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Par Tolbiac204 le 11 Novembre 2022 à 23:00
Vendredi dernier, Michel Duffau a organisé et guidé une balade dans Paris dans le cadre des "Petites promenades" de Générations 13.Au programme, le quartier de la Madeleine. Ce n'est pas tous les jours que je me propulse dans les beaux quartiers et, en cette période proche de Noël, je n'ai pas été déçue par les vitrines qui rivalisaient toutes de beauté.
Le rendez-vous nous avait été donné derrière la Madeleine et, tout comme hier pour la balade avec Anne Viala, le soleil était au rendez-vous.
Une chance !
Le quartier de la Madeleine a d'abord été un domaine agricole concédé à l'évêque de Paris par le roi Dagobert Ier. A partir du XVIe siècle, un faubourg appelé La Ville-l'Evêque s'y est développé. La construction de l'église, commencée en 1757, ne sera achevée que sous le règne de Louis-Philippe, en 1812. Son aspect de temple grec lui a été donné par Napoléon qui voulait en faire un Temple de la gloire dédié à la Grande Armée.
Il y a maintenant, autour de l'église, de forts jolis bancs arrondis dont certains sont même associés à une "tablette" permettant de croquer son sandwich ou de taper le carton. Ils sont inspirés des anciens bancs "Adolphe Alphand".
C'est là que la quinzaine de participants a retrouvé Michel qui nous propose ce jour une marche d'environ 2h-2h30 dans l'un des plus élégants quartiers de Paris.
Michel nous montre tout de suite d'anciennes toilettes publiques souterraines de Style Art nouveau qui, fermées depuis 2011, vont être restaurées dans leur état d'origine d'ici à la fin de l'année 2022.
Ce sont les célèbres établissements Porcher qui les ont réalisées en 1905 sur le modèle des anciens "Lavatories" anglais. L’escalier qui y mène était décoré d’une mosaïque à motifs floraux. A l’intérieur, il y avait des toilettes pour hommes, des toilettes pour femmes et une loge de gardien.
Les voici tel qu'elles étaient du temps de leur splendeur.
Les boiseries et portes sont en acajou. Les vitraux des portes des cabines représentent de motifs floraux. Des carreaux de céramique blancs ou à motifs de fleurs recouvrent les murs. Une chaise surélevée sur une estrade est destinée au travail du cireur de chaussures.
Nous voici arrivés sur le devant de l'église et j'y remarque de très beaux porches d'entrées : ils ont été réalisés par l'architecte Théodore Charpentier. Celui-ci, situé au numéro 3, a abrité le styliste Nino Cerruti qui y a installé sa maison de haute couture en 1967 ; on y voyait à l'époque Alain Delon et Jean-Paul Belmondo.
Le "clou" du quartier, c'est cette longue façade, sise au numéro 9, qui fait l'angle de la place avec le boulevard Malesherbes. Elle est également l'œuvre de Théodore Charpentier.
C'est en effet ici que prend la Galerie de la Madeleine, dans laquelle nous ne rentrerons pas mais on se doute qu'elle abrite des magasins de luxe.
Les caryatides sont l'œuvre du sculpteur Jean-Baptiste-Jules Klagmann.
Depuis 1924 l'immeuble abrite un restaurant gastronomique "Lucas Carton".
L’inauguration officielle du restaurant date de la construction de l’immeuble par Théodore Charpentier en 1839. Il devient vite l'endroit couru du tout Paris de Napoléon III. En 1880, il est décoré de boiseries par Louis Majorelle qui en font un chef-d'œuvre de l'Art nouveau (les travaux ont duré quatre ans tout de même). Tout d'abord appelé "Lucas", il prend son nom définitif entre les deux guerres quand Monsieur Carton en fait l'acquisition.
Michel nous montre une photo de l'intérieur, plutôt "chicos"...
Pas la peine de rêver, Mesdames, nous ne sommes ici que de passage !
Rien que cette asperge à la "Lucas Carton" en dit long sur l'élaboration des plats...
Traversant la rue Royale, Michel nous fait remarquer le bel alignement entre les façades de temple grec de l'Assemblée nationale et de l'église de la Madeleine. Je n'ai pas pris de photo car à cet endroit la circulation est intense.
Nous restons dans le luxe avec ce passage très chic "Le Village Royal" faisant communiquer la rue Royale avec la rue Boissy-d'Anglas. Autrefois, il y avait ici une caserne de mousquetaires.
A l'angle, une boutique Dior a élu domicile.
On entre ?
Toujours Dior
Façade côté rue Royale
Façade côté Rue Boissy-d'Anglas
La rue du Faubourg Saint-Honoré a déjà revêtu ses habits de fête (des guirlandes de sapin en lieu et place des guirlandes de lumières), économies d'électricité obligent peut-être... ?
Ici, la Maison de beauté Carita qui occupe tout un immeuble.
Dans le boulevard de la Madeleine, cet immeuble qui fait l'angle avec la rue Vignon est celui de l'ancien Hôtel de la Compagnie des Messageries maritimes. Construit en 1924, il se distingue par son porche d'entrée Art-Nouveau en forme de coquillage.
Côté rue Gaudot-de-Mauroy, il affiche un bas-relief en forme de blason maritime représentant des ancres et un gouvernail.
De l'autre côté du boulevard, au numéro 7, une jolie façade également datant de 1910, celle de la Compagnie d'Utrecht. Il fut construit pour la compagnie d'assurance Utrecht vers 1910.
La façade comporte des éléments " Art Nouveau " remarquables dont une mosaïque polychrome ceinturant la corniche.
Il s'agit ici de l'ancien Hôtel de La Haye. Mirabeau y aurait habité en 1789.
On dirait bien que les bas-reliefs en pierre représentent des instruments de musique.
L'immeuble situé en face, construit en 1785 par Auber, est lui aussi mis en valeur par sa forme ronde. S'y ajoutent de superbes balcons en fer forgé.
Il s'agit de celui du très célèbre Olympia de Bruno Coquatrix ouvert en 1954 et rénové en 1997. Gilbert Bécaud y fait ses débuts. Tous les grands de la chanson se produisent alors sur cette scène devenue mythique : Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, Edith Piaf, Juliette Gréco, Barbara, Johnny Hallyday etc.
Nous voici maintenant arrivés sur le boulevard des Capucines : ici se trouve le musée-théâtre du parfum Fragonard. Il expose des alambics, des flacons de laboratoire, des pots-pourris et des torréfacteurs de parfum, ainsi que les animaux et les plantes qui fournissent les matières premières pour la parfumerie. Une collection de flacons de parfum illustre 3 000 ans de fabrication.
Il serait fermé temporairement...
A deux pas de l'Opéra, aux numéros 27-29, un immeuble affiche une splendide façade Art nouveau largement vitrée. Un hôtel-restaurant 5 étoiles, le Kimpton St Honoré, s'y est ouvert en août 2021.
En 1914, c'est l’architecte belge Frantz Jourdain qui signe la construction de cet immeuble Art nouveau, avec sa façade ouvragée habillée d’une trame de métal turquoise, ornée de motifs floraux stylisés. Le lieu abritera à partir de 1917 et ceci jusque dans les années 1980 le grand magasin «La Samaritaine de Luxe».
La façade s’anime de garde-corps aux motifs floraux, de colonnettes en cuivre aux chapiteaux végétalisés, de bandeaux de mosaïques représentant des lianes de capucines et des hortensias bleus.
Le bas de l'immeuble est orné d'une fresque en fer forgé des plus jolies.
Michel nous a fait le cadeau de nous laisser rentrer dans le hall - avec autorisation de la Direction - bien qu'étant en groupe et... ça valait le coup d'œil !
L'un des deux ascenseurs est équipé d'un fauteuil et d'une table basse s'il-vous-plait des fois qu'on y reste plus de quelques minutes !
A côté de l'autre ascenseur, le grand escalier et sa rampe en fer forgé ont été conservés.
Je ne résiste pas à vous montrer cette salle de restaurant donnant sur la cour intérieure végétalisée,
ni à vous faire monter virtuellement sur le roof-top... (photos "Sortir à Paris"),
On redescend sur terre mais juste un instant puisque nous voici face à un autre 5 étoiles, l'Hôtel Scribe (de la chaîne Sofitel) qui fait l'angle du boulevard des Capucines avec la rue du même nom.
Nous ne le visiterons pas !!!
Le groupe emprunte maintenant la rue Edouard VII nommée ainsi en l'honneur du roi anglais Edouard VII qui était fou de la Capitale française et de ses divertissements. C'est ainsi qu'il décida d'offrir à la ville une salle de spectacle consacrée au cinéma. Elle a été construite en 1913 par l'architecte anglais Sprague.
Ce sera le théâtre Edouard VII-Sacha Guitry où le célèbre acteur se produisit à partir de 1920.
Une statue équestre du Roi lui fait face.
Michel nous montre quelques photos.
Celle-ci représente le souverain portant un manteau fabriqué dans le fameux tissu "Prince de Galles".
D'un théâtre à l'autre : celui-ci est le théâtre de "l'Athénée"-Louis Jouvet situé dans le square de l'Opéra-Louis Jouvet. L'acteur, qui fut successivement machiniste, costumier, accessoiriste, peintre et éclairagiste, dirigea le théâtre de 1934 à 1951, date de sa mort.
La devanture du théâtre (construit en 1896), dans un style Art nouveau d'inspiration orientale, est celle de l’ancienne façade du théâtre de la Comédie parisienne construit en deux ans auparavant au même endroit.
Sur la place, une très jolie sculpture représente "Le Poète chevauchant Pégase". Elle est l'œuvre d'Alexandre Falguière (1896).
Derrière le monument, le musée du parfum Fragonard
Faisant l'angle de la rue des Mathurins, les anciens Bains Turcs de Paris. Il s’agit là de l’unique vestige d’un célèbre établissement de bains installé ici dans le dernier quart du XIXe siècle qui ne ferma qu'en 1954.
Après sa fermeture, une rénovation complète a fait disparaître tous les décors intérieurs, ne laissant subsister que la façade. Je n'ai trouvé que cette photo pour évoquer le passé...
L’affiche publicitaire qui est diffusée à l’époque détaille tous les services proposés aux clients : Massage, Salles d’inhalation pour les deux sexes, Lavage et douches, Étuves à air sec, Piscine d’eau de source. Un Buffet-restaurant est également disponible, ainsi qu’un Trinkhalle (entendez buvette) fourni en différentes eaux minérales. En outre, les dames peuvent, après les méfaits causés à leurs cheveux par le bain de vapeur, se refaire une beauté au salon de coiffure de l’établissement.
Arrivés au boulevard Haussmann nous apercevons des gens qui contemplent la capitale depuis la terrasse du Printemps. Il faut dire que le temps s'y prête...
Quoi de plus beau que ces coupoles dorées qui brillent au soleil !
"Au tortues" était le nom du magasin situé au 55 du boulevard Haussmann. Avec sa superbe devanture en bois sculpté, il fut créé en 1864, et la boutique reçut son décor en 1910.
Le décor en marbre de la façade actuelle, d’inspiration Louis XVI, daterait de 1910 et comporte deux têtes d’éléphant et deux tortues, réalisées en bronze. Les animaux sculptés rappellent sa destination première : la vente d’objets en ivoire et en écaille.
Nous terminons notre balade par la rue des Mathurins dans laquelle j'ai remarqué ce beau bow-window.
Passant devant le théâtre des Mathurins (en travaux) et le théâtre Michel, nous arrivons à un croisement que certains d'entre nous connaissent déjà pour y être venus guidés par Anne-Marie lors d'une autre promenade : c'est celui où se trouve cet immeuble Art déco appartenant aujourd'hui à une banque internationale. Il fut construit par Pierre et Alex Fournier pour abriter les locaux de la Société financière française et coloniale.
On comprend mieux ainsi la présence de ces animaux exotiques (chameau, éléphant, crocodile, requin, tigre, serpent, ainsi que toutes sortes d'oiseaux et de poissons).
En face, se tient la Chapelle expiatoire. Il s'agit d'un ensemble religieux et commémoratif consacré aux victimes de la Révolution, notamment le couple royal, qui a été construit de 1815 à 1826 et est classé monument historique depuis le 22 juillet 1914.
Nous avons terminé par un Hôtel particulier de la rue Tronchet, celui du comte de Pourtalès où descendent quand elles viennent à Paris des stars comme Kim Kardashian, Madonna ou même Leonardo Di Caprio...
L'hôtel est libre d'accès bien sûr, ce qui nous a permis de rentrer dans la petite cour intérieure décorée à la mode des palais toscans avec des pilastres à chapiteaux corinthiens.
La cour est très agréablement arborée et une petite fontaine la décore.
Là s'achève cette promenade architecturale.
Un grand merci à Michel pour l'avoir organisée et guidée.
C'était super !
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Par Tolbiac204 le 10 Novembre 2022 à 23:00
Aujourd'hui, c'est la grève des transports mais heureusement la promenade préparée par Anne Viala dans le cadre de son atelier "Marches de 6 km" à Générations 13, se situe dans un périmètre atteignable à pied depuis la Butte aux Cailles et le beau temps m'accompagne... Je rejoins ainsi la Porte d'Ivry à pinces et y retrouve la quinzaine de participantes à la promenade.
Anne a choisi un thème pour cette marche :
A l'approche de l'hiver, la société se penche sur les plus pauvres : 17 octobre, journée du refus de la misère initiée par ATD - Quart Monde et reprise par l'UNESCO, 13 novembre, journée mondiale des pauvres dans l'Eglise catholique, nombreux appels aux dons à l'approche des fêtes de fin d'année. La politique sociale du 13ème est forte du fait du fort pourcentage de gens modestes : logements sociaux, centres médicaux, centres d'accueil, associations. Ceci est vrai depuis longtemps et le fut beaucoup, en particulier, aux 19ème et 20ème siècles.
Anne nous montre, au numéro 16 de l'avenue d'Ivry, la plaque indiquant que les usines Panhard et Levassor ont démarré leur activité ici en 1891. C'était donc quelques trente ans après l'annexion d'une partie d'Ivry à la ville de Paris.
Contournant ce grand immeuble de briques rouges,
nous voici maintenant au 113 de la rue Regnault où se trouve l'entrée de L'Arche d'Avenirs. On aperçoit au loin la fresque Street-Art de la Joconde de l'artiste San Miguel Okuda au sein de la Villa d'Esté.
L’Arche d’Avenirs est l’accueil de jour des Œuvres de la Mie de Pain. Labellisé "Espace Solidarité Insertion" (ESI) depuis 2006, il offre divers services de première nécessité aux personnes sans-abri : un espace hygiène (douches, buanderie) des consignes, un accès aux soins, un écrivain public...
Dans ces nouveaux locaux depuis 2011, des activités d’animation et de remobilisation complètent l’accueil auprès d’un public très souvent dépourvu de réseau relationnel et affectif.
Chiffres-clés 2018
• 54 548 passages (+13% par rapport à 2017)
• 744 personnes domiciliées dont 44 nouvelles inscriptions en 2018
• 1 312 personnes reçues en entretien par les travailleurs sociaux
• 260 entretiens avec une psychologue
• 2 500 kits d’hygiène distribués
• 14 692 douches (88% d’hommes)Une partie du groupe devant l'entrée de l'ESI
Passage devant Tang Frères où une fresque "Nostalgia" a été réalisée par l'artiste chinoise Satr : elle représente un tigre de Sibérie, animal totem du Nord-Est de la Chine, qui se repose sous un pin en regardant au loin. Une hirondelle survole la tête du tigre, comme si elle est en train de transmettre les pensées de ce dernier vers son pays d'origine, la Chine, qui manquait à l'artiste pendant son séjour en Europe.
Après qu'Anne ait demandé aux participantes leur choix pour rejoindre la rue Charles Fourrier, étape finale de cette ballade (passage par des squares ou par des rues), nous traversons le Jardin Baudricourt situé en face de chez Tang Frères.
Une découverte pour moi qui habite pourtant le XIIIe depuis plus de vingt ans...
Le jardin, sur lequel donnent de grandes tours, est planté à cette époque de très jolis chrysanthèmes.
Nous voici maintenant dans le Jardin de la Dalle d'Ivry, moins joli mais depuis lequel on aperçoit sur la gauche de la photo l'église Saint-Hyppolite, qui est également un centre social important du XIIIe arrondissement.
Quel contraste entre l'église en pierres meulières et cette grande tour de logements !
Arrivés Avenue de Choisy, nous découvrons ce joli dragon qui nous rappelle que nous sommes ici en plein quartier chinois.
Ces travaux sont-ils ceux, gigantesques, du futur métro devant desservir l'aéroport d'Orly... ?
Juste en face, l'église Saint-Hyppolite, lieu de culte mais aussi d'accueil des plus défavorisés. Je ne prétends pas en parler aussi bien qu'Anne mais j'ai consulté ses notes et aussi mon ami internet...
Anne nous explique que le nom de l'église a été donné en remerciement du don du terrain qu'avait fait Hyppolite Panhard, le fils de René, au clergé. Par ailleurs, saint Hyppolite était un soldat romain martyrisé au IIIe siècle à cause de sa foi.
Ici, le lundi matin de 7h30 à 8h30, derrière cette porte, il y a possibilité de prendre un petit-déjeuner dans le "Petit Café".
Dans la cour de Saint-Hyppolite, il y a aussi le "Relais Fraternel" (autrefois il y avait une roulotte).
Face à la crise sanitaire et à l’augmentation des personnes en situation de précarité, des paroissiens de Saint- Hippolyte se sont mobilisés pour créer l’association "Le Relais Fraternel" et ainsi distribuer des colis alimentaires à ceux qui sont dans le besoin. La première distribution a commencé le 28 novembre 2020.
On peut y apporter le samedi entre 10h et 13h des denrées non périssables ou bien devenir bénévole pour assurer leur distribution.
Nous empruntons ensuite la rue des Malmaisons (qui doit son nom à celui d'un lieu-dit) et dont je ne donne pas cher dans un avenir plus ou moins proche...
Et rejoignons ainsi l'Avenue d'Italie où le marché se tient tous les jeudis.
On y trouve, au numéro 126, Ma Ressourcerie, une association citoyenne à but non lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901. Il s'agit d'un magasin où l'on peut venir déposer des objets ou des vêtements dont on veut se séparer et qui sont revendus à petit prix.
Sur leur site, on y apprend qu'une ressourcerie remplit quatre fonctions :
- Collecter les objets dont vous ne voulez plus ou dont vous n’avez plus l’usage.
- Remettre en circuit dans des espaces de seconde main des objets propres et en bon état
- Transformer les matières invendables en nouveaux objets
- Sensibiliser à la prévention des déchets et inciter le public à une consommation responsable et raisonnée.Chemin faisant, nous voici arrivés sur la Place d'Italie, non loin de la Mairie du XIIIe. Anne nous y montre l'Avenue de la Sœur Rosalie.
Cette avenue doit son nom à Jeanne Marie Rendu (1786-1856), dite Sœur Rosalie, qui fut célèbre au XIXe siècle pour sa charité envers les nécessiteux et les souffrants du quartier Mouffetard voisin, notamment durant les journées de Juillet 1830.
En 1859, l'abbé Le Rebours achète un terrain dans l'avenue (qui se nomme alors "rue de Gentilly") et y fait construire une chapelle dédiée à la nonne. En 1867, la chapelle est détruite et transférée à l'angle de la rue Corvisart et de l'actuel boulevard Auguste-Blanqui : c’est maintenant l’église Sainte-Rosalie. L'église accueille parfois des chorales... Je fais partie de Chœur Choisy, la chorale du Club musical de La Poste dont le prochain concert aura lieu le 16 avril : publicité gratuite !!!
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Au 55 de la rue Bobillot se trouve le Groupe Alliance Espérance.
L’association Alliance-Espérance s’est développée petit à petit en fonction des besoins qui se sont fait sentir après l’ouverture du centre d’accueil. Elle rassemble aujourd’hui trois groupes d’associations aux objectifs complémentaires avec pour valeurs communes l’accueil, l’écoute, et l’aide à la réinsertion:
- "Alliance pour la Vie" gère les établissements "Abritoit" et la "Maison Marie-Louise", qui assurent un hébergement mais aussi un accompagnement social, éducatif et psychologique aux accueillies.
- L'ESAT "Regain-Paris" a pour mission l’aide à la réinsertion par le travail de personnes désocialisées et fortement marginalisées, avec un Établissement de Service et d’aide par le travail.
- "Août Secours Alimentaire" reçoit et nourrit dans un cadre chaleureux des personnes défavorisées durant le seul mois d’août grâce à une action ponctuelle, mais aussi au fil de l’année avec "Les Compagnons de la Tour Saint-Jacques". Entre 1994 et 2006, le nombre de repas distribués chaque année durant le seul mois d’août est passé de 22.000 à 380.000, le nombre de personnes logées a été de plus de 200.Tout près de là, le Bar Billot, que je connais par amie interposée : il s'agit d'une imprimerie numérique tenue par les travailleurs de l’ESAT Regain Paris (l'imprimerie emploie des travailleurs en situation de handicap).
Qui dit "Rue Bobillot" dit aussi "Rue Vandrezanne"... Au numéro 44, vous connaissez sûrement l'association Générations 13 et son slogan "Bien vivre ensemble pour mieux vieillir" qui prend soin des seniors !
A côté, se trouve une crèche : au XIXe siècle c'était un asile de vieillards puis c'est devenu un foyer de consultation pour femme enceintes et pour leurs bébés (PMI).
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L'église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles fait l'angle entre la rue Bobillot et la rue de Tolbiac. Construite sur pilotis, elle souffre actuellement et ceci depuis plusieurs années de problèmes de stabilité : des travaux très importants ont été engagés afin de la stabiliser en renforçant les fondations de l'édifice. Anne nous apprend qu'à son emplacement, il y avait autrefois une roulotte : c'est l'histoire de Paulin Enfert.
La Mie de Pain, créée par ce dernier et inaugurée en 1891, est située au 20, rue Charles Fourrier. Elle est bien connue des habitants du XIII : il s'agit d'une association de lutte contre la précarité qui accueille et accompagne les personnes en situation d'urgence. Elle propose chaque jour 360 places d'hébergements avec le couvert qui va avec.
On pourrait dire qu'ainsi il devrait ne plus y avoir de "Sans Domicile Fixe" mais elle a des règles bien sûr que certains ne sont pas prêts à accepter et puis on y est parfois victime de vols la nuit : c'est du moins ce que j'ai entendu dire... Bref, elle ne résout pas tous les problèmes mais y contribue largement.
Pourquoi ce nom de Mie de Pain ?
Un volatile picorant des miettes de pain jetées à terre l'a inspiré...
Une exposition se tient cette année dans les locaux de l'ARPE où la Mie de Pain a son siège social pour rendre hommage à Paulin Enfert dont on célèbre cette année le centenaire du décès.
Paulin Enfert âgé, toujours avec son nœud papillon...
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Paulin Enfert (1853-1922) a tout juste 17 ans lorsqu’éclate la guerre de 1870. Malgré son jeune âge, il s’engage pour défendre sa patrie. C’est donc en soldat qu’il vit le siège de Paris par l’armée prussienne, les bombardements, les rationnements et en fin de compte l’amertume cuisante de la défaite. Il est probable que sa vocation de chrétien au service des plus humbles soit en partie due aux événements de la Commune qui l'ont beaucoup marqué.
Après son service militaire, Paulin Enfert a été prestidigitateur, peut-être même l'élève de Robert Houdin ? Un art qui lui servira par la suite auprès des jeunes.
A 29 ans, il entre comme employé au sein d'une grande compagnie d'assurances et restera célibataire, ce qui le servira en lui permettant de se donner pleinement à ses oeuvres de charité. IL constate en effet que l'industrialisation détruit les emplois et plonge de nombreuses familles dans la misère, touchant en particulier les enfants qui ne sont pas scolarisés malgré la loi et qui sont ainsi livrés à eux-mêmes.
Vue de la Colonie de la Butte aux Cailles : ça ne respire pas l'opulence...
Famille de tanneurs au bord de la Bièvre dans le XIIIe
Sur un grand terrain de 2000 m² offert par un riche donateur, Jules Nolleval, il crée un patronage pour les jeunes (le patronage Saint-Joseph de la Maison-Blanche), des salles de classe et d'apprentissage, introduit le catéchisme, crée une salle de spectacle qu'il anime lui-même, envoie les enfants en colonie de vacances etc., le tout sur la base du bénévolat.
Au début, une roulotte lui sert d'abri...
Quant à l'église Sainte-Anne, c'est le chocolatier Lombart qui en finança la construction : on appelle la façade de Sainte-Anne la "façade chocolat" !
Jules Lombart et sa femme Honorine, ont donné leur nom aux deux clochers de l'église, Julius et Onorina, à moins que ce ne soit aux deux cloches... ?
Le plan du XIIIe du temps de la Bièvre
Une balade bien intéressante
Un grand merci à Anne pour l'avoir organisée et guidée.
2 commentaires -
Par Tolbiac204 le 7 Octobre 2022 à 23:00
Pour la reprise - post été - de l'atelier "Petites promenades dans Paris" de Générations 13, Anne-Marie, son animatrice bénévole, avait choisi ce vendredi de nous emmener à la découverte du village de Bercy. Elle nous avait donné rendez-vous au métro Liberté à Charenton-le-Pont.
Comme vous le savez sûrement, plusieurs villages à la périphérie du Paris de 1860 ont été annexés à la capitale à cette date : celui de Bercy, à l'est, en fait partie.
On voit bien sur cette carte, la partie rouge cernée par le mur des Fermiers Généraux construit à l'aube de la Révolution, si impopulaire auprès des parisiens parce jalonné par 54 bureaux d'octroi ou barrières... et la partie orange qui se termine à l'Enceinte de Thiers construite sous Louis-Philippe (elle était située entre les Maréchaux et le périphérique) permettant à Paris d'absorber tous les villages alentour.
Nous sommes ici, comme je vous le disais, à Charenton-le-Pont et passons devant l'école Valmy, une école publique construite par Georges Guyon au XIXe siècle. Celui-ci l'avait pourvue d'un clocheton avec sonnerie intégrée pour que ses élèves soient toujours à l'heure !
Nous passons ensuite devant la Chapelle Notre-Dame de Valmy.
La première chapelle du quartier de Valmy est construite en 1913, sur un terrain donnant rue du Général-Chanzy, légèrement à l'est de la chapelle actuelle. En 1963, l'ancienne entreprise de vin Nicolas, dont les terrains s'étendent de part et d'autre de celui de la chapelle, l'échange contre un terrain lui appartenant, légèrement plus à l'ouest. Un entrepôt est alors réaménagé en chapelle.
En 1996, la chapelle actuelle est construite sur une partie de ce terrain.
Puis, nous longeons l'Atelier d'Arts Plastiques Pierre Soulages, créé en 1995, qui accueille des enfants ainsi que des adultes en offrant à chacun une diversité d’enseignements.
Apparemment, ici on n'imite pas le maître : on dessine en couleur...
Je plaisante bien sûr !
Les rails de la gare de Lyon toute proche et les tours Duo de Jean Nouvel dont Anne-Marie est accro
Cette passerelle, appelée Passerelle Valmy, traverse le faisceau ferroviaire de la ligne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles.
Elle occupe l'emplacement précédent du parc de l'ancien Château de Bercy appartenant à Charles-Henri Malon marquis de Nointel, intendant des finances sous Louis XIV. Il a été initialement construit en 1658 par François Le Vau, le jeune frère de Louis, que l'on connaît mieux. Inachevé en 1676, sa construction est reprise par Jacques de la Guépière.
Voici une aquarelle de Christian Benilan (2006) montrant le château et ses jardins vers 1720, jardins dessinés par Le Nôtre qui s'étendaient jusqu'à la Seine comme vous pouvez le constater. Celle-ci était très fluctuante et pouvait causer des inondations...
Sur cette autre aquarelle de Pierre-Denis Martin (vers 1725-1730), on peut apercevoir le château de Vincennes tout proche en arrière-plan.
Que reste-t-il de cette résidence ?
De nombreuses boiseries sont réparties au musée des arts décoratifs, dans d’autres hôtels parisiens (comme rue de l’Elysée), français ou même anglais. Une console est au Louvre. La balustrade de la chapelle du château, qui servit de lieu de culte aux habitants de Bercy jusqu’à la construction en 1826 de l’église de la Chambeaudie, est conservée à Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux de Paris. Et un cèdre de son parc a été replanté aux buttes Chaumont.
En 1861, la partie du parc entre l'actuelle rue de Paris (rue sur laquelle débouche le métro Liberté) et la Seine est vendue par son propriétaire le Comte de Gabriel de Nicolaï pour 10.500.000 Francs à une société présidée par le duc de Morny pour établir des magasins généraux et des entrepôts de vins entre la voie ferrée et le quai de Bercy.
Plusieurs modifications ont eu lieu sur la passerelle initialement construite en 1848. L'actuelle a servi de décor au film Jules et Jim en 1961 lorsque Catherine lance aux deux garçons : « Le terrain me parait excellent, je lance une course de vitesse, le premier qui arrive au bout de la passerelle ».
Une scène du film Le Samouraï, avec Alain Delon y a aussi été tournée en 1967.
La bande-annonce de Jules et Jim
Cliquez sur l'image pour l'agrandir : si je ne me trompe, il s'agit ici de tout l'espace que l'ancien village de Bercy occupait avant 1860. Au sud du périphérique, c'est maintenant la ville de Charenton-le-Pont.
La rue Marius Delcher sur laquelle nous nous trouvons nous conduit à la rue du Petit Château et aux écuries (1713-1714) qui elles, ont résisté aux transformations successives.
Elles se situent à l'intérieur d'une copropriété et ont fière allure !
Remarquez, au-dessus du portail la tête de cheval indiquant l'utilisation des lieux.
Sur le côté, également une superbe porte d'entrée sculptée d'une scène de chasse
Nous rejoignons Paris en traversant le périphérique non sans une pensée pour Jean Nouvel et Anne-Marie... Mon petit doigt m'a dit qu'il allait bientôt y avoir un café en haut de l'une d'elle, peut-être une idée de promenade en vue ?
Où sommes-nous installées confortablement maintenant, je ne sais plus... mais Anne-Marie a le chic pour trouver des sièges !
On reconnaît les habituées mais il me semble bien que de nouvelles adhérentes ont aussi participé à cette agréable promenade.
Nous voici maintenant arrivées au petit cimetière de Bercy, tranquille et ensoleillé dit le panonceau à son entrée (ce jour-ci, c'est le cas) qui comporte un peu plus de 1000 tombes et qui a la particularité d'avoir accueilli les sépultures de certaines familles travaillant dans le commerce du vin, anciens pinardiers (*) et tonneliers.
Voici celle de Louis Gallois, ancien Maire de Bercy, créateur des entrepôts vinicoles.
(*) Le mot pinardier vient de celui des navires-citernes qui transportaient le vin à l'époque (alors que désormais il est mis en bouteille sur place).
Le beau temps nous poursuit jusqu'à la grille d'entrée d'une l'ancienne manufacture de tabac. Construite en 1855-1857, elle était utilisée pour la fabrication des cigares de luxe. Cette usine, l'une des 22 que comptait la SEITA (Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes) en 1937, a été fermée en 1969 et démolie en 1976 mais heureusement la grille d’entrée de cette manufacture sera conservée.
En 1868, un journaliste de la Revue des Deux Mondes y réalise un reportage et décrit les lieux :
"La manufacture de Reuilly était située jadis hors barrière, mais l’annexion de la banlieue l’a fait entrer dans l’enceinte de Paris. De grands arbres, de vastes terrains verdoyants, l’entourent et lui donnent l’aspect joyeux d’une usine de campagne."
Les femmes sont nombreuses à travailler dans cette manufacture : pas moins de 200 femmes travaillent 10 heures par jour pour confectionner des cigares à raison d’une moyenne de 100 cigares par jour et par ouvrière.
Nous passons bientôt devant un immeuble sans grand intérêt si ce n'est d'avoir sur son mur une plaque datant de Louis XV ! Le bornage de Paris était destiné à "contenir" Paris dans ses limites à un moment donné.
On peut y lire :
Bornes de Limites du règne de Louis XV de par le Roy
Défenses expresses sont faites de bâtir depuis les présentes bornes et limites jusqu'au plus prochain village aux peines portées par les déclarations de sa Majesté
Des années 1724-1726
Pauvre Louis XV, il doit se retourner dans sa tombe !
Anne-Marie regarde son plan pour ne pas nous égarer...
Nous arrivons, après avoir traversé la rue Nicolai et emprunté la rue de Charenton à cette église du 12e arrondissement située sur une petite place (la place Lachambeaudie du nom de l'écrivain et chansonnier (1806-1872) dans laquelle je ne suis jamais entrée.
L'occasion fait le larron !
Il s'agit de l'église Notre-Dame de la Nativité (on dit aussi parfois Notre-Dame de Bercy) qui prend pour modèle les basiliques romaines antiques.
Construite à l'origine en 1823, elle subira de nombreux dommages (détruite sous la Commune de Paris, elle sera reconstruite à l'identique mais inondée par la crue de 1910, en 1944 elle sera touchée par le bombardement des voix de chemin de fer situées juste derrière, et subira même un incendie en 1982...) Elle est restaurée et inscrite aux Monuments Historiques en 1985.
Des clés ? C'est Saint-Pierre.
Saint- ? Anne-Marie complètera...
La nef à plafond plat est suivie d'un chœur peu profond.
Anne-Marie nous montre plusieurs grandes toiles qui sont très difficiles à prendre en photo...
La résurrection de la fille de Jaïre (Charles de La Fosse - vers 1680) ici avec une curieuse mais belle crucifixion
L'Annonciation (Daniel Hallé - 1659)
Le Christ et la Samaritaine (Jacques Stella - 1640-1645)
Face à l'église, la caserne des pompiers a belle allure.
On dirait bien qu'on touche au but, non ?
Nous voici maintenant dans la rue de Chablis..., bien jolie avec ses maisonnettes en pierre meulière.
Elle est située à proximité des anciens entrepôts de Bercy naturellement.
Et justement, nous voici arrivées au Parc de Bercy : il a été créé entre 1993 et 1997 et occupe en partie les anciens chais viticoles subsistants du XIXe siècle qui contribuèrent à l'activité du plus grand centre mondial du négoce de vins et de spiritueux à cette époque et furent fermés dans les années 1960.
La Cinémathèque, vous connaissez bien sûr. Elle était autrefois l'American Center et a été construite selon les plans de Franck Gehry en 1994 : je trouve qu'elle n'a pas vieilli.
Ayant quitté les grandes pelouses situées à côté du POPB (Accor Arena désormais), nous traversons le parc afin de nous diriger vers Bercy-Village.
Le parc, planté de 400 vignes, conserve le souvenir de son passé vinicole.
Voici la Maison du Jardinage : cette belle demeure datant du XIXe siècle est depuis 1997 un havre de paix dédié au jardinage en ville. Partie intégrante du réseau municipal d’écologie urbaine, elle accueille tous les amateurs de jardinage en milieu urbain, du débutant au passionné, mais aussi les porteurs de projet de jardins partagés ou de végétalisation.
Un vrai bonheur que de déambuler dans ce magnifique parc qui a bien poussé depuis que j'y ai mis les pieds il y a quelques années.
On ne sait de quel côté se tourner tant il est beau de partout !
Quelles sont ces superbes fleurs ? Certaines ont des applications sur leur téléphone pour le savoir, moi non !
Voici tout ce qui reste de l'ancien Petit Château de Bercy. Au XVIIIe siècle plusieurs demeures de plaisance sont bâties le long de la Seine entre Paris et Bercy. Ici se trouvait la "Folie" du duc de Gesvres, acquise en 1708 par le contrôleur général Orry qui prend le nom de Petit-Château pour la distinguer du grand Château de Bercy. En 1809, Monsieur de Chabons, maire de Bercy, achète le Petit-Château pour y constituer un entrepôt qu'il loue à des commerçants en vins. La Ville de Paris acquiert ensuite l’ensemble des entrepôts de Bercy en 1876 et démolit le château du Petit Bercy. Les vestiges du Petit Château dont les murs avaient été intégrés dans la construction des chais ont été découverts rue des Pommiers en 1988 par un négociant.
Après la traversée de la rue Joseph Kessel, nous voici arrivés dans le troisième jardin du parc.
Là se trouvent encore des arbres centenaires qui imposent le respect.
Là aussi le Pavillon du lac dans la mare de laquelle barbotent ces canards.
Tiens, un héron niche ici...
En vue des bâtiments de Bercy Village, qui rappellent les anciens chais.
Au XIXème siècle se tenait là “le plus grand marché de vins et spiritueux au monde”. Le Cour Saint-Émilion faisait office d’immense entrepôt et de comptoir de vente de vins, préalablement mis en bouteille non loin de là, à Bercy. Des breuvages acheminés par la Seine directement de l’Yonne, de Bourgogne, d’Algérie, ou par train via la gare de Lyon en provenance du Midi.
Nous les traverserons rapidement pour rejoindre la rue des pirogues de Bercy. C'est dans cette rue qu'on a découvert des bateaux datant du Néolithique lors des travaux de terrassement du Palais omnisports de Paris-Bercy,
La fouille de 1991-1992 a permis de mettre au jour deux habitats du Néolithique moyen (vers 4500 - 3400 avant J.-C.) et un du Néolithique récent (vers 3000 - 2600 avant J.-C.). Dix pirogues ont été trouvées au pied de ce site ainsi que des poteries, outils, et pointes de flèche. La fouille des sédiments a révélé une occupation presque permanente sur la berge d’un ancien bras de la Seine.
Plusieurs de ces pirogues sont exposées au musée Carnavalet.
Nous sommes maintenant tout près de l'entrée du Musée des Arts Forains.
Le musée est installé au sein de six anciens chais en pierre meulière où il occupe une surface de 11.400 mètres carrés. Des bustes de clowns en décorent la façade donnant sur la rue des pirogues de Bercy.
Toutes les bonnes choses ont une fin hélas et la promenade se termine ici !
Marie-France, Marylène et moi avons traîné ensuite au marché gourmand de l'Aveyron qui s'y tenait pour le week-end.
Voici leurs fameux Gâteaux à la broche
Et la façon dont ils sont fabriqués
J'y ai acheté de l'aligot et des saucisses et on s'est régalés Philippe et moi !
Un grand merci à Anne-Marie pour avoir guidé cette promenade parisienne et à la météo pour nous avoir été favorable...
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Par Tolbiac204 le 20 Mai 2022 à 23:00
Ce vendredi, Anne-Marie Guérin nous a proposé dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" à Générations 13 une visite guidée dans le 16e arrondissement à la découverte de l'ancien village de Passy. Elle nous avait donné rendez-vous au métro Trocadéro devant le musée de l'Homme.
Au centre de la place, la statue équestre du Maréchal Foch souleva lors de son installation une polémique : Anne-Marie nous explique que si le maréchal est représenté tête nue, sans son képi règlementaire, c'est à la demande des services des Beaux-Arts pour une question d'orientation : au soleil, le képi aurait assombri le visage du maréchal au risque de dissimuler la fière volonté que devait exprimer son visage.
En face du musée, le cimetière de Passy où sont enterrés un certain nombre de personnages célèbres tel que :
Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, Tristan Bernard, Francis Bouygues, Ernest Cognacq, Marcel Dassault, Claude Debussy, Benjamin Delessert (dont nous traverserons le boulevard), Michel Droit, Edgar et Lucie Faure, Gabriel Fauré, Loulou Gasté, Maurice Genevoix, Rosemonde Gérard, Virgil Gheorghiu, Jean Giraudoux, Hubert de Givenchy, Pierre-François Pascal Guerlain, Jeanne Hugo (la petite-fille de Victor Hugo et la femme de Jean-Baptiste Charcot mort en mer), Robert Mallet-Stevens, Georges Mandel, Edouard Manet, André Messager, Octave Mirbeau, Berthe Morisot, Jean Patou, François Périer, Gabrielle Charlotte Réju dite "Réjane", Thierry Roland, Jean Servais, Haroun Tazieff...
Anne-Marie a prévu de démarrer cette promenade par un petit tour dans les jardins du Trocadéro : nous passons devant la statue de Benjamin Franklin, connu de tous pour être l'inventeur du paratonnerre, mais peut-être moins connu comme homme politique ayant été l'un des Pères fondateurs des Etats-Unis d'Amérique (il a participé à la rédaction de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis).
La vie de Benjamin Franklin est en grande partie caractérisée par la volonté d'aider la communauté. Son effigie figure sur le billet de 100 dollars.
Au 25 bis de la rue Benjamin Franklin, Anne-Marie nous montre un immeuble construit en 1903 par les frères Perret. Ces derniers, Auguste et Gustave, se lancent, sous la direction de leur père, dans la construction d'un édifice en béton armé, une nouveauté pour l'époque (jusqu'alors, ce matériau n'était utilisé que pour faire les fondations, le plancher et les escaliers).
La parcelle de terrain sur laquelle ils avaient décidé de construire l'immeuble étant très étroite, ils contournent cet inconvénient en inversant la place de la cour intérieure traditionnelle des immeubles haussmanniens : ils la placent au niveau de la façade sur rue, ce qui leur permet d'augmenter le nombre des fenêtres, passant de deux à trois. Le deuxième étage, noble, des immeubles haussmanniens est déplacé au sixième étage. Auguste Perret qui y habitera voulait pouvoir voir au loin, profitant de la hauteur de la colline de Chaillot.
Sur les murs en béton, ils demandent à Alexandre Bigot, grand nom du moment, de poser des céramiques avec un décor floral (photo Passerelles.bnf.fr).
A l'angle de la rue Le Tasse et de la rue Benjamin Franklin, un très bel immeuble haussmannien dans lequel habita l'ancien ministre et Académicien Alain Peyrefitte.
C'est par la rue Le Tasse, perpendiculaire à la rue Franklin, et bordée de superbes immeubles, que nous rejoignons les jardins du Trocadéro.
Le contre-jour empêche de voir la Dame de Fer...
Ah..., la voilà !
Les jardins du Trocadéro ont été créés pour l'Exposition universelle de 1937.
Un mahonia si je ne me trompe...
Anne-Marie potasse sa documentation tandis que le groupe prend du repos.
Elle nous informe que cette porte provient de l'ancien Palais des Tuileries (détruit par un incendie volontaire durant l’insurrection de la Commune en 1871).
Revenant sur la rue Benjamin Franklin, au numéro 12, le lycée Saint-Louis-de-Gonzague (souvent appelé "Franklin" en raison de sa localisation) est réputé pour son excellence. Il est fréquenté par des enfants de la haute bourgeoisie de l'ouest parisien. Il doit son nom à Louis de Gonzague (1568-1591), étudiant jésuite italien mort au service des pestiférés à l'âge de vingt-trois ans. Reconnu saint par l'Eglise en 1726, il est le saint patron de la jeunesse catholique et des personnes atteintes du sida.
Voici ici sa chapelle
Au bout de la rue, on a encore une belle vue sur la Dame de Fer...
Un peu plus loin, au numéro 8 de la rue Benjamin Franklin, nous passons devant le musée Clémenceau.
Georges Clémenceau est né le 28 octobre 1841, dans une famille républicaine de Vendée. Après des études de médecine à Nantes, il ouvre un dispensaire à Montmartre, mais se consacre à la politique au lendemain de la chute de l'Empire, après son élection à la mairie du XVIIIe arrondissement. Attiré par le jardin et la vie paisible du quartier, le Tigre, qui ne laissait à personne le soin de tailler ses rosiers, s'installe ici en 1895 pour y demeurer jusqu'à sa mort, le 24 novembre 1929. Son bureau ouvre largement sur le jardin par une baie vitrée donnant sur la tour Eiffel, et la grande table de travail, toujours surchargée de livres et de papiers, porte encore le manuscrit inachevé de "Grandeur et misère d'une victoire".
Le musée est consacré à la vie et au travail du Tigre mais on peut aussi y voir des expositions.
Traversant le boulevard Delessert, nous empruntons la rue de l'Alboni. Benjamin Delessert s'est rendu célèbre sous le Premier Empire en développant la méthode d'extraction du sucre de la betterave inventée par Jean-Baptiste Quéruel et reçoit le titre de Baron d'Empire.
Dans le square de l'Alboni voisin, un bel immeuble Art Déco
Cette voie privée fut construite sur les terrains de l'ancienne propriété du baron Delessert, qui descendait jusqu'à la Seine.
C'est au numéro 2 du square de l'Alboni qu'a vécu Jean Nohain. Plusieurs autres personnalités ont habité le square : Nicolas Hulot, Christine Lagarde...
Le square est bordé de beaux immeubles résidentiels, construits entre 1900 et 1930.
Léon Nafilyan (1877-1937), l'architecte de cet immeuble (situé au 9-11) construit en 1930 dans le style Art-Déco, y résida.
Pas laid non plus celui-ci, dans un tout autre style, situé au numéro 8...
Le square de l'Alboni prend fin dans la rue du même nom et nous voici arrivés au métro Passy, un peu choqués par l'agression dont a été la victime Marylène tout de même... On se souviendra longtemps de cette petite balade dans les beaux quartiers !
Anne-Marie resitue la promenade.
Le village de Passy fait partie des villages situés entre le mur des Fermiers Généraux et l'enceinte de Thiers qui ont été annexés par la capitale en 1860 au moment des grands travaux du baron Haussmann.
Le village de Passy, dépendant du hameau d’Auteuil, apparaît pour la première fois en 1250 sous le nom de "Paciacum" (nom d’un ancien domaine gallo-romain) : pour cause de "lapins" ses habitants avaient obtenus de Charles V l'autorisation d'enclore leur jardins pour les protéger des ces envahissants petits rongeurs et de les chasser. Passy fut érigé en seigneurie au XVème siècle.
Jolie cette enfilade du viaduc du métro aérien dont le rez-de-chaussée est éclairé la nuit par des lanternes.
Oui, des lanternes, mais pas n'importe lesquelles : celles-ci sont surmontées de la couronne royale. Anne-Marie nous explique que la ligne 6 (celle-ci) et la ligne 2 entourent Paris au niveau du mur des Fermiers Généraux. C'est pour rappeler cette "couronne" qui entoure la capitale qu'il y a une couronne au-dessus des lampadaires.
Chemin faisant, on s'aperçoit qu'on est descendus pas mal, en témoigne cet escalier qui n'est pas le seul que nous rencontrerons : le village de Passy descend en pente douce vers la Seine.
Il est lié (tout comme l'était aussi le village de Charonne que nous avons visité le mois dernier) à la culture de la vigne depuis des temps immémoriaux. A l'origine, ce sont les moines de l'ordre des Minimes qui se sont installés là, en 1493. La vigne y poussait bien et la vue était splendide. Ont suivi les riches bourgeois et aristocrates, qui ont emménagé pour les mêmes raisons. C'est ainsi que Passy devint huppé et l'est encore à ce jour.
Le musée du vin est le témoin de ce passé. Il est situé au numéro 5 du Square Charles Dickens, à deux pas du métro Passy.
Dans sa cour, une vigne qui a une longue histoire
C'est la ville de Maribor en république de Slovénie qui a offert ce cep de vigne, issu de la plus vieille vigne au monde (elle donne des raisins depuis plus de 400 ans à Maribor) au musée du vin en 2006.
On parle de vin, c'est bien beau tout ça mais à Passy il est aussi question d'eau : pour preuve cette plaque de rue "Rue des Eaux" apposée sur le mur de cet immeuble Ar-Déco aux fort jolis balcons de fer forgé en écaille de poissons.
C'est au niveau du Parc de Passy, fermé pour cause de risque de tempête, qu'Anne-Marie nous parle justement des eaux de Passy. C'étaient au XVIIIe siècle les eaux de France les plus réputées.
Vers 1657, en ouvrant le passage des Eaux qui grimpe sur la colline, on découvrit une source. Analysée en 1667 par M. Duclos, de l’Académie des Sciences, cette eau fut déclarée bonne pour les intempéries chaudes des viscères, puis recommandée comme remède à la stérilité des femmes. Étant gratuite, elle eut peu de succès. En 1720, l’abbé Le Ragois, qui fut aumônier de la marquise de Maintenon (décédée en 1719), vient s’installer à proximité du passage des Eaux et découvre plusieurs sources dans son parc. Après analyse, il est constaté que ces eaux « contiennent du fer, un peu de sel catartique & de la terre absorbante. » Un traité sur les eaux minérales publié en 1775 précise :
« Les Eaux de Passy sont toniques, incisives, diurétiques, laxatives : elles lèvent les obstructions, guérissent les hémorragies qui en dépendent, de même que celles qui proviennent du relâchement des vaisseaux. Ces Eaux sont propres aux inappétences, aux dégoûts : elles remédient à la lenteur des digestions, aux appétits absurdes & irréguliers, aux pâles couleurs, &c. »
L’abbé Le Ragois comprend vite l’intérêt qu’il peut tirer de la création d’un établissement thermal. Mais son voisin situé plus bas, le sieur Guichou, marchand d’étoffes de soie rue Saint-Honoré, trouve le moyen d’attirer ces eaux chez lui ; suite à un procès il est condamné à vendre son terrain à l’abbé qui dispose ainsi d’un large terrain pour créer un grand établissement avec salles de jeux, de bal, théâtre, jardins, et même un restaurant où les médecins étaient servis gratuitement. C’est un grand succès ; bourgeois de Paris et aristocrates se précipitent. On y verra Rousseau, Benjamin Franklin, … On y joue, on y chante, on assiste à des spectacles et on discute parfois fort tard après le souper.
L'établissement des Eaux de Passy vers 1880
Par héritages successifs l’établissement appartient à madame de Pouilly, nièce de l’abbé, puis à M. Belamy, oncle de cette dernière, qui le transmet à son gendre Guillaume Le Veillard, ami de Benjamin Franklin, enfin passe dans les mains de la famille Delessert.
À la fin du XIXe siècle, la baronne Bartholdi, héritière des Delessert, décide généreusement de ne plus faire payer cette eau si précieuse pour les curistes ; hélas il semble bien que la suppression du prix entraîne la perte de toutes les vertus de ces eaux, et l’établissement ferme bientôt. Par la suite les sources tarirent. Plus tard les lieux seront occupés par le ministère de l’Urbanisme et du Logement, puis par celui de l’Équipement, du Logement, des Transports et de la Mer. À la fin du XXe siècle, cet emplacement sera loti.
Et encore un escalier, un !
Nous voici maintenant arrivés au niveau de la rue d'Ankara où se trouve, tout naturellement, l'ambassade de Turquie.
A l'angle avec l'avenue Marcel Proust, à l'arrière, on peut voir un enchevêtrement d'immeubles s'étageant à flanc de coteaux.
L'ambassade est installée en lieu et place de l'ancien Hôtel particulier de la princesse de Lamballe, amie et confidente de la reine Marie-Antoinette.
Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe par Elisabeth Vigée Le Brun (1782)
Sur la grille donnant sur le pavillon du gardien, le croissant et l'étoile turques signalent la présence de l'ambassade. Ce lieu fut aussi autrefois la Clinique du Docteur Blanche, une maison de repos pour les patients souffrant de troubles mentaux que fréquentèrent Gérard de Nerval, Fromental Halévy, Charles Gounod, Théo Van Gogh et Guy de Maupassant.
A l'entrée de la propriété la mairie de Paris a apposé une plaque à la mémoire de Marie-Thérèse Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe.
Les circonstances de son décès, pour ne pas dire de son assassinat, sont particulièrement horribles. Elles sont rapportées dans ces termes dans le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet :
« Un perruquier du nom de Charlat, tambour des volontaires, lui ôta son bonnet du bout de sa pique et la blessa légèrement, tandis qu'un autre égorgeur lui jetait une bûche dans les reins. La princesse tomba et fut criblée de coups. On lui ôta ses vêtements ; elle resta ainsi près de deux heures exposée, nue, à la risée lubrique de la foule. On la traîna ensuite jusqu'à la borne située à l'angle des rues du Roi-de-Sicile et des Ballets, sur laquelle on appuya sa tête qu'un nommé Grison scia avec son couteau et mit au bout de sa pique. Le perruquier Charlat lui ouvrit la poitrine, lui arracha le cœur qu'il plaça au bout de son sabre, tandis que suivirent d'autres mutilations obscènes et sanguinaires ».
On raconte que, tandis que sa tête est promenée au bout d’une pique jusqu’à la tour du Temple où elle est agitée devant les fenêtres de l'appartement de Marie-Antoinette qui s'évanouit, son corps est transporté sur des kilomètres, profané, jusqu’au comité civil de la section des Quinze-Vingts. Enfin, la tête est portée à son tour par un garçon boucher nommé Allaigre au comité, à sept heures du soir, après avoir été repoudrée, afin d’être « inhumée auprès du corps » dans une tombe du cimetière des Enfants-Trouvés. Quelques heures plus tard, le duc de Penthièvre dépêche son fidèle valet Fortaire pour tenter de retrouver sa dépouille, en vain.
La mort de la princesse de Lamballe peinte en 1908 par Léon-Maxime Faivre
Qu'on est bien dans la France d'aujourd'hui !
Mais je rêve ! C'est ça Paris ?
Eh oui, nous sommes ici dans l'ancien village de Passy et ici commence la rue Berton, un étroit sentier entièrement pavé se faufilant entre de hauts murs aveugles.
La végétation se sent reine ici ! En bonnes randonneuses, nous avons mis les chaussures ad hoc heureusement.
De place en place des chasse-roues comme celui-ci : ils évitaient autrefois aux roues des charrettes cerclées de fer d'endommager les murs des propriétés.
Le groupe passe devant l'entrée secondaire de la maison où Balzac habita entre 1840 et 1847, sous le nom de "Monsieur Breugnol", un pseudonyme qu'il avait pris pour échapper à ses créanciers. Cette issue donnant sur la rue Berton lui sauva plus d'une fois la mise !
On aperçoit au fond l'immeuble de la rue Raynouard faisant face à l'entrée principale de la maison de Balzac.
Près du porche, une borne date de 1731 : il est écrit sur la plaque de marbre qu'elle servait à délimiter les seigneuries d'Auteuil et de Passy mais il paraîtrait que ce soit faux. Elle s'appelait autrefois la rue du Roc.
Serait-ce de celui-ci qu'il s'agit... ?
Un peu plus loin, un escalier dont Guillaume Apollinaire dira qu'il est "très étroit et très raide" permet d'accéder à la rue Raynouard.
Cet immeuble, considéré de nos jours comme un joyau architectural, situé au numéro 51-55 a été créé et a été le lieu de vie d'Auguste Perret dont Anne-Marie vous a déjà parlé. Il est actuellement le siège de l'Union internationale des architectes.
Au numéro 47, se trouve l'entrée principale de l'ancienne maison où Balzac écrivit plusieurs de ses meilleurs romans. Il lui a été adjoint un musée où l'on peut voir ses appartements, des portraits de l'artiste et des personnages de La Comédie Humaine, mais aussi des peintures, dessins et gravures, car il était amateur d'art. On peut découvrir également du mobilier, des objets, et son cabinet de travail resté intact.
Naturellement, même si Balzac jouissait à son époque d'une belle vue sur la Seine, la tour Eiffel n'est arrivée que plus tard !
Redescendant la rue Raynouard, nous passons devant un immeuble qui porte une "pelle Stark" : à cet emplacement, s’élevait au 18e siècle une vaste propriété comprenant un élégant hôtel particulier, l’Hôtel de Valentinois, sis dans un parc d’environ quatre hectares, et comprenant divers bâtiments, dont une orangerie et un petit pavillon.
L'Hôtel de Valentinois peint depuis l'actuelle rue Raynouard dans les années 1770 par Alexis-Nicolas Pérignon. (Musée Carnavalet)
Le potager de l'Hôtel de Valentinois en 1780 par Alexis-Nicolas Pérignon
(National Gallery of Art - Washington)C’est dans ce cadre enchanteur que vécut, de 1777 à 1785, Benjamin Franklin, qui fut représentant spécial puis premier Ambassadeur de l’histoire des Etats-Unis en France. Il y reçut de nombreux visiteurs : Turgot, Buffon, d’Alembert, Condorcet, Malesherbes, La Rochefoucauld, Mirabeau, et bien sûr Beaumarchais, chargé d’acheminer l’aide financière aux Insurgés américains. C’est également à Passy que Franklin rencontra plusieurs fois le jeune Marquis de La Fayette, avant son départ pour l’Amérique.
Un médaillon représentant Benjamin Franklin, apposé à l'angle de l'immeuble, signale qu'il fit installer ici le premier paratonnerre construit en France.
Nous traversons maintenant la rue des Vignes qui témoigne du passé viticole de Passy. Jusque son annexion en 1860, Passy était un village peuplé de cultivateurs, de vignerons et de carriers. Les vignes occupaient près d’1/4 de la commune en 1789.
André Chénier fut arrêté le 7 mars 1794 tout près de la rue des Vignes, rue Bois-le-Vent, alors qu'il était chez des amis. Impliqué dans une affaire qui permettait à la justice de l'époque d’exécuter les suspects sans les entendre, il est condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, pour avoir "recelé les papiers de l'ambassadeur d'Espagne" (il s'agissait "d'acheter" les votes de Conventionnels pendant le procès de Louis XVI). Fouquier-Tinville s'adressera à lui pendant son procès en lui disant la phrase suivante : "La République n'a pas besoin de poète". André Chénier est guillotiné le 7 thermidor (23 juillet).
La rue des marronniers porte ce nom car elle a remplacé une allée plantée de marronniers qui dépendait de l'ancien parc du Château de Passy.
Et le Château de Passy me direz-vous, qu'en est-il ?
Hélas, trois fois hélas, il n'en reste que cette plaque apposée sur le mur de l'un des immeubles actuels.
Autrefois, c'était ça !
Passy et Chaillot vus depuis la plaine de Grenelle
(Charles-Léopold Gervenbroeck -1743)Il y a d'ailleurs sur cette toile plusieurs châteaux ou hôtels particuliers en enfilade. Au premier plan, le Château de Passy, puis l'Hôtel de Lamballe (le bâtiment en rouge sur le tableau) devant l'Hôtel de Valentinois...
Dans la rue de l'annonciation, l'actuelle église de Passy, Notre-Dame de Grâce.
La population de Passy dépendait autrefois de la paroisse d’Auteuil, qui était assez éloignée. Aussi, en 1666, Claude Chahu, Conseiller du Roi, Trésorier Général des Finances et seigneur de Passy, obtint de l’archevêque de Paris la faveur d’ériger une chapelle qui fut Notre-Dame de Grâce : en 1672 le village de Passy était érigé en paroisse distincte et indépendante.
Voici tout ce qui reste de la chapelle Notre-Dame de Grâce, son clocher.
Entrée de la galerie marchande Passyplaza au 53 rue de l'Annonciation
Dans une cour..., un atelier d'artiste : c'est celui de Sarah Lavoine
La rue de l'Annonciation est une rue très animée et commerçante.
Dans la rue Lekain voisine, Anne-Marie nous montre l'emplacement de l'ancien cimetière de Passy qui a été déplacé en 1802 sur la place du Trocadéro.
A l'angle de la rue Lekain et de la rue de l'Annonciation, une boutique qui chatouille les papilles : "Aux merveilleux de Fred", cette pâtisserie artisanale française (qui est installée dans le monde entier) a établi ici l'une de ses succursales. Elle met à l'honneur les spécialités traditionnelles des Flandres.
Voici les "Merveilleux" individuels : ils sont composés de meringue et de crème fouettée au chocolat enrobée de copeaux de chocolat noir.
Appétissantes également ces brioches au chocolat, fabriquées sous les yeux des passants, non ?
Ici se termine notre promenade : nous voici arrivés à la rue de Passy, l'artère principale du village.
Anne-Marie nous montrer ici l'arrivée d'un train dans l'ancienne gare de Passy.
La ligne d'Auteuil, longue de sept kilomètres, fut la seconde étape, (après l'établissement de la ligne de ceinture sur la rive droite et avant la construction de la ceinture rive gauche), de la réalisation d'un chemin de fer qui devait à terme faire le tour complet de Paris et permettre, entre autres, de relier entre elles les grandes gares parisiennes.
L’ancienne gare de Passy, reconvertie en restaurant et située à l’angle du boulevard
de Beauséjour et de la chaussée de la Muette, est de nos jours superbement conservée. Aucun ajout ne vient en perturber l’esthétique.La boucle est bouclée : un grand merci à Anne-Marie pour cette après-midi de dépaysement. J'ai encore une fois appris beaucoup de choses en suivant sa promenade.
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Par Tolbiac204 le 22 Avril 2022 à 23:00
Au mois d'avril, Anne-Marie Guérin, la présidente de notre association, a organisé dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" une sortie dans le 20ème arrondissement intitulée "Le village de Charonne". J'ai doublé cette promenade une semaine après avec d'autres adhérents après avoir potassé ses notes et complété mes recherches sur le net car je n'étais jamais allée dans ce quartier de la capitale, aussi bizarre que ça puisse paraître.
A la sortie du métro Porte de Bagnolet, une dizaine d'adhérents a répondu à l'invitation d'Anne-Marie. Même chose à peu près lors de ma propre sortie.
Ces petits nombres permettent de meilleures conditions de visite.
Anne-Marie nous présente tout d'abord un plan de Paris datant de 1860 montrant l'annexion des villages environnant le Paris préexistant aux grands travaux d'Haussmann. C'est ainsi qu'est né le 20ème arrondissement, issu du rattachement des villages de Charonne et de Belleville à la capitale.
En rouge, le Paris circonscrit par le mur des Fermiers Généraux, en orange les agrandissements sous Haussmann allant jusqu'à l'enceinte de Thiers : c'est le Paris d'aujourd'hui. Lors de son annexion en 1860, le village de Charonne - dont on ne connaît pas l'origine du nom - comptait quinze mille habitants.
Une dizaine d'années plus tard, le village de Charonne est le théâtre de violents affrontements lors de la Commune de 1871, en particulier le 28 mai lors d'un ultime et sanglant épisode. Les derniers insurgés se sont retranchés dans le cimetière du Père-Lachaise (en blanc sur le plan). Les "Versaillais" les attaquent bientôt et une lutte féroce se livre parmi les tombes. Le lendemain à l'aube, les survivants sont fusillés contre le mur d'enceinte. Une large tranchée, ouverte sur place, reçoit les corps : c'est le mur des fédérés.
Selon la tradition, vers 430, Saint Germain, alors évêque d'Auxerre, aurait rencontré sur les coteaux de Charonne une jeune fille de Nanterre, âgée d'environ 10 ans, qu'il consacre à Dieu. Geneviève, c'est son nom, se distinguera dix-sept ans plus tard en défendant Paris contre les Huns d'Atila : elle deviendra la patronne de Paris.
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Notre promenade commence au niveau du boulevard Mortier que nous empruntons pour rejoindre "La campagne à Paris", une cité ouvrière mise en œuvre par une société coopérative créée en 1908.
Des petites maisons poussent sur les gravats des percées haussmanniennes des avenues de la République et Gambetta à l'emplacement d'une ancienne carrière de gypse. La cité ouvrière est achevée en 1926. Malgré l'intervention de différents architectes, l'ensemble présente une certaine unité.
Cela permet à la classe ouvrière (ouvriers, fonctionnaires, employés à faibles revenus) d'accéder à la propriété via une centaine de pavillons construits spécialement pour eux et proposés à des prix abordables.
Tiens... Quelqu'un que je connais !
C'est à l'angle de la rue Irénée Blanc et de la rue Jules Siegfried qu'a été tourné le film "Le petit Nicolas" réunissant à l'écran Kad Merad et Valérie Lemercier.
La maison n'a pas changé...
De nos jours, il semble que le stationnement y soit maintenant interdit.
Il parait que François Hollande et Julie Gayet y ont acheté une maison de 150 mètres carrés sur trois étages, agrémentée d'un jardin arboré, à l'abri des regards indiscrets cette fois-ci. C'est Closer qui le dit...
Peut-être celle de cette photo !!!
Nous quittons ce charmant quartier - véritable havre de paix - en empruntant l'un des nombreux escaliers qui le font communiquer avec le reste du quartier.
La place Edith Piaf n'est qu'à deux pas : on y trouve une statue en bronze - de Lisbeth Delisle - de la célèbre chanteuse dans une posture bien connue.
Nous nous retrouvons ensuite toujours sur la même place autour d'un transformateur EDF sur lequel est fixée une autre sculpture - du belge Michel Devillers - qui rend hommage à la "môme". La légende veut que la chanteuse ait vu le jour sous un lampadaire de la rue de Belleville même si en réalité elle serait née à l'hôpital Tenon.
On peut y trouver les dates d'Edith Piaf (1915-1963) et une dédicace de Jean Cocteau : "Elle est inimitable. Il n'y a jamais eu d'Edith Piaf, il n'y en aura plus jamais."
Une petite boîte à musique permet d'écouter "La vie en rose" et, contrairement à celle de la maison de Brassens dans l'impasse Florimond, elle fonctionne !
Ecoutez Edith Piaf...
Nous nous dirigeons maintenant en direction du Jardin de l'Hospice Debrousse et passons devant ces immeubles (Art Déco, me semble-t-il).
Anne-Marie nous explique qu'il y avait autrefois des vignes à Charonne, en témoigne la rue des Vignoles (vignobles sans le b). L'enceinte des fermiers généraux était en effet une enceinte à caractère financier : il y avait là des octrois où l'on payait des taxes sur les marchandises entrant dans la ville, ce qui régulait un peu le nombre de tavernes de la capitale.
C'est la raison pour laquelle s'établirent ici des guinguettes (à Charonne, Belleville et Ménilmontant) qui étaient de l'autre côté de la barrière. Par ailleurs, on dit que le vin de Charonne n'était pas fameux, juste bon à faire du vin de messe !
Il y avait aussi un château à Charonne, le château de Bagnolet : construit pour Marie de Bourbon-Condé (1606-1692), il fut remanié à la fin du XVIème siècle pour Martin de Bragelongne, Prévôt des marchands de Paris, mais fut détruit en 1856 après être passé entre plusieurs mains.
En 1719, la duchesse d'Orléans, fille naturelle de Louis XIV et de Madame de Montespan et épouse du Régent, acquiert le château et fait édifier vers 1734 des pavillons de repos appelés "folies" tel que celui-là.
Le Pavillon de l'Hermitage est le seul vestige du Château de Bagnolet. Il n'est visitable qu'aux Journées du Patrimoine. Le nom du pavillon ne vient pas du fait qu'il était retiré mais plutôt de son intérieur recouvert de peintures murales en grisaille représentant des ermites en méditation.
Merci Marylène pour la photo...
Le groupe du 22 avril devant le Pavillon
Anne-Marie nous parle de deux événements liés à Charonne.
► Le complot du 21 janvier 1793 : sous la révolution, ce pavillon appartint au Baron de Batz, député à l'Assemblée constituante et contre-révolutionnaire français qui a comploté pour faire évader Louis XVI sur le trajet qui le menait de la prison du Temple à l'échafaud dans le quartier de Bonne-Nouvelle : plusieurs de ses amis ont été guillotinés tandis que lui a réussi à échapper aux révolutionnaires.
► Le massacre de Charonne du 8 février 1962
Nous sommes en pleine guerre d'Algérie, rappelez-vous...
La manifestation contre l'OAS (l'Organisation de l'Armée Secrète militant pour que l'Algérie reste française) organisée par le Parti communiste français est violemment réprimée à la station de métro Charonne. Le mot d'ordre de la CGT et de la CFTC était "tous en masse à 18h30 à la Bastille". La manifestation ayant été interdite, le préfet de police de l'époque, Maurice Papon, décide de la réprimer avec l'accord du ministre de l'intérieur, Roger Frey.
La version officielle, c'est que les manifestants qui essaient de se réfugier dans la bouche de la station de métro se heurtent à la grille du métro qui était fermée, trouvant ainsi la mort piétinés. La réalité est toute autre : les policiers poursuivent les manifestants dans la station en leur lançant des grilles d'arbre et des bancs.
Huit personnes trouvent la mort ainsi qu'un neuvième qui décède à l'hôpital des suites de ses blessures.
Une plaque commémorative de l'événement, à l'intérieur de la station Charonne, est fleurie chaque année lors de la date anniversaire par la CGT, le PCF et l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS.
Le 8 février 2007, quarante-cinq ans après les faits, le carrefour à l'intersection de la rue de Charonne et du boulevard Voltaire a été nommé place du 8 février 1962 par Bertrand Delanoë, maire de Paris.
Les victimes de la manifestation sont enterrées dans le cimetière du Père-Lachaise près du mur des fédérés, dans le secteur où se trouvent les tombes des dirigeants du Parti communiste français.
Une foule de 500.000 à 1.000.000 de personnes suivra leur inhumation.
Le 8 février 2022, le Président de la République a fait déposer une gerbe de fleurs par le Préfet de Police à l'occasion du 60ème anniversaire du massacre lors d'une cérémonie au Père-Lachaise.
Lény Escudéro a écrit, en 1968, la superbe chanson "Je t'attends à Charonne", dédiée aux victimes.
L'affaire est évoquée aussi dans une scène du film "Diabolo menthe" (1977) où le professeur d'Histoire essaie d'intéresser ses élèves qui baillent aux corneilles à l'écoute de son cours sur la Convention en donnant la parole à l'une d'entre elles qui a vécu cette triste actualité.
Cliquez ICI pour voir le passage correspondant.
Au sortir du jardin, nous empruntons la rue de Bagnolet et, aux numéros 134-136, Anne-Marie nous fait remarquer ces curieux escaliers à double volée qui font accéder aux perrons surélevés de deux maisons : la rue passait autrefois à cette hauteur jusqu'en 1847, date à laquelle on la creusa pour que les maraîchers et les charrettes chargées de pierres destinées aux chantiers des fortifications de Thiers de retour sur Paris gravissent plus facilement la pente.
Nous voici arrivés devant l'église Saint-Germain de Charonne qui se trouve située, elle aussi, en haut d'une volée d'escaliers créés probablement à la même époque.
Elle n'a pas toujours été comme ça, en témoigne cette gravure datant de 1830.
L'église s'est rendue célèbre dans la dernière scène du film "Les tontons flingueurs" - le mariage -, où l'on voit l'environnement (le quartier Saint-Blaise) ainsi que l'intérieur de l'église dans la scène des tontons agenouillés sur des prie-Dieu pendant que la voiture de la bande rivale explose...
Il y a un paquet de répliques cultes dans ce film...
"Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". (Fernand Naudin/Lino Ventura)
"Patricia, mon petit, je ne voudrais pas paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L'homme de la Pampa parfois rude reste toujours courtois mais la vérité m'oblige à te le dire, ton Antoine commence à me les briser menu". (Fernand Naudin/Lino Ventura)
"Vous avez beau dire, y'a pas seulement d'la pomme, y a aut'chose... Ca serait pas des fois de la betterave ?". (Paul Volfoni/Jean Lefebvre)
A gauche de l'église, l'entrée du cimetière qui compte 650 tombes.
L'église Saint-Germain de Charonne est la seule avec Saint-Pierre de Montmartre a posséder encore un tel cimetière attenant.
Tout de suite à gauche, le mur des Fédérés rend hommage aux morts de la Commune de Paris en 1871.
Vue générale sur le cimetière et l'église Saint-Germain
Parmi les tombes, certaines sont celles de personnages célèbres.
Celle-ci est celle de Josette Malraux et de ses deux fils. La femme d'André Malraux a été happée par une train en 1944 et ses deux fils sont décédés dans le même accident de voiture en 1961...
Au fond du cimetière, un curieux monument : cet enclos est celui de François Bègue dit le Père Magloire.
A qui voulait bien l'entendre, et ils furent nombreux, François Bègue racontait qu'il avait été le secrétaire de Robespierre et qu'il avait échappé in extremis au 9 Thermidor qui entraîna la chute de l'incorruptible. N'avait-il pas aussi créé une superbe rose ?
Tout ceci n'est que le fruit de l'imagination débordante du personnage. Peintre en bâtiment, ou serrurier, et aussi un peu rebouteux, il avait accumulé une fortune des plus rondelettes qui lui permit d'acheter cet emplacement en 1833 et d'y faire édifier ce monument avec des matériaux de récupération.
On trouve aussi non loin de là la tombe de Pierre Blanchar, acteur et metteur en scène français qui a notamment joué aux côtés de Michèle Morgan dans le film de Jean Delannoix "La symphonie pastorale" en 1946 récompensé par la première Palme d'or au Festival de Cannes.
En sortant du cimetière, on passe aussi devant la tombe de Robert Brasillach.
Le voici peu avant son exécution
Ecrivain, journaliste - patron de "Je suis partout" - et polémiste, il était également collaborateur et a été fusillé au fort de Montrouge à la libération malgré la démarche de François Mauriac auprès du Général de Gaulle. L'église et son cimetière sont longuement décrits dans l'un de ses livres "Les sept couleurs".
Avant de quitter le cimetière, une photo amusante : ce chat était déjà présent le 15 avril ! C'est un habitué du cimetière... Il faut dire qu'il y est régulièrement nourri.
A l'angle de la rue des Pyrénées et de la rue de Bagnolet se trouve une "pelle" Stark intitulée "Casque d'or" dont on reparlera plus tard.
Idem de l'ancienne gare de la Petite Ceinture et de ses rails désormais désaffectés que nous croisons rue de Bagnolet. La Flèche d'Or est un lieu entre salle de concert, bar et lieu de convivialité.
Pour l'instant, place à la visite du quartier Saint-Blaise
La rue Saint-Blaise fait juste face à l'église Saint-Germain et nous allons la descendre jusqu'au bout non sans nous retourner pour profiter de la jolie vue sur l'église (photo "parisianavores.paris").
Voyez comme elle est joliment décorée de jardinières fleuries !
Celle-ci m'a bien plu...
Petit arrêt devant ce magasin qui vend des Panamas
Vue sur une superbe cour intérieure
Beaucoup de Street Art dans la rue Saint-Blaise
Celui-ci est de Thomas (@loup-y-es-tu)
Mais que regarde ce loup et ce petit chaperon rouge... ?
Ce petit personnage qui dit un mot que je n'ose pas transcrire...
Pas mal aussi cette adolescente avec sa plume et son chien...
Sur cette place appelée Place des Grès (son nom fait référence à un ancien dépôt de pavés de grès de Fontainebleau), se trouvait au Moyen-Age le poteau de justice (ou pilori) des seigneurs de Charonne. Il était doté d'un carcan d'infamie auquel on attachait les condamnés pour les livrer à la vindicte populaire.
Tout est dit !
En continuant un peu plus bas la rue Saint-Blaise, un joli portail datant du XVIIIème siècle orne l'entrée d'une copropriété récemment rénovée.
Etrange mais heureuse association...
Empruntant maintenant la rue Vitruve au niveau de la place des Grès, nous passons devant une plaque signalant que Barbara a habité cet immeuble entre 1946 et 1959. On peut y lire : "Et faire jouer la transparence au fond d'une cour aux murs gris où l'aube aurait enfin sa chance", un texte issu de sa chanson "Perlimpinpin". Je l'avais oubliée...
Angle rue Vitruve et rue Albert Marquet : regardez la Salamandre ! (le square du même nom n'est pas loin).
La plaque dit ceci : "On raconte dans la légende qu'une salamandre après être passée par le square où elle aurait laissé une longue trace, se serait dirigée vers la rue Albert Marquet et s'arrêta pour se reposer dans un coin de la rue Vitruve..."
Je vous avais parlé de la rue des Vignoles au début de ce post, et bien nous y sommes arrivés. Ce joli nom évoque en effet la culture de la vigne, autrefois l'une des activités principales des habitants de l'actuel 20ème arrondissement et, tout particulièrement, du coteau de Charonne prédisposé à la viticulture par son exposition et la composition de son sol. Les grandes abbayes parisiennes y possédèrent très tôt vignes et pressoirs, qui leur procuraient le vin nécessaire à la célébration de la messe.
Plus tard, ces coteaux produisirent un vin aigrelet, appelé "guinguet" (d'où la désignation des lieux où on le buvait comme "guinguettes").
Cette rue est traversée par d'innombrables petites impasses aux noms évocateurs. Celle-ci, l'impasse Satan, voisine avec le passage Dieu mais il y a aussi l'impasse de la Confiance, l'impasse des Souhaits ou encore l'impasse Poule...
L'impasse des Vignoles
Avouez qu'on oublie qu'on est en plein Paris ici.
La rue de la Réunion que l'on croise un peu plus bas doit son nom au fait qu'ici les habitants des villages de Charonne et d'Avron pouvaient s'y rencontrer puisqu'ils étaient voisins.
Nous passons rapidement au large de l'église Saint-Jean-Bosco, de style Art déco. Il faudra que je retourne la visiter car cela en vaut sûrement la peine.
Anne-Marie a prévu de faire une pause dans le Jardin Casque d'Or voisin où elle nous parle de la petite ceinture et de l'histoire de Casque d'Or.
► La Petite Ceinture
La ligne de la petite ceinture de Paris, communément désignée sous le nom de "Petite Ceinture", est une ligne de chemin de fer à double voie de 32 kilomètres de longueur encerclant Paris à l'intérieur des boulevards des Maréchaux. Bien que faisant toujours partie du réseau ferré national, elle est aujourd'hui inutilisée sur la majeure partie de son parcours. Ouverte par tronçons de 1852 à 1869, la Petite Ceinture permet tout d'abord aux trains de marchandises de contourner Paris : ses embranchements avec toutes les grandes lignes évitent un trajet jusqu'aux gares terminus. À partir de 1862, elle absorbe la ligne d'Auteuil dans sa partie occidentale et s'ouvre aux voyageurs. Elle offre ainsi aux ouvriers, pour un tarif modéré, un service circulaire à travers les quartiers périphériques de la capitale, où les travaux d'Haussmann les ont relégués.
Après un apogée du trafic atteignant 38 millions de voyageurs lors de l'exposition universelle de 1900, les Parisiens délaissent de plus en plus la Petite Ceinture. Ses fréquences insuffisantes, l'espacement entre les gares, leurs équipements vieillots et leur accès parfois malaisé rebutent. Elle subit en outre la concurrence du métropolitain et de l'autobus, nouveaux moyens de transport mieux adaptés aux besoins urbains. Elle ferme définitivement aux voyageurs le 23 juillet 1934. Son trafic est aussitôt repris par une ligne d'autobus homonyme nommée « PC ». Seuls circulent encore, de nuit, quelques trains de grandes lignes. Le transport des voyageurs parisiens est maintenu sur une partie de la ligne d'Auteuil, intégrée en 1988 à la ligne C du RER pour former la nouvelle ligne d'Ermont - Eaubonne à Champ-de-Mars. Quant au trafic de marchandises, il se poursuit jusqu'aux années 1990.
Le groupe du 15 avril sous la guidance d'Anne-Marie
► L'histoire de Casque d'Or
Le film de Jean Becker, sorti en 1952, est inspiré de l'histoire vraie d'Amélie Elie, surnommée "Casque d'Or". Née le 14 mars 1878 à Orléans et morte le 6 avril 1933 à Bagnolet, Amélie Elie est une célèbre prostituée française appartenant au milieu des Apaches, des bandes criminelles du Paris de la Belle Epoque.
La jeune orléanaise se montre précoce en se mettant en ménage à treize ans avec un ouvrier de quinze ans surnommé "le Matelot". Retrouvés à l'Hôtel des Trois Empereurs, ils sont séparés de force. Le Matelot partage alors sa vie entre maisons de correction et fugues mais l'aventure avec Amélie dure un an.
A quatorze ans, Amélie perd sa mère et se retrouve à la rue. Elle abandonne son petit ami, le Matelot, et lui préfère la compagnie plus réconfortante d'une prostituée, qui se fait appeler "Hélène de Courtille". Celle-ci l'accueille chez elle et la lance sur le trottoir. La petite et la femme deviennent amies et amantes. Amélie s'adapte au Paris de la nuit et au monde des voyous au service des souteneurs que la presse, comparant la Zone au Far-West, appellera les Apaches.
Puis, elle rencontre "Bouchon", un autre souteneur qui la tabasse : elle s'enfuira de Charonne pour aller à la Bastille. Elle a alors dix-neuf ans et rencontre Joseph Pleigneur, dit "Manda", un chef de bande de vingt-deux ans (joué par Serge Reggiani dans le film) : profession, cambrioleur... Manda s'absente souvent pour affaires et Amélie, en son absence, rejoint la rue. C'est alors qu'elle rencontre Dominique François Eugène Leca (joué par Claude Dauphin dans le film) dans un bouge des Halles nommé le "Caveau des Innocents".
Manda déclenche les hostilités en portant un coup de couteau à Leca. La guerre est déclarée. Les deux bandes s'affrontent et Leca en ressort avec deux balles de révolver dans le bras et la cuisse. L'affaire "Manda-Leca" fait la Une de tous les journaux. Leur procès, en 1902, aboutit à leur déportation en Guyane où ils mourront tous les deux.Amélie, elle, se marie dans le 20ème arrondissement en 1917 et devient bonnetière. Son époux est cordonnier et s'appelle André Nardin. Elle élève ses quatre neveux mais ouvre un peu plus tard une maison close rue des Rosiers appelée "Les rosiers". Elle meurt de la tuberculose en 1933 à l'âge de 55 ans. Elle est inhumée au cimetière de Bagneux.
La bande-annonce du film de Jacques Becker
Le groupe du 22 avril avec moi
La promenade se termine sur le boulevard de Charonne au niveau du métro Avron.
Un grand merci à Marylène pour les photos qu'elle m'a envoyées et qui ont complété les miennes.
Et merci aussi bien sûr à Anne-Marie pour avoir préparé et guidé cette jolie balade.
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