En mars 1662, un peu avant de mourir, Blaise Pascal a été l’inventeur des transports en commun urbains. Il obtient du roi Louis XIV le privilège de fonder une entreprise de carrosses publics pour l'exploitation de cinq routes (lignes) : quatre d'entre elles passent ou ont leur terminus au Luxembourg, l'une d'elles est circulaire, et est appelée "Tour de Paris". On appelle ces carrosses à huit places tirés par deux chevaux "Les carrosses à cinq sols".
► 1828 : le développement des omnibus à chevaux
En 1828, un certain Stanislas Baudry se rend à Paris. Il y crée l'Entreprise Générale des Omnibus. Cette nouvelle compagnie exploite un réseau de dix lignes. On estime à plus de 2,5 millions le nombre de voyageurs transportés entre le 11 avril et le 15 septembre 1828.
A cette époque, le besoin de transports urbains est très fort, du fait de l’exode rural vers la ville. Des entrepreneurs créent des sociétés d'omnibus : elles se font une concurrence féroce sur les lignes des centres urbains les plus rentables, mais au détriment de la desserte des faubourgs. En 1836, on dénombre à Paris 17 compagnies et 378 voitures.
Le mot « Omnibus » viendrait de ce que sur la ligne de Stanislas Baudry, l'arrêt principal était situé devant le commerce d'un chapelier à l'enseigne Omnes Omnibus ; le propriétaire des lieux portant le nom d'Omnès, la traduction de cette expression latine (littéralement : « Tous pour tous ») pouvait être « Omnès pour tous ». Les employés auraient pris l'habitude de dire « Je vais à l'omnibus », cette habitude ayant perduré lors de l'installation des lignes de la Dame blanche. Stanislas Baudry l'utilise et l'officialise lorsqu'il crée son Entreprise Générale de l'Omnibus en 1828.
Les omnibus ont souvent été l'objet de chansons...
Ainsi, Brigitte Bardot a chanté une chanson intitulée "Les Omnibus".
Quand à Georgius, il a chanté "L'Omnibus de Coucy Les Coucous"
Il y a aussi un film d'Yves Robert "Bébert et l'Omnibus" qui a été tourné en 1963, mettant en scène des grands acteurs de l'époques. En fait d'omnibus il s'agit ici d'un train de banlieue...
► 1855 : naissance de la Compagnie Générale des Omnibus (CGO)
Après l'avènement du Second Empire, la situation est ingérable. Le baron Haussmann, préfet de La Seine, décide alors la fusion des entreprises de transport, réalisée en 1855. Le monopole des transports par omnibus dans Paris intra-muros est confié à la Compagnie Générale des Omnibus (CGO). Ce monopole permet une organisation rationnelle sur la base d'un cahier des charges établi par la ville. En 1856, la CGO organise un réseau cohérent de 25 lignes. Elle est à la tête de 503 omnibus et 6 700 chevaux en 1860.
► 1910 : un concours pour remplacer les chevaux au tout premier salon de l'Automobile
En juillet 1905, la CGO teste un omnibus automobile à vapeur construit par Gardner-Serpollet, mais ce prototype n’aboutit pas. Puis le premier salon de l’Automobile se tient au Grand Palais en décembre 1905. Souhaitant disposer d’un véhicule pour remplacer les omnibus à chevaux, la CGO lance un concours auprès des industriels de l'automobile. Neuf prototypes sont présentés lors du salon et circulent sur une ligne spéciale de la Bourse au Grand Palais. Après le salon, la CGO commande 151 bus de type Brillié P2 aux usines Schneider.
Départ des pensionnaires en omnibus vers 1910
► 1911 : arrivée de l'autobus à plateforme, symbole de Paris
Après des essais de 1908 à 1911, la CGO retient un modèle de type Schneider PB2 à caisse en bois et muni de châssis vitrés. Ce nouvel autobus comporte une plate-forme arrière. Ce modèle signe la fin de la traction animale et la fin d’une époque. Le dernier omnibus à chevaux est retiré du service le 12 janvier 1913.
La grande innovation de ces nouveaux autobus, c'est qu'ils comportent une plate-forme arrière.
J'en prenais un similaire quand j'allais au Lycée étant jeune : je me souviens encore du contrôleur actionnant une boîte métallique grise à manivelle, fixée à sa ceinture au niveau du ventre, avec laquelle il compostait bruyamment les titres de transport. Il avait aussi une mission bien précise : c’est lui qui donnait le signal du départ au conducteur par le biais d’une chaîne avec une poignée en bois pendant du plafond, identique à celle qu'on avait à l'époque dans les toilettes de notre appartement parisien quand on "tirait la chasse" !
► L'investissement des femmes pendant la Grande Guerre
Le 1er août 1914, à 17 heures, les machinistes reçoivent l’ordre de regagner leurs dépôts. Ce sont plus de 1000 voitures qui sont réquisitionnées par l’armée pour assurer le transport des troupes vers le front. Toutes les lignes desservies par autobus sont supprimées le jour même, occasionnant une désorganisation brutale pour les transports parisiens. Malgré les restrictions, l'important réseau de tramways et les dix lignes de métro continuent leur service, notamment grâce à l’embauche d’une main d’œuvre féminine.
Photo "Alamy"
► Après le guerre de 14-8, le retour du réseau routier
Après la guerre de 14-18, la remise en service progressive des autobus permet de renforcer le réseau : les autobus desservent des itinéraires où la construction des tramways n’est pas autorisée (Opéra, Champs-Elysées, Palais Royal, Grands Boulevards) ou sur des lignes dont le trafic ne justifie pas l’utilisation des tramways.
Véhicule nouveau de la Compagnie générale des omnibus visité par la commission de contrôle du matériel du Conseil municipal de Paris.
► 1922 : les bus arrivent en banlieue.
Le 14 mai 1922, la première ligne d’autobus de banlieue est mise en service (ligne EA, Le Bourget Mairie - Drancy place d’Armes). De 1922 à 1934, 43 lignes routières de banlieue seront créées.
► 1930-1938 : La disparition des tramways parisiens
Le développement de plus en plus rapide de la voiture particulière et les progrès accomplis par l'autobus laissent penser que ce dernier peut remplacer le tramway lorsque le trafic n'est pas trop important.
Le 31 août 1936 est une triste date dans l'histoire des transports parisiens : les tramways du "8", la ligne la plus célèbre du réseau parisien, effectuaient leurs derniers voyages. Le lendemain, des autobus Renault TN4H reprenaient le service. Un certain nombre de Parisiens ont accompagné leur "8" lors de son dernier voyage. C'était le dernier tramway à traverser le centre historique de la capitale du nord au sud.
Le matériel roulant fut démoli, aussitôt après la suppression du réseau, même le matériel le plus récent, encore en excellent état comme cette motrice L, démolie au dépôt de Paris-Arpajon.
► 1957 : création d'une association pour sauver la mémoire des transports urbains
En 1957, alors que la France supprimait la quasi-totalité des réseaux de tramways, quelques passionnés décidèrent de sauver ces tramways, afin de montrer aux générations futures ce qu’étaient les transports urbains et leur histoire. Ils créent l’Association pour le musée des transports urbains, interurbains et ruraux (AMTUIR). L'association gère désormais un musée installé à Chelles en Seine-et-Marne où l'on peut découvrir bus, tramways, etc.
Le musée possède plusieurs collections : des véhicules grandeur réelle ; des modèles réduits ; des maquettes ; différents objets relatifs à l’exploitation des transports collectifs ; des livres, des magazines et d’autres documents imprimés ; des photographies et des documents vidéo et des documents sonores.
Omnibus de la CGO de Paris : en service de 1879 à 1913 (Musée des transports AMTUIR)
Le musée est ouvert une fois par mois et, à chacune de ses ouvertures, il propose des balades en autobus de collection.
► 1950-1960 : nouvelles lignes pour nouveaux quartiers
Entre 1950 et 1960, la région parisienne connaît un développement très important. La reconstruction de l’après-guerre s’accompagne de la création de nouveaux quartiers d’habitations qui doivent être desservis par des transports efficaces.
Durant cette période, la RATP – née en 1948 – crée 41 lignes nouvelles et procède à la modification de la quasi totalité des lignes existantes (environ 190 lignes) par des prolongements et des adaptations de tracés.
► 1961 : la fin des voitures à bras
► 1960-1970 : le temps du déclin
Malgré un effort de modernisation et l'adaptation du réseau en banlieue, le trafic chute des années 1961 à 1970. Le réseau des bus n’attire plus que 528 millions de voyageurs en 1970, contre 852 millions en 1961, soit une baisse de 38 % en une décennie.
La RATP engage une modernisation du matériel roulant, qui passe par un retrait des autobus à plateforme. Leur dernier voyage a lieu le 22 janvier 1971 avec le retrait des dernières voitures de la ligne 21 (Gare Saint-Lazare - Porte de Gentilly).
Le trafic chute des années 1961 à 1970.
► 1975 : la carte Orange, symbole du renouveau
La création de la Carte Orange en juillet 1975 provoque une hausse importante du trafic. Il passe de 507 millions voyageurs en 1974 à 748 millions en 1980, soit une hausse de 47,5 % en six ans. Devant la hausse du trafic, la RATP augmente la capacité de transport sur les nouvelles voitures et modernise le réseau.
Ma carte Orange vers 2000... ?
► 1983 : premiers autobus articulés et capacité augmentée
Le 1er mai 1983, la R.A.T.P. met en service les premiers autobus articulés Renault PR180 sur les lignes 91 et 183. Ces bus offrent près de 150 places et permettent une nette amélioration du service sur les lignes à fort trafic.
► Années 2000 : les bus à l'heure du changement climatique
A partir des années 2000, les pouvoirs publics renforcent les actions en faveur des transports en commun. Puis, un objectif émerge : limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. La RATP décide en mars 2014 l'abandon du diesel à l’horizon 2025 avec un parc composé à 80 % de bus électriques et à 20 % de bus au biogaz. La RATP, en collaboration avec le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF, devenu "Île-de-France Mobilités") et la Ville de Paris améliorent aussi progressivement les fréquences sur les lignes les plus importantes avec le projet Mobilien.
Autobus électrique de la RATP
► 2001 : la création des couloirs de bus fluidifie le trafic.
En 2001, la municipalité parisienne débute un programme d'élargissement et de protection des couloirs de bus sur les principaux axes de la capitale. Un moyen d'assurer une meilleure circulation des bus.
Couloir de bus protégé
► 2019 : le réseau de bus fait sa révolution.
Inchangé depuis 1950, le réseau de bus RATP à Paris et en petite couronne connaît des modifications importantes à partir d'avril 2019. Cela représente plus des deux tiers du réseau parisien : 42 lignes sont concernées par une modification d’itinéraire ou un renforcement de l’offre de services, 3 lignes sont supprimées, et 5 sont créées.
Je n'ai pas trop vu cette révolution... Hier, j'ai pris le 21 à l'aller et au retour et ai dû l'attendre presque 20 minutes en pleine journée !
Il reste que les transports en commun sont une belle invention.