-
Visite du Château de Gurgy-la-Ville : un "Mardi découverte" de l'OT de Châtillon
Pour ce troisième "Mardi découverte" de l'été, l'Office de Tourisme de Châtillon a choisi de nous emmener à une quarantaine de kilomètres à l'est de Châtillon, aux abords du nouveau Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne, pour y faire la visite, guidée par ses propriétaires, Monsieur et Madame Guerra, du Château de Gurgy-la-Ville qui était au XIIIème siècle le château des Ducs de Bourgogne.
Un peu d'Histoire locale...
Gurgy-la-Ville faisait partie de la province de Champagne. Le village a été détruit par un incendie en 1475 lors du conflit qui opposa Louis XI à Charles le Téméraire. Il semble que le château (ou maison forte) ait appartenu en tout premier lieu (en 1185) à un certain Jobert de Gurgy. Puis, il passe de mains en mains jusqu'à échoir au Duc de Pentièvre (fils naturel du Roi Soleil et de Madame de Montespan). En 1769 c'est sa fille Louise Marie Adélaïde Eugénie, épouse de Louis Philippe Joseph d'Orléans dit "Philippe Egalité" et mère du futur roi Louis Philippe qui en hérite. Bien que révolutionnaire, Philippe Egalité est guillotiné le 6 novembre 1793. Adélaïde est alors emprisonnée, dépouillée de ses biens et exilée. Elle vit en Espagne et à Palerme avant de rentrer en France en 1814. Elle retrouve les biens de Gurgy-la-Ville qui n’avaient pas été vendus mais meurt en 1821.Quand Eliane et Jean-Philippe Guerra achètent le château en 2005 à un certain Monsieur Alexandre, c'est un vrai coup de cœur mais... les toitures menacent de s'effondrer car les charpentes sont très abîmées. C'est dont par là qu'ils vont commencer les travaux et... ça tombe bien car ils sont du métier ! Leur entreprise de maçonnerie et de restauration du Patrimoine historique se trouve à Dijon.
Voici ce qu'ils en ont fait : la photo n'est pas de moi car nous n'avons pas eu l'idée de prendre cette route qui le contourne. Elle montre néanmoins l'importance de ce château dont il ne reste que deux tours parmi les huit ayant existé...
Voici l'autre façade, celle que nous avons découverte en arrivant à Gurgy et par laquelle nous sommes entrés.
Il paraît que le château s'étendait jusque de l'autre côté de la route où se trouve actuellement un grand pré...
Jean-Philippe et Eliane Guerra nous accueillent à l'entrée de leur demeure avec leur fils Paul qui, tout comme son père et son grand-père, est Compagnon du Devoir et du Tour de France. Evidemment, ça aide !
Les propriétaires nous expliquent qu'ils ont pu prendre au cours de leurs restaurations des libertés (relatives et néanmoins intelligentes) avec l'architecture dans la mesure où leur propriété n'est pas classée aux Monuments Historiques.
Elle bénéficie toutefois du label "Fondation du Patrimoine".
Des petites plantes ont pris possession de la vieille pierre.
Leur château, ils l'ont baptisé "Le Château des Hirondelles" sans doute à cause des hirondelles qui nichaient dans les charpentes à tout vent avant que les travaux ne commencent... ?
J'avoue que j'ai oublié bon nombre des informations que Jean-Philippe et Eliane Guerra nous ont communiquées car ils étaient très loquaces pour notre plus grand plaisir...
Faisant le tour du côté de la mare remplie de lentilles d'eau,
on peut voir l'humour des propriétaires : ils ont scellé une grande truelle en guise de drapeau en haut de l'une des tours du château !
Dans la cour intérieure qui était autrefois encombrée de tout un tas de matériaux ayant servi à la restauration, un petit jardin de buis a pris place. La sécheresse aidant, les herbes folles l'ont un peu envahi mais il aura belle allure plus tard.
Voici le corps de logis principal
Y faisant face, les propriétaires ont construit une "Fabrique de jardin" à l'aide de pierres de pays alternant avec des pierres percées trouvées dans la région. A l'intérieur, un banc accueillant est surmonté de deux têtes sculptées dans la pierre.
Elles ressemblent à des sculptures antiques à s'y méprendre ! Ce sont peut-être des moulages...
L'une représente "Jean qui rit"...
et l'autre "Jean qui pleure" !
Ayant pris de la hauteur grâce à cet escalier menant à l'aile de la tour d'angle,
je peux jouir d'une belle vue sur l'autre aile du château où se trouvaient les communs.
Seule la meurtrière située à gauche est d'origine : la petite fenêtre à accolade a été restaurée et déplacée il me semble et une galerie couverte garnie de galandages créée pour relier le logis principal à la tour sud-est.
Tout ceci est du plus bel effet.
Vue sur la Salle des Gardes depuis l'ancienne écurie
Joli plafond...
Dans l'ancienne écurie Jean-Philippe Guerra a eu l'idée d'installer une petite scène de théâtre qui a déjà accueilli bon nombre de spectateurs : sympa !
De chaque côté du rideau de scène, d'anciennes portes de placard supportent des chandeliers.
Lui faisant face, une balustrade en bois reliée à un escalier permet aux acteurs de se préparer avant d'entrer en scène.
Jean-Philippe Guerra a l'intention de décorer le dessous de cette voûte en bois qui sépare l'ancienne écurie de la cour avec une fresque représentant les sept péchés capitaux : très drôle quand on pense que juste en dessous se trouve un confessionnal !
Décidément, ce château réserve plein de surprises et la famille Guerra ne doit pas s'ennuyer...
Nous voici maintenant passés du côté de la façade du château où se trouvait le pont-levis : on voit encore très bien les rainures dans les murs permettant aux montants de bois supportant les chaînes (les flèches) de se relever. Le pont-levis fermait une porte charretière et une petite porte piétonne.
Par ailleurs, Jean-Philippe Guerra a refait les lucarnes en œil-de-bœuf. En regardant la photo de plus près, je me suis aperçue qu'il y avait un dessin dans les tuiles du toit...
Eliane Guerra passait par là au moment où j'ai cliqué...
Sous cette fenêtre, des blasons : sont-t-ils d'origine ? Sans doute.
En face, Jean-Philippe Guerra a restauré le nymphée en fer à cheval qui était dégradé et envahi par la végétation : le voici photographié avant restauration.
Un nymphée est une construction de jardin reliée à un point d'eau. Pour retrouver l'eau, Jean-Philippe Guerra a fait appel à un sourcier : il a fallu ensuite creuser très profondément pour atteindre la nappe phréatique, Les escaliers ont été restaurés à l'identique en remplaçant les pierres abîmées et Jean-Philippe Guerra a sculpté un Apollon (ou peut-être un Hermès... ?) pour le placer dans la niche centrale.
Une fois que tout le matos qui sert actuellement aura été déblayé - mais on ne fait pas de pain sans farine... (celle-là, je viens de l'inventer !) - cela fera une super perspective.
La restauration du nymphée a permis au château de Gurgy d'entrer dans la catégorie des parcs et jardins.
La famille Guerra fourmille d'imagination : au dessus du nymphée, Jean-Philippe Guerra a construit une petite "Folie" : elle n'est pas terminée car il doit encore lui construire un fond et une voûte qu'il a l'intention de décorer d'une fresque.
Cet homme sait tout faire !
Quatre bustes reposant sur des stèles représentent les quatre saisons. Il s'agit de moulages de sculptures antiques.
Voici le Printemps
L'Eté
L'Automne
et l'Hiver
Mine de rien, il fait toujours chaud car c'est encore la canicule : Philippe, qui s'est réfugié à l'ombre, a "ôté" le masque sous lequel on étouffe. A côté de lui, la camionnette de l'entreprise Guerra.
Retournant du côté de la façade principale actuelle, Jean-Philippe Guerra nous propose une petite visite des intérieurs.
Au rez-de-chaussée, une vaste pièce comporte une superbe cheminée et une voûte en arête.
Dans une alcôve, une jolie tapisserie représentant une scène de chasse
Nous montons par un petit escalier en colimaçon...
Il donne accès à la grande salle du château qui possède un superbe plafond de poutres peint par Jean-Philippe Guerra.
Il me rappelle le plafond de la salle à manger que mes parents avaient quand ils habitaient sur le boulevard Voltaire à Paris et qui avait tapé dans l'œil de ma mère. Du coup, mes parents avaient acheté un lustre hollandais et je m'aperçois qu'ici aussi il y en a un ! Malheureusement, ceci remonte à une époque où les photos étaient moins nombreuses qu'aujourd'hui et je ne suis pas sûre d'en retrouver la trace...
Du beau travail la famille Guerra !
Il ne manque plus ici que la Laitière ou le Géographe de Vermeer pour faire un bond dans le passé...
Quant aux portes, elles sont toutes anciennes (du XVIIème siècle ou du XVIIIème siècle, je n'ai pas retenu).
Voici maintenant la cuisine du château : elle est fonctionnelle, c'est ce qui lui donne du prix. Au sol, de jolies tomettes.
Au mur, un tableau sous verre (donc avec des reflets...) donne le "la".
Le reste des pièces du château restera totalement privé...
Une vidéo amusante tournée en 2016
Pour la restauration du château, Monsieur et Madame Guerra ont obtenu un Premier prix en 2014 dans la catégorie "Patrimoine bâti Parcs et Jardins" : 13.000 euros, ce n'est pas négligeable mais quand on voit le travail accompli et ce qu'il reste à faire, il va sans dire qu'il faut tout de même y mettre beaucoup de sa poche ! Par ailleurs, la famille Guerra loue le château pour des événements familiaux : les bénéfices sont alloués à la poursuite des travaux de restauration.
C'était vraiment une super visite !
Un grand merci à l'Office de Tourisme de Châtillon ainsi qu'aux propriétaires du château pour leur disponibilité.
Tags : Château de Gurgy-la-Ville, visite guidée, Jean-Philippe et Eliane Guerra, Office de Tourisme de Châtillon-sur-Seine, Mardi découverte
-
Commentaires