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    C'est Michel Duffau qui, pour la seconde fois cette année, guide cet après-midi l'atelier de Générations 13 intitulé "Petites promenades dans Paris". Il a choisi aujourd'hui de nous entraîner sur les pas de Georges Brassens en nous contant sa vie au fil des différents lieux qu'il habita dans Paris et même ailleurs.

    Le rendez-vous est donné à la station de bus Didot sauf que... la RATP est en grève ! Je rejoins donc, à pinces, la dite station où je retrouve une quinzaine d'autres adhérents de l'association, ayant sans doute été, comme moi, bercés par les mélodies de Brassens.

    Michel nous retrace tout d'abord l'enfance du poète, né à Sète en 1921 d'un père, Jean-Louis, qui est maçon et d'une mère napolitaine, Elvira, lingère.

    En compagnie de ses parents, consultant l'album de famille en 1954

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Georges Brassens va dédier plus tard une très belle chanson à ses parents, qu'il chantera en duo avec Patachou.

    Maman Papa

    Georges, que ses camarades surnomment "le gros", était un élève que l'on pourrait qualifier de "classique" mais au collège il s'ennuie ferme. Sa vie commence après la classe, entre baignades et virées avec les copains. Seul son professeur de français, Alphonse Bonnafé, l'intéresse beaucoup. Ce dernier encourage le jeune homme à lire de la poésie, lui qui plus tard mettra d'ailleurs en musique ses poètes préférés (François Villon, Victor Hugo et Aragon). Georges va par la suite, pendant toute sa vie, dévorer les livres.

    la maison, tout le monde chante et le bambin connaît rapidement le répertoire à la mode, avec une prédilection durable pour Ray Ventura puis Charles Trenet. Il écoute aussi les chansons de Fréhel et de Mireille (vous savez..., Le Petit Conservatoire de la chanson). Un peu plus tard, il découvre le jazz qui influencera ses compositions très rythmées et sa scansion, reconnaissables entre toutes. 

    Après avoir commis quelques larcins en compagnie d'une bande de "garnements", Georges écope de quinze jours de prison avec sursis (les avis divergent sur la durée exacte de la peine). Exclus du lycée, son père l'envoie à Paris où il est hébergé chez sa tante, Antoinette, la sœur de sa mère. Celle-ci habite une pension de famille au 173 de la rue d'Alésia dans le XIVème arrondissement.

    Nous sommes dans les années 1940 : Georges Brassens a environ 17 ans.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Antoinette possède un piano et des méthodes pour apprendre : Georges, qui vient d'être engagé aux usines Renault pour trois mois (même si son désir profond était de ne pas travailler !) ne se le fait pas dire deux fois : il compose ses premières musiques au piano puis les transcrit à la guitare pour pouvoir se produire dans les cabarets de la rive gauche qui sont exigus.

    Il écrira quelque 200 chansons dont certaines ont été composées dès cette époque ou un peu plus tard comme : La mauvaise réputationLa mauvaise herbeles quatre bacheliersLes ricochets...

    Brassens chante ici La mauvaise herbe en compagnie de ses amis attablés. Parmi eux, on reconnaît Pierre Tchernia et Marcel Amont avec lesquels il est très lié.

     

    Les ricochets, une vraie pépite ! Ecoutez-le faire l'apologie d'Apollinaire...

    C'est devant cette grande photo de l'artiste placardée sur un mur aveugle de la rue d'Alésia que Michel va faire durer le suspense pendant une petite demi-heure avant que l'on découvre "pour de vrai" la fameuse impasse Florimont où Georges Brassens habitera pendant 22 ans.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Le temps de nous conter la suite de l'histoire !

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    A cette époque, Brassens rencontre une amie de sa tante, Jeanne Le Bionnec, de trente ans son aînée, couturière, avec laquelle il va entretenir une liaison. Mais la guerre éclate et il est envoyé au STO à Basdorf, près de Berlin, en Allemagne pour travailler à l'usine BMW qui fabrique des moteurs d'avion.

    Il va s'y faire une bande de copains qu'il ne quittera jamais. Il rencontre en particulier Pierre Onténiente dit "Gibraltar" qui travaille à Basdorf comme bibliothécaire qui deviendra son secrétaire particulier et René Iskin qui sera le premier interprète de ses chansons.

    Brassens et Gibraltar en 1975

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Michel Duffau nous raconte une anecdote concernant cette période : dans leur chambrée, les jeunes gens râlaient après Brassens qui lisait ou qui écrivait ses poèmes à la lueur de la bougie tard dans la nuit jusqu'à ce que le jeune Georges se propose, en compensation, de leur préparer le café du matin...

    Il nous explique aussi que les allemands, pour dissuader les jeunes de s'évader lors d'une permission, les menaçaient de représailles envers leurs camarades en cas d'évasion. Georges étant bien aimé de tous, ses copains l'encouragèrent à prendre la poudre d'escampette à l'occasion d'un permission, ce qu'il fit : il ne reviendra jamais en Allemagne.

    Nous sommes le 21 mars 1944 : Georges emménage chez Jeanne et Marcel Planche, au numéro 9 de l'impasse Florimont. Marcel boit pas mal mais c'est un bon gars. Un drôle de ménage à trois s'instaure alors entre Jeanne et ses deux hommes. Marcel ne prend pas ombrage de la liaison entre son épouse et leur jeune protégé. Mieux ; il l'adopte comme un fils.

    Jeanne et Georges quand il n'a que 19 ans.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Alors, cette impasse, on va pouvoir la voir... ?

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Mais oui, pas de souci !

    Voici déjà deux plaques intéressantes : celle où l'on voit que Georges Brassens habita cette impasse entre 1944 et 1966 (époque pendant laquelle il écrivit ses premières chansons) surmonte une autre plaque qui indique qu'ici - dans l'impasse Florimont - est né son contrebassiste, Pierre Nicolas.

    Quel hasard tout de même !

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Tout au fond de l'impasse, de deux mètres de large, la maison de Jeanne et Marcel que nous commente Michel.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

     Il s'agit d'une maison - sans eau ni électricité - avec un étage et une cour attenante où vivent toutes sortes d'animaux : des chats, des chiens, des volatiles etc.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Brassens va y écrire La cane de Jeanne.

    Les maisons de Georges Brassens avec Michel Duffau

     

    Brassens en compagnie de Jeanne et de Marcel

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Le 22 septembre 1994, à l’initiative de l’association Les Amis de Georges, un bas-relief en bronze - réalisé par le chanteur Renaud - est fixé contre le mur de la maisonnette.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    En-dessous, une petite boîte à musique en forme de CD représente l'ouïe d'une guitare : une petite manivelle permettait, du temps où elle fonctionnait encore, de pouvoir écouter une chanson du poète.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Nous aurions pu ainsi écouter Les amoureux des bancs publics, une chanson qui a fait le tour du monde.

    Le 1er octobre 2005, Claudy Lentz de la ferme Madelonne, à Gouvy en Belgique, prit l'initiative de mettre trois chats sur la maison de Georges, en souvenir des nombreux chats recueillis par la Jeanne. L'autorisation put être obtenue auprès de Pierre Onténiente grâce à l'intervention de Valérie Ambroise, une artiste qui chanta Brassens après sa mort. Ces chats en terre cuite ont été réalisés par Michel Mathieu, potier à Tulette.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

     Pendant une décennie (de 1942 à 1952), le couple va nourrir, choyer, blanchir, le jeune Brassens jusqu’à ses débuts chez Patachou.

    Le voici photographié dans son bureau en compagnie de son chien.

     Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Michel nous emmène, après cette découverte de l'impasse Florimont, nous "poser" dans le square voisin, l'occasion d'une petite photo du groupe.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Là, Michel continue de nous raconter Brassens...

    Trop timide pour s’exhiber sur scène, Georges attendra dix ans avant de présenter ses chansons. Il peaufine, rature, corrige ses textes jusqu’à la perfection autant que ses mélodies : Pauvre Martin Une jolie fleurIl n’y a pas d’Amour heureuxJe me suis fait tout petit...

    Il dédiera plusieurs chansons à Jeanne et Marcel.

    Chez Jeanne, la Jeanne...

    L'auvergnat (même si Marcel était né à Brie-Comte-Robert...)

    Après la guerre, ce furent des années de grande misère où il allait souvent se faire nourrir chez ses amis du STO.

    A cette époque, il compose BonhommePauvre Martin et...

    A l'ombre des maris

    Brassens a en effet fréquenté beaucoup de femmes mariées, clandestinement pour ne pas faire de mal à Jeanne. Ainsi la petite "Jo", une jeune fille de seulement 17 ans qui lui inspira Une jolie fleur et Putain de toi.

    Georges Brassens, c'est bien connu, est un grand timide : comme beaucoup d'auteurs-compositeurs, il n'aime pas chanter. Il a beau auditionner dans des cabarets, il est souvent refusé (malgré l'aide de son ami Jacques Grello : vous vous souvenez, l'homme aux lunettes rondes à la télé !)

    Michel nous raconte une anecdote amusante (que j'ai mal entendue) mais il me semble que Jacques Grello avait payé trop d'impôts au fisc et qu'il a acheté avec la somme qu'on lui avait rendue une guitare qui deviendra celle de Brassens.

    C'est aussi l'époque de cette chanson que j'entendais très souvent chez mes parents étant jeune et que j'adorais, Le bricoleur. C'était sur un vinyle de Patachou et je la trouvais vraiment très drôle. J'ai toujours le disque et le tourne-disque qui va avec ! Allez, je ne résiste pas à vous la faire écouter, comme Michel nous l'a lui-même fredonnée...

    Au fait, savez-vous pourquoi ce surnom de Patachou... ? Michel nous explique qu'elle avait ouvert une boulangerie et lui avait donné le nom de "Chez Patachou". Ce nom lui est resté.

    C'est vraiment elle qui a lancé Brassens en lui donnant l'occasion de se produire à l'issue de l'un de ses propres récitals en janvier 1952. Le premier soir, elle chante Brave Margot et Les Amoureux des bancs publics et propose à son public de rester à la fin du spectacle afin de découvrir l'auteur de ces chansons. Brassens monte alors sur la scène du cabaret et chante, entre autres, Le Gorille et Putain de toi, que Patachou estimait ne pas pouvoir interpréter elle-même.

    Encouragé par PatachouBrassens fait ses débuts professionnels sur la scène du Théâtre des Trois Baudets, avec Jacques Canetti qui l'engage pour trois ans et qui enregistre ses premiers disques 78 tours chez Polydor (dans lesquels il chante La mauvais réputationLe mauvais sujet repentiLe gorille et Le petit cheval). C'est à partir de ce moment que Brassens est véritablement lancé.

    Finis les doutes, les désillusions, les découragements, les incertitudes, l'inconfort, le lit-cage, l'eau gelée dans la cuvette, la lumière aux bougies, finies les années galères à la charge exclusive de Jeanne et de Marcel !

    Une autre femme qui a beaucoup compté dans la vie de Brassens : il s'agit de Joha Heiman, mieux connue sous le nom de Püppchenqu'il rencontre en 1947 et dont il partagera la vie pendant plus de trente ans.

    Elle lui inspire cette chanson : Je me suis fait tout petit devant une poupée

    Elle est d'ailleurs enterrée au cimetière de Sète aux côtés du poète même s'il n'a jamais voulu lui passer la bague au doigt, l'occasion tout de même d'écrire une chanson...

    La non demande en mariage

    Michel nous fait ensuite un petit résumé de la carrière de Brassens : j'ai pris quelques notes rapidement donc je ne suis pas sûre des dates...

    En 1953, il se produit aux Trois Baudets et à La Villa d'Este.

    En 1954, il triomphe à l'Olympia deux fois et fait Bobino quatre fois.

    En 1955, c'est à nouveau l'Olympia qui l'accueille.

    Entre 1954 et 1977, il se sera produit treize fois à Bobino !

    Je le verrai deux fois dans ce théâtre mythique.

    A propos des Trois Baudets : séduit par les chansons qui passent à la radio, l’écrivain René Fallet va l’écouter un soir dans cette salle de concert du XVIIIème arrondissement. Il en sort ravi et son enthousiasme le pousse à publier un article dithyrambique dans Le Canard enchaîné du 29 avril 1953 : "Allez, Georges Brassens !"

    "La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et... à la chasse aux papillons."

    Touché, Brassens lui écrit pour le remercier et lui demander de venir le voir aux "Trois Baudets". Leur rencontre sera le début d’une amitié qui durera le restant de leur vie.

    Michel en a presque terminé avec "Les maisons de Brassens".

    Il nous parle tout de même encore du moulin qu'il acheta à CrépièresLe Moulin de la Bonde, où il se rend très souvent pour réunir ses bandes de copains, la maison de Jeanne étant trop petite.

    Ses copains, ce sont : les copains de son enfance à Sète, Les copains du STO à Basdorf, et les copains du milieu de la chanson. Dans ce dernier cercle, il y aura Marcel Amont et Fred Mella (Les Compagnons de la Chanson).

    Georges Brassens a revendu ce moulin quand il a été question de construire, à côté, un lotissement. Et puis, il faut dire qu'il s'est fait souvent cambrioler...

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Ces cambriolages à répétition nous ont laissé une belle chanson...

    Stances à un cambrioleur

    La fin de notre promenade nous conduit dans le XVème arrondissement voisin, rue Santos-Dumont où Brassens habita dans les années 1970.

    La villa Santos-Dumont voisine de la rue du même nom possède beaucoup de charme. Il existe comme ça dans Paris, des havres de paix que l'on ne soupçonne pas toujours.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Les maisons de Georges Brassens avec Michel Duffau

    La rue Santos-Dumont présente un alignement de petites maisons datant du début du XXème siècle. C'est dans deux de celles-ci, aux N° 42 et 46, que Brassens a vécu.

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Une dernière photo pour vous présenter la maison que Georges Brassens acheta en Bretagne : il s'agit de la Villa Flandry à Lézardrieux dans les Côtes d'Armor. L'artiste venait s'y reposer ou y trouver l'inspiration jusqu'à sa mort en octobre 1981. On en rêverait, non ?

    Les maisons de Georges Brassens avec Générations 13

    Merci à Michel Duffau d'avoir préparé cette sortie et de l'avoir animée.

    Pour ma part, je l'ai beaucoup appréciée.


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  • Ce jeudi, nous avons battu le pavé, guidés par Anne, à la découverte des passages insolites de la capitale, situés au cœur du Sentier. Il s'agissait bien sûr de la promenade bimensuelle qu'elle organise dans le cadre de son atelier "Marches de 6 km" au sein de Générations 13.

    Les 2e et 10e arrondissements en regorgent : il y avait là en effet, depuis 1789, des terrains confisqués à la noblesse et au clergé propices aux opérations immobilières. C'est ainsi qu'au 19e siècle y sont créés les premiers passages couverts drainant la clientèle aisée habitant la rive droite de la Seine.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Nous commençons notre promenade à la station Château d'Eau en découvrant, à travers des grilles hélas fermées, le Passage du Désir (autrefois Allée du Puits) au niveau du numéro 50 du boulevard de Strasbourg. Ce passage, éventré en 1852 au moment du percement dudit boulevard, possède cette belle entrée car les urbanistes haussmanniens et leurs successeurs avaient l'obligation, lorsqu'un nouveau boulevard coupait un vieux passage, de le refaire démarrer par une élégante arcade.

    Une chance, non ?

    Les passages couverts insolites de Paris

    Sous le porche, une belle voûte en briques et pierre (photo Le piéton de Paris)

    Les passages couverts insolites de Paris

    Il s'agit d'une copropriété de six cages d'escalier.

    Les passages couverts insolites de Paris

    La cour est très élégante avec les arcades de ses anciennes boutiques et ateliers en rez-de-chaussée.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Nous gagnons la rue du Château d'Eau non sans remarquer (merci Françoise H.) cette peinture murale qui donne l'illusion au promeneur qu'ici il y a toujours du soleil, ce qui n'est définitivement pas le cas aujourd'hui !

    Les passages couverts insolites de Paris

    Au croisement de la rue du Château d'Eau et de la rue du faubourg Saint-Martin, la mairie du 10e arrondissement a fière allure. Elle fait partie du quartier de la Porte Saint-Denis comme le montre ce très joli cartouche décoré d'un oiseau.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Il s'agit d'un bâtiment inspiré de la Renaissance française, dû à un architecte, Eugène Rouyer, arrivé second au concours de la reconstruction de l'Hôtel de Ville de Paris (brûlé pendant la Commune de Paris). Au niveau de la toiture, très verticale, une série de petites lucarnes surmontées de pinacles forment comme une dentelle de pierre.

    J'aime beaucoup.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Passé le perron, on accède au grand hall d'entrée, très vaste, débouchant sur un majestueux escalier d'honneur qui a tapé dans l'œil de tous les participants.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Conçu à doubles volées, il repose sur des arcs en anse de panier. A son sommet, une loggia rythmée de colonnes à chapiteaux corinthiens plonge sur le vide du rez-de-chaussée.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les dessins de différents peintres illustrateurs de livres pour enfant provenant du fonds patrimonial "Heure Joyeuse" a attiré notre attention. Dans ceux d'Isabelle Simler, les chats ont la part belle, mais pas que...

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris 

    Dans la rue Bouchardon, le marché Saint-Martin doit être un lieu sympathique pour faire ses courses. Le marché actuel est situé au rez-de-chaussée d'un immeuble moderne construit en 1987-1989. 

    Les passages couverts insolites de Paris 

    La toiture de l'ancien marché édifié en 1854 s'effondra en 1874 suite à une surcharge de neige entrainant la démolition entière du bâtiment.

    Les passages couverts insolites de Paris

    On conserva toutefois les portes de l'ancien marché.

    Les passages couverts insolites de Paris 

    Le Passage du marché a beaucoup de charme avec la terrasse de son petit hôtel qui invite le promeneur à s'asseoir pour boire un petit verre.

    Les passages couverts insolites de Paris

    On voit dans ce quartier des vêtements qui paraissent d'un autre âge...

    Les passages couverts insolites de Paris

    Tous les passages n'ont pas de belles entrées..., tel le passage Brady situé au 43 rue du faubourg Saint-Martin. 

    Les passages couverts insolites de Paris 

    Déjà ressortis ? Mais non, nous sommes ici dans la partie découverte de ce passage

    Les passages couverts insolites de Paris 

    Dans ce magasin, la maison Sommier (costumier depuis 1922) tout ici pour se déguiser, depuis l'enfant jusqu'à l'acteur de théâtre ! 

    Les passages couverts insolites de Paris

    Un peu d'histoire

    En 1825, un commerçant du nom de Brady commence les travaux de ce passage qui sera finalement inauguré en avril 1828 et qui portera le nom de l’initiateur du projet. Dans les années 1831, c’est un lieu ou abondent les friperies, les revendeurs et les cabinets de lecture.  Puis, dans les années 1970 commencent à s’installer des commerçants indiens et pakistanais, jusqu’à occuper la quasi totalité du passage, c’est ce qui lui vaut son surnom aujourd’hui, la « petite Inde ».

    En Mars 2002, la partie couverte du passage est inscrite aux monuments historiques de Paris. Plus tard, des marchands de sommeil s’emparent de l’endroit, il devient peu à peu insalubre et la nuit tombée on redoute de s’y promener à cause de l’insécurité. En 2007, un terrible incendie finit de ternir la réputation du passage de Brady, on lamentera la mort de deux femmes et d’une fillette.  Heureusement, depuis 2011 le passage Brady reprend des couleurs, les immeubles sont réhabilités, les insalubrités résorbées et l’insécurité ne règne plus dans cette merveille du 19e siècle.

    L'autre partie, couverte, du passage se trouve de l'autre côté du boulevard de Strasbourg : ah, ce baron Haussmann tout de même, il en a fait des dégâts dans Paris ! On est tranquilles avec Anne Hidalgo maintenant : elle ne risque pas de favoriser les voitures dans la capitale, hi hi hi...

    Je plaisante, bien sûr mais ce n'est pas drôle !

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    A l'entrée du passage, une plaque avec un nom, celui d'Antoine Ponnoussamy qui redonna vie au passage Brady en apportant la gastronomie et la culture indienne dont la musique, la danse et le cinéma. Pionnier, il fut le fondateur de la première association culturelle franco-indienne dans les années 1970. Il œuvra pour l'ensemble de la communauté indienne de France.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Effectivement, tous les restaurants du passage sont soit indiens soit pakistanais et..., affichent des prix défiant toute concurrence.

    Les passages couverts insolites de Paris

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    Appétissant, non ?

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    Cet institut de beauté est aussi indien, même s'il affiche qu'il est bien à Paris !

    Les passages couverts insolites de Paris

    Quant aux coiffeurs, ils tiennent le haut du pavé et sont légion.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    Des colliers de fleurs naturellement dans cette "épicerie-artisanat" riche d’une expérience de quarante ans, spécialisée en produits des Indes proposant d'ailleurs à sa clientèle une très large gamme d’épices, thés et autres produits rares, mais aussi des produits de soins naturels, de l’artisanat et des encens.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Si vous cliquez ICI, vous verrez dans le Journal du village Saint-Martin le parcours extraordinaire d'Antoine Ponnoussamy...

    Les passages couverts insolites de Paris

    Du passage de l'Industrie,

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    Je n'ai retenu que ce fauteuil à 2500 euros. Il faut dire qu'il en jette !

    Les passages couverts insolites de Paris

    Nous rejoignons le boulevard de Strasbourg et passons devant le célèbre théâtre Antoine.

    Celui-ci a vu passer d'illustres auteurs tels qu'Albert Camus ou encore Jean-Paul Sartre, des metteurs en scène de renom comme Peter Brook ou Louis Jouvet ainsi que de prodigieux acteurs à l'image de Pierre Brasseur et Jacqueline Maillan. Le personnage le plus mémorable reste toutefois celui qui a donné son nom au théâtre, à savoir André Antoine, qui a provoqué dans cette salle une véritable insurrection artistique : le Théâtre Libre. La vocation de ce mouvement proche du naturalisme est la liberté ; le théâtre est conçu comme un fantastique laboratoire où des auteurs délaissés trouvent désormais leur place. Le jeu de l'acteur s’affranchit de toute contrainte conventionnelle afin que la mise en scène atteigne son apogée.Les passages couverts insolites de Paris

    Un peu plus loin, au coin de la rue de Metz, un immeuble intéressant : celui de la BNP Paribas.

    L'immeuble a été bâti en 1900 par Charles Lefebvre. Il est entièrement construit en béton armé, ce qui autorise la présence de grandes baies éclairant les bureaux. Les façades sont rythmées par des bow-windows superposés. Un revêtement en mosaïque de grès émaillé dû aux célèbres céramistes Alphonse Gentil et Eugène Bourdet recouvre l’ensemble du bâtiment.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Décorée d’imposants lions sculptés, la façade est couronnée par une mosaïque percée d’un oculus et surmontée d’une corniche saillante cintrée.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    En vue de la Porte Saint-Denis qui, en fait, n'est pas une porte mais un arc de triomphe destiné à commémorer les 40 villes prises par Louis XIV lors de la bataille du Rhin.

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    Le Passage du Prado : une entrée plus que simple qui s'explique peut-être par l'année de percement du boulevard Saint-Denis dans lequel il prend (1660).

    Les passages couverts insolites de Paris

    Le passage est créé en 1785 : initialement découvert, il est couvert en 1925. Son nom, donné en 1930, fait référence au musée du Prado à Madrid. Avant cette date, il était appelé « Passage du Bois-de-Boulogne », en référence à un bal public qui s'y trouvait, le bal du Bois-de-Boulogne. En 1836, y tient commerce un commissionnaire du Mont de Piété tandis que la société Les voitures de Paris à Saint-Denis y ont leur siège.

    En 2012, le passage a subi une profonde restauration. Au sol a été coulée une dalle de béton, recouverte d'un revêtement d'asphalte poli incrusté de morceaux de verre

    Zut, je l'ai loupé...

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    La rénovation des fermes repeintes de couleurs vives lui a apporté une note de gaité.

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    L'installation créée rend hommage au quartier indien : des carafes lumineuses inversées, luminaires pensés par Yann Kersalé et SNAIK pour la cristallerie Baccarat ont été fixées sous les éléments décoratifs en plâtre.

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    La verrière Art déco après rénovation

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    Le style architectural des supports de la verrière renvoie à l'expo des Arts décoratifs de 1925.

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    La photographe photographiée (merci Françoise H.)

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    Communautés turques, indo-pakistanaises, afghanes y cohabitent dans une multitude d'activités.

    Evidemment, ici on déjeune exotique...

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    Et le bureau de traduction qui y est installé ne chôme pas.

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    La Porte Saint-Denis sous un angle inhabituel

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    Dans la rue Saint-Denis, encore des boutiques proposant des vêtements un brin démodés, quoique..., ce sont apparemment des robes de mariées.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Une bonne initiative, respectée en plus !

    Les passages couverts insolites de Paris

    Je pensais que des restaurants Ouïghour, il ne devait pas y en avoir des masses sur Paris : que nenni, celui-ci "Boulettes restaurant" est loin d'être le seul. Pas eu le temps d'aller voir ce qu'on peut y déguster mais sur le net j'ai vu qu'il était tenu pas du tout par un ouïghour qui aurait échappé aux geôles chinoises (encore une mauvaise plaisanterie...) mais par un certain Kevin Austruy, bien de chez nous et surtout "Meilleur Ouvrier de France". Apparemment, c'est excellent et pas cher.

    Les passages couverts insolites de Paris

    La devanture fleurie ornée d'une céramique de cet autre restaurant, la brasserie Dubillot, incite à s'y attarder.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Il paraitrait qu'on y mangeât bien aussi.

    Ouvert tous les jours. Service continu de 9h à 1h du matin
    222 Rue Saint-Denis, Paris 2ème
    Métro : Réaumur-Sébastopol

    Les passages couverts insolites de Paris

     Mais nous ne sommes pas là pour parler cuisine n'est-ce pas ?

    Nous voici maintenant arrivés à l'entrée du Passage du Caire donnant sur la rue Saint-Denis. Son entrée est soignée et fermée par d'élégantes grilles en fer forgé. Comme pratiquement tous les passages couverts de la capitale, celui-ci ferme le soir.

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     Nous sommes en plein dans le Sentier avec ses magasins de gros de toute sorte. La principale industrie de ce passage au 19e siècle était l'imprimerie, la lithographie et la fabrication des chapeaux de paille. 

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     Actuellement, c'est principalement la fabrication de mannequins pour vitrines de magasins de mode.

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    Ca déballe, ça déballe...

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    C'est aussi ici le royaume du commerce de la confection.

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    Cela fait plusieurs fois que je remarque ces anciennes lanternes indiquant autrefois la présence de gardiens ou de concierges dans le passage.

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    Il serait facile de se perdre dans ce labyrinthe de ruelles qui s'entrecroisent mais heureusement, nous avons un bon guide !

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    L'art des verrières

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    Le Passage du Caire débouche sur la place du même nom au niveau d'un superbe immeuble dont la façade est décorée à l'antique. La place, triangulaire, a été ouverte à la fin de l'année 1799 sur une partie des bâtiments et des jardins du couvent des Filles-Dieu et son nom lui fut donné en mémoire de l'entrée victorieuse des troupes française au Caire le 23 juillet 1798.

    C'était ici autrefois l'emplacement de l'ancienne Cour des miracles ainsi appelée parce que, le soir venu, "les aveugles voyaient clair..., les estropiés retrouvaient l'usage de leurs jambes". On y trouvait aussi des milliers de mendiants, tire-laine et "vendangeurs de coste" (les pickpockets de l'époque), faux paralytiques, soldats déserteurs, filles de joie... Tous ces gueux élisaient leur roi et leur reine. Il y avait une bassine devant une statue de saint volée dans une église. Les gens qui passaient devant étaient obligés d'y jeter une pièce, d'où l'expression "cracher au bassinet". Le premier lieutenant de police, La Reynie, nettoya la cour des Miracles en 24h, promettant aux six derniers mendiants encore présents d'être pendus sur place. "Bonne nouvelle" s'écrièrent le voisinage et les braves gens (d'où, dit-on, le nom du quartier).

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    La façade, témoignage de l'architecture "Retour d'Egypte", comporte trois effigies de la déesse Hathor, reconnaissable à ses oreilles de vache.

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    Elles sont surmontées d'une frise de hiéroglyphes rappelant les batailles passées.

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    Tout en haut, une caricature du peintre Henri Bouginier, élève travaillant dans l’atelier du peintre Antoine-Jean Gros au début du 19e siècle dont le nez était la cible de ses camarades. Un jour il en eut assez, et se fâcha. Pour le punir, ses condisciples crayonnèrent son nez sur tous les murs de Paris !

    On parle du "nez de Bouginier".

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    Sur la place du Caire, tout le monde se regroupe pour la photo.

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    Le Passage du Ponceau a été ouvert en 1826. Il tenait son nom d'un petit pont couvrant, au-dessus de la rue Saint-Denis, un égout à ciel ouvert. En 1413, ce petit pont s'appelait d'ailleurs le "ponceau Saint-Denis auprès des Nonnains". L'égout fut recouvert par François Miron, prévôt des marchands et le nom resta.

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    Le groupe regarde la plaque au sol marquée du nom du passage.

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    Un passage qui, apparemment, ne m'a marqué que par son entrée et sa sortie sur le boulevard de Sébastopol !

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     En arrivant sur le boulevard, nous faisons halte dans le square Emile Chautemps situé juste en face de l'entrée du théâtre de la Gaité Lyrique.

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    Deux bassins, à sec en ce moment - dommage - ornent le square. Elles sont l'oeuvre de Charles Gumery et d'Auguste-Louis-Marie Ottin.

    Celui du bassin nord rend hommage à l'Agriculture et à l'Industrie.

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    Celle du bassin sud met en scène Mercure et la Musique.

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    Un peu plus loin, toujours sur le boulevard de Sébastopol, une jolie entrée de porte cochère.

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    Anne nous emmène ensuite au numéro 131 qui donne accès au Passage des Dames de Saint-Chaumond où se trouve un bel Hôtel particulier datant du 18e siècle. Celui-ci a été réalisé par l'architecte Jacques Hardouin-Mansart de Lévi, petit-fils de Jules Hardouin-Mansart.

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    Curieusement, les deux petits putti qui ornent le portail ne portent pas le même numéro...

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    Par chance, la porte cochère ne possède pas de digicode et nous permet d'entrer dans la cour.

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    Côté boulevard de Sébastopol, une rotonde centrale anime la façade, dotée d’un élégant balcon en fer forgé finement sculpté à l’étage.

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    Les consoles du balcon, le mascaron représentant une tête de femme (œuvre du sculpteur Nicolas Pineau), ainsi que les clefs des baies cintrées sont très gracieux.

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    Le balcon en ferronnerie ouvragée, dalles chantournées, volutes de pierre, est marqué d'un monogramme. Je n'ai pas réussi à trouver ce que voulaient dire les lettres que je déchiffre comme DMC et je ne pense pas qu'il s'agisse de la célèbre marque de fils à broder !

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    La rue de Palestro conduit vers la rue Réaumur et le métro Réaumur-Sébastopol.

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    Il s'y trouve là un très bel immeuble pourvu d'une rotonde : c'est celui de l'ancien siège des magasins Félix Potin. Du temps de sa splendeur, il était surnommé "La Poivrière" et est maintenant occupé par un Monoprix tout ce qu'il y a de plus banal. 

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    Cette "pelle Starck" (j'ai appris leur nom grâce aux "Petites promenades" d'Anne-Marie) donne les renseignements sur la rue du Ponceau. Comme je l'ai dit plus haut, l'égout du Ponceau qui empuantissait les environs fut couvert en 1605, ce qui permit de créer la rue du Ponceau, refaite en 1642.

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    Et voici la rue Réaumur avec cet immeuble qui en jette, n'est-ce pas ?

    Il se présente tel un édifice néogothique, bien loin de la tendance Art nouveau qui avait alors toutes les faveurs dans la capitale. La partie centrale est de loin celle qui se démarque : elle nous rappelle immédiatement les églises et cathédrales médiévales avec ses détails et ses hautes fenêtres en ogive que l’on imaginerait bien recouvertes de vitraux. Ajoutons à cela une sublime horloge monumentale, décorée sur le thème du temps et de l’astrologie. Sur ce cadran qui rivalise avec les plus beaux de la capitale, on découvre les différents signes du Zodiaque (que l’on retrouve sculptés un peu plus bas dans une forme animalière) et les douze mois de l’année, gravés dans une typographie typiquement médiévale. 

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    Dans la même rue, j'ai aussi remarqué ces jolies caryatides supportant un balcon. Avez-vous vu le reflet dans la fenêtre... ? Je ne suis pas parvenue à l'identifier.

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    Près de là, Anne nous fait remarquer ces deux maisons datant du Moyen-Age. C'est vrai qu'elles tranchent dans le paysage avec leurs deux seuls petits étages et leur toit à double pente.

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    A leur angle, prend le Passage Basfour reliant la rue Saint-Denis à la rue de Palestro. Il existe depuis le milieu du 14e siècle et était alors une impasse comme le montre encore une inscription gravée dans la pierre. Son nom provient d'un four à plâtre qui existait dans le passage.

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    Le passage est pavé, ce n'est pas si fréquent dans Paris de nos jours.

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    Les contreforts de la maison qui en fait l'angle ont dû être étayés...

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    Jolie déco de balcon

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    Le Passage de la Trinité débouche à son issue sur la rue Saint-Denis. Il tire son nom d'un hôpital fondé en 1201 par deux gentilshommes allemands pour héberger les voyageurs arrivés après la fermeture des portes de l'enceinte de Philippe Auguste.

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    Nous sommes ici au cœur de l'industrie du sexe.

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    On y trouve aussi des boutiques plus poétiques...

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    Et encore un passage ! Celui du Bourg-l'Abbé

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    Édifié en 1828, par Auguste Lusson, entre le Passage du Grand-Cerf et le Passage de l'Ancre (toujours existant et bordé de boutiques mais non couvert), il est dit sur les guides que le passage Bourg-l'Abbé n'est plus aujourd'hui que l'ombre de sa grandeur passée. Perso, je ne l'ai pas trouvé si dégradé que ça mais j'ai lu aussi qu'il est en voie de réhabilitation.

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    Proche autrefois d'un terminus de diligences il attirait la clientèle des voyageurs qui y faisaient des emplettes en surveillant l’heure, d’où la présence de la grosse horloge.

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    La menuiserie-ébénisterie Lulli

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    L'entrée est du passage ouvrant sur la rue de Palestro est l’œuvre d'Henri Blondel, également architecte de la Bourse de commerce. Les deux caryatides qui encadrent l’entrée, sculptées par Aimé Millet sont des allégories du Commerce et de l'Industrie.

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     La clé de voûte de l'arcade porte une ruche entourée d'abeilles, symbole de l'activité économique des lieux, autrefois "bourdonnante". (Photo Francine A.)

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    Au sol, à l'entrée du passage, une plaque portant son nom

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    Le Passage du Grand Cerf prend dans la rue Saint-Denis au niveau du numéro 145. Son nom provient de l'ancienne enseigne d'un hôtel.

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    Nous voici arrivés dans le domaine du luxe avec ce passage faisant face à celui du Bourg l'abbé, créé en 1825 et recouvert d'une verrière depuis 1845.

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    Des silhouettes sportives le décorent en l'honneur des Jeux Olympiques d'hiver de Pékin.

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    Ici, toutes les boutiques rivalisent entre elles pour offrir au chaland les plus beaux produits.

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    La sortie rue Dussoubs

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    Notre balade se termine à la Tour Jean-sans-Peur.

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    Dernier élément du palais parisien des Ducs de Bourgogne, la plus haute tour civile médiévale de Paris a conservé un grand escalier d'apparat, le décor végétal de sa voûte d'escalier, chef-d'œuvre de sculpture : un lieu de vie presque inchangé depuis six siècles avec en particulier l'étude de Jean-Sans-Peur et les plus anciennes latrines de Paris, au confort exceptionnel.

    Les passages couverts insolites de Paris

    Deux expositions à voir ce printemps...

    Les passages couverts insolites de Paris

    Les passages couverts insolites de Paris

    Toutes les bonnes choses ont une fin, n'est-ce pas ? Et bien, nous voici arrivés au terme de ce voyage dans le temps au cours duquel nous aurons parcouru "à vue de podomètre" quelque cinq ou six kilomètres.

    Un grand merci à Anne pour cette très agréable promenade.


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  •  Ce vendredi, j'avais rendez-vous au métro République pour faire une sortie "culture" avec mon association sur le thème de l'enclos du Temple situé dans l'actuel 3e arrondissement de Paris près de la place de la République.

    C'est Michel Duffau, nouveau à l'association, qui l'encadrait. Il s'est proposé pour faire du bénévolat afin de relayer un peu notre présidente qui anime d'habitude cet atelier bimensuel "Petites promenades dans Paris" de Générations 13.

    Pour cette fois, très peu de photos réelles à l'appui et pour cause : tout à été détruit entre 1811 et 1863, ces lieux étant trop emprunts de mauvais souvenirs comme vous le verrez un peu plus loin. Il nous reste donc (nous sommes une dizaine d'adhérents, que des femmes : ça vous étonne... ?) à écouter Michel nous parler de tous les événements qui se sont déroulés dans ce sanctuaire des Templiers.

    Ces lieux chargés d'histoire ont été transformés depuis le Second Empire en un square baptisé bien sûr, Square du Temple.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Nous profitons des bancs du square pour écouter la conférence.

    Sur les pas des Templiers : l'enclos du Temple avec Michel Duffau

    L'histoire des Templiers

    L'Ordre des Templiers est fondé en 1118, après la première croisade, par Hugues de Payns et sept autres chevaliers pour escorter et accueillir les pèlerins en Terre Sainte : ce sont des moines-soldats appartenant à un Ordre où ils entrent en prononçant des vœux et en vivant selon une règle.

    Suite à la chute du royaume de Jérusalem en 1244, ils construisent des commanderies dans toute l'Europe et particulièrement en France. Le nom de Templiers vient peut-être de ce que le roi Baudouin II de Jérusalem leur avait offert une maison près des ruines du temple de Salomon ?

    Les commanderies (qui étaient de grosses fermes) recrutaient des chevaliers (l'ordre recruta ainsi quelques quinze mille hommes, bien plus que n'aurait pu en lever n'importe quel roi de la chrétienté), recueillaient des donations, les faisaient fructifier et payaient ainsi leurs déplacement en Terre Sainte (il fallait entretenir la flotte des bateaux). L'Ordre gère ainsi, en véritable banquier, les biens de l'Église et ceux des rois d'Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d'Aragon...), ce qui ne sera pas sans conséquence...

    Le manteau des chevaliers était toujours blanc en signe d’innocence ; la croix d’étoffe vermeille était le symbole du martyre.

    Un templier au combat en Terre Sainte (peinture murale de la chapelle de Cressac en Angoumois)

    Sur les traces des Templiers... : l'enclos du Temple avec Michel Duffau

    A Paris, les Templiers reçoivent en don du roi, en dehors des fortifications de Philippe Auguste, les terres qui constituent l’enclos du Temple (limité par les rues actuelles du Temple, de Bretagne, de Picardie et de Béranger), un vaste territoire de 6 hectares formé de champs et de marécages. Jusqu'à la Révolution, cet endroit était un lieu de franchise fiscale, lieu d'exemption aux règles des corporations et lieu d'asile pour les débiteurs insolvables. Encore quelque chose qui ne plait pas à tout le monde...

    Michel Duffau nous montre une gravure de l'enclos datant du milieu de 1450 où l'on voit des personnages en dehors de l'enceinte fortifiée mais à l'origine, au XIIe siècle, les remparts étaient entourés d'un profond fossé rempli d'eau. L’enclos était une véritable forteresse : les murailles étaient crénelées, hautes de huit mètres, défendues par des tours, soutenues par des contreforts.

    A gauche, l'abreuvoir et la tour César qui protège l'église voisine Sainte-Marie du Temple, à droite la Grosse Tour ou donjon de cinquante mètres de haut avec ses quatre tours et le palais du Grand Maître de l'Ordre.

    Cet enclos était si bien fortifié que les rois et les particuliers y mettaient leurs trésors en dépôt. C'est ainsi que l'enclos du Temple devint une véritable banque. Lors de leurs déplacements en Terre Sainte, les moines-soldats utilisaient des lettres de change plutôt que de risquer de se faire voler leur argent...

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13 

    J'ai trouvé sur le net ce petit film d'animation de la société GrEz Productions qui reconstitue avec beaucoup de minutie le Paris du Moyen-Age et en particulier l'enclos du Temple (vers 1550). On s'y croirait presque !

    La même société Grez Productions a aussi fait cette animation en 3D assez extraordinaire : les concepteurs ne se sont pas contentés de représenter veaux, vaches, cochons, couvées, mais ils ont même ajouté des bruits de fond ! Cliquez ICI pour découvrir l'animation et surtout n'hésitez pas à cliquer sur les quatre carrés en bas à gauche pour faire apparaître les différentes vues dans lesquelles vous pourrez vous promener (pensez aussi à utiliser le ZOOM).

    Ah, la technique moderne, c'est tout de même quelque chose !

    Les commanderies sont placées sous l'autorité du Pape Benoit XI. Le roi, à cette époque, est Philippe le Bel qui portait bien son nom si on en croit cette peinture.

    Sur les pas des Templiers : l'enclos du Temple avec Michel Duffau

    Ce roi étend beaucoup le domaine royal par de nombreuses conquêtes mais a aussi besoin d'argent. Il s'intéresse alors à l'Ordre du Temple auquel il demande des prêts. Toujours acceptés, rarement remboursés, la dette à rembourser est conséquente et les finances du royaume au plus bas...

    Une décision s'impose : Plus de Templiers, plus de dette !

    C'est alors que Guillaume de Nogaret, fidèle serviteur du roi, se rend en Italie en vue de destituer le pape avec lequel Philippe le Bel est en désaccord. La rencontre a lieu le 8 septembre 1303, à Anagni, au sud de Rome. Elle tourne mal. On parle d'un «attentat» contre la personne du pape, qui aurait été souffleté. Peu de temps après, le pape meurt et c'est Guillaume de Bordeaux qui lui succède sous le nom de Clément V.

    Le procès des Templiers

    Avec la complicité de Clément V, le 14 Septembre 1307, dans tout le royaume, les Templiers sont arrêtés, envoyés dans les geôles royales et torturés jusqu'à obtention de leurs aveux d'hérésie au sein de l'ordre.

    Clément V et Philippe le Bel au procès des Templiers par Maître de Boucicaut

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Parmi les 140 Templiers de Paris, 54 sont brûlés vifs après avoir avoué, sous la torture, pratiquer la sodomie ou commis des crimes extravagants comme de cracher sur la croix ou de pratiquer des "baisers impudiques". Le pape prononce finalement la dissolution de l'ordre le 3 avril 1312.

    Après sept années de procès, la plupart des Templiers sont envoyés en prison ou finissent au bûcher. Le grand maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, et son second Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, sont mis à mort le soir du 19 Mars 1314 sur un bûcher double sur l'île aux Juifs à Paris disparue aujourd'hui mais située alors au niveau de l'actuel square du Vert-Galant à la pointe de l'Île de la Cité.

    Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sur le bûcher
    (miniature du maître de Virgile provenant des Grandes Chroniques e France, vers 1380 (British Library)

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Toutes les richesses reviennent de droit à la royauté, affaire conclue !

    Avant de mourir, Jacques de Molay prononcera ces mots qui permettront à Maurice Druon d'écrire son fameux livre "Les rois maudits" : "Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à comparaître devant le tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment. Maudits ! Maudits ! Soyez tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races!".

    On trouve aussi sur le net cette autre citation : "Pape Clément, roi Philippe, avant que l’année ne soit écoulée, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits !"

    A vous de choisir !

    Sa malédiction a-t-elle été entendue en haut lieu ? Toujours est-il qu'un mois plus tard le pape Clément V meurt à son tour (sans doute d'un cancer de l'intestin) et que Philippe le Bel fait une chute de cheval : le choc est d'une violence telle que le roi est dans l'impossibilité de parler (suite à un AVC sans doute). Il est rapatrié vers Fontainebleau ou il s'éteint quelques semaines plus tard, le 29 Novembre 1314.

    Avec l'affaire du Temple, la monarchie capétienne montre qu'elle entend suivre son intérêt politique et ne plus se comporter en vassale de l'Église.

    Si vous le désirez, vous pouvez écouter ce podcast d'Hérodote.net sur l'arrestation des templiers.

    L'affaire des brus

    Les trois femmes des fils de Philippe le Bel se voient accusées par sa fille Isabelle de France, reine consort d'Angleterre, de tromper leurs maris dans la Tour de Nesle... (Médiapart n'existait pas à cette époque mais la reine faisait le taf !)

    MargueriteJeanne et Blanche de Bourgogne, épouses des futurs rois Louis X le HutinPhilippe V le Long, et Charles IV le Bel, sont accusées d'adultère et comparaissent devant un tribunal spécial en avril 1314.

    Marguerite et Blanche sont enfermées à Château-Gaillard : la première mourra de mort violente en 1315, dans un cachot ouvert à tous les vents (on parle d’une pleurésie), ou vraisemblablement étranglée sur ordre de son mari. La seconde Blanche devra accepter l'annulation de son mariage et finira ses jours à l'abbaye de Maubuisson. Jeanne la femme du futur Philippe V, échappe à l'accusation d'adultère, elle est enfermée pendant un an dans la forteresse de Dourdan, puis elle est acquittée par manque de preuves.

    C'est ainsi que la branche des capétiens s'éteint et que ce sont les Valois qui reprennent le flambeau.

    Après la fin de l'Ordre des Templiers, que se passe-t-il ?

    Aux XIVe et XVe siècles, l'enclos du Temple ne change pas mais ses biens sont transférés aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (actuellement Chevaliers de l'Ordre de Malte).

    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Templiers avaient beaucoup de terrains bâtis d'hôtels particuliers, des boutiques, des ateliers : on appelait cet endroit "La Couture du Temple". Il s'agit d'un micro quartier situé au nord-est du Marais.

    Il y avait alors ici toute une vie intellectuelle qui perdurera jusqu'à la Révolution. Le Prince de Conti, le Comte d'Artois (futur Charles X) logent ainsi dans le palais du Grand Prieur qui était propice aux grandes réceptions. On y vit passer La Fontaine, Bussy-Rabutin, Jean-Jacques Rousseau (menacé d'une lettre de cachet) et même Mozart qui, âgé de sept ans, vint jouer du clavecin lors de son premier séjour parisien en 1763 chez le Prince de Conti, grand amateur de musique.

    La scène a été immortalisée par un tableau de Michel Barthélémy Ollivier : ’’Thé à l'anglaise chez le prince de Conti’’, daté de 1766 et conservé au musée de Versailles.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Avant la Révolution, l'enclos du Temple bénéficiait de certains privilèges :

    Les aristocrates y habitaient car c’était un lieu paisible ; mais aussi des artisans qui, grâce aux franchises héritées des Templiers, pouvaient travailler sans se soumettre aux strictes règles des corporations ; et enfin les débiteurs insolvables car la police n’avait pas le droit de pénétrer à l’intérieur du Temple.

    Michel Duffau nous conduit ensuite devant la mairie du IIIe arrondissement située derrière le square du Temple. On aperçoit sur le sol les clous marquant l'emplacement de l'ancien donjon de l'enclos.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    L'histoire de la famille royale pendant la Révolution

    Pendant la Révolution, Louis XVI et sa famille tentèrent de rejoindre le bastion royaliste de Montmédy à partir duquel le roi espérait lancer une contre-révolution, mais ils furent arrêtés en route à Varennes-en-Argonne dans la Meuse. Vous savez qu'il fut trahi par son effigie...

    Arrestation de Louis XVI à Varennes le 22 juin 1791
    (musée de la Révolution française à Vizille)

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Le 13 août 1792la famille royale (Louis XVI, son épouse Marie-Antoinette d’Autriche-Lorraine, sa sœur, Madame Élisabeth, sa fille, Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, son fils Louis-Charles, dauphin de France), est conduite au TempleLà, des révolutionnaires leur servent un repas dans le palais du Grand Prieur (ancienne propriété du comte d'Artois). On appelle alors la famille de Louis XVI, les Capet, et on leur fait porter la cocarde.

    Afin de renforcer la sécurité au Temple, de longs travaux sont entrepris : on pose des guichets, de solides portes et des abat-jour aux fenêtres des tours pour qu’on ne puisse voir les prisonniers. Provisoirement la famille royale est logée dans la Petite Tour adossée à la Grande Tour. Cette petite tour servait depuis peu d'habitation à M. Jacques-Albert Barthélemy, ancien avocat archiviste de l'Ordre du Temple, détenteur de cette charge depuis 1774, que l'on pria de déménager illico presto !

    Dernier repas en famille de la famille royale

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Le donjon comporte 4 niveaux :

    Au rez-de-chaussée se trouve le secrétariat révolutionnaire ; au premier étage, les gardes ; le roi et son fils occupent le second étage tandis que la reine, sa fille, la sœur du roi, Madame Elisabeth, et la princesse de Lamballe (rentrée d'Angleterre pour soutenir la reine, son amie) occupent le dernier étage.

    La princesse de Lamballe sera ensuite transférée à la prison de la Force avant d'être exécutée. Sa tête sera brandie au bout d'une perche devant la fenêtre de Marie-Antoinette qui s'évanouira.

    Le poète André Chénier subira le même sort.

    Pendant cette période d'enfermement, plusieurs portraits de la famille royale seront exécutés. Ainsi, celui de Marie-Antoinette en deuil après le décès de son mari, Louis XVI. Le peintre Alexandre Kucharski avait réussi à pénétrer dans la prison du Temple entre l’exécution de Louis XVI et le départ de la Reine à la conciergerie.

    Marie-Antoinette au Temple par Alexandre Kucharski (vers 1815) - Musée Carnavalet

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Il y aura aussi celui de Louis XVI sur la terrasse du donjon du Temple.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

     Louis XVI sera guillotiné le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Marie-Antoinette, transférée après le décès de son mari à la Conciergerie, sera décapitée le 16 octobre 1793 après un procès qui aura duré deux jours seulement. Madame Elisabeth, sœur du roi, sera exécutée le 9 mai 1794 et le dauphin mourra à la prison du Temple le 8 juin 1795 (probablement de tuberculose) à l'âge de 10 ans après presque trois ans de captivité.

    Madame Royale, qui n'a que 17 ans, reste la seule survivante de la famille royale. Elle reste quelques années prisonnière puis sera échangée contre des commissaires de la Convention détenus en Autriche. Elle ira s'installer en Suisse jusqu'à la Restauration.

    L'isolement total dans lequel a été placé Louis-Charles, le dauphin, laisse planer un certain mystère et donne l'occasion à l'imagination populaire de soulever l'hypothèse de substitution d'enfant et de son exfiltration mais aucun document ne peut appuyer cette hypothèse.

    A la Révolution, l’enclos du Temple est divisé en 92 lots. L’église est démolie en 1796. Le donjon du Temple, rappelant dangereusement la tragédie vécue par la famille royale, est abattu sur ordre de Napoléon 1er en 1811. Le palais du Grand Prieur est rasé en 1853 et la Rotonde en 1863 (remplacée par le Carreau du Temple).

    Le Carreau du Temple

    Voici comment se présentait l'enclos du Temple à la veille de la Révolution (maquette du musée Carnavalet). 

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Partie intégrante de l’Enclos du Temple, la Rotonde (à droite sur la photo), construite en 1788 par l’architecte Pérard de Montreuil, bénéfice toujours des privilèges d'extraterritorialité accordés à l’enclos (exemption de taxes, etc.). Les boutiques s’y louent à prix d’or. 

     La Ville de Paris fait aussi construire en 1809 un marché couvert entre la rue du Temple et la Rotonde, la "halle au vieux linge", édifié entièrement en charpente de bois, qui rencontrera un grand succès. Il est alors constitué de quatre carrés ayant chacun sa spécialité : ainsi "le Palais-Royal" se spécialise dans les tapis, soieries, rubans, gants, plumes et articles à la mode, "la Flore" dans le linge de maison, "le Pou-Volant" dans la ferraille et les friperies et "la Forêt-Noire" dans le cuir.

    Entre la "halle au vieux linge" et la Rotonde se trouvait un "carreau" des brocanteurs ou des chineurs (depuis le Moyen-Age, le "carreau" désigne un pavé plat de terre cuite servant à paver le sol pour éviter les inconvénients liés aux intempéries), terre-plein où fonctionnait une bourse du vêtement d’occasion, qui durera jusqu’à l’après-guerre, d'où l'expression "rester sur le carreau", donc en dehors des lieux importants. Il y a aussi sur le net d'autres explications pour cette expression populaire : laquelle est la bonne... ? Je ne sais pas. Le marché a aussi son propre vocabulaire, dont certains termes sont restés, comme "gonzesse" (cliente, à l’origine), "braise" ou "thune" pour l’argent.

    En 1863, la Rotonde et la "halle aux vieux linge" sont démolis : Napoléon III s'adresse en effet à l'architecte Jules Mérindol pour remplacer le marché de bois par une structure métallique constituée de six bâtiments, plus sûre face aux fréquents incendies. Sa façade monumentale s’ouvre sur la rue du Temple. Le marché, avec ses pavillons de métal, de verre et de briques, peut accueillir plus de 2000 places pour les vendeurs. En 1904, le Carreau e Carreau accueille la première foire de Paris.

    L'actuel Carreau du Temple ne comporte plus que deux bâtiments. Il a été classé en 1982 et est devenu un centre culturel, sportif et artistique.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

     Cette vidéo tournée par des archéologues lors des travaux de rénovation de 2007 montre qu'il existe des restes de la Rotonde et du Palais du Grand Prieur sous le sol de la halle...

     Michel Duffau nous conduit ensuite au Marché des Enfants-Rouges situé à l'angle des rues de Bretagne et Charlot. Il s'agit du plus ancien marché parisien (il date de 1615) et tire son nom d'un ancien orphelinat et hôpital voisin créé par Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, l'Hospice des Enfants-Rouges dont les pensionnaires étaient vêtus de rouge (couleur de la charité chrétienne pendant des siècles). Malheureusement, il s'est mis à pleuvoir et nous ne pourrons pas beaucoup nous attarder.

    Sur les traces des Templiers..., l'enclos du Temple avec Générations 13

    Cette photo tirée d'internet montre bien l'ambiance familiale version "bobo" du lieu partagé entre les étals des marchands venant des quatre coins du monde et les petits restaus où on peut déjeuner sur le pouce.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    La balade se termine au Jardin Madeleine de Scudéry situé tout près du petit marché au 1, rue des oiseaux (il est fermé à cette époque de l'année). 

    Il rend hommage à Madeleine de Scudéry (1607-1701), femme de lettres française. Orpheline dès l'âge de 6 ans, son oncle, ecclésiastique, lui donne une éducation exceptionnelle qui lui ouvre les portes du salon de l'Hôtel de Rambouillet. Elle y fréquente la plupart des célébrités de l'époque : Madame de La Fayette, Madame de Sévigné, La Rochefoucauld...

    Première femme à recevoir le prix de l'éloquence de l'Académie française, elle fut une des romancières du courant précieux du XVIIème siècle (dont Molière fit la satire dans sa pièce "Les précieuses ridicules") mais contribua ainsi à faire évoluer la langue française, influençant de grands noms de la littérature française comme La Fontaine et Molière.

    Mademoiselle de Scudéry avait un frère, George, également écrivain que Boileau railla dans des vers célèbres :

    "Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume
    Peut tous les mois sans peine enfanter un volume !
    Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants,
    Semblent être formés en dépit du bon sens ; [...]
    Et quand la rime enfin se trouve au bout des vers,
    Qu'importe que le reste y soit mis de travers !"

    Il faudra que je revienne voir ce petit jardin quand le figuier qui le décore donnera des fruits, l'occasion aussi de flâner dans le petit marché des Enfants-Rouges...

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Merci beaucoup Michel pour nous avoir aidées à remonter le temps, et découvrir des époques qui ne nous font pas regretter celle dans laquelle nous avons eu la chance de naître !

    Je crois pouvoir dire que nous étions toutes très satisfaites de ta prestation.


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    Ce dernier jeudi, par un temps couvert mais sans pluie, Anne nous a guidés, dans le cadre de son atelier "Marches de 6 km", à la découverte des passages couverts parisiens du XIXe siècle qui se situent majoritairement sur la rive droite. Un petit coup de ligne 7 au départ de la place d'Italie et voici les seize participants arrivés à la station Bourse.

    A l'emplacement du couvent des Filles Saint-Thomas, vaste monastère étendu de la rue Saint-Augustin à la rue Feydeau, débute en 1808 la construction de la Bourse des valeurs, sur les plans d'Alexandre-Théodore Brongniart, dont la première pierre est posée par Napoléon Ier.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Nous empruntons tout de suite la rue Vivienne voisine, ancienne voie romaine conduisant à Saint-Denis qui tire son nom de celui de la famille Vivien qui y possédait des terrains. Nous passons devant plusieurs boutiques qui font le commerce de l'or et de l'argent comme celle-ci ouverte depuis 1933.

    N'oublions pas que nous sommes tout à côté de la Bourse.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Le premier passage que nous allons emprunter donne dans la rue Saint-Marc : il s'agit du Passage des Panoramas qui permet de circuler à l'abri des intempéries jusqu'au Boulevard Montmartre.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    C'est l'un des plus anciens passages de Paris (1799) et même d'Europe. Il tire son nom, comme nous l'explique Anne, de l'existence autrefois de "panoramas" (ou cycloramas) à l'intérieur de deux rotondes de 17 mètres de diamètre sur 7 mètres de haut élevées à son entrée côté boulevard Montmartre (une attraction de l'ingénieur et inventeur américain Robert Fulton).

    Le "panorama" était une peinture à 360 degrés de grande dimension, dont la production s'est étendue essentiellement entre la toute fin du XVIIIe siècle et le début du XXe, développée sur le mur intérieur d'une rotonde et donnant l'illusion de la réalité par des effets de perspective et de trompe-l'œil.

    Les deux rotondes situées à l'entrée du passage des Panoramas (Paris, vers 1820, musée Carnavalet)

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    S'y déployaient des toiles peintes figurant des vues de Paris, Toulon, Rome, Jérusalem et d'autres grandes villes célèbres. Malgré la disparition de ces panoramas en 1831, le passage demeura longtemps un des lieux favoris de promenade des parisiens. Premier lieu de la capitale doté, dès 1817, de l'éclairage au gaz il possédait une foule de boutiques de luxe : Le café Véron, la pâtisserie Félix, la confiserie "A la duchesse de Courlande", le papetier Susse, et le graveur Stern dont le magasin existe encore.

    Du lèche-vitrines, en veux tu en voilà dans le passage des Panoramas... Anne n'a pas fini d'attendre les retardataires !

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Le French Paradox vante les bienfaits du canard et du champagne contre le cholestérol !

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Cet autre restaurant est installé dans un wagon de train reconstitué : original !
    (Photo Monick)

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Nous traversons le boulevard Montmartre pour rejoindre, juste en face, le Passage Jouffroy qui se trouve logé dans un Grand Hôtel, anciennement Hôtel Ronceray (datant du début du XIXe, il était la destination privilégiée de Rossini quand il séjournait à Paris) et désormais Best Western Hôtel Ronceray.

     

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Voici une vue de l'intérieur...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Revenons à nos moutons...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Dans ce type de passage couvert, on rencontre parfois de drôles de bêtes...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Il s'agit de la boutique d'un marchand de parapluies et cannes.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Des cannes, oui, mais des cannes haut-de-gamme !

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Au bout du passage, l'Hôtel Chopin porte ce nom en hommage au compositeur qui appréciait en son temps le passage. Ouvert en 1846, année de construction du passage Jouffroy, c'est une véritable oasis de calme dit-on, aucune chambre ne donnant sur la rue, mais plutôt sur les toits de Paris.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Il jouxte l'entrée au musée Grévin, connu dans le monde entier comme Madame Tussauds à Londres pour ses personnages en cire toujours d'actualité.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Un rapide passage dans le passage Verdeau, construit en 1847 et faisant communiquer la rue de la Grange-Batelière avec le faubourg-Montmartre.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Une photo seulement ? J'ai été avare...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Nous voici donc rue du Faubourg-Montmartre avec cette chocolaterie fondée en 1761, La mère de famille, actuellement tenue par la toute la famille Dolfi.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Aux commandes le chef chocolatier Sébastien Hérault qui réalise une large palette de douceurs telles que : bonbons de chocolat, tablettes, pâtes à tartiner, moulages... selon un savoir-faire ancestral.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Anne coucoune toujours ses ouailles : elle prévoit toujours un "arrêt technique" au milieu de la balade. Ici, ce sera à la mairie du 9ème, l'occasion de rentrer dans la grande cour. 

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Dans l'allée qui accède au bâtiment principal, des photos de tous les espaces végétalisés de l'arrondissement.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Le passage des Princes, inauguré en 1860, relie la rue de Richelieu au boulevard des Italiens. Il tire son nom de l'emplacement d'un ancien hôtel du même nom. Il est le dernier passage couvert ouvert à Paris au XIXe siècle.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Il possède une superbe verrière ornementée d'élégants lampadaires.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Au bout, une très jolie coupole en verre coloré.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Il est pratiquement entièrement occupé par la chaîne de magasins Jouéclub.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Sur le boulevard des Italiens, une jolie construction : celle du Centorial, siège central du Crédit Lyonnais. L'immeuble est construit dans le style d'Haussmann et des expositions universelles, dans le but d'impressionner les clients et les investisseurs. La tradition veut que ce style ait été choisi afin de pouvoir reconvertir le bâtiment en grand magasin en cas de faillite de la banque. Le pavillon central de la banque est inspiré du pavillon de l'Horloge du palais du Louvre, le toit de celui du pavillon de Flore.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    L'habillage en pierre, symbole traditionnel de richesse, dissimule une charpente métallique, réalisée en partie par les établissements de Gustave Eiffel. 

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne Viala

    Le passage Choiseul prend dans la rue Saint-Augustin. C'est le plus long des passages couverts parisiens avec une longueur de 190 mètres pour une largeur de 3,7 mètres. Jacques Offenbach entrait par le numéro 73 du passage pour se rendre dans son théâtre des Bouffes parisiens.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    A l'entrée, une grosse horloge indique l'heure de notre passage.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Le passage consiste en une enfilade d'arcades sur pilastres au niveau du rez-de-chaussée. Ce dernier et l'entresol sont occupés en majorité par des boutiques tandis que le premier et second étages sont plutôt résidentiels.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Ce sont des vrais !

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

     Il est recouvert d'une verrière qui fut remplacée vers 1907. Celle-ci a fait l'objet de plusieurs campagnes de rénovation-restauration entre 2012 et 2019 par l'architecte Jean Frédéric Gervet qui ont permis au passage Choiseul de retrouver une meilleur qualité architecturale grâce à la restitution de sa verrière, ses deux marquises situées aux extrémités du passage, son sol et son éclairage.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    La mère de Louis-Ferdinand Céline tenait au numéro 67 du passage un fonds "d'objets de curiosité". L'écrivain raconte son enfance ici dans "Mort à crédit".. 

    A la sortie sur la rue des petits-Champs, une belle verrière

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne 

    J'ai remarqué au numéro 38 de la même rue un superbe encadrement de porte cochère en pierre sculptée.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

     Extraordinaire, non ?

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Chemin faisant, nous voici arrivés à l'entrée de la Galerie Colbert, inaugurée en 1827. Elle tire son nom de l'ancien Hôtel Bautru (l'un des favoris de Richelieu) construit par le très jeune architecte Le Vau et acheté en 1665 par l'Intendant des finances et Surintendant des bâtiments du Roi, Jean-Baptiste Colbert, à la recherche d'un logement à la hauteur de ses fonctions.

    Dans la première moitié du XIXe siècle, le quartier devient un des lieux privilégiés d'implantation des passages couverts. L'architecte Jacques Billaud reçoit pour mission de concevoir un ensemble susceptible de rivaliser avec la Galerie Vivienne ouverte en 1825. Pour cela, il conservera en partie l'Hôtel Colbert notamment la façade, à laquelle il ajoute un étage et un portique. La Galerie Colbert ouvrira en 1828 mais ne connaîtra pas le succès de sa voisine...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

     Sous Louis-Philippe, un magasin de nouveautés appelé "Au Grand Colbert" ouvre ses portes. Le nom sera conservé jusqu'en 1900 où il est transformé en restaurant. (photo Monick)

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Et encore une verrière...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    En vue de la rotonde

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Au centre, une statue de Charles-François Leboeuf dit "Nanteuil" représentant Eurydice mourante ou Eurydice piquée par un serpent (bronze fondu pour remplacer le marbre exécuté à la Villa Médicis dans les jardins du Palais-Royal)

    "Eurydice épousa Orphée mais leur joie fut brève. La noce à peine achevée, comme la jeune épouse marchait avec ses demoiselles d'honneur dans une prairie, une vipère la mordit au pied et elle mourut. La douleur d'Orphée fut accablante, il décida de se rendre dans le royaume des morts pour tenter d'en arracher Eurydice." Apollonius de Rhodes (295-215) Les Argonautiques

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Superbe !

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Et voici la fameuse Galerie Vivienne qui relie la rue du même nom à la rue des Petits-Champs par un angle droit. Elle est la propriété de l'Institut de France, Académie des Beaux-Arts.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Dans ses Mémoires, Hector Berlioz donne un récit saisissant de l'atmosphère enivrée des journées de juillet 1830. Il raconte en détail une exécution spontanée de la Marseillaise, qu'il venait d'arranger pour chœur et orchestre, par un petit groupe qu'il menait, avec la participation de la foule entassée dans la Galerie Vivienne.

    " Il faut se figurer que la galerie qui aboutissait à la rue Vivienne était pleine, que ces quatre ou cinq mille voix étaient entassées dans un lieu sonore fermé à droite et à gauche par les cloisons en planches des boutiques, en haut par des vitraux, et en bas par des dalles retentissantes, il faut penser, en outre, que la plupart des chanteurs, hommes, femmes et enfants palpitaient encore de l'émotion du combat de la veille, et l'on imaginera peut-être quel fut l'effet de ce foudroyant refrain... Pour moi, sans métaphore, je tombai à terre, et notre petite troupe, épouvantée de l'explosion, fut frappée d'un mutisme absolu comme les oiseaux après un éclat de tonnerre."

    La Marseillaise d'Hector Berlioz

    La galerie est effectivement pavée de mosaïques d'époque, œuvres du célèbre mosaïste français d'origine italienne, Facchina, qui a aussi décoré l'Opéra Garnier et le Printemps Haussmann.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Il s'agit d'un luxueux passage couvert construit en 1823 selon les plans de l'architecte François-Jean Delannoy qui conçoit un décor de style pompéien. Celui-ci désirait assurer une liaison avec les jardins du Palais-Royal et leurs galeries très animées. La galerie, de 176 mètres de long, est inscrite aux monuments historiques depuis 1974. Il faut savoir qu'au début du XXe siècle la démolition pure et simple de la galerie, laissée à l'abandon, était envisagée...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    On peut y voir d'élégantes vitrines...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    La grande galerie pourvue d'une verrière est longue de 42 mètres. En 1970, Kenzo y fit son premier défilé et l'arrivée de Jean-Paul Gauthier en 1986 la consacra définitivement comme un haut lieu de la mode parisienne.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les travaux de restauration récents ont permis de réhabiliter les caducéesancres et cornes d'abondance qui ornent les fenêtres en demi-lunes.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    J'ai cru comprendre que les déesses et les nymphes qui décorent l'avant rotonde représentaient les saisons. 

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Voici l'été et l'automne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    La coupole vitrée s'effondra en 1961 lors de travaux de réparation...

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Dernière verrière, rectangulaire celle-ci

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    L'entrée de la rue des Petits-Champs est ornée de caryatides : pour nous ce sera la sortie !

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Le Passage des deux Pavillons permet de rejoindre les jardins du Palais-Royal.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les colonnes du Palais-Royal

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Le jardin est fermé pour cause de grève dans le public : ah, ces fonctionnaires, toujours à râler ! Je suis bien placée pour en parler...

    Jolis reflets malgré un temps maussade

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Le circuit préparé par Anne s'arrête au métro Palais-Royal.

    Les passages couverts de la rive droite avec Anne

    Merci, Anne, pour cette agréable promenade historique qui était, comme toujours, très bien organisée. J'ai 6108 mètres au compteur, ça c'est de l'exactitude !


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  • Aujourd'hui, nous avons fait tous les deux une sortie très culturelle qu'Anne-Marie proposait dans le cadre de l'atelier "Petites promenades dans Paris" de notre association, Générations 13. Il s'agit de la visite guidée du musée Nissim de Camondo, situé en bordure du parc Monceau dans le 8ème arrondissement de Paris. Comme de coutume, elle a fait appel à l'association "Paris art et histoire" pour en assurer le guidage. Michèle Mazure est aux commandes pour une découverte très approfondie de l'histoire de cette famille de Camondo et de son riche patrimoine.

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    Nissim de Camondo est issu d’une famille juive séfarade qui, chassée d'Espagne en 1492 à l'époque de l'inquisition, va émigrer à Venise pour venir finalement s'implanter à Constantinople où elle va exercer le rôle de banquier de l'Empire Ottoman (on les appelait "les Rothschild de l'Orient"). La famille Camondo est anoblie en 1867 par Victor-Emmanuel II en remerciement de son soutien financier à la réunification de l'Italie.

    Vue de Constantinople, quartier de Galata

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Le comte Abraham-Salomon Camondo, fondateur de la dynastie (vers 1868) est un homme moderne qui contribue à la construction de la partie européenne de Constantinople. Une rue, des immeubles, des escaliers, des bains vont porter son nom. Philanthrope actif, ouvert et généreux, il se préoccupe de l'intégration de sa communauté au sein de l'Empire Ottoman et s'attache à la mettre sue la voie de la modernité par le biais de l'éducation.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Ses deux petit-fils, Nissim et son frère Abraham Béhor, s’installent à Paris sous le Second Empire (en 1869) où ils font construire deux Hôtels particuliers sur deux parcelles voisines de la rue Monceau. Le fils de Nissim, Moïse (1860/1935), passionné par l’art du 18ème siècle, fait détruire la construction précédente et confie en 1911 à René Sergent la reconstruction de l’hôtel familial, rue Monceau, dans un style inspiré d’Ange-Jacques Gabriel dont cet architecte s’était fait une spécialité.

    Grand collectionneur, Moïse de Camondo réunit au 63 rue Monceau meubles, boiseries, tableaux, objets d’art du 18ème siècle français et, à sa mort, lègue l’ensemble à l’Union centrale des Arts décoratifs sous réserve que soit créé dans son hôtel un musée ouvert au public et qu’il porte le nom de Nissim de Camondo, en souvenir de son fils, aviateur abattu en Lorraine en 1917.

    Nous ne sommes que douze à participer à cette sortie culturelle : le variant Omicron de la Covid, dont on dit qu'il est particulièrement contagieux, en fait encore hésiter certains.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13 

    La façade du musée donne sur la rue Monceau. 

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13 

    Voici une gravure de l'Hôtel voisin ayant appartenu à Abraham Béhor de Camondo : il est actuellement caché par des échafaudages (vue depuis la cour). Au terme d'une succession difficile, cet hôtel est vendu en 1893 à Gaston Menier (1855-1934), propriétaire de la célèbre chocolaterie de Noisiel. De la cave au grenier, tout est mis aux enchères.

    Il est actuellement occupé par la Banque Morgan-Stanley : décidément, le bien passe de banquier à banquier... Il faut dire que le prix du m² rue Monceau est tout de même de 15.000 euros.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13 

    Revenant à nos moutons : passé le porche du 63 rue Monceau, sous lequel se trouve une plaque indiquant le legs de son hôtel particulier par Moïse de Camondo à l'Union des Arts Décoratifs et le destin tragique de ses deux enfants,

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    nous voici entrés dans la cour, face à une réplique presque parfaite du Petit Trianon de Versailles

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Waouuuuuh...

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    L'une des deux portes grises pleines sur l'aile gauche donnait autrefois sur le garage où Moïse de Camondo rangeait ses voitures de collection (Panhard, Bugatti, Daimler, Mercédes, Hotchkiss...).

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    L'autre côté de la cour

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    L'Hôtel possède deux étages au-dessus du rez-de-chaussée : ce sont les étages nobles. La domesticité du comte de Camondo était logée dans des combles, au-dessus de la balustrade.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    L'actuelle administration du musée est abritée dans ces locaux donnant sur la rue Monceau où étaient logés également autrefois les domestiques.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Le Rez-de-chaussée

    La visite peut maintenant commencer : Michèle Mazure nous présente tout d'abord le rez-de-chaussée et en particulier ce couloir éclairé par de larges ouvertures donnant sur le vestibule d'honneur de l'Hôtel.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Deux tableaux d'Hubert Robert surmontant d'élégantes consoles en marbre le décorent (Photo Monick).

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Elles encadrent une pièce exceptionnelle : ce régulateur est capable de donner l'heure à la seconde près grâce à une petite aiguille ornée d'une lune !

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13 

    Dans sa partie basse, un joli motif représente Bacchus enfant tenant une grappe de raisin, sous l'œil de sa mère.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    De jolis jeux de lumière dans ce couloir

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Celui-ci donne accès à un vestibule dont l'escalier d'honneur orné d'une "serrurerie" splendide conduit au premier étage.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    D'élégants bras de lumière en bronze ciselé de Jean-Louis Prieur (vers 1766), éclairent le vestibule. Ils proviennent du château royal de Varsovie.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Toujours dans le vestibule...

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    On y trouve aussi un très joli cartel en bronze ciselé et doré attribué à Robert Osmond (1711-1789).

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Mais pour l'heure (sans jeu de mot !), nous restons au rez-de-chaussée pour aller visiter les cuisines qui se trouvent de l'autre côté de l'escalier d'Honneur.

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    Au passage, cette fontaine en marbre rouge-royal (de Hautmont en Belgique) et plomb doré (vers 1750-1760) 

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    L'hôtel particulier des Camondo possédait un ascenseur.

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    La cuisine

    La cuisine de l'Hôtel de Camondo est entièrement carrelée du sol au plafond et possède des angles arrondis pour permettre un meilleur nettoyage et la retombée de la buée due à l'humidité de la pièce.

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    Le fourneau de nos grands-mères et la batterie de casseroles en cuivre revisités à la taille d'un hôtel particulier ! - (Photo "unguideaparis.com")

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    J'ai craqué sur la bassine en cuivre et ses petits noeuds noeuds.

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     La rôtissoire, imposante elle aussi.

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    Dans un angle, un modeste évier décoré ici par des fruits artificiels, œuvre de Ewa Jacobs (fruitsdecoratifs.odexpo.com). Ce sont de véritables œuvres d'art, réalisées en cire/paraffine. Ils sont présents au musée Nissim de Camondo mais aussi dans plusieurs châteaux de France et même d'Europe.

    Si vous voulez vous en procurer, ils sont vendus dans le quartier du Marais à la boutique "Au Débotté".

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    On en mangerait, non ?

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    Dans l'arrière cuisine, encore de la casserolerie et un évier à deux bacs cette fois-ci.

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    Ce dernier, muni sur la droite d'une double paroi, permet de maintenir l'eau chaude plus longtemps...

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    Attenante à la cuisine, la "Salle des gens" qui permettait au personnel de prendre ses repas. La table est mise pour 12 couverts mais il y avait peut-être une rotation ?

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    Avant de quitter la cuisine, un coup d'œil sur le tableau d'appel du personnel qui était relié aux différentes pièces de l'Hôtel et qui permettait de localiser les appels des maîtres (il y en avait dans les principales pièces de service). On pouvait ainsi recevoir un appel de Monsieur le comte ; de Madame ; de Mademoiselle ; du fumoir ; de la bibliothèque ; du Grand salon etc...

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    Et des pièces, il y en a ! Michèle Mazure va nous les faire toutes visiter, par le menu... Pour cela, il faut monter l'escalier d'Honneur.

    Au passage, nous regardons un fauteuil que je n'aurais peut-être pas particulièrement remarqué (il y a tant à voir...) si notre guide ne nous l'avait détaillé. Il date évidemment du 18ème siècle puisque nous nageons dans ce siècle et possède des accoudoirs très originaux en forme de tête de bélier.

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    Mais ce en fait la valeur, c'est surtout le bas de l'assise en bois travaillé à la manière d'une frange de tissu. Avouez qu'il fallait le faire !

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    A côté une statue de "Vénus et l'Amour" très gracieuse

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    Dans la montée d'escalier, aux deux angles formés par le mur du fond se trouvent deux meubles d'angles ou "laques" (meubles ayant reçu plusieurs couches de laque successives et étant décorés par des effets de gravures, de peinture ou de dorure).

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    Moïse de Camondo avait un goût prononcé pour la symétrie : il achetait presque toujours les objets en double.

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    Nous voici à mi-étage.

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    Dans la montée d'escalier, une tapisserie de la manufacture des Gobelins (vers 1680) en laine et soie. Le motif central présente les armes de France soutenues par deux figures ailées sur fond fleurdelisé.

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    La visite se poursuit par le rez-de-chaussée haut avec le Grand bureau.

    C'est la première pièce que nous découvrons. Ne vous attendez pas à du dépouillement, ce n'est pas la mode au 18ème siècle et cet Hôtel est avant tout un lieu où Moïse de Camondo accumule tous les meubles et objets qu'il a collectionné et réunis pendant toute une vie.

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    On peut y voir deux chaises recouvertes de velours bleu estampillées de Jean-Baptiste Claude Sené que l'on pourrait prendre pour des Prie-Dieu mais pas du tout, ce sont des "chaises voyeuses" qui permettaient aux invités de s'agenouiller devant les tables de jeux pour suivre les parties plus confortablement.

    Vous remarquerez qu'il y a aussi dans ce bureau deux fauteuils et deux petits guéridons...

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    Cette photo vous permet de voir que le grand miroir qui orne le dessus de la cheminée est un miroir en deux parties (j'ai oublié le nom qu'on lui donne) : à cette époque on ne savait pas faire de très grands miroirs. La cheminée est encadrée par deux tapisseries de la manufacture d'Aubusson représentant les Fables de La Fontaine.

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    Dans la pièce également, quatre autres tapisseries des Fables de la Fontaine. Tissées dans l'atelier De Menou (vers 1775-1780), elles ont pour sujet : "le loup, la mère et l'enfant", "le lion amoureux", "rien de trop", "les poissons et le berger qui joue de la flûte", "le renard et la cigogne" et "le loup et la cigogne".

    Celle-ci, située à droite de la cheminée, doit être "Le lion amoureux".

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    Sur un mur, près de la fenêtre, un tableau d'Elisabeth Vigée Lebrun intitulé "Bacchante" (vers 1785). Ce sujet mythologique est exceptionnel dans l'œuvre de la portraitiste attitrée de Marie-Antoinette. Toutefois, prétexte au rendu du charme d'un nu féminin, il connut un vif succès qui poussa l'artiste à en peindre une seconde version. (Photo site du musée Nissim de Camondo)

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    C'est dans le Grand bureau que Moïse de Camondo a choisi d'exposer des photos de son fils Nissim, abattu par un avion allemand en 1917. Et toujours cette symétrie qui lui tenait tant à cœur.

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    Dans le Grand bureau également, un meuble assez exceptionnel : un secrétaire à cylindres estampillé de Claude-Charles Saunier (vers 1780)

    Le secrétaire repose sur quatre pieds fuselés à cannelures rudentées et ouvre par cinq tiroirs en ceinture et trois tiroirs au-dessus du cylindre. Celui-ci dégage un plateau coulissant solidaire de huit tiroirs, dont quatre feints, surmontés d'un casier ; deux tirettes sur les côtés.

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    Un autre très joli tableau dans ce Grand bureau, c'est celui de Geneviève-Sophie Le Couteux du Molay également par Elisabeth Vigée Lebrun (1788).  

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    Le meuble au-dessus duquel il est accroché est une commode à rideaux estampillée de Jean-Henri Riesener (vers 1775-1780) : au-dessous de trois tiroirs en ceinture, deux rideaux à lamelles coulissent pour découvrir quatre tiroirs. Au centre, un bouquet fait d'une très belle marqueterie.

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    Un lustre aux pendeloques de cristal éclaire naturellement la pièce.

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    Le Grand salon

    Nous voici maintenant entrés dans le Grand salon qui est également un véritable musée, avec beaucoup de symétrie aussi comme vous pouvez le deviner.

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    Il s'agit d'une grande pièce en angle ouvrant sur un jardin de buis.

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    La boiserie blanc et or provient du salon de compagnie du comte de Menou. Elle est particulièrement travaillée au-dessus des portes.

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     De chaque côté de la cheminée de marbre blanc, deux médaillons par François-Hubert Drouais (1789) représentent les portraits des deux fils du marquis de Serent qui était le gouverneur des fils du comte d'Artois. Ils ont été achetés en 1920 par Moïse de Camondo.

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    Sur le guéridon rond au premier plan, une bouteille à saké en bronze laqué japonais du 16ème siècle monté sur un socle en bronze doré par François Rémond (1783), le grand bronzier du règne de Louis XVI. Elle représente des feuilles de Paulownia, un arbre que l'on trouve au Japon. (Photo site musée Nissim de Camondo)

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    De part et d'autre de la cheminée une paire de vases couverts en bois pétrifié qui ont cela d'original que leurs anses sont formées de serpents entrelacés en bronze doré remarquablement ciselé. Ils firent partie des collections de Marie-Antoinette à Versailles, placés dans l'armoire de la salle de bain de la Reine. Cette dernière, inquiète à juste titre de la tourmente révolutionnaire, avait confié à son fournisseur Daguerre, dès le 10 octobre 1789, ses collections d'objets précieux. Mis en vente en 1798, sous le Directoire, ils réapparaissent en 1841 lors de la vente du baron Roger avant de devenir l'un des fleurons de la collection de Moïse de Camondo.

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    Dans ce Grand salon, un mobilier estampillé Georges Jacob (vers 1780-1785) composé de deux canapés, une marquise, dix fauteuils et un écran.

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    Egalement, une table à gradin dite "Bonheur du Jour" en bois de rose. La ceinture, le plateau et le gradin de ce meuble estampillé de Martin Carlin (vers 1766) sont ornés de dix-sept plaques de porcelaine de Sèvres à bouquets de fleurs sur fond blanc dans des encadrements verts et or enchâssés dans des montures de bronze.

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    Le marchand Simon-Philippe Poirier avait livré une table semblable à Madame Du Barry et la comtesse d'Artois, belle-sœur du roi Louis XVI, en possédait également une.

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    J'en terminerai avec le Grand salon par ce paravent de la manufacture de la Savonnerie (vers 1735-1740) qui m'a tapé dans l'œil en entrant dans la pièce.

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    Ses panneaux sont ornés de cornes d'abondance remplies de fleurs qui mettent en valeur des oiseaux en vol.

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    Joli, non ?

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    Le salon des Huet

    Nous avons maintenant changé de pièce mais restons dans le luxe avec ce salon des Huet, de forme ovale qui a été spécialement conçu pour y recevoir la suite de panneaux peints de scènes champêtres par Jean-Baptiste Huet.

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    Le mobilier de salon, estampillé de Jean-Baptiste Claude Sené (vers 1770-1780), est constitué comme toujours d'un nombre pair : huit fauteuils à la reine, deux bergères en cabriolet et un canapé. La console en bronze argenté et doré au dessus en marbre vert d'Egypte est datée vers 1765-1770.

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    Les accoudoirs du petit canapé bleu sont particulièrement finement sculptés.

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    La salle à manger

    Nous voici donc ici dans un lieu particulièrement fréquenté par les invités de Moïse de Camondo, la salle à manger. Celle-ci est lambrissée de boiseries peintes en vert. Michèle Mazure nous a expliqué que le vert était une couleur à la mode au 18ème siècle car déjà rappelant la nature : écolos avant l'heure !

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    J'ai remarqué ces superbes sculptures surmontant les colonnes de marbre rose.

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    Au centre de la table, dressée pour huit couverts mais pouvant en accueillir douze,

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     un Pot à oille en argent (1770-1771). Il s'agit d'une ancienne soupière circulaire destinée à contenir le ragoût ou oille, plat fort à la mode aux 17 et 18ème siècles. Evidemment, on est ici dans le "grand monde"... (Photo site musée Nissim de Camondo)

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    Une bien belle table...

     

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    Le menu du 9 juin 1933 auquel Moïse de Camondo convia ses invités ne m'a pas toutefois spécialement impressionnée vus les repas auxquels j'ai pu participer dans ma jeunesse (dans les années 60) qui étaient tout aussi consistants mais bien sûr réservés aux fêtes...

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    Melon glacé
    Filets de sole Murat
    Poulets pochés à l'estragon
    Riz créole
    Pièce de boeuf à la gelée
    Salade de Romaine
    Petits pois à la française
    Paillettes au parmesan
    Fromage
    Granit à la cerise

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    Une jolie fontaine

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    Buste de femme noire : bronze patiné par Pierre-Philippe Thomire d'après Jean-Antoine Houdon (début du 19ème siècle)

    Ce buste d'esclave noire porte des boucles d'oreilles, dites créoles, seul bijou alors autorisé aux femmes esclaves dans les Antilles françaises. L'inscription sur le socle fait référence à son affranchissement, en application du décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794 décidée par la République française, alors réunie en Convention nationale.

    Autrefois intitulé "Buste de Négresse", ce titre devenu à la fois choquant et inacceptable a été changé pour celui de "Buste de femme noire" afin de rendre pleinement à cette œuvre sa noblesse, son originalité et sa modernité.

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    Le Cabinet des porcelaines

    Cette porte donne accès au Cabinet des porcelaines spécialement aménagé par Moïse de Camondo pour présenter et mettre en valeur sa collection des différents services Buffon en porcelaine de Sèvres. C'est dans cette pièce que le maître de maison prenait ses repas quand il était seul.

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    Le millier de planches gravées qui accompagne "L'Histoire naturelle des Oiseaux" publiée entre 1770 et 1783 par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, allait devenir une source quasi inépuisable de modèles pour les peintres de la manufacture de Sèvres, notamment pour le décor de services ornithologiques dit "Buffon".

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    Ici, devant les assiettes, un service à glaces...

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    Et là, un objet destiné à recevoir les verres des convives pendant les cocktails (?) Il faudra que je redemande l'explication exacte à Michèle Mazure.

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    Depuis la salle à manger, on a une jolie vue sur les jardins. Ceux-ci ont été dessinés par Achille Duchêne (1866-1947), paysagiste renommé pour la restauration et la création de grands parterres de broderies des châteaux et de nombreux jardins de ville, notamment à Paris.

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    Une jolie niche qui abrite un élégant trio de putti...

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    Le Petit bureau

    Les murs de cette petite pièce, également appelée "Salon anglais", sont tendus d'une soie cramoisie.

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    Voici maintenant l'escalier, plus modeste, qui permet d'accéder à l'étage supérieur, où se trouvaient les appartements privés du comte de Camondo et de ses enfants (le comte était divorcé).

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    Vue plongeante sur le rez-de-chaussée haut

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    Le Salon bleu

    C'était autrefois la chambre de Béatrice de Camondo. Moïse en fit à partir de 1924 et jusqu'à sa mort en 1965 une pièce qui lui servit de bureau. Le tapis a été exécuté par les ateliers de la Savonnerie.

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    Même si les peintures semblent plutôt tirer sur le vert, elles étaient bleues originellement.

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    On trouve dans cette pièce un tableau amusant intitulé "Les gentilshommes du duc d'Orléans dans l'habit de Saint-Cloud". Le peintre, Félix Philippoteaux (1815-1884), qui semble ne pas savoir dessiner les visages..., a fait figurer les personnages de dos ! (Photo site musée Nissim de Camondo)

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    Un tableau historique cette fois-ci : La Samaritaine et le Pont-Neuf par Jean-Baptiste Raguenet (1755)

    Il s'agit de la pompe de la Samaritaine, une machine édifiée sur le pont neuf pour apporter l'eau de la Seine au Louvre.

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    La Bibliothèque

    Les boiseries en chêne naturel sculpté de la bibliothèque ont déterminé la hauteur de cet étage et créent une atmosphère chaleureuse. C'est ici que Moïse de Camondo consultait ses catalogues de ventes et de nombreux périodiques dont la Gazette des Beaux-Arts qu'il faisait soigneusement relier en maroquin rouge.

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    Depuis la bibliothèque on a une jolie vue sur le parc Monceau.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Ce mobilier en noyer sculpté, composé d'un canapé, de deux bergères et de six fauteuils à la reine, confère à la bibliothèque le confort d'un salon. Il est couvert d'un très beau velours ciselé et frappé bicolore et a appartenu à un ecclésiastique dijonnais, Mgr Gouthe-Soulard.

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    Cet escabeau en acajou (vers 1800-1810) devient, quand il est replié, un tabouret. De tels meubles, pratiques et élégants, figuraient dans les bibliothèques aménagées pour Napoléon Ier au début du 19ème siècle.

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    L'appartement de Moïse de Camondo

    Il est composé d'une chambre, d'une salle de bain et à la suite d'une pièce appelée "habillage".

    La Chambre

    Peu de recul dans cette petite pièce... donc deux photos au lieu d'une.

    Le ciel de lit

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    Le lit : il est à trois chevets en bois sculpté et peint qui date des années 1765-1775. Sur le mur sont réunies des scènes de genre er des portraits.

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    Au-dessus du lit, un nu : ils sont rares dans l'Hôtel particulier.

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    La salle de bain

    La pièce est carrelée à mi-hauteur avec des carreaux de céramique bleu et blanc disposés suivant un motif de vannerie. Elle possède un plafond laqué avec du Ripolin en arrondi tout comme la cuisine favorisant le nettoyage et la retombée de la buée.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Elle est composée d'un lave-pieds, d'une baignoire, d'un bidet (en grès émaillé),

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    ainsi que d'un lavabo à double vasque. La robinetterie est nickelée, une innovation à cette date pour un particulier.

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    Il y a même dans la pièce un porte-serviette chauffant...

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    ainsi que des Water-Closet en porcelaine anglaise équipés de robinets de chasse à piston, dont le système a pour nom "silencieux".

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    Les couloirs sont éclairés par de larges ouvertures pratiquées dans le plafond.

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    Michèle Mazure nous montre ici un tableau de la généalogie de la famille Camondo depuis Abraham-Salomon jusqu'aux enfants de Béatrice, la fille de Moïse, morts comme leurs parents à Auschwitz en déportation.

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    L'appartement de Nissim de Camondo

    Il n'a pas gardé son aménagement d'origine mais a été rassemblé dans son bureau.

    La chambre bureau

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    La salle de bain

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    La visite se termine par une petite pièce où se trouve une maquette de l'Hôtel particulier des Camondo.

    La façade sur la rue Monceau

    Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13

    La façade donnant sur le jardin et le parc

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     C'est dans ce jardin qu'a été prise une photo de Moïse de Camondo et de son fils Nissim en 916 (copyright Les Arts Décoratifs - Paris ).

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    Une visite très intéressante

    Merci à Anne-Marie de l'avoir réservée et à Michèle Mazure de l'avoir animée.


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