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L'enceinte de Philippe-Auguste : rive droite
Ce vendredi, nous avions rendez-vous avec Anne-Marie au métro Louvre-Rivoli : c'est ici qu'a débuté notre promenade parisienne sur les traces laissées par la muraille construite à la fin du XIIème siècle (de 1190 à 1210) par le Roi Philippe Auguste (*).
Sacre du Roi Philippe Auguste à Reims le 1er novembre 1179 (Chroniques de France - XIVème siècle)
(*) On voit bien sur les deux cartes qui suivent que Philippe II - Philippe Auguste pour les intimes - a considérablement accru le domaine royal, le prénom d'Auguste lui ayant été donné par le moine Rigord en référence directe aux conquêtes des empereurs romains.
Au début de son règne, la France présente cette physionomie : autrement dit..., les anglais sont à nos portes !
Philippe Auguste, pressentant le danger venant de l’Angleterre, initie les travaux de construction de la forteresse du Louvre, destinée à protéger la ville de Paris dont il veut faire sa capitale.
Anne-Marie nous a dit qu'elle possède une profusion de livres sur Paris : elle nous montre ici l'un d'entre eux où l'on trouve une gravure du Louvre de Philippe Auguste.
Le donjon (appelé Grosse-Tour) est large de 15 mètres et mesure 30 mètres de haut : il est entouré par un fossé sec, lui-même ceint d'une enceinte très épaisse côté ouest (celui par où l'ennemi risque d'arriver), plus légère côté est.
Sur cette autre iconographie il est intéressant de remarquer le bateau tendant des chaînes en travers de la Seine afin d'en empêcher l'accès : Anne-Marie nous en avait parlé.
Après avoir précédemment parcouru lors d'une autre promenade la partie sud de l'enceinte (longue de 2600 mètres), Anne-Marie nous entraîne aujourd'hui sur sa partie nord (qui fait 2800 mètres), encore appelée "enceinte rive droite".
L'enceinte de Philippe Auguste était constituée d'une muraille haute de 9 mètres et épaisse de 3 mètres à sa base avec des créneaux et un chemin de ronde ainsi que des tours de défense à distance régulière (60 mètres soit : 2 fois 30 mètres, portée de tir d'une arbalète) et comprenant des portes lourdement fortifiées (elles étaient munies de herses) pour garder les entrées de Paris.
C'est à l'emplacement de cette cour - la Cour carrée - que se situait le donjon du premier Louvre : le pavage en marque l'emplacement.
Empruntant la rue de Rivoli voisine, nous longeons le Temple protestant de l'Oratoire du Louvre où se trouvait autrefois la Porte Saint-Honoré. Devant le temple, le monument à l'amiral Gaspard de Coligny assassiné lors de la Saint-Barthélémy.
Dans la cave qui se trouve sous la grande sacristie, il existe parait-il un mur arrondi fait de grosses pierres taillées, reste de ces tours de 6 mètres de diamètre qui protégeaient la muraille.
L'enceinte se prolongeait dans la direction des cheminées ci-dessous.
Au 11 rue du Louvre se trouvent les restes d'une des tours,
avec, dans la partie basse, un ancien puits.
Le parcours de l'enceinte emprunte ensuite la rue du Jour où se trouve un très bel Hôtel particulier abritant la maison de couture agnès b.
Juste en face, une caserne de pompiers à remplacé la maison champêtre (qui comprenait un manège et des écuries) que Charles V s'y était fait construire, appelée "Le séjour du Roi". La rue prit alors le nom de rue du Séjour, puis de rue du Jour.
Au 30 de la rue Montmartre, une plaque est accolée au mur de l'immeuble : elle marque l'emplacement de l'ancienne Porte Montmartre.
Tandis qu'au 29 de la rue Etienne Marcel voisine se trouve une autre plaque rappelant l'emplacement de l'ancien théâtre de l'Hôtel de Bourgogne dont la troupe rivalisait avec celle de Molière.
Construite en 1408 par le Duc Jean-sans-Peur, cette tour (du même nom) est l'unique vestige du palais parisien des Ducs de Bourgogne. Elle est donc postérieure à la construction de l'enceinte de Philippe Auguste mais a été construite en s'appuyant dessus.
Tiens tiens, la haie est habitée par ce beau jour printanier...
Nous voici maintenant dans la rue Tiquetonne qui joint la rue Saint-Denis à la rue Montmartre en empruntant le parcours de la muraille dont elle était le chemin de ronde extérieur. Son côté impair était presque entièrement dévolu à l'Hôtel de Bourgogne.
Un peu plus loin, une plaque apposée dans la rue Saint-Denis rappelle qu'ici se trouvait autrefois la Porte du même nom, dite aussi Porte aux peintres du fait de sa proximité avec l'impasse des Peintres voisine.
Voisin de la rue Beaubourg, le Jardin Anne Frank où nous nous reposons un petit peu tandis qu'Anne-Marie reprend ses explications.
Un peu plus loin, au 55 de la rue des Francs-Bourgeois, la cour du Crédit municipal de Paris (aussi connu sous le nom de "Mont-de-Piétée ou "chez ma tante") recèle les bases d'une des tours de l'enceinte (qui a été surmontée d'une tourelle en briques plus récente). On la nomme Tour Pierre-Alvart : je n'ai pas trouvé pourquoi...
On remarque au sol (devant la porte) un pavage délimitant une large bande suivant le tracé de l'ancienne enceinte.
Les aménagements du Jardin des rosiers-Joseph Migneret mettent en valeur les restes d'une autre tour.
Notre promenade touche à sa fin... Nous voici arrivés rue Charlemagne dans le 4ème.
Un charmante fontaine a retenu mon attention (elle est bien sûr totalement hors sujet !).
Au coin de la rue des Jardins Saint-Paul et de la rue Charlemagne, une tour.
Encore une me direz-vous !Elle porte le nom de tour Montgomery en vertu de la tradition qui veut que Gabriel de Montgomery y fût enfermé pour avoir provoqué involontairement la mort d'Henri II après l'avoir blessé d'un coup de lance dans l'oeil lors d'un tournoi le 30 juin 1559. Le Roi avait organisé un tournoi pour célébrer les mariages de sa fille avec le Roi d'Espagne et de sa soeur avec le Duc de Savoie. Pas de chance : dix jours d'agonie...
Anne-Marie nous a réservé le "clou" de la balade : un pan entier de l'enceinte avec deux tours (Photos tirées d'internet : cet espace est maintenant dévolu aux jeunes qui y jouent au basket...).
Et voilà le Quai des Célestins, terme de notre promenade
Une pelle Stark indique qu'ici se tenait la tour Barbeau où s'achevait, pour la rive droite, l'enceinte de Philippe Auguste édifiée aux frais des bourgeois de la ville avant le départ du Roi pour la croisade. Par temps de troubles, elle était reliée à une autre tour, dite tour Loriaux, située dans l'île, elle-même reliée au Château de la Tournelle, sur la rive gauche, par des chaînes qui reposaient sur des radeaux amarrés à des pieux profondément enfoncés dans le fleuve.
Sur le plan de Braun ci-dessous, on voit bien l'emplacement de la tour de Barbeau et le Château de la Tournelle. Vous remarquerez qu'à cette date l'île Saint-Louis actuelle est constituée de deux îles (l'île aux vaches et l'île Notre-Dame).
Merci beaucoup Anne-Marie pour ce voyage dans le temps.
Tags : Enceinte de Philippe Auguste, rive droite, tours, Porte Montmartre, Porte Saint-Denis, tour Pierre-Alvart, tour Montgomery, tour Barbeau, tour Loriaux
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Commentaires
2Minouche LeandriDimanche 25 Mars 2018 à 23:51Merci pour ce très beau et instructif compte rendu de la visite avec Anne-M.arie, je n'ai malheureusement pas pu y assister et je l'ai bien regretté. Les photos sont très belles, Anne-Marie est superbe-
Mardi 27 Mars 2018 à 16:23
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3Minouche LeandriMardi 27 Mars 2018 à 20:55
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Superbes photos avec commentaires; si je prends les mêmes lieux, c'est beaucoup moins bien ; merci Claire et Anne -Marie
Merci beaucoup Anne