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Echappée bretonne pour l'AG de Philapostel : jour 2 - Promenade à la pointe de Trévignon
Toujours dans le cadre des 70 ans de Philapostel et de son Assemblée Générale organisée cette année en Bretagne dans le Finistère, l'après-midi de ce vendredi 13 mai se poursuit pour les délégués par d'autres réunions tandis que, en ce qui concerne les accompagnateurs, une promenade en direction de la pointe de Trévignon est prévue.
Si vous avez raté les posts précédents sur la visite de la Ville Close de Concarneau, cliquez ICI. Pour la visite de la Conserverie Courtin, cliquez LA.
Nous sommes accompagnés pour cette découverte du patrimoine naturel et historique de la pointe de Trévignon par deux guides, Nathalie qui travaille à la Maison du Littoral de Trégunc, et un monsieur tout aussi sympathique dont j'ai oublié le prénom.
Le car nous conduit depuis le Centre de vacances Azureva où nous logeons jusqu'au départ d'un sentier (à Kerlin) que nous allons prendre jusqu'à la mer.
A cet endroit, sur la route des étangs, des chaumières en "Pierres Debout".
Quésaco me direz-vous ?
Je sais : quésaco ce n'est pas du breton mais du provençal, mais faute de mieux...Nos deux guides vont nous l'expliquer mais voyez déjà cette photo prise au Centre Azureva : elle illustre cette particularité de la région.
Les "Pierres Debout" sont uniques en France : on ne les trouve qu'à Névez (prononcer Névé) et à Trégunc (prononcer Trégain).
Dans cette région du Finistère Sud, au XVIIIe siècle, les maisons étaient bâties de blocs de granit de plus de 2 mètres, appelés en breton "Mein Zao". Ces gros blocs étaient ramassés dans les champs afin de les rendre cultivables à la demande des agriculteurs (il y avait à cette époque un fort accroissement de la population). Taillées au départ par les tailleurs de pierre (qui se faisaient rémunérer en espèces sonnantes et trébuchantes), les "Pierres Debout" formaient les murs de ces chaumières uniques en France, ainsi que les clôtures. Puis ce sont les pêcheurs qui prirent le relais pour faire sortir ces énormes cailloux : aidant les agriculteurs, ils conservèrent en échange ces pierres pour leurs propres habitations.
En fait, dans cette petite partie du Finistère sud, la veine de granite est particulièrement difficile à tailler car très dure ce qui explique la taille importante de ces pierres.
Même chose ici
Notre guide nous montre la coupe d'une chaumière en "Pierres Debout" et nous la commente.
Au XVe siècle, longtemps avant l'apparition de l'ardoise en Bretagne, les maisons rurales étaient recouvertes de chaume. La région étant en effet suffisamment riche en végétaux naturels : un mélange de paille, de blé, de seigle, de tiges de roseaux mais aussi de genêts et de bruyères savamment travaillés assurait une protection efficace contre le vent et autres "surprises" météorologiques.
Le sol était constitué de dalles de pierres, quand ce n'était pas de terre battue. Toute la famille (parents, grands-parents et enfants) dormait dans la même pièce unique, dans des lits clos comme le montre la photo.
Les ouvertures étaient petites pour conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été et on utilisait les restes de la peinture qui avait servi à peindre le bateau pour faire de jolies portes et volets bleus.
La tradition perdure...
Une clôture en "Pierres Debout" pour cette autre chaumière
Notre balade naturaliste commence à l'impasse du Lorc'h Coziou.
Voici une plante qui sent bon l'ail ! Normal, c'est de l'ail sauvage.
Il pousse sur les talus comme ici. Coupée ou écrasée, la plante dégage une forte odeur aillée. C'est une plante comestible : bulbe, feuilles et fleurs se mangent crus en pesto, salade, ou cuits.
Juste au dessus, de l'aubépine
A côté, un néflier s'orne lui aussi à cette époque de l'année de petites fleurs blanches.
Nathalie nous explique ici sa recette de jus de baies de sureau mais..., je l'ai oubliée.
Le sureau est connu depuis longtemps pour ses vertus curatives. Il contient des vitamines et des antioxydants précieux pour notre organisme.
J'appends que cette petite plante s'appelle "Nombril de Vénus". Elle pousse, comme ici, sur les rochers. Les fleurs hermaphrodites en forme de clochettes d'un blanc verdâtre ou jaune pâle, parfois rose, apparaissent de mai à août, sur des pédicelles le long de grappes terminales denses. Les feuilles vertes, voire les tiges, sont comestibles crues (en dehors de la saison estivale) : très tendres, elles ont un goût de concombre juteux et une texture un peu gélatineuse.
Nathalie nous explique qu'en Bretagne on écrasait autrefois ses feuilles fraîches pour en extraire le suc dont on frottait avec un chiffon les poêles et crêpières pour les "graisser", évitant ainsi que la nourriture s'y attache. Cette technique était aussi utilisée pour "culotter" les poêles lorsqu'elles étaient neuves.
On trouve encore des poteaux percés aux entrées des parcelles, comme celui-ci, qui servaient à fixer le portail en bois.
Ne sont-elles pas adorables ces petits barrière bretonnes ?
Ici, les restes d'un ancien four à pain communal
En route vers la plage
Une position élevée pour nous parler de ce gros bloc de granite et de sa composition : mica, feldspath et quartz.
Des moutons broutent dans la lande bretonne composée de fougères, de genêts, d'ajoncs et de bruyères.
Nathalie nous montre au large les îles des Glénan, célèbres pour leurs stages de voile.
Elle nous montre aussi sur une carte les étangs de Loc'h Coziou que la mer a isolé un peu à l'intérieur des terres. Ce sont en fait des marais maritimes, mélanges d’eau douce et d’au salée. Leurs eaux saumâtres sont colonisées en grande partie par des roseaux et toute une faune d'oiseaux sauvages s'y est développée.
Nous continuons notre balade...
Ces pourpiers roses sont bien jolis.
Juste à côté, un lézard se dore au soleil.
Alors là, mes souvenirs sont plus que flous. Je me souviens juste que cette dépression n'est pas naturelle mais qu'elle a été creusée par la main de l'homme. Il me semble me souvenir qu'on y a extrait le sable dans les années 1960 pour la construction de bâtiments.
Nathalie nous a dit que cet espace commençait maintenant à être "repris" par la nature.
La maison du Littoral a brûlé, à peine construite : voici ce qu'il en reste. Elle a remplacé une ancienne usine de production d'iode.
Nos guides nous expliquent l'histoire de l'iode tirée du goémon...
A Trégunc, le goémon était séché et brûlé à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Les cendres solidifiées étaient transportées par bateau vers les usines du Pays bigouden. Dans un modeste atelier à Penloc’h en Trégunc, avant 1914, des chercheurs allemands expérimentaient l’extraction de l’iode, ceci jusqu’à la Première guerre mondiale naturellement, date à laquelle ils ont été priés de rentrer chez eux.
Après la guerre, André Normand, avocat, décida de reprendre l’activité d’extraction de l’iode. Une tonne de soude donnait environ dix kilos d’iode. L’usine à iode a fonctionné pendant la guerre 1939-1945, toujours sous la direction de M. Normand. Au début de l’occupation, l’usine tournait au ralenti, la côte était contrôlée et les dunes minées ne permettaient guère le séchage du goémon. À partir de 1943, les Allemands se sont intéressés à la production de l’iode utilisé comme antiseptique, notamment pour le front de l’Est, la teinture d’iode ayant la particularité de ne pas geler à basse température. L’occupant a incité les pêcheurs locaux à reprendre l’activité goémonière, mais ceux-ci, vu les risques encourus, n’étaient pas très enthousiastes. Nommé maire de la commune en 1943 par le régime de Vichy, M. Normand collaborait avec l’occupant. À la Libération M. Normand a précipitamment quitté la commune, il a été jugé pour faits de collaboration ; l’usine s’est arrêtée peu de temps après, le brûlage du goémon aussi.
A droite au fond, le château de Tévignon, ancien fort militaire en granite de l'époque de Vauban.
Ah, là c'est mieux ! (merci internet)
Nathalie nous parle de l'érosion et des plantes de fixation des dunes comme celle-ci, l'oyat qui joue un rôle écologique majeur grâce à son système racinaire profond qui permet de stabiliser les dunes en piégeant les grains de sable.
Voici la plante
Autre système de protection des dunes : ces barrières s'appellent des ganivelles. Elles sont fabriquées en châtaignier, un bois résistant aux intempéries. Elles servent à réduire au maximum la vitesse du vent qui la traverse et provoquent également la chute de matières transportées, comme le sable.
Autre plante de fixation du sable, la Criste marine encore appelée Perce-pierre.
Juste pour faire joli, ces petites pâquerettes
Le bord de mer !
Allez, une dernière plante fixe sol pour la route !
Le Pourpier de mer
Regardez comme il est à l'aise dans ce milieu marin...
Mais que fait Nathalie la main sur le sable ?
Elle enfouit des œufs de gravelot (des exemples en bois) pour nous montrer comme on peut facilement les piétiner en ne les voyant pas.
Le gravelot à collier interrompu est une espèce menacée en Bretagne, en France et en Europe. Cette espèce est vulnérable notamment parce qu’elle niche, à même le sable, d’avril à août, période d’affluence humaine sur les plages.
Ses œufs et ses poussins sont alors exposés au dérangement régulier des usagers du littoral et aux chiens en divagation. Cette menace s’ajoute aux risques naturels auxquels sont confrontés les gravelots : risque de submersion des nids lors des grandes marées printanières, prédation par la faune sauvage (renard, corneille…).
En Bretagne, on compte seulement 220 couples de cet oiseau qui pèse tout juste 50 grammes : il est donc protégé (photo internet).
Nathalie nous montre la photo d'un jeune poussin de seulement 8 jours. Elle nous dit que l'an dernier sur 12 poussins nés, un seul a fait sa migration.
Regardez comme il se confond facilement avec les plantes...
Retour à la case départ, autrement dit au car garé près de la maison du Littoral.
La fin de la journée a été ratée : nous avons été emmenés dans le local de vente de la marque Guy Cotten, l'inventeur du ciré jaune : plutôt des vêtements pour la pêche que pour la ville. Presque tout le monde est ressorti sans avoir acheté...
Il reste que cette balade nature m'a enthousiasmée : elle était conduite par deux guides passionnés et passionnants et j'ai beaucoup appris.
Bravo aux organisateurs locaux de Philapostel !Pour accéder au post suivant (la remise des récompenses) cliquez ICI.
Tags : Trégunc, Pointe de Trévignon, Maison du Littoral, visite guidée, balade nature, chaumières, plantes fixe-dunes, gravelot
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