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☻ Loredana en Bourgogne OU Langres en 100 photos
Aussitôt Loredana arrivée à Orly, nous avons pris la route avec Arlette ce jeudi 20 juin pour aller rejoindre la Bourgogne car mon amie italienne ne connaissait pas encore notre maison...
Il fait beau : un apéritif en terrasse s'impose.
Le lendemain : au programme, la visite de la ville de Langres qui n'est qu'à une heure un quart à l'est de Courcelles. Perchée sur son éperon rocheux à 475 m d’altitude, Langres fut successivement oppidum gaulois, capitale du peuple Lingon, siège de l’évêché et place forte royale.
Elle a été fortifiée par Vauban entre 1642 et 1647 et en garde un très joli cachet.
Voici la Porte des Moulins qui donne accès à la ville : elle doit son nom aux anciens moulins qui se trouvaient à l'extérieur des fortifications afin de profiter du vent (le "bel'air" a donné son nom à la place voisine sur laquelle nous nous sommes garés).
Le décor guerrier évoque le dénouement victorieux qui s'annonçait alors pour la France, engagée dans la guerre de Trente Ans face à l'Espagne. Trophées d'armes, casques empanachés et ennemis enchaînés font de cette porte un monument à la gloire des victoires de la royauté, une sorte de porte triomphale évoquant les lointains arcs de triomphe romains.
Martelées à la Révolution, les armoiries du souverain étaient d'ailleurs placées au centre du fronton.
Nous voici à l'intérieur de la ville, prêts à l'arpenter : le soleil est toujours au rendez-vous !
Une curieuse peinture sur l'un des murs de la ville
Un petit tour sur les remparts...
La vue depuis les remparts est très belle : d'ici, on peut apercevoir l'un des quatre grands lacs qui cernent la ville.
Pour accéder à la ville haute depuis les parkings hors la ville, on peut prendre un petit ascenseur...
La végétation d'été s'accroche aux murs de pierre sèche.
A l'angle avec la rue Denis Diderot - la rue principale de la ville - se trouve l'ancien Collège des Jésuites. C'est en 1621 que les jésuites sont appelés à Langres par l'évêque. Ils implantent leur collège au bord de la rue principale au milieu du 17ème siècle dans un but de prières et d'études. Le Collège pouvait accueillir 200 jeunes notables de la région.
D'étranges sculptures de pierre ont été mises là en guise de décoration...
La façade de la chapelle est conçue comme un retable de pierre, de style baroque. La porte, comme la grande baie au-dessus, est en plein cintre. De part et d'autre, des pilastres et 2 niches abritant des statues en bois fortement dégradées. Le fronton est richement décoré de nuées et de rayons où apparaissent des têtes d'angelots. Le tout couronné de pots à feux.
A la gauche de la chapelle, le collège Diderot
Nous voici d'ailleurs arrivés sur la place voisine, la place Denis Diderot, où se trouve une statue du philosophe : Denis Diderot, (1713-1784) écrivain, philosophe et encyclopédiste français des Lumières, est en effet natif de cette ville et fit ses premières études dans l'ancien Collège des Jésuites.
Un banc sur la place permet aux visiteurs de poser à côté d'une petite sculpture rappelant le philosophe... Evidemment, nous l'avons essayé.
Il n'y a qu'Arlette qui ne s'est pas prêtée à cette petite mise en scène : trop sérieuse ma soeur !
La Poste est un bâtiment ancien qui jouxte la Cathédrale Saint-Mammès dont on aperçoit les deux tours au loin.
Bien jolie cette maison...
Voici la Cathédrale de Langres : elle fait partie des grandes cathédrales de France. L'évêque de Langres, duc et pair du royaume, était un personnage puissant, une puissance à la mesure de la vaste étendue de son évêché : Champagne méridionale, marches nord-est de la Bourgogne, auxquelles il faut rajouter des bouts de la Lorraine et de la Franche-Comté.
Ll'édifice actuel, dédié à saint Mammès, martyr de Cappadoce, a été construit dans la seconde moitié du XIIe siècle et le début du XIIIe, en deux phases distinctes. D'abord le chœur, le déambulatoire et la partie basse du transept, puis, à partir de 1170, la partie haute du transept et la nef.
Si on contourne l'église par le nord, on trouve tout d'abord la chapelle Sainte-Croix, dite chapelle d'Amoncourt.
Celle-ci possède une belle voûte en berceau plein cintre Renaissance ornée de 66 caissons que l'on peut apercevoir à travers des grilles en fer forgé qui la ferment (elle est interdite au public).
Sur la droite, une statue de Notre-Dame la Blanche en albâtre par Evrard d'Orléans (1341) : à ses pieds, Guy Baudet en prière, son donateur, qui était évêque de Langres.
Puis on arrive dans le transept nord où - malheureusement ce jour-là - la tapisserie des Gobelins (sur un carton de Jean Cousin - 1544) qui l'orne était recouverte d'un drapé...
Google aidant, la voici dévoilée... : elle représente Saint-Mammès prêchant l'évangile aux bêtes sauvages. Il faut être saint pour avoir des idées pareilles, non ? Chacun voit midi à sa porte...
Devant les superbes boiseries du XVIIIème siècle du transept nord, un monument funéraire en l'honneur de Monseigneur Guerrin, évêque de Langres (1852-1877)
Détails des boiseries : admirez la finesse des sculptures...
L'oiseau donnant à manger à ses petits dans le nid est vraiment touchant.
Me voici arrivée dans le déambulatoire que je trouve vraiment très beau avec ses vues sur la voûte du choeur et ses chapiteaux corinthiens dont le dessin des feuilles d'acanthes varie selon le chapiteau...
Dans l'une des chapelles rayonnantes se trouve un bas-relief en pierre polychrome du XVIème siècle qui provient peut-être d'un retable de l'abbaye de Clairvaux (Aube).
Il représente la résurrection de Lazare.
Dans une autre chapelle rayonnante, un beau Christ au tombeau de Claus de Werve (début XVème), sculpteur officiel des ducs de Bourgogne) : ce serait l'un des premiers sculpté en France...
Dans le déambulatoire sud se trouve le monument illustrant la translation des reliques de Saint-Mammès (bas-relief daté de 1570).
Le bas-relief explique comment la cathédrale, auparavant dédiée à saint Jean l'Evangéliste, a pris le nom de Saint-Mammès. La légende raconte qu'au VIIIème sièce, un pèlerin rentrait de Constantinople avec une relique du saint. Au bas de Langres, il suspendit son sac à un arbre ; le sac refusa ensuite de se décrocher. L'évêque descendit pour constater le prodige. C'est alors qu'un vieillard déclara que saint Jean ne serait pas fâché si la cathédrale prenait le nom de Saint-Mammès. L'évêque accepta et le sac tomba miraculeusement de l'arbre. Il fut remonté en ville en procession.
Le vieil homme serait une apparition de saint Jean...
Dans la partie basse, est représentée la ville de Langres avec les moulins extra-muros.
En face se trouve le choeur entouré de jolies grilles en fer forgé (1717).
Le Maître-autel est constitué d'un autel-tombeau "à la romaine" et d'un tabernacle traité en "tempietto".
Avant de quitter l'église, un coup d'oeil sur l'orgue de tribune qui date du XVIIIème siècle : il provient de l'ancienne abbaye de Morimond et compte 50 jeux, soit 4071 tuyaux...
Nous quittons cette magnifique cathédrale pour continuer notre visite de la ville.
Sur la place Jeanne Mance où se trouve la cathédrale, une statue de la cofondatrice de Montréal, née à Langres en 1606. Pendant ses années langroises, elle se dévoue à ses compatriotes pour faire face à la guerre de Trente ans, à la peste et à la misère.
Jeanne Mance ne songe pas à se marier ni à entrer au couvent mais au contact des Jésuites de la cité et des nouvelles des premiers missionnaires français en Amérique, elle part de sa ville natale en 1640, pour répondre à un appel à la mission.
Après quelques mois à Paris, elle embarque à la Rochelle en mai 1641 avec une cinquantaine de compagnons. Finalement, l'expédition débarque sur une île déserte du Saint-Laurent, Montréal, le 17 mai 1642 : Ville-Marie - premier nom de la cité devenue Montréal - est fondée.
Soignante et intendante, bras droit du gouverneur Paul Chomedey de Maisonneuve, elle déploie ses talents au service des Français et des Amérindiens, sans distinction. Elle décède à l'Hôtel-Dieu de Montréal en 1673 où elle est enterrée.
A l'arrière de la statue de Jeanne Mance, on peut apercevoir une très jolie maison.
A 3 minutes à pied de la cathédrale se trouve une maison Renaissance magnifique. Jehan Roussin, Echevin et Conseiller du roi, y reçut Henri IV en 1595.
Une jolie balustrade ajourée en pierre cerne une cour surbaissée permettant d'éclairer le premier niveau de caves par de petites fenêtres situées au niveau du sol. Elle accueille la margelle d'une citerne en forme de "tempietto" italien.
La façade comporte deux niveaux de colonnes ioniques et corinthiennes qui se superposent. Elle est, par son décor, directement héritière de l'antiquité : frises avec motifs de draperies reliées par des anneaux et des bucranes.
Un bucrane est un ornement gravé en forme d'animal : ici, un crâne de bœuf dont les cornes sont enguirlandées de feuillage (Photo Jean-François Feutriez).
Depuis la courette de la maison Renaissance, on peut apercevoir la Cathédrale Saint-Mammès.
Retour sur la place Jeanne Mance où se prépare la fête de la musique : nous sommes aujourd'hui le 21 juin...
Un kiosque qui va certainement être investi ce soir par les amoureux de la musique !
Une rue du centre décorée avec des abats-jour !
La rue conduit à cette placette où un manège à l'ancienne a pris position.
Retour dans la rue Denis Diderot : Langres est une petite ville... (mais nous n'avons - loin de là - pas fini de la découvrir).
Voici le restaurant où nous avons déjeuné le midi : l'Hôtel de l'Europe
Et voici le plat que nous avons goûté : l'Ouyette de Langres, un plat médiéval...
Il s'agit d'un chausson feuilleté contenant du confit de canard et des pommes, le tout accompagné d'une sauce à l’échalote et au vin blanc de Bourgogne... Le plat est servi avec un accompagnement de pommes gaufrettes, de salade et de fromage.
Tandis que nous déjeunions en terrasse, nous avons été frappés par le calme qui règne dans cette ville charmante : rien à voir avec l’agitation qui règne dans Châtillon traversée à longueur de journée par une circulation intense, en particulier de gros poids-lourds...
L'estomac bien rempli, nous pouvons continuer la balade.
Sur les façades des maisons, on voit très fréquemment de petites niches contenant une Vierge. Celle-ci date tout de même de 1605...
Et cette autre de 1653.
Cela m'a rappelé notre séjour chez Christelle à Aix il y a quelques années où nous avions visité la ville de fond en comble et où j'avais remarqué de telles petites statues décorant agréablement les angles de murs : une façon sans doute de se mettre sous la protection de la sainte femme...
Vue sur la ville depuis un rempart
Je n'ai pas retenu ce qu'était ce joli pilier : peut-être les restes de l'ancien arc gallo-romain ?
La Porte de l'Hôtel de Ville ou du Marché (modifiée au XVIèmes siècle et en 1854)
Il faut se dépêcher de cliquer quand passe le petit train touristique faisant le tour des remparts !
Retour à l'intérieur de la ville avec cette très jolie porte cochère
Nous approchons de la Maison des Lumières : il s'agit du Musée Denis Diderot qui présente le philosophe mais aussi ses précurseurs, le Mouvement des Lumières auquel il a participé au XVIIIème siècle, et ses successeurs.
Une élégante tourelle en orne l'arrière.
La ville entreprend de 2009 à 2013 une importante campagne de restauration de l'immeuble (1.320.500 € de travaux, cofinancés entre autres par la Ville de Langres, la DRAC, à hauteur de 408.200 €, et le mécénat), avec pour objectif d'y installer le musée qu'il abrite aujourd'hui.
Installée dans un hôtel particulier, l'Hôtel du Breuil de Saint-Germain, la scénographie moderne présente des éditions originales de l’Encyclopédie et des principaux textes du philosophe natif de la ville. Des instruments et des cartes anciennes montrent le progrès des sciences au siècle des Lumières.
Quelle finesse dans ces sculptures de fleurs !
On ne sait pas où donner de la tête tellement tout a bien été restauré et mis en valeur...
Le jardin, lui aussi, est remarquable.
La visite de la Maison des Lumières...
Ce sera pour une autre virée à Langres !
Tags : Langres, Région Grand Est, Haute-Marne, Maison des Lumières, Denis Diderot, Cathédrale Saint-Mammès, Maison Renaissance, remparts, Vauban
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