• Je viens d'utiliser les premières invitations à des spectacles que la Mairie de Paris va m'octroyer chaque mois maintenant que j'ai atteint l'âge canonique de 65 ans : en effet, à partir de cet âge et à condition qu'on habite Paris depuis plus de 3 ans, on se voit offrir par le Maire de Paris 2 spectacles par mois (si on est en couple, on récupère 2 places) dans une salle de spectacle parisienne, sans aucune réserve de conditions de ressources. On va chercher ses places au CAS de l'arrondissement où l'on habite en choisissant les spectacles parmi un choix proposé.

    Génial, non ?

    J'ai choisi, d'ailleurs sans trop savoir ce que j'irais voir..., deux petites pièces de théâtre d'un auteur chinois né en 1210 et décédé en 1300, Guan Hanking, mises en scène Bernard Sobel : l'une s'intitulait "Sauvée par une coquette" et l'autre "Le rêve du papillon".

    J'ai lu une biographie de Guan Hanking qui est très intéressante : je l'ai traduite de l'anglais... Soyez indulgent même si Google Traduction m'a parfois un peu aidée ! he

    Guan Hanking vivait au début de la Dynastie Yuan. Il avait de l'humour, était beau et érudit, excellait dans l'écriture de la poésie, était doué pour la musique et... chassait bien ! Il travailla un temps dans un hôpital mais avait en réalité peu d'intérêt pour la médecine et préférait écrire des pièces de théâtre. Celles-ci étaient tout aussi populaires à l'époque auprès de la noblesse que des gens du peuple mais le propos de Guan Hanking était plus d'encourager ces derniers que de divertir les premiers.
    Sous la Dynastie Yuan (à l'époque donc où les mongols envahirent la Chine), le peuple vivait misérablement sous l'autorité de fonctionnaires corrompus. Les émeutes étaient fréquentes et beaucoup de gens étaient jetés en prison. Proche de leur cause, Guan Hanking démissionna de son poste de juge pour passer plus de temps à se familiariser avec le peuple et à écrire des pièces qui révélaient la noirceur de leur vie.
    Comprenant plusieurs langues, Guan Hanking parvint à faire jouer des pièces montrant la triste réalité, s'attachant surtout à mettre en scène des personnages de femmes d'origine modeste persécutées par la noblesse.
    Il écrivit 67 pièces dont 18 sont encore jouées aujourd'hui. En 1958, en Chine comme à l'étranger, on commémora le 700ème anniversaire de son œuvre qui a été traduite en anglais, en français, en allemand et en japonais. Il jouit d'une réputation mondiale de Shakespeare oriental...

     Voici un portrait contemporain de Guan Hanking

     Théâtre chinois aux Déchargeurs

    Les deux pièces se jouent au Théâtre des Déchargeurs situé près des Halles. L'entrée sur la rue des Déchargeurs porte une enseigne originale.

    Théâtre chinois aux Déchargeurs

    Le théâtre est logé dans la cour d'un Hôtel particulier du 18ème siècle.

    Théâtre chinois aux Déchargeurs

    La salle ne contient que 80 fauteuils (qui viennent d'être changés) et la scène est donc très proche des spectateurs : c'est l'avantage de ces petits théâtres que de voir jouer les acteurs de tout près.

    Théâtre chinois aux Déchargeurs

    Si vous n'avez pas lu la biographie... sachez que Guan Hanking est aussi vénéré en Chine que William Shakespeare en Angleterre. Témoin et critique de la société de son temps, il met en scène les opprimés, tout particulièrement les femmes.

    On découvre dans ces deux œuvres dont l'action se déroule à Bianlang (la capitale de l'époque) un type de théâtre peu courant mais très accessible. Les personnages se présentent et annoncent toujours à l'avance ce qu'ils vont entreprendre avant de le mettre en œuvre : cela m'a parfois fait penser à Molière quand celui-ci fait parler ses personnages en aparté.

    La première pièce "Sauvée par une coquette" met en scène une "fille-fleur", c'est à dire une courtisane qui, pour échapper à sa condition, désire répondre aux avances du fils d'un riche sous-préfet, un fonctionnaire donc : la porte d'entrée de la respectabilité. Malgré les conseils de sa sœur qui lui prédit un avenir noir, Yanzhang se marie donc avec Zhou She aux grand regrets du jeune mais désargenté lettré An Xiushi... Très vite, elle subit le mépris et les coups de son époux. Sa sœur, Paner, très féministe somme toute, va lui venir en aide...

    La mise en scène est sous le signe du Yin et du Yang : sur une scène immaculée, les acteurs au visage poudré évoluent tout habillés de blanc. Seules couleurs : leurs coiffes noires et leur maquillage rouge. Je n'ai pas trouvé sur le net de photos des coiffes portées par les courtisanes... mais elles étaient vraiment très belles.

    Théâtre chinois aux Déchargeurs

    Dans la deuxième pièce, intitulée "Le rêve du papillon", une mère éplorée plaide auprès d'un juge apparemment inflexible la cause de ses trois fils qui ont vengé la mort de leur père en tuant son assassin, un grand seigneur. Ici encore, Guan Hanking montre deux classes sociales radicalement opposées, celle des pauvres incarnée par la mère et ses trois fils et celle des nantis incarnée par ce juge qui, tout comme ses pairs issus d'une classe sociale aisée, a eu accès à l'éducation.

    Rassurez-vous, l'issue sera, elle aussi, heureuse car le juge saura se montrer rusé pour rendre la justice et au final clément !

    J'ai vraiment bien aimé ces deux pièces même si j'ai trouvé quelques longueurs et répétitions dans la deuxième.

    Vive la vie parisienne !


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  • Hier soir, Elisabeth, une amie rencontrée lors des promenades de Générations 13, m'a invitée au théâtre. La pièce : Riviera d'Emmanuel Robert-Espalieu et le théâtre : Les Déchargeurs.
     
    Pratique de chez nous : un coup de 21 et je suis à Châtelet !

    Je n'étais jamais allée dans ce théâtre. Il faut dire qu'il y a pléthore de théâtres à Paris et que pour les faire tous il faudrait se lever de bonne heure... C'est un tout petit théâtre de 80 places seulement avec une petite dizaine de rangées de banquettes en velours rouge, assez confortables tout de même avec leur dossier. Mais ce qui est magique dans ce théâtre c'est qu'on peut presque toucher les acteurs et pour la pièce en question, c'est une évidence qu'il faut un tout petit théâtre !

    Salle-Vicky-Messica.jpg

    Il s'agit de la fin de vie de Fréhel (elle est décédée en février 1951) qui, après avoir été une star de la chanson populaire dans les années 20-30 (c'était aussi une très jolie jeune femme) s'est finalement brûlée les ailes, vieillissant prématurément tout en passant de mode... Sa courte liaison avec Maurice Chevalier qui la délaisse au profit de la Miss (Mistinguett), en partie pour des raisons carriéristes..., et sa gloire passée la rendent neurasthénique et la font tomber dans la drogue et l'alcoolisme. S'ensuit une fuite en avant qui la conduira de Saint-Pétersbourg à Vienne, Bucarest et Odessa pour se terminer en Turquie à Constantinople où elle se prostitue avant d'être prise en charge par l'ambassade de France en 1922 qui la rapatrie dans un état lamentable.

      Fréhel était son nom de scène (c'est un clin d’œil à ses origines bretonnes). Son véritable nom était Marguerite Boulc'h. C'est la fille d'un couple de bretons du Finistère venus tenter leur chance à Paris : son père est un ancien cheminot handicapé (il a perdu un bras, happé par une locomotive) et sa mère est concierge (et se livre accessoirement à la prostitution). La fillette est livrée à elle-même : elle pousse la chansonnette au coin des rues accompagnée par l'orgue de barbarie d'un aveugle pour rapporter quelques sous à la maison jusqu'au jour où, à 15 ans,  elle rencontre La belle Otero, alors reine du Music-hall. en tentant de lui vendre un "rénovateur facial" pour le compte d'un pharmacien. Celle-ci remarque la gamine et la fait engager au Café de l'Univers où elle interprètera les refrains de Montéhus. Sous le nom de Mademoiselle Pervenche, elle fait un malheur avec ses grands yeux clairs, sa voix gouailleuse, ses mauvaises manières et son sens de la répartie... La voici lancée !

      Mademoiselle Pervenche en 1908

      Pervenche(frehel)1908

      Fréhel

      Frehel.jpg

      La pièce est un huis clos qui se déroule dans son meublé modeste situé près de Pigalle. Chaque nuit, Fréhel rêve de Maurice : celui-ci lui apparait sous les traits du jeune homme de 20 ans qu'elle a connu jadis. Pourtant le jour, Fréhel est bien lucide puisqu'elle fait répéter une jeune chanteuse, Paulette, grande admiratrice de sa gloire passée, à laquelle elle se confie : elle rêve d'aller sur la Riviera ainsi que Maurice le lui a un jour promis...

    L'interprétation de Myriam Boyer est pleine de sensibilité. Elle n’interprète pas Fréhel : elle est Fréhel avec sa fragilité, sa gouaille, sa joie de vivre passée mais aussi ses passages à vide suivis de sa descente aux enfers... De plus, elle ne met pas l'accent sur la décrépitude de la chanteuse mais plutôt sur son humanité, ce qui nous la rend forcément sympathique. En prime, elle fredonne des airs chantés par Fréhel.

    Quelques photos prises au Théâtre Montparnasse par un professionnel (aux Déchargeurs, on nous a demandé d'éteindre nos portables bien sûr...).

    Myriam Boyer et son partenaire, Laurent Rouault

    Myriam-Boyer-et-Clement-Rouault.jpg

    La nostalgie du passé (elle tient en main un magazine présentant une photo de Maurice Chevalier vieillissant mais elle le voit toujours jeune...).

    Myriam Boyer avec le journal


     
     Quelle actrice extraordinaire ! Il faut savoir qu'elle a déjà remporté 2 Molière...

    Merci beaucoup Elisabeth pour cette excellente soirée en ta compagnie cool
     
    Ecoutez La Java Bleue par Fréhel
     
     

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  • Est-ce nécessaire de le rappeler ?

    Je suis une afficionada de l'Université Paris-Diderot.

    Plusieurs bonnes raisons à cela : la première est qu'elle se trouve dans mon arrondissement, le 13ème, et de surcroît dans un quartier en plein développement qui me réserve toujours quelques surprise. La deuxième, c'est que les manifestations qui s'y déroulent sont toujours d'une excellente qualité. La troisième, c'est que, étant abonnée à la newsletter de l'Université, je reçois régulièrement des invitations du Service Culture et qu'en plus, les spectacles sont... gratuits !

    Ah, j'oubliais : il y a toujours aussi un excellent buffet salé/sucré avant le spectacle.

    Quatre bonnes raisons de ne pas me priver !

    Hier soir, j'étais donc, en compagnie de mon amie de cartonnage, Agnès, invitée à aller voir "Le neveu de Rameau" de Diderot. Je dois vous avouer que ma lecture de Diderot remonte à mes années de lycée (faites le calcul) et que c'est avec une petite appréhension que j'ai pris place dans l'amphithâtre Vilgrain. Celui-ci était plein à craquer : quelques 300 spectateurs avaient pris place sur les sièges réservés d'habitude aux étudiants. Mais cette inquiétude fût de très courte durée : le claveciniste Olivier Baumont nous charma tout de suite en jouant l'ouverture de cette pièce à deux acteurs écrite entre 1762 et 1772 par Denis Diderot. Gabriel Le Doze  incarnant le Philosophe (Moi) nous annonça la couleur, via Diderot, dès le début : "Mes pensées, ce sont mes catins". Les pensées vues... comme des prostituées ! Le ton de la mise en scène de  Jean-Pierre Rumeau est donné : les deux personnages sont pleins de vitalité, de jeunesse et de modernité. Ainsi est le "Neveu de Rameau" (Lui) joué par l'excellent Nicolas Vaude : un jeune homme marginal, voyou hors du commun, accablé par la réussite de son oncle, le célèbre Rameau.

    La scène se passe à Paris, au café de la Régence près du Palais Royal. Une table de café, un fauteuil et deux jeux d'échecs sont les seuls décors de cette pièce en un acte qui consiste en un dialogue à bâtons rompus entre les deux protagonistes : le neveu de Rameau est à la fois artiste, philosophe, fantasque et cynique ; comparé au "Neveu", le philosophe incarne lui la réflexion. Il a surtout pour but de donner la réplique au "Neveu".

     "Le Neveu de Rameau" ne fut pas publié du vivant de Diderot, celui-ci s'y étant refusé. Goethe traduisit cette oeuvre en allemand en 1805. Ce qui est étonnant, c'est que la première édition française  (1821) ne fut pas la version originale de Diderot mais une traduction de cette traduction. Ce n'est qu'en 1891 (plus d'un siècle après sa mort), que le manuscrit autographe, retrouvé par hasard chez un bouquiniste, permit enfin de faire connaître le texte original de cette oeuvre de Diderot.

    Encore une excellente soirée à l'Université 
    Cela donnerait presque envie de retourner sur les bancs ! Mais seulement si les cours étaient à la hauteur de la qualité de cette pièce et de son interprétation, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas.

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  • 2012 est l'année du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.

    Pour commémorer l'événement, l'Université Paris-Diderot (Paris VII) a organisé ces jours-ci un colloque intitulé "Rousseau et le spectacle" et invité le chef d'orchestre Jean-Marie Curti de l'Opéra-Studio de Genève à diriger un intermède (un petit opéra en un acte) écrit et mis en musique par l'auteur des Confessions : Le Devin du village.

    Etant inscrite à la newsletter de l'Université, j'ai pu obtenir une invitation pour ce concert précédé d'un délicieux cocktail. Arlette m'accompagnait dans cette sortie.

    Le poumon de ce quarter futuriste, constitué de bâtiments modernes mais jamais uniformes ni monotones, est un grand espace vert dédié aux étudiants et aux habitants de cette partie du 13ème arrondissement. Il jouxte les bâtiments de l'Université qui se sont installés depuis quelques années dans l'ancienne minoterie construite pendant la première guerre (en 1917) par Georges Wybo (l'architecte des grands magasins du Printemps).

     Le-devin-de-village-Opera-de-J.J.-Rousseau-depuis-la-passe.jpg

     Le-devin-de-village-Opera-de-J.J.-Rousseau-Les-grands-moul.jpg

     C'est Rudy Ricciotti, l'architecte du Musée des Arts Premiers à Paris et du centre chorégraphique national d'Aix en Provence - Le Pavillon Noir - que nous avions visité avec Christelle lors d'un de nos petits séjours dans le midi qui l'a réhabilité en 2006.

    Les grandes surfaces préalablement vitrées ont été remplacées par des ouvertures ornementées d'élégantes grilles en fer forgé bien mises en valeur à la tombée de la nuit par un éclairage approprié.

     Le-devin-de-village-Opera-de-J.J.-Rousseau-Gros-plan-sur-L.jpg

     La Halle aux farines dans laquelle se trouve l'amphithéâtre Vilgrain (que nous avons  cherché pendant un bon quart d'heure... errrant dans cet environnement assez glauque, il faut le dire) fait face au bâtiment des Grands Moulins de Paris.

     Halle_aux_Farines.jpg

       Je connaissais (un peu) l'oeuvre littéraire de Jean-Jacques Rousseau pour l'avoir surtout, je l'avoue, étudiée au lycée... mais je ne le connaissais pas musicien et c'est un grand tort car j'apprends maintenant qu'il fut choisi par Diderot pour écrire les articles sur la musique dans son "Encyclopédie" et qu'il écrivit également un "Dictionnaire de la Musique" qui fait encore référence aujourd'hui dans les conservatoires...

     La première représentation du "Devin du village" eut lieu à Fontainebleau le 18 octobre 1752 devant Louis XV et la cour. Elle fut un franc succès sans doute du fait que cette musique simple représentait un moyen terme entre la musique italienne et la musique française et parlait d'un sujet pastoral déjà à la mode à l'époque et néanmoins encore d'actualité..., à tel point que le Roi fit demander à Rousseau de lui rendre visite le lendemain pour le féliciter et lui proposer une pension. Mais l'invitation mit Rousseau dans un tel état d'angoisse qu'il refusa l'invitation...  Rousseau rapporte dans ses "confessions" que Jélyotte, l'acteur tenant le rôle de Colin, le lui reprocha lui disant :  "Vous avez tort, Monsieur, de partir au milieu de vos triomphes. Vous auriez joui du plus grand succès qu'on connaisse en ce pays. Toute la cour est enchantée de votre ouvrage ; le Roy qui, comme vous le savez, n'aime pas la musique, chante vos airs toute la journée avec la voix la plus fausse de son royaume et il demande une seconde représentation sous huitaine". Rousseau perdit donc le bénéfice d'une pension à vie... mais il garda sa liberté de penser ! Son ami Diderot lui reprocha, lui, non pas d'avoir refusé l'entrevue avec le Roi mais d'avoir ainsi refusé une pension à Thérèse Levasseur, une servante d'auberge avec laquelle il vivait et à qui il avait fait 5 enfants... 

     Cette première représentation sera suivie d'une représentation à l'Opéra le 1er mars 1753 en pleine "Querelle des Bouffons" opposant les partisans de la musique française groupés derrière Jean-Philippe Rameau à ceux d'une ouverture à d'autres horizons musicaux (se rapprochant de la musique italienne) réunis autour de Rousseau.

      Affiche-de-l-epoque.jpg

     Résumé

    Colette, une jeune paysanne, se plaint de l’infidélité de Colin, un jeune paysan dont elle est amoureuse, et va trouver le devin du village pour connaître le sort de son amour. Elle apprend que la dame du lieu a su captiver le cœur de son berger par des présents. Le devin laisse espérer à Colette qu’il saura le ramener à elle. Il fait ensuite entendre à Colin que sa bergère l’a quitté pour suivre un monsieur de la ville. Colin n’en croit rien et revoit sa maîtresse plus amoureuse que jamais.

     L'oeuvre fût représentée de nombreuses fois à toutes les époques et en 1768 Mozart s'en inspira pour composer son opéra "Bastien et Bastienne" mais ce fut sur un livret de Friedrish Wilhelm. Rousseau est le seul compositeur à avoir à la fois écrit le livret et composé la musique de ce "divertissement" écrit en 3 semaines...

     Quelques images du concert de Paris-Diderot. Malheureusement je n'ai pas réussi à trouver le nom de tous les interprêtes. Cette Colette avait une voix magnifique et avait, vous l'avouerez, le physique et l'âge du rôle,

    Le-devin-de-village-Opera-de-J.J.-Rousseau-Colette.jpg
     
    tout comme Dominique Tille (au milieu) jouant le rôle de Colin.
    A droite, le baryton jouant le rôle du devin
     
    Le-devin-de-village-Opera-de-J.J.-Rousseau-les-3-protagoni.jpg
    dsfff
    Le "choeur" chantant "C'est un enfant"
     
    Final de l'opéra : le chef d'orchestre fait chanter le public comme du temps du Roy ! fddfdfdf

     
    C'est toujours un plaisir que d'être invité à l'Université Paris-Diderot ! 

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  • Pour fêter l'anniversaire de Philippe, nous sommes allés à la Comédie des Champs Elysées applaudir Jean Piat  dans une pièce de Françoise Dorin (dont il partage la vie depuis plus de 30 ans). Celle-ci a créé la pièce tout spécialement à son intention. Si je disais à Monsieur Jean Piat qu'il ne fait pas son âge, il me rétorquerait que je suis hypocrite et pourtant aussi incroyable que cela puisse paraître, il tient la scène pendant près d'une heure et demie malgré ses 87 printemps... Un "one man show" étonnant qui s'appelle 

     Vous avez quel âge ?

    Affiche-Vous-avez-quel-age.jpg

    Françoise Dorin prend le prétexte d'une conférence que l'acteur est sensé avoir donnée et qui lui vaut un coup de téléphone de Mme le Ministre à la Jeunesse et aux Sports. Son souhait est qu'il crée un Ministère à la Vieillesse et de son sort. D'où toute une réflexion sur les méfaits et les bienfaits de l'âge... pour laquelle Françoise Dorin s'appuie sur de nombreuses citations littéraires.
     
    Un extrait de la pièce de Françoise Dorin
     
    ♦ Il me semble qu’ils fabriquent des escaliers plus durs qu’autrefois. Les marches sont plus hautes, et il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter deux marches à la fois. Aujourd’hui, je ne peux en prendre qu’une seule.   
    ♦ A noter aussi les petits caractères d’imprimerie qu’ils utilisent maintenant. Les journaux s’éloignent de plus en plus de moi quand je les lis je dois loucher pour y parvenir. L’autre jour, il m’a presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous. Il est ridicule de suggérer qu’une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à haute voix, ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si bas que je ne les entends pas très bien. 
     
    ♦ Tout est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je n’avais jamais remarquée avant. En outre, les trains partent plus tôt. J’ai perdu l’habitude de courir pour les rattraper, étant donné qu’ils démarrent un peu plus tôt quand j’arrive. 

    ♦ Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir, surtout à la taille. Leurs lacets de chaussures aussi sont plus difficiles à atteindre. 
     
    ♦ Le temps même change. Il fait froid l’hiver, les étés sont plus chauds. Je voyagerais, si cela n’était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand j’essaie de la déblayer. Les courants d’air sont plus forts. Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd’hui. 
     
    ♦ Les gens sont plus jeunes qu’ils n’étaient quand j’avais leur âge. Je suis allé récemment à une réunion d’anciens de mon université, et j’ai été choqué de voir quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu’ils ont l’air plus polis que nous ne l’étions ; plusieurs d’entre eux m’ont appelé “monsieur”; il y en a un qui s’est offert pour m’aider à traverser la rue.
     
    ♦ Phénomène parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien compte que ma génération approche de ce qu’il est convenu d’appeler “un certain âge”, mais est-ce une raison pour que mes camarades avancent en trébuchant dans un état de sénilité avancée ? Au bar de l’université, ce soir-là j’ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé qu’il ne m’a pas reconnu. 
     "tu as un peu grossi, Georges", ai-je remarqué.
     - c’est la nourriture actuelle, répondit Georges. Elle fait engraisser. 
     "il y a combien de temps que nous ne nous sommes vus Georges ? Ca doit faire plusieurs années..." 
    - je crois que la dernière fois c’était après les élections, dit Georges. 
    "quelles élections ?"
    Georges réfléchit un moment. 
    - celles de Coolidge “dit-il. 
    Je demandais deux autres whiskys. 
    “as tu remarqué, dis-je que ces martinis sont beaucoup moins forts qu’ils n’étaient ?"
    - ah ! Ce n’est plus comme au bon vieux temps de la prohibition, me répondit Georges. Tu te rappelles quand nous commandions très fort de la fleur d’oranger pour boire en douce deux bonnes fines ? Ah ! 
    "mais, dis donc... je me rappelle aussi que tu étais un fameux avaleur de pâtisserie, Georges ! Tu y tâtes toujours?"
    - non, je suis trop gras... La nourriture actuelle est trop riche. 
    "je sais tu viens de le dire il y a un instant ..."
    - j’ai dis ça ? 
    "que dirais-tu d’un autre whisky ? Tu as remarqué qu’ils ne sont pas aussi forts qu’autrefois ?"
    - dis donc ... tu me l’as déjà dis ... 
    "ah ! ..."
     
      ♦ Ce matin en me rasant, je pensais à ce pauvre vieux Georges : je m’arrêtais un moment et regardais mon image dans la glace. Ils ne font plus les mêmes miroirs qu’autrefois. "

    Un extrait vidéo avec une interview de Jean Piat
     

     
     Quelques bonnes répliques
     
    François Mauriac
    C'est pas parce qu'on a un pied dans la tombe qu'il faut se laisser marcher sur l'autre !
    Agatha Christie
    Epousez un archéologue : plus vous vieillirez, plus il vous aimera !
    (la romancière a épousé en secondes noces un archéologue.)
    Jean Gabin
    A partir d'un certain âge, pour avoir l'air frais, il faut venir du dehors !
    Sacha Guitry
    C'est entre 30 et 31 ans que les femmes vivent les 10 meilleures années de leur vie !
     

    Pour éviter la mort, il n'y a qu'une solution, c'est de vieillir !

     Une leçon de sagesse que nous donne Françoise Dorin dans cette pièce portée par un Jean Piat aux yeux toujours aussi bleus et malicieux que du temps où je le vis dans Cyrano de Berjerac dans l'autre "Comédie" (il y a quelques années il est vrai...) et surtout avec une voix qui n'a pas changé, toujours aussi sûre : un morceau de bravoure.

     Bravo Monsieur Piat !

    Une soirée délicieuse en très bonne compagnie


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