• L'exposition Greco au Grand Palais

    Les fêtes m'ont empêchée jusqu'à ce jour de poster un billet sur la visite que j'ai faite avec ma soeur Arlette de l'exposition Greco qui se tient en ce moment au Grand Palais.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Est-il besoin de la préciser ? Ce 18 décembre, nous sommes en pleine période de grève des transports sur Paris mais... nous avons réservé ces billets de longue date : dommage donc de les perdre car les musées parisiens ne sont pas en grève et ne remboursent donc pas leurs visiteurs comme l'Opéra de Paris - qui lui, en grève - le fait pour ses spectateurs !

    Nous décidons donc de prendre un bus à la Porte d'Orléans, le 92, jusqu'au pont de l'Alma situé non loin du Grand Palais... Je vous fais un dessin ou ça ira comme ça ?

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Un bon 3/4 d'heure plus tard (les portes du bus mettent un temps fou à se refermer à chaque arrêt vue l'affluence...) nous voici arrivées à bon port.

    Il fait beau : nous pouvons admirer la très récente Cathédrale orthodoxe de Paris située au pied de la Tour Eiffel ou presque, cathédrale dessinée par Jean-Michel Wilmotte dont la construction a fait couler beaucoup d'encre...

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Si Poutine tient à avoir son église à Paris, c’est que l’enjeu n’est pas seulement spirituel mais géostratégique : la religion orthodoxe ne se reconnaît pas de pape mais quinze patriarches qui représentent chacun une langue et un pays. Moscou dispute de longue date à Constantinople (actuelle Istanbul) la suprématie religieuse. Une cathédrale en majesté à Paris – « cœur de l’Europe » selon Vladimir Kojine – signerait le grand retour de la Sainte Russie sur la scène internationale.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Prenant la rue Jean Goujon (en souvenir de mon père qui y a fait toute sa carrière chez Rhône-Poulenc...), nous passons devant le Monument commémoratif de l'incendie du Bazar de la Charité (justement sur les petits écrans cette semaine) : celui-ci est fermé, il n'est ouvert que lorsque des messes y sont célébrées. 

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Nous voici maintenant au Grand Palais, prêtes à visiter cette exposition exceptionnelle.

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Né en 1541 en Crète, Domenico Theotokopoulos, dit El Greco, fait son premier apprentissage dans la tradition byzantine avant de parfaire sa formation à Venise puis à Rome. C’est cependant en Espagne que son art s’épanouit et s’implante durablement à partir de la décennie 1570. Attiré par les mirifiques promesses du chantier de l’Escorial, l’artiste importe dans la péninsule la couleur du Titien, les audaces du Tintoret et la force plastique de Michel-Ange. Cette éloquente synthèse, originale mais cohérente par rapport à sa trajectoire, donne à Greco, mort quatre ans après Caravage, une place particulière dans l’histoire de la peinture, celle du dernier grand maître de la Renaissance et du premier grand peintre du Siècle d’Or.

    Ce sont les avant-gardes européennes qui, au tournant des XIXe et XXe siècles, redécouvrent Greco, éblouis par son oeuvre à la fois fougueuse et électrique, inscrivant son nom à côté du leur dans le grand livre naissant de la modernité.

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    Greco naît et grandit à Candie, capitale de la Crète, dans une famille de condition modeste. On y parle le grec et le dialecte vénitien : s'y mêlent chrétiens orthodoxes et latins. Dans cette atmosphère cosmopolite, l’école de peinture crétoise compte environ 150 artistes qui peignent des icônes dans une technique et un style traditionnels : à la détrempe (les pigments sont liés avec de la gomme arabique), sur fond d’or, sans représentation de la profondeur ou du modelé.

    De cette période sont conservées quelques œuvres, de petites dimensions, peintes sur bois ou sur toile.

    Sainte Véronique (vers 1580)

    Le tableau était autrefois placé au niveau supérieur d'un retable monumental. En peignant Sainte Véronique portant le voile sur lequel s'est miraculeusement imprimé le visage du Christ lors de la Passion, Greco aborde la question délicate de la représentation de Dieu et de la légitimité de l'art.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Autel portatif, dit Tryptique de Modène

    Tel un oratoire mobile, cet objet de dévotion était destiné à pouvoir accompagner son propriétaire. Sa forme est typiquement crétoise mais les emprunts à la gravure italienne et à la peinture vénitienne témoignent des nouveaux intérêts de Greco. L'oeuvre est le point de départ de sa carrière de peintre de la Renaissance. Certains motifs et détails se retrouvent dans d'autres peintures tout au long de sa vie : la bouche infernale, les figures dansantes, le schéma de l'Annonciation.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ portant la croix (vers 1570)

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Saint Luc, patron des peintres, est représenté ici sous les traits d'un enlumineur (vers 1605)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco ne souhaite pas demeurer un peintre d’icônes. Il embarque alors pour Venise en 1567, la destination naturelle de nombreux peintres crétois. Au cours de son séjour vénitien qui dure 2 ou 3 ans, Greco s'essaie au support de toile, adopte des formats plus importants et la technique de la peinture à l’huile. Il s’efforce d’assimiler les techniques et le langage coloriste des grands artistes qui dominent alors le marché de cette cité, Titien, Tintoret, Bassano.

    Dans ce tableau, La mise au tombeau du Christ (1568-1570), il conjugue le sens de la couleur aux inventions de Michel-Ange. Discrètement, il insère dans l'arrière-plan le portrait de son modèle, Titien, reconnaissable à son bonnet.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    A Rome où il se rend ensuite à partir de 1572, il est un étranger, sans appui, maîtrisant imparfaitement la langue italienne et ignorant la technique de la fresque : il n'est pas aisé de s'y faire une place dans une ville aux mains de dynasties d'artistes bien installés...

    Il va alors en Espagne et se déplace entre Madrid et Tolède en quête de mécènes. Luis de Castilla, que Greco a rencontré à Rome, l’assure de son soutien auprès de son père Diego de Castilla, doyen des chanoines de la cathédrale de Tolède. Ce dernier signe deux contrats avec le Greco : un pour Le Partage de la Tunique du Christ pour la cathédrale, l’autre pour huit toiles et quelques sculptures pour l’église du couvent de Santo Domingo el Antiguo.

    Le partage de la tunique du Christ (1579-1580)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ en croix, entouré de deux donateurs (1595)

    Un tableau de très grand format qui impressionne quand on le voit.

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Ambiance dans l'exposition : nous n'avons pas fait la queue mais nous n'étions pas seules.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Portrait du Cardinal Nino de Guevara, grand inquisiteur et archevêque de Séville (vers 1600)

    On y décèle une grande dimension psychologique, mise en évidence par le regard derrière les lunettes et la main crispée sur le bras du fauteuil.

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    Portrait du frère Hortensio Felix Paravicino (1609-1611)

    Grand intellectuel, Paravicino vouait une grande admiration pour l'art de Greco auquel il dédia plusieurs de ses poèmes.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    La Sainte Face (1579-1584)

    En dehors du visage du Christ miraculeusement imprimé sur le voile de Sainte Véronique, Greco ne fournit que les dessins pour les figures des anges qui furent exécutées par le sculpteur espagnol Juan Bautista Monegro.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'adoration des bergers (vers 1579)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'Annonciation (vers 1576)

    La toile est probablement l'une des dernières peintures du Greco en Italie ou l'une des premières en Espagne. On y retrouve l'influence de Michel-Ange. 

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco et atelier : Le partage de la tunique du Christ (1580-1585)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'Assomption de la Vierge (1877-1579)

    Cette toile gigantesque formait la partie principale du maître-autel de l'église de Santo Domingo el Antiguo, l'une des premières réalisations de Greco à son arrivée à Tolède.

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    Saint Martin partageant son manteau avec un pauvre (1597-1599)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    J'adore ce tableau où l'on aperçoit entre les jambes du cheval le paysage de la ville de Tolède. Sans le faire exprès, je l'ai photographié à l'instar des photos que l'on trouve sur le net...

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Superbe, ce Christ en croix (vers 1600)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco ne l'aurait-il pas copié-collé sur le Christ avec deux donateurs vu précédemment... ?

    Guillaume Kients, co-commissaire de l'exposition, explique en effet que ce qui rapproche Greco de Cézanne, c’est un questionnement sur l’image, sur la déconstruction de l’image, et aussi un travail sur la série : ce que Cézanne fait avec ses Sainte-Victoire par exemple, où sans cesse il revient sur le motif, Greco c’est pareil : c’est un artiste qui, des siècles plus tôt, revient et revient encore sur le motif.”

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'agonie du Christ au jardin des oliviers (vers 1590)

    Dans la grotte, on voit les apôtres endormis...

    L'exposition Greco au Grand Palais

    et dans le lointain les soldats qui montent la garde...

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Saint François et Frère Léon (vers 1600-1605)

    Frère Léon assiste à l'entretien mystique du saint, ébloui par une torche apparue dans le ciel.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Jeune garçon soufflant sur une braise (1569-1570)

    Si l'on connait généralement Greco pour ses portraits et ses scènes religieuses, il a également traité des sujets plus modestes mais néanmoins prodigieux comme celui figurant un garçon attisant une braise de son souffle. Cette première version annonce clairement le travail de Caravage ou de Ribeira : fort contraste, palette ocre...

    Un portrait finalement assez traditionnel, en buste sur fond noir.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    La fable (vers 1585)

    Le singe symbolise sans doute le vice et l'homme souriant peut représenter la folie. Il est en effet possible que l'oeuvre soit porteuse d'un discours moral à valeur d'avertissement sur l'échauffement des sens et les dangers de "jouer avec le feu".

    L'exposition Greco au Grand Palais

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    Saint Pierre et Saint Paul (1600-1605)

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    Saint Pierre pénitent (1595-1600)

    Comme Sainte Marie-Madeleine, Saint Pierre est un modèle de repentance. Il s'agit à la fois d'insister sur le pardon chrétien, mais aussi d'inciter à la pénitence à travers la confession des péchés.

    L'exposition Greco au Grand Palais

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    Sainte Marie-Madeleine pénitente (vers 1584)

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    Le Christ sur le chemin du calvaire (vers 1585)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    La Sainte Famille avec sainte Marie-Madeleine (vers 1600)

    Greco traite ici de la Sainte Famille selon une composition complexe combinant différentes formules traitées séparément dans des toiles précédentes. Avec ses rythmes cassés, la sophistication de la construction, plusieurs fois décomposée et recomposée, semble annoncer le cubisme de Picasso.

    Guillaume Kientz, le co-commissaire de l'expostion, explique en effet que "Greco va conditionner une grande partie de ce qu'on va appeler la "période bleue" de Picasso, et va même l'inciter à aller jusqu'au défi qu'il lance à l'image en inventant le cubisme. 

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais 

    Pieta (1580-1590)

    Très rarement présentée au public, cette Pieta est l'une des plus émouvantes compositions de Greco. Le drame humain et le mystère humain de la scène s'y conjuguent magistralement.

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    Greco et atelier : Le repas chez Simon (1610-1614)

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    Le Christ chassant les marchands du Temple (vers 1600)

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    Le Christ chassant les marchands du Temple (vers 1575)

    Peint à Rome, ce chef-d'oeuvre de jeunesse est un manifeste artistique.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco y insère le portrait de ses principaux modèles auxquels, fièrement, il entend se mesurer : Titien, Giulio Clovio, Michel-Ange et vraisemblablement Raphaël.

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    L'Ouverture du cinquième sceau, dit aussi La Vision de Saint Jean (1610-1614)

    J'ai adoré ce tableau qui est très bien mis en valeur, seul sur un panneau : elle clôt d'ailleurs l'exposition.

    Aujourd'hui amputée dans sa partie haute, la toile était destinée à un retable de l'Hôpital de Tavera à Tolède. Restée inachevée à la mort de Greco en 1614, elle ne fut jamais mise en place. Présentée à Paris au début du XXème siècle, elle inspira de nombreux peintres, dont Picasso.

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Je ne sais pas pourquoi j'avais en mémoire des couleurs sombres pour Greco... J'ai découvert un peintre de la couleur.

     L'exposition se termine le 10 février 2020...


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