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Par Tolbiac204 le 17 Juillet 2023 à 23:00
Ce lundi, je quitte la maison pour partir avec Arlette à la découverte d'une partie de la Bourgogne que je ne connais pas encore. J'ai longuement préparé ce petit voyage en réservant les logements, repéré les restaurants et listé tous les lieux dignes d'intérêt.
Nous ne partons donc pas à l'aventure !
Notre première étape est la ville de Tonnerre, à 50 kms à l'ouest de Courcelles. Son surnom de "Petite Venise bourguignonne" lui a été conféré par ses atouts de charme que sont le canal de Bourgogne et la rivière Armançon. Labellisée Petite cité de caractère, la localité qui a vu naître le célèbre chevalier d'Eon, diplomate et espion de Louis XV, est un agréable lieu de promenade.
L'Armançon à Tonnerre
La ville est connue pour la fosse Dionne, une source Vauclusienne située au centre-ville. Celle-ci est d'ailleurs à l'origine de la création de la ville basse au Moyen-Age, les gaulois puis les romains ayant tout d'abord occupé le plateau qui la domine. Dionne vient de "Divona", divinité gauloise des gouffres et des sources. La fosse Dionne est alimentée par les infiltrations des précipitations dans le plateau calcaire avoisinant ainsi que par les pertes d'au moins une rivière.
Pour accéder à la fosse Dionne, il faut descendre des marches. A gauche de la photo est indiqué le niveau de l'eau lors de la crue de 1910.
Un lavoir très élaboré a été aménagé autour de la source au XVIIIe siècle par Louis d'Eon, le père du Chevalier d'Eon alors maire de la ville.
La vasque de la fosse mesure 2,5 mètres de diamètre et à ce jour seuls 300 mètres de galerie ont été explorés.
Trois légendes sont liées à la couleur bleu turquoise de son eau...
On aperçoit depuis le lavoir le clocher de l'église Saint-Pierre qui surplombe la ville.
Pour y monter, il faut prendre un petit sentier en escaliers.
De là, on a une superbe vue sur la fosse et le lavoir.
A l'arrivée, on est récompensé de ses efforts.
Hélas, l'église est toujours fermée le matin. Nous nous contenterons donc d'en admirer la façade de style Renaissance. Bâtie à l'origine au IXe siècle, elle a été quasiment détruite par un incendie en 1556 qui ravagea la ville. Les travaux de restauration tardent et s'étalent de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle, expliquant son visage si particulier mêlant Renaissance italienne et style classique.
C'est de l'époque de la restauration de l'église que datent ses vitraux en grisaille (photo internet), extrêmement rares en France.
A défaut de visiter l'église, on peut depuis le parapet admirer le paysage.
De jeunes scouts sont montés ici pour le dessiner.
De ce côté-ci, on plonge sur les toitures en tuiles des maisons et celle de l'Hôtel-Dieu récemment restauré que nous allons bientôt visiter.
De cet autre, c'est l'église Notre-Dame où les pèlerins faisaient halte sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle dès le XIe siècle.
Voici l'entrée actuelle de l'Hôtel-Dieu
Billets d'entrée pris, nous entamons sa visite en passant sous cette jolie voûte qui débouche sur la grande salle.
Sur cette sculpture, une représentation du Jugement dernier
Portrait de Marguerite de Bourgogne (1250-1308), comtesse de Tonnerre et reine de Jérusalem : elle est la fondatrice de l'Hôtel-Dieu. Veuve à 35 ans du frère de Saint-Louis et restée sans descendance, c'était une femme très pieuse et généreuse.
par Jean-Joseph Ansiaux (peinture du 17e siècle)Waaaaoooouuuuh !
La salle des malades servira aussi d'église jusqu'au milieu du XVIIe siècle où elle deviendra aussi un lieu de sépulture : 90 mètres de long et 18 mètres de large, autant du sol au plafond... Fondé par Marguerite de Bourgogne en 1293, ce lieu de soins et de foi destiné aux indigents (auparavant, cet endroit était marécageux et donc propice aux maladies) reste l'hôpital médiéval le plus long d'Europe.
Une voûte en carène de bateau, difficile à chauffer au Moyen-Age...
Tout nouvellement restauré, l'Hôtel-Dieu jouit d'une scénographie lumineuse qui fait changer la voûte de couleur en passant du vert au bleu, au rouge ou à l'orangé.
Au sol, quelques pierres tombales dont les inscriptions sont très bien conservées
En 1295, deux ans seulement avant le début de sa construction, l'Hôtel-Dieu accueille ses premiers malades dans quelques quarante lits.
Sur le sol de la salle des malades a été tracé en 1785 une méridienne associée à un œilleton percé dans une fenêtre. Celui-ci laisse passer le rayon du soleil au zénith, qui se pose sur le sol sous la forme d'un point, plus ou moins allongé suivant la saison. En admettant que le ciel soit clément tous les jours, le trajet du point lumineux sur une année est symbolisé par la courbe en forme de 8 dessinée au sol. Cette courbe représente le midi moyen qui est à 13h44 (heure d'été) à Tonnerre.
Le gnomon de Tonnerre
Nous cheminons le long de la salle des malades munies d'un prospectus nous indiquant tout ce qu'il y a à voir. Tel ce retable en bois garni de colonnes corinthiennes dit de La pêche miraculeuse car il sert d'écrin à une peinture exécutée d'après un carton de Raphaël.
Ce retable a été commandé par la comtesse de Tonnerre Anne de Souvré au XVIIIe siècle (1646-1715). Cette jeune femme mariée à Louvois, ministre de Louis XIV à seulement 15 ans, fut la risée de la cour car Madame de Sévigné rapporta à sa fille dans une lettre qu'elle avait confondu l'expression "être saoule comme une grive" avec "être sourde comme une grive".
Une jolie femme disait-on, mais un peu bébête...
Nous approchons de la chapelle, la raison de ces bancs d'église.
Au sein du grand retable, un tableau représente le martyre de Saint-Paul (il a été pendu par les pieds).
La chapelle accueille le tombeau de Marguerite de Bourgogne dont c'était le souhait d'être inhumée dans l'Hospice de Fontenilles devenu plus tard Hôtel-Dieu.
Le tombeau date de 1826. Inhumée en 1308 au sein du chœur de la salle des malades, il sera vandalisé lors de la révolution, sans pour autant que les restes de Marguerite de Bourgogne ne soient profanés, certainement grâce au souvenir de sa charité. Son tombeau était initialement fait de bronze et de cuivre, représentant la défunte gisante, près de sa tête se trouvaient deux angelots et à ses pieds, une colombe.
Le présent tombeau a été réalisé par Charles-Antoine Bridant. Marguerite est allongée, soutenue par soit l'allégorie de la Charité, soit par sa dame de compagnie, Catherine de Courtenay. Revêtant sa tenue royale fleurdelisée et sa couronne, Marguerite tient dans sa main droite la charte de fondation de l'Hôtel-Dieu, tandis que la main droite de la femme à ses côtés tient son cœur, symbole du don fait par Marguerite aux Tonnerrois.
Je serais tentée de redire Waaaooouuuh !
Passant sur le côté gauche de la chapelle ceinte par des grilles,
Nous découvrons le tombeau de Louvois, l'un des plus célèbres ministres du règne de Louis XIV. Ce tombeau, initialement installé à Saint-Louis-des-Invalides à Paris, déménagea une première fois pour aller au Musée des Monuments français puis fut rapatrié ici par ses descendants. Les restes de François Michel Le Tellier, comte de Tonnerre ayant été auparavant jeté à la Seine lors de la révolution...
Sur un sarcophage de marbre noir, Louvois est à demi couché, accompagné de sa femme, en deux figures en marbre blanc. De chaque côté du monument, deux statues, en bronze, la Force et la Vigilance.
La Force est représentée sous la forme d'une guerrière.
Quant à la vigilance, elle se présente sous la forme d'une jeune femme tenant une lampe à huile dans la main gauche et aux pieds de laquelle se trouve un volatile que je n'ai pas vraiment identifié.
Je ne me lasse pas de ces lumières qui changent en permanence !
Du côté gauche de la chapelle, un porte donne accès à une petite pièce : en 1454, un riche marchand bienfaiteur, Lancelot de Buronfosse, fait don d’une Mise au tombeau, sculptée par Georges et Jean-Michel de la Sonnette. A l’origine l’ensemble était polychrome.
Ici aussi, une scénographie lumineuse et auditive permet au visiteur d'identifier tous les personnages.
La lumière est ainsi mise ici sur la "Bourguignonne" qui porte un vêtement contemporain de l'époque de la sculpture. Elle aurait pris le visage de l'épouse du donateur.
Sept personnages, en dehors du Christ, composent cette mise au tombeau. L'homme situé à la tête du Christ pourrait être Joseph d'Arimathie. Ensuite, de gauche à droite, viennent : la Vierge - dont le voile cache les yeux - et Jean, Marie de Magdala, Marie d'Alphée et Marie Salomé. Aux pieds du Christ, un marchand, peut-être Nicodème.
Un petit tour dans le jardin attenant, taillé de près et depuis lequel on aperçoit sur les hauteurs l'église Saint-Pierre. C'était à l'époque le jardin médicinal de Marguerite de Bourgogne.
Sympa ce petit espace de repos avec chaises et tables...
Marguerite de Bourgogne est ici représentée portant l'Hôtel-Dieu.
Retour à l'intérieur mais cette fois-ci à l'autre extrémité de la salle des malades, celle qui la fait communiquer par un escalier en équerre avec la salle Courtanvaux.
Tout est très bien indiqué dans l'Hôtel-Dieu grâce à des panonceaux en français et en anglais.
Autrement dit, la cuisine-herboristerie
La cuisine est un lieu stratégique par bien des aspects. Sur le plan médical, l'administration de repas complets et réguliers aux patients dénutris durant leur hospitalisation suffisait parfois à assurer leur guérison. Outre les apports gustatifs des aliments, les repas pouvaient également être adaptés pour leurs propriétés thérapeutiques, et varier selon les besoins et régimes des patients.
Sur le plan financier, les archives - et notamment les registres de comptes - renseignent sur l'approvisionnement de l'hôpital, les aliments provenant en grand majorité de l'exploitation du domaine, de ses fermes, rivières, étangs, vergers et potagers. Ainsi l'hôpital était autonome pour se fournir en viandes (mouton, porc, volaille, boeuf et veau, gibier), poissons d'eau douce, légumes et légumineuses, céréales, fruits frais, séchés et à la coque, crèmerie...
De manière exceptionnelle, la cuisine s'approvisionnait en aliments rares, tels que les poissons de mer, frais ou séchés, afin d'assurer une certaine variété des menus. Dans cette pièce est exposé le mobilier utilisé au XIXe siècle.
Au fond, un grand tableau représente Marguerite de Bourgogne en pied.
Nous n'avons pas eu accès à l'étage.
Par contre, nous avons pu voir la Pharmacie, une reconstitution du XIXe siècle.
Depuis la fondation de l'hôpital, les religieuses ont la charge du soin des malades, mais la chimie est au service des soins dès le XIVe siècle dont les archives évoquent la présence d'un "physicien", à la fois médecin et apothicaire, que l'hôpital rétribuait pour ses services. Il faut attendre le XVIe siècle pour que des "chirurgiens-barbiers", des médecins et des chirurgiens, soient salariés de l'établissement pour préparer des "drogues", des onguents...
Peu de temps avant la révolution, alors que la confection des médicaments revient aux apothicaires de la ville, c'est à la demande du médecin qu'une religieuse a la charge de préparer les potions et drogues simples. En plus de cette charge, elle avait un rôle de gestionnaire, d'inventaire de l'apothicairerie et pharmacie, en relation avec l'administration pour compléter les stocks.
Les ingrédients qui rentraient dans la composition des médicaments liquides préparés à l'apothicairerie étaient divers, de la réglisse au miel, sous forme de sirops, d'huiles, de teintures ou de gommes.
Une chambre individuelle : reconstitution de l'époque du Second Empire
Direction la sortie...
Un dernier regard à l'Hôtel-Dieu en passant sous cette voûte pour en voir l'ampleur extérieure
Jolies, ces petites maisons
Le bouquet final : avec les fleurs, on se croirait à Châtillon !
La suite (la visite de Chablis et du musée Pierre Merlier), c'est ICI...
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Par Tolbiac204 le 16 Septembre 2022 à 23:00
Pour lire le post précédent, cliquez ICI.
Aujourd'hui, c'est le dernier jour de location de notre gîte à Saint-Martin-les-Eaux dans les Alpes de Haute Provence. Demain, ce sera le retour sur le nord.
En m'inspirant toujours du voyage organisé qu'avait fait l'an dernier ma belle-sœur, Marie-France, j'ai choisi de mettre au programme de ce jour la visite du Château de Lourmarin situé à 45 km à l'ouest et une petite heure de route.
Pas facile d'arriver à se garer à Lourmarin car c'est jour de marché : nous trouvons par chance une toute petite place à côté de ce monument à Robert Laurent-Vibert, universitaire lyonnais héritier de la société Pétrole Hahn qui, séduit par son charme, a sauvé le château dans les années 1920 en entreprenant de le restaurer.
Robert Laurent-Vibert planta en 1930 250 oliviers qui, bien que frappés par le gel en 1956, ressurgirent et continuent à produire. Les oliviers sont peignés à la main, les olives chutent dans des filets. Un cueilleur récolte environ 10 kg en une heure et 4 à 6 kg d'olives sont nécessaires pour produire un litre d'huile d'olive.
Voici l'entrée du château
Le Château-Vieux (construit entre 1475 et 1526 à partir d'un bâtiment existant, la "Boysserie") a été édifié par Foulques d'Agoult, chambellan du roi René d'Anjou, qui partage avec ce dernier sa passion pour les arts et la Provence. Cette demeure était destinée à sa maîtresse, Marie, et ce sont les artisans vaudois venus du Piémont qu'il a installés dans le village pour repeupler celui-ci suite à l'épidémie de peste qui se chargèrent des travaux.
A partir de 1526, Louis d'Agoult-Montauban et son épouse, Blanche de Lévis-Ventadour, font élever l'aile Renaissance d'une remarquable unité et pureté de style. Sa façade est rythmée de corniches et de fenêtres à meneaux.
Un grand bassin orne la cour intérieure.
A l'entrée un médaillon avec une citation de Robert Laurent-Vibert extraite de son testament : "J'exprime d'avance à l'académie d'Aix ma gratitude pour l'aide qu'elle m'apportera dans la création sur la terre provençale d'une fondation qui contribuera modestement mais efficacement à sauvegarder l'art et la pensée de la Patrie."
Nous commençons la visite du château par sa partie médiévale, où trois étages de galeries donnent sur une cour fermée.
On peut y admirer une très belle loggia à l'italienne.
Depuis les étages élevés de la loggia, on a une belle vue sur la campagne.
Une exposition sur l'historique du château y est présentée au public.
Dans la Bibliothèque du château, on trouve quatre espaces dédiés à des personnalités importantes pour le village et le château : Robert Lauren-Vibert, Albert Camus, Henri Bosco et Raoul Dautry (homme politique français décédé à Lourmarin).
Henri Bosco (1888-1976) dont voici le portrait est un écrivain et poète du Lubéron.
En 1958, un an après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, Albert Camus (qui séjourna au château en 1946) acquière une maison à Lourmarin. Il ne fréquentera cette maison, an alternance avec sa vie parisienne, que guère plus de quinze mois puisqu'il disparaîtra tragiquement en 1960 dans un accident de la route. Il laissera aux habitants de Lourmarin l'image d'un homme simple et fraternel.
Voici l'Oratoire, l'ancienne chapelle du château où François Ier séjourna en 1538.
On peut voir sur le vitrail qui l'orne le blason de la famille Dagoult.
Depuis la terrasse où nous nous trouvons maintenant, on a une belle vue sur le village et l'église.
Nous entrons ensuite pour par ce joli portail pour visiter le château Renaissance.
La Salle des Concerts.
Juste à côté, l'ancienne cuisine est très bien meublée.
Sa cheminée est vraiment monumentale.
Le vaisselier et le pétrin sont garnis de vaisselle provençale.
Un tout petit évier, mais une belle fontaine en cuivre
Un élégant samovar, également en cuivre
C'est par un escalier à double vis vraiment superbe que nous accédons aux autres étages de cette aile Renaissance.
Des fenêtres à mi étage donnent sur la terrasse du château.
Reflet...
La Sallestre était la "salle à être", notre salle-de-séjour actuelle
Le salon de musique
Sous bonne garde naturellement, une Vierge à l'Enfant (peinture sur bois de l'école de Fra Filippo Lippi - Renaissance italienne vers 1470)
Filippo Lippi (1406-1469), élève de Masaccio, protégé des Médicis, était connu pour ses nombreuses représentations de la Vierge, appréciées pour leurs élégantes silhouettes, la finesse des traits et la transparence des voilages. Il avait pour modèle sa femme, Lucrezia Buti, célèbre pour sa beauté. Botticelli est entré dans son atelier en 1465 comme apprenti.
Cette fois-ci c'est au troisième étage du château Renaissance que nous nous rendons par cet escalier dont l'encoignure est décorée.
Il me semble me souvenir qu'il s'agit d'un dragon qui crache du feu.
Dans le mur de l'escalier, des meurtrières : à l'origine, il s'agissait de se défendre.
La Chambre d'Honneur dite "des Hommes"
Cette belle porte ouvre sur la Salle de Musique.
On peut y voir diverses œuvres d'artistes invités à séjourner au château, comme Jules-Henri Lengrand et Lilianne Marco, sa femme. Le château abrite en effet une fondation culturelle : à sa mort, Robert Laurent-Vibert légua le château par testament à l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles Lettres d'Aix, pour qu'il devienne une résidence d'artistes
Etude de trois figures assises par Jacques-Henri Lengrand
La pièce est vaste...
Son plafond à caissons est d'une très grande fraîcheur, n'est-ce pas ?
J'y ai remarqué ce meuble auquel je ne saurais donner un nom...
En tout cas, la décoration de ses portes est en accord avec la fonction de la pièce.
Vue sur le village : les voitures garées en dehors du centre n'ont pas pu trouver d'emplacement plus près car les jours de marché, tout le voisinage vient à Lourmarin.
Nous ne pourrons pas monter plus haut !
Ainsi se termine la visite du Château de Lourmarin dont j'ai supposé que, si le drapeau était en berne, c'était par solidarité avec les britanniques qui viennent de perdre leur reine.
Après avoir déjeuné en terrasse dans le village de Lourmarin, nous reprenons la route, cette fois-ci en direction de La Roque-d'Antéron, qui n'est qu'à une quinzaine de kilomètres.
La Roque d'Anthéron est célèbre pour son abbaye où se déroulent chaque année des concerts classiques. Il y en avait un le lendemain soir...
A l'entrée, on nous remet un Document de visite recto-verso car il n'existe pas apparemment de visite guidée.
Ici, un plan des lieux montrant, au premier plan à gauche, les parties dont il ne reste que les fondations.
Voici sur cette aquarelle, l'aspect que l'abbaye avait à la fin du XIIIe siècle.
Et la voici maintenant : on voit à droite de la photo les soubassements des bâtiments détruits.
L'abbaye de Silvacane (autrefois Sauvecanne) est une abbaye cistercienne qui a été fondée en 1144 par des moines venus de l'abbaye de Morimond en Haute-Marne. Son nom provient des marécages à roseaux de la Durance, au bord de laquelle elle est implantée : « silva cannorum », la forêt de roseaux.
L'église abbatiale est construite en pierre de taille "en grand appareil" et est couverte de tuiles.
Elle reflète l'architecture cistercienne de transition roman-gothique puisqu'elle combine des éléments stylistiques romans et gothiques :
Baies en plein cintre caractéristique de l'architecture romane,
Et croisées d'ogives typiques du gothique.
Nous faisons le tour du cloître et accédons ainsi à plusieurs "pièces" attenantes.
Peu de décorations, austérité oblige.
Le chauffoir était l'endroit où les moines dessinaient les enluminures des livres saints.
Le dortoir des moines
Le côté droit de l'abbaye
Et le côté gauche : circulez, y'a plus rien à voir !
Ainsi se terminent ces vacances en Lubéron : il est temps de remonter dans le Nord !
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Par Tolbiac204 le 15 Septembre 2022 à 23:00
Pour regarder le post précédent sur la visite de Moustiers-Sainte-Marie et la découverte des Gorges du Verdon, cliquez ICI.
Après un mercredi pluvieux passé au gîte, nous reprenons nos petites visites en étoile en Provence depuis celui-ci situé à Saint-Martin-les-Eaux, près de Manosque.
Aujourd'hui, nous avons décidé de ne pas trop nous éloigner et avons donc choisi deux petits villages aux alentours comme but de promenade.
Le village de Mane a de la gueule, non ?
Il nous a paru vraiment très authentique avec ses rues "caladées" (☻) sans boutiques aguicheuses.
(☻) une calade (du verbe provençal "calada" paver, empierrer), est une rue faite de pierres (ou galets) posées verticalement, sur la tranche.
Plusieurs portes d'entrée ont aussi retenu mon attention.
Des rues souvent en escalier,
et parfois laissées à la végétation...
Pas un chat dans les rues, sauf celui-ci qui nous a tenu compagnie une partie du chemin nous menant à la Citadelle.
En prenant un peu de la hauteur, on a une vue sur les toits du village et l'église Saint-André.
Nous avons tourné tout autour de la Citadelle pour en trouver l'entrée. Bâtie au XIIe siècle en "pierre de Mane", c'est l'unique fortification féodale demeurée intacte en Haute-Provence.
Ah, voilà le portail, mais bien sûr la Citadelle est une propriété privée...
Rien de vraiment exceptionnel dans ce village mais il y règne un calme olympien (☻).
☻ Homère, l'auteur de l'Iliade et de l'Odyssée, raconte que l'Olympe était un endroit sans intempéries, extrêmement paisible, où les dieux vivaient dans le calme et le bonheur. C'est ce calme, appliqué aux humains, qui serait à l'origine de l'expression.
Si ce n'était ce linge au balcon, on pourrait croire qu'on est dans le village de la Belle au Bois Dormant !
Le village des chats...
Encore une jolie entrée de maison avec une porte en bois sculpté
Et encore des escaliers en pierre
Retour dans le bas du village avec le clocher de l'église Saint-André, juste à côté de la chapelle des Pénitents-Blancs (début du XVIIe siècle) - transformée en salle d'exposition
L'intérieur de l'église est nickel : il a dû être restauré il y a peu car les peintures sont comme neuves.
Un petit bijou
Cette banquette d'église m'a plu : on n'en voit pas beaucoup d'une telle taille.
Joli, non ?
Vierge à l'Enfant de la chapelle latérale
Vue sur le clocher accoté à un superbe escalier de pierres
La Chapelle des Pénitents-Blancs
Le clocher de la petite église se reflète sur le mur de la grande...
Nous reprenons la route, cette fois-ci en direction du village de Lurs.
Ce village a été le siège de l'Affaire Dominici, célèbre affaire criminelle qui s'est déroulée dans la nuit du 4 au 5 août 1952. Durant cette nuit, 6 coups de feu sont tirés, et, plus tard, les corps de 3 anglais sont retrouvés par Gustave Dominici, au bord de la RN96. Lors du procès de 1954, Gaston Dominici, 77 ans, fut déclaré coupable sans circonstance atténuante et condamné à mort. Toutefois, les invraisemblances du procès donnèrent rapidement lieu à une nouvelle enquête. La peine fut commuer par le président René Cotty en 1957 et Gaston Dominici fut libéré par le Général de Gaulle en 1960. Gaston Dominici devint alors l'ami d'un moine du monastère de Ganagobie qui le confessa ; secret de confession oblige, on ne sut jamais ce qui s'était réellement passé. Plusieurs thèses existent pour expliquer cette affaire. L'Affaire Dominici a notamment fait l'objet d'un film en 1973 avec Jean Gabin.
Vous verrez plus loin que le village est maintenant connu internationalement dans le domaine de l'écriture...
Perché en balcon au-dessus de la moyenne vallée de la Durance, le village jaillit d'une cascade d'oliviers.
Des portes surmontées d'un campanile en fer forgé permettent l'accès au village. Celle-ci, la tour de l'horloge, située près du monument aux morts, est fermée pour travaux.
Qu'à cela ne tienne : celle-ci, située près de l'entrée de l'église nous a laissés passer.
Beaucoup de petites ruelles donnent dans la "rue principale".
Depuis le fond de celle-ci, on aperçoit la façade de l'église.
Son portail est sobre mais élégant avec sa porte en bois ouvragé.
Nous avons pu entrer dans l'église de l'Invention de la Sainte-Croix (dont le nom provient d'une relique de la Croix du Christ rapportée de Terre Sainte lors des croisades) grâce à un tuyau d'arrosage coincé dans le portail (!) mais l'église est fermée en temps normal.
Comme on dit, elle a subi les outrages du temps... On imagine au vu de celle de Mane que son chœur devait être également orné d'une voûte céleste étoilée...
En faisant le tour de l'église, on peut voir son clocher à arcades à triple baie
Nous avons déjeuné sur la terrasse de ce restaurant donnant sur la vallée de la Durance.
La Durance, il faut la deviner, n'est-ce pas ?
Tout comme à Mane, des maisons en pierre de pays et des rues en calades
Et de jolis portails
Un petit amphithéâtre dans la verdure : le théâtre en plein air a été construit dans les années 60 sur des ruines pour accueillir les "Rencontres de Lure".
Les rencontres internationales de Lure (et non de Lurs, Lure étant la montagne voisine), se tiennent à Lurs la dernière semaine d'août.
Maximilien Vox, alors éditeur à Paris, fut conduit à Lurs par Jean Giono. Frappé par la beauté exceptionnelle de ce site perché sur un éperon rocheux situé entre la Durance et la montagne de Lure et, malgré un village en état de délabrement fort avancé, Maximilien Vox eut alors l'idée d'y faire venir tous ses amis typographes, éditeurs, photographes, etc. pour réfléchir sur leurs professions loin des agitations de la capitale.
Les Compagnons qui s'y réunissent chaque année depuis 1955 découvrent, se confrontent et discutent sur les problématiques de la typographie, de la création de caractères, de la mise en page, des nouvelles technologies et, plus généralement, de tout ce qui fera l'avenir de leur métier dans les cinq ou dix ans à venir.
Une jolie végétation
Nous avons compris en voyant cette pancarte pourquoi on voyait autant de marcheurs dans le village...
En repartant, nous nous sommes arrêtés au niveau du "Chemin des écritures" qui invite le visiteur à découvrir le village à travers la naissance et l’évolution des écritures (les lettres cunéiformes, les hiéroglyphes, les lettres arabes, l'écriture chinoise, l'écriture grecque etc.) depuis la naissance de l’humanité.
Evolution de l'écriture cunéiforme
Ces structures font désormais de Lurs une cité dédiée aux caractères typographiques, en plus d’être une "cité de caractère" du fait de la richesse de son architecture et de son patrimoine.
Une journée cool mais enrichissante
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Par Tolbiac204 le 13 Septembre 2022 à 23:00
Pour voir le précédent post consacré au Colorado Provençal, cliquez ICI.
Aujourd'hui, nous avons décidé d'aller "faire" les gorges du Verdon. Nous partons donc de Saint-Martin-les-Eaux où se trouve notre gîte, en direction de l'est.
Sur notre route, des champs de lavande en pagaille, défleuries bien sûr.
L'arrivée à Moustiers-Sainte-Marie
Le petit village de 700 habitants, classé parmi "Les plus beaux villages de France", est blotti contre un escarpement rocheux.
Vue depuis le parking à l'entrée du village
Philippe marche ici sur les pas des hommes de Cro-Magnon qui habitaient déjà les lieux à la Préhistoire... Ce n'est cependant qu'après le Moyen Âge que l'art de la faïence fit la renommée du village, un artisanat qui perdure encore de nos jours.
Hélas, nous sommes mardi et le Musée est fermé. Le secret de fabrication de cette céramique blanche si réputée a été importé à Moustiers par un moine italien de passage dans le village.
En arrière-plan de ce lavoir, l'église romane Notre-Dame-de-l'Assomption
Cette montagne est envoûtante...
Dans le village, plusieurs devantures de faïenciers comme ici l'atelier Bondil (Artisan Faïencier Créateur de styles traditionnels et contemporains)
La faïence est vendue dans de nombreux magasins bien sûr.
Elle peut être multicolore et à l'ancienne comme ces assiettes en vente dans cette boutique en provenance de l'Atelier du Barri,
ou seulement bleue et blanche inspirée de l'antiquité et à usage décoratif...
ou bien carrément moderne et utilitaire.
A Moustiers-Sainte-Marie, les magasins vendent aussi tous les produits dérivés de la culture de la lavande. Nous sommes en Provence, n'est-ce pas !
Et encore un magasin qui vend de la faïence
Quand il n'y en a plus, il y en a encore... L'occasion de vous montrer les jolies plaques de rues (ici, rue de la Diane - en haut à gauche sur la photo), en faïence de Moustiers bien sûr.
Celle-ci rend hommage à un Maître Faïencier du XVIIIe siècle. Vous voyez l'étoile qui la surmonte ? C'est le symbole de Moustiers-Sainte-Marie.
L’étoile de Moustiers est accrochée à une chaîne, tendue entre deux montagnes, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol.
On remonte, on remonte, on remonte...
Vous la voyez ?
L’étoile est tombée au moins onze fois en tout. Une nouvelle, de 80 cm, avec une chaîne de 400 kg fut accrochée en 1882 et l'étoile que l'on peut admirer aujourd'hui n'est pas l'étoile originale mais celle reproduite en 1957 à la suite d'une chute. La chaîne actuelle, longue de 135 m, pèse environ 150 kg et l'étoile a un diamètre de 115 cm mais n'a maintenant que cinq branches. En 1995, l'étoile s'est décrochée et a été retrouvée au fond du ravin. Les habitants se sont cotisés et un mois après elle a été redorée et remise en place.
Selon la légende rapportée par Frédéric Mistral, il s'agit d'un ex-voto : le chevalier de Blacas d'Aulps, qui fut fait prisonnier en croisade par les Mamelouks à Damiette en 1249, fit la promesse de consacrer un monument à la Vierge s'il revenait un jour en son fief. Revenu sain et sauf, il a tenu sa promesse et a fait suspendre une étoile à seize branches, emblème de sa famille.
Une plaque en faïence commémore la légende.
On dit aussi que le village de Moustiers-Sainte-Marie évoque la crèche de la Nativité et vous connaissez l'histoire de l'étoile du berger... En fait, personne ne connaît vraiment sa véritable origine et il existe au total 17 versions différentes.
Voici la vue que l'on a sur le village de l'autre côté du petit pont
Sur le chemin de l'église
Ah, ces platanes, ils sont parfois tellement vieux qu'il faut les protéger...
Traditionnellement, à l'occasion de la Nativité de la Vierge, fêtée le 8 septembre, un groupe de musiciens de Moustiers (les Dianiaires) réveille les habitants à l'aurore tous les jours de la semaine qui précèdent cette fête patronale. Le groupe, appelé "la Diane", ce qui signifie l'aurore, parcourt les rues en chantant toujours la même mélodie : l'air de la Diane. Le matin du 8 septembre, les musiciens accompagnent la procession à Notre-Dame-de-Beauvoir où une messe est célébrée à quatre heures du matin.
Cette petite fontaine de quartier - la fontaine de la Diane - jouxtant l'église, et dont il existe trois autres exemplaires presque identiques dans Moustiers, est depuis toujours le point de rendez-vous du groupe.
Vous ne verrez pas plus de photos de l'église car je les ai ratées.
Eh oui, on est bien dans le pays des oliviers...
La fontaine Clérissy tire son nom du portrait du célèbre faïencier moustiérain (1652-1728) que l'on peut voir sur le mur où elle s'adosse.
Il s'agit d'une fontaine ancienne, reprise au XIXe siècle, période à laquelle on a établi un lavoir perpendiculaire à son bassin. Le lieu où il se trouve aujourd'hui était alors bâti. L'îlot de maisons fut rasé dans la première moitié du XXe siècle, c'est alors que l'on y transporta ce lavoir auquel on ajouta une toiture.
Cela fait un moment que je suis ces marques sur le sol : elles indiquent au visiteur le chemin à suivre pour se rendre jusqu'à la chapelle Notre-Dame de Beauvoir.
Ayant laissé Philippe sur un banc, j'entreprends toute seule l'ascension de la montagne (15 à 20 minutes de marche) en empruntant cet escalier. Il faut faire très attention lors de la montée des marches, car elles sont glissantes...
On a rapidement une très jolie vue sur les toits du village.
Les quatorze stations du Chemin de Croix sont ornées de carreaux de faïence réalisés par Simone Garnier.
Les pèlerins qui se rendaient à la chapelle Notre-Dame de Beauvoir franchissaient le ravin sur une passerelle de bois jusqu'en 1783, année où la communauté religieuse fit édifier ce petit pont en dos d'âne.
Regardez, la chapelle est en vue tout là-haut !
Il faut la mériter sa chapelle !
Vous voyez ces marches faites de petites pierres juxtaposées ? Elles sont super glissantes... heureusement, une rampe permet de se tenir et d'éviter de tomber.
L'une des stations du Chemin de Croix
Quand est-ce que je vais arriver... ?
Je touche presque au but dirait-on ?
La première mention connue de la chapelle, désignée d'abord sous le nom de Notre-Dame d'Entre-Roches, remonte au IXe siècle. La renommée de la chapelle se répandit à partir du XIIe siècle surtout en raison des nombreux miracles de la Vierge. Le pèlerinage à Notre-Dame prit rapidement de l'ampleur, encouragé par l'Eglise qui accordait, ou vendait, des indulgences aux pèlerins. Au XVIIe siècle, ces pèlerinages prirent une forme particulière. On amenait ici les enfants mort-nés, qui ressuscitaient quelques instants, le temps de les baptiser et d'assurer ainsi le salut de leur âme. Après quoi, ils étaient inhumés religieusement dans l'enceinte du cimetière. C'est ce qu'on appelle les "suscitations" d'enfants et les chapelles reconnues pour ce miracle sont désignées sous le nom de "chapelles à répit". Notre-Dame de Beauvoir est la plus importante de Provence.
Construite entre le XIIème et le XVIème siècle, elle est classée monument historique en 1921. Elle est en partie romane et en partie gothique. Le portail de bois finement sculpté et le porche couvert de tuiles vernissées datent du XVIe siècle.
La nef actuelle, de style roman, peut dater du XIIIe siècle. Les deux dernières travées et le chœur, de style gothique, datent du XVIe siècle.
Près de la chapelle, les pèlerins déposent des petites pierres pour marquer leur passage.
On a depuis là une jolie vue sur le village et la vallée : on peut apercevoir au loin le lac de Sainte-Croix près duquel nous allons passer en allant sur les gorges du Verdon.
Après un bon déjeuner au restaurant, nous reprenons justement la route et surplombons le lac au passage.
Très rapidement, le relief se précise.
Petit arrêt pour rejoindre, à 200 mètres, le belvédère de Mayreste situé sur la rive droite du Verdon à 12 km en amont de Moustiers-Sainte-Marie.
Il y a tellement peu d'eau dans le Verdon qu'il est difficile de le voir sur la photo...
Nous allons rentrer dans le vif du sujet en suivant la Route des Crêtes.
Premier arrêt : le Belvédère de Trescaire bas
Une belle photo de Philippe
Un peu plus loin, un autre belvédère : avec une chèvre !
Quand je pense qu'il y en a qui les font à pied, les gorges !
Nous faisons de nombreux arrêts photos.
Si nous ne sommes pas la seule voiture sur cette route (en partie à sens unique), il y a aussi des cyclistes. Il leur en faut du courage pour monter les côtes !
A cet endroit, nous avons vu des vautours.
A la sortie du tunnel, le Belvédère de la gorge de Guègues
Vous avez vu l'épingle à cheveux ? Il n'y a que ça sur la route !
Mais que sont ces trous dans la falaise, au loin... ?
Avouez que c'est troublant... Trop bien construits pour être des cavernes préhistoriques en tout cas. 0n s'est demandé par où on pouvait bien y entrer !
La boucle est bouclée dirait-on bien.
Une bien agréable journée, et avec le soleil en prime.
Pour suivre la suite de nos vacances en Provence (la visite des villages de Mane et de Lurs près de Manosque), cliquez ICI.
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Par Tolbiac204 le 12 Septembre 2022 à 23:00
Pour voir l'épisode précédent (le village des Mées et l'abbaye Notre Dame de Ganagobie), cliquez ICI.
Aujourd'hui, nous partons vers l'ouest à une quarantaine de kilomètres de Saint-Martin-les-Eaux où se trouve notre gîte, et plus précisément à Rustrel où nous avons décidé de visiter une ancienne carrière d'ocre à ciel ouvert appelée "Le Colorado Provençal". A la boutique, ils vendaient cette affiche.
Chouette, non ?
La géologie
Il y a longtemps, ce qui allait devenir la Provence, était sous l'eau. Les sédiments marins s'accumulèrent pendant des millions d'années. C'est ainsi que se déposèrent successivement des calcaires blancs, des argiles grises et des sables de couleur verte chargés en glauconie (argile marine riche en fer). Puis, à la suite de mouvements tectoniques, la Provence émergea et un climat tropical s'installa. Des pluies diluviennes altérèrent les sables verts qui donnèrent des sables ocreux puis blancs. Des kaolinites (silicates d'alumine) cristallisèrent, pigmentées par de la goethite (oxy-hydroxydes de fer), de la limonite (hydroxyde de fer), de l'hématite (oxydes de fer) qui donnent sa richesse à la palette de couleurs observées dans la nature du massif des ocres.
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Deux circuits fléchés faisant un boucle, l'un bleu de 2 kilomètres (le Sahara), l'autre orange de 4 kilomètres (les belvédères), permettent de découvrir le site.
Celui-ci, privé et classé zone Natura 2000, est soumis à une réglementation.
Il est notamment interdit de :
Sortir des sentiers balisés, s'approcher des falaises (danger), fumer et faire du feu (y compris sur le parking), prélever de l'ocre, des minéraux ou des végétaux, graver sur les falaises et les parois, jeter ses déchets, circuler en vélo, vtt, véhicule motorisé, circuler à cheval sauf convention, faire voler un drone (brouilleur activé), jouer au ballon, écouter de la musique, et enfin pique-niquer sur le site.
La promenade commence par un chemin ombragé.
Celui-ci débouche sur une clairière au fond de laquelle on peut apercevoir les restes d'un aqueduc construit à la fin du XIXe siècle appelé l'aqueduc de Couloubrier. Celui-ci servait à conduire l'eau d'un ruisseau du massif des ocres vers un moulin implanté au bord de la Doa et permettait ainsi de canaliser le ruissellement sur ce terrain fragile.
Il est constitué de chenaux en pierre de taille.
Le long du chemin, nous commençons à voir le paysage se colorer légèrement.
Puis, c'est l'explosion des couleurs !
Nous sommes "briefés" par des employés du site à ne pas franchir les piquets que vous voyez : il y a en effet des risques d'effondrement de la carrière.
Comment cet arbre tient-il encore debout... ?
Nous ne sommes qu'un petit nombre à nous promener dans les ocres. Il est vrai que la température qui avoisine les 30 degrés se fait sentir en plein soleil.
Les couleurs sont plus ou moins intenses selon les endroits.
Cette personne du site, équipée d'un téléphone, surveille les départs de feu éventuels.
C'est là que nos chemins se séparent : flèche orange tout droit, flèche bleue à gauche. Nous optons d'un commun accord pour la flèche bleue car il fait super chaud en plein cagnard.
Adieu les couleurs vives du Sahara (vous savez, c'est le nom du parcours) !
Nous retrouvons un peu d'ombre sur le chemin du retour.
Et même une petite mare d'eau, il est vrai un peu saumâtre.
Retour à la case départ
Tout ça, c'est bien beau, mais que dire de l'utilisation de cet ocre ?
Il est utilisé :
► Comme colorant alimentaire : peau des saucisses de Strasbourg, chocolat pendant la guerre (où l'on manquait de cacao), tabac à priser, papier des cigarettes Gitane maïs, filtres à cigarettes, croûtes de fromage...
► En médecine : propriétés dessicatives et astringentes (cf. substances ferrugineuses), pansements gastriques au Moyen Age.
► Pour nettoyer l'argenterie, polir les métaux, les glaces, raviver la couleur des carreaux de terre cuite.
► Pour protéger le bois de l'eau (volets, coques de bateaux...).
► Dans la fabrication de papiers peints, de linoléum, de papier carton, de peintures.
► Dans la coloration du caoutchouc (chambres à air, bottes en caoutchouc, rondelles de bocaux).
► Dans les cosmétiques (fonds de teint).
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L'âge d'or de l'ocre se situe entre 1876 et 1930. A Rustrel, on se servait de l'eau pour "arroser" les fronts de taille qu'on découvrait à la dynamite. La séparation du sable et de l'ocre se faisait tout de suite à l'extraction : le sable se déposait en premier dans les ravines creusées au bas du front de taille ; et l'ocre continuait jusqu'aux bassins de décantation, transportée par l'eau, pour s'y déposer à son tour. Il fallait attendre le mois d'août pour la récolte, lorsque l'ocre avait séché, découpée en cubes au préalable, pour la transporter aux usines qui la réduisaient en poudre fine selon l'usage auquel elle était destinée. Le travail se faisait de l'automne au printemps, en parallèle avec le travail des champs.
Ici, on était ocrier et paysan.
En 1871, le premier ocrier, Jean Allemand, raffinait son ocre dans les anciennes minoteries de farine situées dans l'usine de fer du quartier Saint-Pierre. En 1991, le dernier ocrier prit sa retraite.
Nous devions déjeuner sur le site au Restaurant des Mille Couleurs mais comme on était lundi, le restaurant était fermé. Nous sommes donc allés à Apt, tout proche, et avons commandé un plat froid à cause de la chaleur.
Je n'ai jamais mangé une telle quantité de charcuterie !
Jambon cru et cuit, saucissons divers, pâtés variés ont fait le bonheur de notre palais.
La journée s'est terminée là.
La suite au prochain numéro (Moustiers-Sainte-Marie et les gorges du Verdon).
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