• Le Devin du village à l'Université Paris-Diderot

    2012 est l'année du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.

    Pour commémorer l'événement, l'Université Paris-Diderot (Paris VII) a organisé ces jours-ci un colloque intitulé "Rousseau et le spectacle" et invité le chef d'orchestre Jean-Marie Curti de l'Opéra-Studio de Genève à diriger un intermède (un petit opéra en un acte) écrit et mis en musique par l'auteur des Confessions : Le Devin du village.

    Etant inscrite à la newsletter de l'Université, j'ai pu obtenir une invitation pour ce concert précédé d'un délicieux cocktail. Arlette m'accompagnait dans cette sortie.

    Le poumon de ce quarter futuriste, constitué de bâtiments modernes mais jamais uniformes ni monotones, est un grand espace vert dédié aux étudiants et aux habitants de cette partie du 13ème arrondissement. Il jouxte les bâtiments de l'Université qui se sont installés depuis quelques années dans l'ancienne minoterie construite pendant la première guerre (en 1917) par Georges Wybo (l'architecte des grands magasins du Printemps).

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     C'est Rudy Ricciotti, l'architecte du Musée des Arts Premiers à Paris et du centre chorégraphique national d'Aix en Provence - Le Pavillon Noir - que nous avions visité avec Christelle lors d'un de nos petits séjours dans le midi qui l'a réhabilité en 2006.

    Les grandes surfaces préalablement vitrées ont été remplacées par des ouvertures ornementées d'élégantes grilles en fer forgé bien mises en valeur à la tombée de la nuit par un éclairage approprié.

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     La Halle aux farines dans laquelle se trouve l'amphithéâtre Vilgrain (que nous avons  cherché pendant un bon quart d'heure... errrant dans cet environnement assez glauque, il faut le dire) fait face au bâtiment des Grands Moulins de Paris.

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       Je connaissais (un peu) l'oeuvre littéraire de Jean-Jacques Rousseau pour l'avoir surtout, je l'avoue, étudiée au lycée... mais je ne le connaissais pas musicien et c'est un grand tort car j'apprends maintenant qu'il fut choisi par Diderot pour écrire les articles sur la musique dans son "Encyclopédie" et qu'il écrivit également un "Dictionnaire de la Musique" qui fait encore référence aujourd'hui dans les conservatoires...

     La première représentation du "Devin du village" eut lieu à Fontainebleau le 18 octobre 1752 devant Louis XV et la cour. Elle fut un franc succès sans doute du fait que cette musique simple représentait un moyen terme entre la musique italienne et la musique française et parlait d'un sujet pastoral déjà à la mode à l'époque et néanmoins encore d'actualité..., à tel point que le Roi fit demander à Rousseau de lui rendre visite le lendemain pour le féliciter et lui proposer une pension. Mais l'invitation mit Rousseau dans un tel état d'angoisse qu'il refusa l'invitation...  Rousseau rapporte dans ses "confessions" que Jélyotte, l'acteur tenant le rôle de Colin, le lui reprocha lui disant :  "Vous avez tort, Monsieur, de partir au milieu de vos triomphes. Vous auriez joui du plus grand succès qu'on connaisse en ce pays. Toute la cour est enchantée de votre ouvrage ; le Roy qui, comme vous le savez, n'aime pas la musique, chante vos airs toute la journée avec la voix la plus fausse de son royaume et il demande une seconde représentation sous huitaine". Rousseau perdit donc le bénéfice d'une pension à vie... mais il garda sa liberté de penser ! Son ami Diderot lui reprocha, lui, non pas d'avoir refusé l'entrevue avec le Roi mais d'avoir ainsi refusé une pension à Thérèse Levasseur, une servante d'auberge avec laquelle il vivait et à qui il avait fait 5 enfants... 

     Cette première représentation sera suivie d'une représentation à l'Opéra le 1er mars 1753 en pleine "Querelle des Bouffons" opposant les partisans de la musique française groupés derrière Jean-Philippe Rameau à ceux d'une ouverture à d'autres horizons musicaux (se rapprochant de la musique italienne) réunis autour de Rousseau.

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     Résumé

    Colette, une jeune paysanne, se plaint de l’infidélité de Colin, un jeune paysan dont elle est amoureuse, et va trouver le devin du village pour connaître le sort de son amour. Elle apprend que la dame du lieu a su captiver le cœur de son berger par des présents. Le devin laisse espérer à Colette qu’il saura le ramener à elle. Il fait ensuite entendre à Colin que sa bergère l’a quitté pour suivre un monsieur de la ville. Colin n’en croit rien et revoit sa maîtresse plus amoureuse que jamais.

     L'oeuvre fût représentée de nombreuses fois à toutes les époques et en 1768 Mozart s'en inspira pour composer son opéra "Bastien et Bastienne" mais ce fut sur un livret de Friedrish Wilhelm. Rousseau est le seul compositeur à avoir à la fois écrit le livret et composé la musique de ce "divertissement" écrit en 3 semaines...

     Quelques images du concert de Paris-Diderot. Malheureusement je n'ai pas réussi à trouver le nom de tous les interprêtes. Cette Colette avait une voix magnifique et avait, vous l'avouerez, le physique et l'âge du rôle,

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    tout comme Dominique Tille (au milieu) jouant le rôle de Colin.
    A droite, le baryton jouant le rôle du devin
     
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    dsfff
    Le "choeur" chantant "C'est un enfant"
     
    Final de l'opéra : le chef d'orchestre fait chanter le public comme du temps du Roy ! fddfdfdf

     
    C'est toujours un plaisir que d'être invité à l'Université Paris-Diderot ! 

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