

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Ossuaire en calcaire décoré de motifs floraux (Jérusalem) - Ier siècle ap J.-C.
    Prêt du British Museum

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Vase dit Vase de Cana en albâtre (Syrie ou Palestine) - 1ère moitié du Ier millénaire ap J.-C. (Prêté par le Musée du Louvre)

    Quelles belles courbes, modernes, non ?

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Brique funéraire en argile moulée (Acinipo - Espagne) - IVe au VIe siècle
    Prêt du Musée de Tolède

    J'ai trouvé l'objet particulièrement élégant.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Si de nombreuses sources attestent de l'importance des communautés juives à Carthage et en Afrique romaine, peu de vestiges subsistent de cette période. La synagogue romaine de Naro Hamma Lif, découverte au XIXe siècle, est en cela exceptionnelle.

    La mosaïque du milieu était partagée en trois compartiments : en haut on voyait un paysage maritime avec des poissons et des oiseaux aquatiques, en bas un paysage terrestre avec des palmiers ombrageant un cratère et sur les anses des cratères deux paons affrontés. Dans le compartiment du milieu, une dédicace encadrée d'un cartouche à queues d'aronde, entre deux chandeliers à sept branches et d'autres instruments liturgiques, apprenait aux dévots ou aux visiteurs que le sanctuaire avait été pavé en mosaïque aux frais d'une dame nommée Juliana.

    La photo qui suit est une reproduction papier.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Détail de la mosaïque précédente

    Mosaïque avec l'arbre du Paradis (pierre et mortier)
    Prêt du Musée de Brooklyn à New-York

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Le décor de la salle suivante nous emmène définitivement en Orient...

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Traité de médecine d'Hippocrate en Judéo-Arabe (Catalogne) - vers 1345-1348

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Astrolabe à inscription en hébreu en laiton gravé (Espagne ou Italie) - XIVe siècle
    Prêté par le British Museum

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Elément de pierre tombale (Tétouan - Maroc) - XVe siècle
    Collection Paul Dahan (Bruxelles)

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Deux lampes avec suspension en métal et cuivre jaune (Fès - Maroc) XVIe siècle
    Collection Paul Dahan (Bruxelles)

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Rouleau de Torah en cuivre

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Manuscrit dit "Document des trois religions" - Empire Ottoman vers 1900
    Encre et peinture sur papier (Tel-Aviv collection privée William L. Gross)

    Cette page présente une illustration très rare des trois religions qui composent la ville de Constantinople sous l'Empire Ottoman, à travers des édifices clés : la Mosquée bleue pour l'islam, la synagogue italienne pour le judaïsme et Sainte-Sophie pour le christianisme, bien que cette dernière soit devenue une mosquée au XVe siècle.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Textile décoratif mural avec représentation du sacrifice d'Abraham (Jérusalem vers 1900)

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Le temps de l'Europe

    Le XIXe siècle est marqué par la colonisation de l'Algérie (1830), puis par la prise de contrôle de la Tunisie (1881), de l'Egypte (1882), du Maroc et de la Lybie (1912) par la France, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. Après la première guerre mondiale, l'Empire ottoman est démantelé par la mise en place des mandats français (Liban, Syrie) et britanniques (Iran, Palestine, Transjordanie) dans les provinces arabes.

    La mainmise de l'Europe sur une partie du monde arabe a un impact économique, politique, social sur les communautés juives du monde arabo-musulman. Un basculement s'opère alors en faveur de la culture européenne. Le français, l'anglais, l'italien se diffusent dans les pays colonisés, l'arabe n'est plus la langue principale parlée par les juifs scolarisés du Machrek au Maghreb. Les puissances coloniales exportent des modes de pensée issus de la Révolution française et de l'esprit des Lumières. Les idées d'égalité entre les citoyens portées par les intellectuels juifs d'Europe ont des conséquences sur les relations entre juifs et musulmans dans les pays colonisés. Petit à petit, le statut de "dhimmi", cadre de référence qui régissait les relations entre juifs et musulmans, est aboli dans l'Empire ottoman.

    Dans le domaine des arts, les peintres européens et les écrivains font alors le "voyage en Orient" et les juifs deviennent un nouveau sujet du mouvement orientaliste.

    Portrait d'Adolphe Crémieux par Jean Jules Antoine Lecomte de Noüy (1878)
    (Prêt du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme)

    Ce portrait présente Isaac Adolphe Crémieux qui a œuvré tout au long de sa vie pour l'émancipation des juifs. Il est élu en 1864 président de l'Alliance israélite universelle. Alors ministre de la Justice du gouvernement de 1848 et du gouvernement de défense en 1870, il fait adopter le "Décret Crémieux" qui accorde la citoyenneté française aux trente-cinq mille juifs d'Algérie.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Les juifs dans l'Orientalisme

    Les voyages d'Eugène Delacroix au Maroc puis en Algérie en 1832 suivi par celui de Théodore Chassériau en 1846 à Constantine marquent les débuts d'un intérêt des peintres européens pour les juifs d'"Orient" et créent un courant inédit qui se rattache à la peinture orientaliste. Les peintres sont attirés par la découverte d'une réalité ethnographique nouvelle et la possibilité d'un renouveau esthétique. Les populations juives du Maghreb étaient probablement moins réticentes au portrait et plus accessibles en raison des liens qu'elles pouvaient entretenir avec l'Europe. Beaucoup d'artistes voient dans ce nouveau motif une forme de régénération du passé. Les femmes juives sont souvent idéalisées et apparaissent comme des "héroïnes bibliques" tranchant avec les représentations caricaturales du juif qui se diffusent aussi en Europe.

     Princesse Mathilde (Mathilde Letizia Wilhelmine Bonaparte, 1820-1904)

    La touche orientaliste dans le travail de la Princesse Mathilde est influencée par le travail du peintre Eugène Giraud en Espagne en 1846 puis en Algérie. L'œuvre étant définie comme un "caprice d'un pinceau fantasque et d'un impérial loisir" est riche de détails ethnographiques tels que la représentation de la robe traditionnelle, de la coiffe et des bijoux.

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    Eugène Delacroix - Juive d'Alger (Paris 1833) Estampe, gravure à l'eau-forte (?) sur papier vergé (Prêt du musée d'art et d'histoire du Judaïsme)

    En 1832, Delacroix passe beaucoup de temps à Tanger où il peint les juifs de la ville. Invité à une noce juive le 21 février, il réalise un célèbre tableau, des carnets d'esquisses et dix-huit aquarelles de femmes en costumes traditionnels qu'il nomme "les perles d'Eden". La note manuscrite du donateur au dos de l'estampe précise que le titre "Juive d'Alger" remontant à la vente et devait être "Juive de Tanger".

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Suit une série de photographies de Ludovico Wolfgang Hart prises lors d'un voyage en Egypte et en Syrie entre 1863 et 1864 dans une démarche scientifique et ethnologique. Ces portraits de figurants locaux, ici d'origine juive, étaient destinés à créer une galerie universelle des peuples qui voit le jour en 1865 et dont le but était de "reproduire grâce à la photographie les costumes nationaux qui disparaissent rapidement devant les progrès de la civilisation."

    Jeune fille juive de Damas en grande toilette - 1865 - Ludovico Wolfgang Hart et Charles Lallemand - Paris (Collection Pierre de Gigord)

    J'ai pris la photo pour les "chaussures" qui, je trouve, ressemblent à celles des Geishas !

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Abraham et Sarah Hassoun et leur fils André Gilbert - Aïn Beïda (Algérie) 1904

    Un petit côté suranné pour cette photo d'une famille d'origine constantinoise. La photo rend compte de la promotion sociale des deux instituteurs nés français de la première génération après le décret Crémieux. Ils sont représentés ici en costume bourgeois à l'européenne avec leur fils, futur polytechnicien.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    les "tikim" sont des coffres servant à conserver et à protéger la Torah. Lorsque le rouleau n'est pas enfermé dans un "tik", il est enveloppé dans une pièce textile Me"il appelée "manteau". Les coffres sont rangés dans une armoire dite arche sainte ou dans une cavité du mur de la salle de prière fermée par un rideau et orientée vers Jérusalem. Chaque pays rend compte de caractéristiques propres au regard des proportions mais aussi des choix décoratifs. Ces coffres sont en bois parfois recouverts de métal ouvragé. 

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Les populations berbérophones témoignent d'un goût prononcé pour les bijoux. Les plus remarquables sont en argent, parfois en bronze. Ils sont souvent ornés d'émaux, de perles de verre et de corail. La pureté des lignes aux formes géométriques ou aux motifs floraux mêlent plusieurs influences culturelles qui coexistent au Maroc (d'Orient, d'Afrique subsaharienne et d'Europe ).

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Boucles d'oreilles Khoras Kbach - Tanger (Maroc) - XVIIIème siècle (or, émeraudes et perles baroques)

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Parure de tête, coiffe de femme "çarma" - Alger - XVIIIème siècle - argent ajouré
    Paris (Musée de l'IMA)

    Plusieurs types de coiffes pouvaient accompagner le costume traditionnel algérien. Celle-ci, peu confortable, a été rapidement abandonnée. La partie haute en métal permettait de maintenir les cheveux et se positionnait sur la tête grâce à un foulard.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Corne de bélier et plumeau de nettoyage - Laghouat (Algérie) -début du XXème siècle
    Paris (Prêt du Musée d'art et d'histoire du judaïsme)

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Panier et paire de mules pour le bain rituel et le hammam - Oran (Algérie) - début du XXème siècle - Paris (Musée d'art et d'histoire du judaïsme)

    Le bain rituel est une préoccupation de la loi juive. En Algérie, il est une véritable célébration publique précédant la cérémonie du mariage. La future mariée reçoit toutes les recommandations relevant du comportement à adopter dans son futur ménage et présente son trousseau à sa future belle-mère. L'immersion était suivie de l'application de henné.

     Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par la direction du musée...

    Jean Besancenot est un photographe qui a travaillé au Maroc dans les années 1930, plus particulièrement dans les régions méridionales, peu touchées par l'occidentalisation. La présence de femmes juives domine son œuvre : leurs coiffes imposantes et leurs superpositions volumineuses de colliers, boucles d'oreille et bracelets étaient au cœur de leur identité, de leur beauté, et dans certains cas, de leur statut social.

    A gauche : La mariée juive de Rabat-Salé (1934-1939)

    A droite : Jeune femme juive en costume du Tafilalet (1934-1939)

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Coiffe de mariage "kûfiya" ou "dûka" (soie et argent doré) - Tunisie XIXème siècle
    Musée de l'IMA

    Cette coiffe brodée à la lame d'argent est une technique complexe et couteuse caractéristique de la Tunisie, particulièrement utilisée pour les costumes de mariage. La lame traverse le tissu créant un décor sur l'endroit et l'envers. Cette broderie avait certainement une vocation symbolique et servait à protéger la mariée.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Amulette en or gravé - Casablanca (Maroc) vers 1950
    Collection privée Tel-Aviv

    L'objet est tout petit : il est ici beaucoup grossi.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Main de procession en argent coupé, gravé, soudé - Irak vers 1920
    Collection privée Tel-Aviv

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Robe de mariée (broderie en métal sur satin de soie) - Bagdad 1904
    Musée israélien de Jérusalem

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Conclusion : Le temps des exils

    Dans la première partie du XXème siècle, l'Europe domine une grande partie des pays arabes. Tout au long de cette période, elle joue un rôle actif dans les décisions régissant les relations entre juifs et musulmans.

    Durant la seconde guerre mondiale, l'Allemagne nazie, avec l'aide de ses alliés, met à exécution un projet d'extermination des juifs, qui a causé la mort de six millions d'entre eux.

    L'antisémitisme européen atteint son paroxysme. Une des conséquences de ce traumatisme sera la montée du sionisme, mouvement jusque là essentiellement européen, dans les pays arabes. Par ailleurs, les populations colonisées revendiquent leur indépendance à travers le nationalisme arabe qui devient prépondérant après guerre du Machreck au Maghreb.

    Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine est approuvé par l'O.N.U. Il est suivi de la proclamation d'indépendance d'Israël en mai 1948 et du début des conflits armés entre Israël et plusieurs Etats arabes qui viennent au secours de la Palestine. Ces événements conduisent au départ d'environ sept cent mille palestiniens. le conflit atteint son paroxysme lors de la guerre "des six jours". Aboutissant à des conquêtes territoriales sur l'Egypte, la Syrie et la Jordanie, elle est à l'origine d'un sentiment de défaite éprouvé par l'ensemble du monde arabe et de l'organisation de la résistance palestinienne (Intifada). Depuis, persiste une crise durable questionnant encore aujourd'hui l'avenir des territoires palestiniens.

    Tous ces événements vont provoquer une rupture entre les communautés juives et musulmanes, et pousser au départ, souvent dans des conditions douloureuses, de nombreux juifs vers la France, l'Israël, les Etats-Unis, le Canada. Les juifs de la diaspora se souviennent avec nostalgie de ce qui les rattache à leur histoire. Le besoin de recréer les liens qui ont marqué ces treize siècles de cohabitation se manifeste dans la référence à l'Orient perdu.

    A l'issue de l'exposition, j'ai fait un petit tour dans l'Institut dont voici la bibliothèque, éclairée par les fameux moucharabiehs qui ont fait son originalité.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Vue sur l'Université de Jussieu

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Etant allés prendre un thé à la menthe à la cafétéria, un excellent thé accompagné d'un petit croissant aux amandes qui me ferait retourner très vite revoir l'exposition (ou une autre), nous avons vu Jack Lang de plus près même que sur cette photo tirée du net. Il est, comme vous le savez, le Président de l'IMA.

    Une visite à l'Institut du monde arabe offerte par le musée

    Merci à Alexandra Bounajem-Hattab, responsable des partenariats institutionnels, pour ces billets offerts à l'association.

    L'exposition continue jusqu'au 13 mars 2022...


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  • Vous savez sans doute qu'une statue romaine vient d'être restituée au musée de Châtillon-sur-Seine après un vol qui aura duré presque 50 ans. L'événement a fait la Une de plusieurs journaux régionaux et même nationaux.

    Christiane Talfumière, que nous connaissons bien pour l'avoir rencontrée à plusieurs reprises dans des promenades du mardi de l'Office de Tourisme ou à des conférences de l'association des Amis du Musée du Pays Châtillonnais (AMPC), relate dans son blog (christaldesaintmarc.com) tous les événements qui se passent dans cette région qui est maintenant la nôtre. Ce blog est souvent très intéressant.

    Elle vient d'y publier un post dans lequel on peut voir le petit Bacchus tel qu'on ne le verra plus jamais, c'est à dire sans aucune protection.

    Voici le lien sur l'article qu'elle a fait : ICI.

    On ne va pas manquer, c'est sûr, d'aller l'admirer la semaine prochaine, l'occasion de refaire un tour dans le musée.

    Bonne lecture !


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