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☻ Visite au Musée des impressionismes à Giverny
Aujourd'hui, je m'évade hors de Paris en compagnie d'Arlette : celle-ci m'a proposé d'aller à Giverny visiter la nouvelle exposition du Musée des impressionnismes, un journée entrecoupée d'un petit restau.
Ca ne se refuse pas, non ?
Nous commençons par nous promener dans le village qui est, bien entendu, extrêmement fleuri. D'un côté, la maison de Claude Monet que nous ne visiterons pas mais qui se profile à l'horizon.
La vigne-vierge qui en orne le mur est devenue toute rougeoyante à cette époque de l'année pour le plaisir des yeux.
De l'autre, l'ancien Hôtel Baudy qui fut, de 1887 à 1914, le rendez-vous des amis peintres de Claude Monet. S'y retrouvèrent : Monet, Cézanne, Renoir, Rodin, Sisley, Mary Cassatt ainsi que la majorité des peintres impressionnistes américains qui y fondèrent une école de peinture.
On y voit aussi quelques maisons cossues,
de petites sentes,
et de beaux jardins.
Mais, de ce côté-ci du village, c'est aussi l'église que nous voulons voir et surtout son cimetière où le peintre est enterré.
La tombe du peintre se trouve dans le caveau familial de la famille Hoschedé : Monet a épousé en deuxième mariage Alice, la fille d'Ernest Hoschedé, son mécène, en 1892 (il l'avait rencontrée bien avant).
Une tombe pleine de végétation naturelle évidemment
En faisant le tour de l'église, on a une superbe vue sur la campagne.
Puis, c'est la promenade dans le jardin du musée qui est magnifique et que je ne connaissais pas, étant venue ici il y a une bonne vingtaine d'années quand il n'avait pas encore atteint sa maturité.
Le jardin a été conçu par Philip Robert, l'architecte du musée, en 1991 puis fleuri par Mark Rudkin, paysagiste. Elégamment structuré par des haies, le jardin se compose de parterres monochromes (blanc, noir, bleu, jaune et rouge magenta) auxquels s'ajoutent le parterre de rosiers, le jardin d'aromatiques et la prairie. Du printemps à l'automne les massifs évoluent tout en respectant l'organisation de ces chambres colorées et parfumées.
Dans une démarche environnementale, aucun produit chimique n'y est utilisé...
Malheureusement, mes photos ne rendent pas l'émerveillement que l'on vit en "présentiel" - comme c'est à la mode de le dire en ce moment - Mon Dieu que ce mot est laid !
Et voici la prairie avec ses meules que le peintre a si souvent peintes.
L'entrée du musée
L'environnement du restaurant : les lavandes sont bien taillées comme chez nous en Bourgogne, prêtes à repartir au début de l'été...
L'exposition du musée s'intitule "L'atelier de la nature 1860-1910".
Elle fait un panorama de la peinture américaine de ces années-là au travers de la collection Terra (venant de Chicago), du nom de Daniel J. Terra qui est à l'origine de la création du musée des impressionnismes (autrefois musée d'art américain). A cette collection s'ajoutent des œuvres provenant du Musée d'Orsay et de la Bibliothèque National de France.
J'ai sélectionné quelques uns des tableaux qui m'ont le plus touchée.
L'un des premiers tableaux de la collection : splendide, non ?
l'Iceberg (vers 1875) - Frederic Edwin Church
Le City of St-Paul sur le Mississipi à Dunkerque - Alfred Thompson Bricher (1872)
Lors d'un voyage sur le Mississipi en 1866, Alfred Bricher exécute de nombreux croquis qui lui servent de base lorsqu'il peint cette toile dans son atelier quelques années plus tard. La présence d'un important bateau à aube témoigne de l'expansion économique et technologique des villes portuaires du Mississipi. Cette œuvre fut par ailleurs achetée par J. H. Reed, propriétaire de la mercerie représentée parmi le groupe d'édifices au bord de l'eau.
Brume matinale d'hiver à Concarneau - Charles-Henry Fromuth (1892)
Matin dans un village breton, Larmor - Dennis Miller Bunker (1884)
Sans titre (Scène portuaire) - William Merritt Chase
Matin sur la digue, Shinnecock - William Merritt Chase (1897)
Route près d'Honfleur - John H. Twachtman (vers 1863)
Une partie importante de l'exposition est consacrée à James Abbott McNeill Whistler. Cela m'a permis de mieux connaître et d'apprécier ce peintre que je ne connaissais que très peu.
La plage à Marseille (1901)
Plage avec rochers (1881)
Variations en violet et vert - James Abbott McNeill Whistler (1871)
Il y a aussi toute une série de lithographies du même auteur.
Le traghetto (1879-1880)
Upright Venice - 1er état (1879-1880)
Le bassin de Saint-Marc, suggéré par un léger lavis, occupe la quasi-totalité de l'image. Au loin, l'église Santa Maria de la Salute se détache de la ligne d'horizon définie par la ville, qui s'étend sous un ciel nuageux. L'apparence esquissée de cette eau-forte - l'une des premières exécutées par Whistler après son arrivée à Venise en 1879 - indique que l'artiste compose directement sur le motif. Il reprend et complète cette plaque quelques mois plus tard et en tire un deuxième état.
James Abbott McNeill Whistler invente une vision unique du paysage. Rejetant les détails réalistes au profit de préoccupations esthétiques, il crée - dans les années 1870 - des paysages aériens et éphémères appelés nocturnes. Inspiré de son expérience personnelle et de ses souvenirs de la nature la nuit, il couvre ses toiles et ses lithographies de lavis brumeux aux effets subtils. L'aspect artistique prime sur l'anecdote ou sur la spécificité du lieu. En 1885, il dit : "La nature contient les éléments, en couleur et forme de toute peinture, comme le clavier contient les notes de toute musique. Mais l'artiste est né pour en sortir, et choisir, et grouper avec science, les éléments, afin que le résultat en soit beau." Pour Whistler, l'artiste doit réinventer la nature et non pas l'imiter. Il adhère aux théories de "l'art pour l'art", conçu comme une recherche de la pure beauté formelle.
Il fait face à de sévères critiques pour l'aspect esquissé de ses œuvres, notamment de la part de l'écrivain et critique anglais John Ruskin que l'artiste poursuivra d'ailleurs en justice pour diffamation en 1877. A la suite de ce procès notoire, Whistler passe quatorze mois à Venise, où il exécute une série de gravures qui l'aident à reconstruire sa réputation. Au lieu de copier soigneusement les sites touristiques pittoresques de la Cité des Doges, il réduit ses paysages à l'extrême. Par ses harmonieuses modulations de couleurs et de lignes, Whistler inspirera de jeunes artistes et aura droit à une place d'honneur parmi l'avant-garde, en Europe comme aux Etats-Unis.
On est ici tout à fait dans ce qu'on appela "l'Impressionnisme".
Nocturne - Palais (1886)
Lorsqu'elle fut pour la première fois exposée à Londres, cette œuvre fut particulièrement remarquée par la critique qui loua a dimension poétique de l'eau-forte. L'encrage de chaque tirage (il en existe 54 en tout) permet de varier drastiquement les effets atmosphériques : ici, les coulures de l'encre brune utilisée par Whistler, particulièrement visibles en haut et en bas de l'épreuve, évoquent une nuit vénitienne fuligineuse dans laquelle l'architecture semble presque se dissoudre.
J'adore celle-ci : Nocturne (Le fleuve à Battersea) (1878)
A la fin des années 1880, un groupe d'artistes nord-américains s'installe à Giverny pour l'été. Ils plantent leurs chevalets sur les berges et les collines et se familiarisent avec leur nouveau village d'adoption en choisissant les sites qui leur semblent les plus caractéristiques. Plusieurs tableaux, exécutés au bord de l'Epte ou des bras de la Seine, montrent une prédilection pour les feuillages et les cours d'eau paisibles. On reconnaît dans ces œuvres les tons sombres et le rendu naturaliste propre à l'école de Barbizon.
Avec John Leslie Breck, le doute n'existe plus. Il a pastiché Claude Monet dans cette série de meules intitulée "Etude d'un jour d'automne N°1 à N°12".
Brouillard et soleil matinaux : John Leslie Breck (1892)
Exposé en 1893 à Boston, ce tableau est qualifié par un critique comme le "plus beau paysage matinal jamais réalisé par un américain". Breck conclut ici ses recherches autour du rendu atmosphérique et esthétique du sujet dans cette toile aux dimensions imposantes. Il la termine dans son atelier après son départ de Giverny, où il a séjourné pendant presque cinq ans.
Nous restons dans l'univers de Monet avec ces nénuphars.
Le bassin aux nénuphars : Willard Leroy Metcalf (1887)
L'Epte à Giverny : Willard Leroy Metcalf (1887)
J'ai aussi énormément aimé la peinture de Theodore Robinson.
Etude pour "Vallée de la Seine vue des hauteurs de Giverny" - Theodore Robinson (1892)
Cette œuvre sert de point de départ à trois autres œuvres, toutes exécutées lors du dernier été que Robinson passe à Giverny. Alors que les autres toiles sont plus abouties, cette esquisse demeure libre et spontanée, élaborée par Robinson moins comme un exercice de composition que comme une exploration des variations atmosphériques et lumineuses de la vallée. Particulièrement fier de son travail, le peintre note dans son journal que Monet lui-même avait vu et apprécié ces œuvres.
J'ai perdu le titre... - Theodore Robinson
Arbres en fleurs à Giverny - Theodore Robinson (1891-1892)
C'est beau, non ?
Paysage d'hiver - Theodore Robinson (1889)
La cueillette des airelles à Monhegan - Rockwell Kent (vers 1907)
Célébrée comme un rituel social au XIXème siècle, la cueillette des airelles se modernise au XXème siècle : pourtant, elle s'effectue ici à la main, accentuant l'isolation du territoire. Perdus dans la tourbière, réduits à l'état de taches de peinture, les cueilleurs d'airelles semblent à la merci du paysage austère.
J'ai bien aimé regarder ce tableau qui se décompose en bandes horizontales très contrastées. Il a beaucoup de force et j'ai admiré les touches de peinture délicates qui simulent parfaitement les cueilleurs. Du grand art...
Une très agréable journée
Tags : Giverny, Claude Monet, tombe, Musée des impressonnismes
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