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Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13 - Première partie
Anne-Marie Guérin s'est écartée aujourd'hui de l'intitulé de son atelier "Petites promenades dans Paris" pour nous emmener à Ecouen où elle a fait appel à l'association "Paris-Art et Histoire" pour nous proposer une visite guidée du château.
Après avoir pris le train à la gare du Nord nous voici, quelques trente minutes plus tard, sur le chemin du château qui se trouve un peu à l'écart de la ville.
Il faut traverser un petit bout de forêt pour y accéder : le sentier est heureusement goudronné, ce qui nous évite de patauger dans la boue due à la pluie des jours précédents.
Le fléchage est facile : il suffit de suivre "Château d'Ecouen". Pourtant, sur cette pancarte on parle de musée national de la Renaissance.
Quèsaco... ?
Le château abrite en effet l'une des plus importantes collections d'objets d'art datant de cette époque et - quoi de mieux pour la présenter - qu'un écrin contemporain !
Une jolie grille encadre le pont désormais "dormant" qui enjambait jadis des douves en eau : les invasions ne sont plus à craindre, pas même celles des touristes apparemment... Nous ne sommes pas à Paris et les musées n'attirent pas forcément les foules : pourtant on peut voir dans celui-ci de véritables merveilles.
C'est ma troisième visite du Château (la première s'est faite lors de l'une des randonnées de Jacqueline) et la seconde en famille mais c'est la première fois que je suis une visite guidée.
Pour embrasser l'intégralité du château depuis sa "façade est" donnant sur la plaine de France environnante, il faut s'en éloigner : nous ne l'avons pas fait mais mon ami internet m'a fourni cette photo de "L'Agence Photo" qui montre son plan carré flanqué de quatre pavillons d'angle, héritiers des châteaux médiévaux.
Devant l'entrée du château : nous sommes 22 participants.
Avec Bibi Fricotin : merci Monick !
Un petit air d'l'Hôtel de Beauvais (visité dernièrement) pour ce porche d'entrée, non ? Même plafond à caissons, mêmes grilles le séparant de la cour d'honneur.
Il donne accès à une grande cour carrée, presque austère, du style de la première Renaissance française dont on voit ici l'aile ouest.
Avant toutes choses, il est l'heure de nous restaurer : Anne-Marie a justement réservé un menu de groupe (le menu Cupidon est à 23 euros) à "La Table des Rois", le restaurant du musée qui se trouve dans l'un des quatre pavillons d'angle.
L'entrée vient de nous être servie : une salade landaise, qui sera suivie d'un filet de perche sauce safranée pour terminer par une crème brûlée à la vanille.
Miam miam...
Nous avons été servis rapidement étant, au départ, le seul groupe à déjeuner, ce qui fait que nous étions à l'heure au rendez-vous donné par Monsieur Obel, notre guide de l'association "Paris-Art et Histoire".
Le voici justement qui commence la visite : il est tout juste 14 heures et..., elle durera 3 heures.
Il nous parle tout d'abord de son premier propriétaire, le connétable Anne de Montmorency, chef des armées du royaume de France. Monsieur Obel nous fait remarquer que ce prénom d'Anne était à l'époque masculin...
Portrait par Léonard Limosin - 1556 - Musée du Louvre
Celui-ci, de retour des guerres d'Italie, fit construire - entre 1538 et 1555 - ce château sur le modèle des palais italiens. Grand ami de François Ier et d'Henri II, il possédait en effet une très grosse fortune. Le château reste dans la famille des Montmorency jusqu'à l'exécution de son dernier descendant (qui n'avait pas d'héritier mâle), Henri II de Montmorency.
Voilà ce qui arrive quand on intrigue contre le Cardinal de Richelieu...
Il est alors confisqué par Louis XIII.
Na !
Il passe plus tard aux Condé jusqu'à la Révolution pendant laquelle il est confisqué, servant tour à tour d'hôpital, de prison et de lieu de réunion d'un club de patriotes.
En 1805, Napoléon y ouvre une "maison d'éducation pour les filles de la Légion d'Honneur" : elles seront quelques milliers à connaître cette éducation.
A partir de 1814, restitué aux Condé par Louis XVIII, le château est laissé plus ou moins à l'abandon et ce n'est qu'en 1850 qu'il retrouve sa vocation de maison d'éducation, ceci jusqu'en 1962 où il est mis à disposition du Ministère des Affaires Culturelles qui le transforme en musée national de la Renaissance. Celui-ci est inauguré en 1977 par Valéry Giscard-d'Estaing suite à de lourds travaux de restauration.
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Monsieur Obel nous parle ensuite du style du château, purement inspiré de l'architecture Renaissance des châteaux de la Loire et dont le seul décor tient dans ses lucarnes, de plus en plus ornées au fur et à mesure que le chantier s'avance.
On peut y distinguer des frises doriques (avec une alternance de triglyphes et de métopes en forme de bucranes) surplombant les fenêtres.
Les deux grands avant-corps des façades nord et sud ont été rajoutés postérieurement par Jean Bullant (1515-1578), l'un des principaux architectes du château. Ils témoignent de l'influence antique de la seconde Renaissance.
Voici l'aile nord, celle réservée aux appartements de la Reine (au rez-de-chaussée) et à ceux du Roi (au premier étage). Ecouen est en effet un château "semi-royal" où Henri II et Catherine de Médicis séjournèrent de nombreuses fois.
Un grand portail la décore surmonté de deux lucarnes.
On peut y voir entre celles-ci des fleurs de lys alternant avec des quartiers de lune (ils représentent la royauté).
Gilbert Obel nous montre également les quartiers de lune entrelacés qui symbolisent la royauté et la maxime du Roi, gravée sur la pierre en latin : inutile de vous dire que je l'ai largement oubliée et que ce n'est qu'en cherchant sur internet que je peux vous la fournir.
Donec totum compleat orbem - en d'autres termes - jusqu'à ce qu'il (le croissant de lune) remplisse l'orbe toute entière : la gloire du Roi irait en croissant jusqu'à ce qu'elle remplisse le monde...
Pas vraiment modeste le roi Henri II !
De l'autre côté, un métope représentant un arc-en-ciel : notre guide nous a dit qu'il était le symbole de la Reine. La devise en grec, alors là, je donne ma langue au chat !
Y'a pas photo : un bon guide, c'est mieux qu'un ordinateur !
Sur les pavés de la cour, on peut voir l'étoile à cinq branches de la Légion d'Honneur qui rappelle le passé historique du château. Nous la verrons mieux quand nous serons à l'étage.
On peut y voir aussi une bouche d'égout amusante. Je ne sais pas si celle-ci date de la même époque ?
Juste en face sur l'aile sud et lui faisant pendant, le "Portail des esclaves" est ainsi nommé à cause des deux statues qui l'ornent, oeuvres de Michel-Ange, dont les originaux sont conservés au Louvre.
Cet avant-corps en forme d'arc de triomphe copie un prototype antique, le temple de Castor et Pollux, situé sur le Forum de Rome. Quatre colonnes corinthiennes cannelées soutiennent une corniche ornée de guirlandes.
Les statues de Michel-Ange devaient à l'origine orner le tombeau du Pape Jules II.
La visite de la cour étant terminée, Monsieur Obel nous entraîne alors à l'intérieur du château dont la visite commence par celle de la chapelle, située dans le pavillon sud-est. Celle-ci a été fort dépouillée à la Révolution et reflète aujourd'hui la sobriété de son premier état.
C'est surtout le plafond en voûte d'ogives qui est remarquable. On peut y voir les armoiries du connétable, et son monogramme : le A et le M entrelacés se lisant à l'endroit comme à l'envers.
Les armoiries et leur description
D'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur (les alérions sont des aiglons)
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
A droite du vitrail, l'oratoire privé des Montmorency
Face au vitrail, un orgue rénové au XIXème siècle : c'est un Cavaillé-Coll.
Sur la balustrade du balcon ouvragée, le monogramme de Anne de Montmorency
Dans les angles, des niches abritent les statues des Pères de l'Eglise.
Voici celle de Saint Ambroise
Monsieur Obel nous montre aussi quelques oeuvres en particulier, datant de la Renaissance, comme ce retable de la Passion attribué à Pierre Reymond qui surmonte l'autel.
Accolée à la chapelle, la sacristie : elle est meublée d'un petit orgue absolument admirable qui m'a tapé dans l'oeil.
Malheureusement, la Cène de Marco d'Oggiono, un élève de Léonard de Vinci est au Louvre actuellement pour cause d'exposition. Elle doit décorer avantageusement d'ordinaire le mur contigu à la sacristie...
Dans ma précédente visite, je l'avais prise en photo...
J'ai aussi vu l'oeuvre du Maître à Milan qui se trouve dans le réfectoire du Couvent de Santa Maria delle Grazie.
La visite de la Chapelle terminée, il nous reste encore du pain sur la planche, du moins pour Monsieur Obel : un rez-de-chaussée et deux étages nobles à faire visiter sur trois côtés, plus les combles...
Je me souviens qu'on a commencé cette visite par la salle des armes et armures située au rez-de-chaussée. Laissant les armes et les armures à la classe de maternelle venue visiter le musée ce jour-là..., nous nous sommes concentrés sur sa cheminée monumentale.
Le style renaissance est ici reconnaissable - entre autres - aux deux grands personnages, un homme et une femme porteurs de cruches, qui encadrent la scène biblique, ainsi qu'aux volutes ornant la partie basse du manteau.
Il s'agit de l'épisode de la rencontre entre Salomon et la reine de Saba.
Nous verrons beaucoup d'autres cheminées monumentales dans les autres pièces de ce château.
Photo Réunion des Musée Nationaux
Notre guide nous fait également remarquer les élégantes frises typiques de la Renaissance bordant le plafond de bois.
Nous nous rendons ensuite dans les anciennes cuisines du château où une maquette de celui-ci est présentée tel qu'il était à l'origine avant que sa façade est ne soit transformée afin de permettre à ses occupants d'avoir une vue sur la vallée.
On y aperçoit notamment le portique central portant une statue équestre du connétable de Montmorency.
Dans la salle suivante qui est également une ancienne cuisine, on peut voir des boiseries provenant de la chapelle du Château de Gaillon en Normandie, propriété du Cardinal Georges d'Amboise.
La partie haute est encore de style gothique alors que la partie basse est déjà de style renaissance.
Quelle finesse dans la sculpture du bois !
Dans cette salle du pavillon sud-ouest, très sombre comme c'est souvent le cas à Ecouen - par mesure de conservation -, on peut admirer des peintures sur cuir représentant une allégorie de Rome et de six de ses héros. Ils proviennent d'une maison de ville de la rue du Gros-Horloge à Rouen. Ces peintures sont basées sur des gravures sur cuivre du peintre flamand Hendrick Goltzius.
Notre guide nous a raconté l'histoire de celui-ci, Marcus Curtius, protagoniste d'un étrange épisode de la mythologie romaine : vers 635 avant J.-C., un gouffre s'ouvrit sur la place du Forum, menant directement aux enfers. Ce gouffre s'était formé car les romains avaient oublié d'accomplir un sacrifice envers les morts.
Marcus Curtius, sur le dos de son cheval, plongea dans le trou sans fond pour prouver la force de Rome mais..., il disparut à jamais.
Autre belle cheminée renaissance représentant Le Tribut de César
Il s'agit de la seule scène tirée du Nouveau Testament ornant les cheminées du Château d'Ecouen. Le Christ préconise de "rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César".
Les cheminées renaissance ne sont pas toutes peintes, il y en a aussi de très belles en pierre.
Une curieuse statue de la Vierge s'ouvrant en triptyque avec une représentation de la
Sainte-Trinité : le Père, le Christ en croix et la colombeMarie Madeleine ? Je ne sais plus...
Nous voici maintenant dans la salle présentant la nef automate dite "de Charles Quint".
Une fois remontée, elle avançait sur la table, lors des repas princiers et ses personnages s’animaient : les musiciens commençaient à jouer et les princes électeurs défilaient en signe de fidélité devant l’empereur, peut-être Rodolphe II, petit-fils de Charles Quint.
Nous sommes tous scotchés devant, écoutant religieusement les explications du guide qui nous montre qu'elle est montée sur quatre roues ovales lui permettant de simuler la houle...
Une vigie à son poste actionne un marteau.
Un petit film vaut mieux qu'un grand discours.
Avouez que c'est bluffant !
Dans la chambre de la Reine, trois tapisseries (en provenance de Bruxelles) représentent l'histoire de Phaëton, fils d'Hélios dieu du soleil qui, imprudemment, emprunta le char de son père, en perdit le contrôle embrasant le ciel et la terre. L'histoire se termine mal : Zeus le foudroya...
Elles illustrent le texte d'ovide (Les métamorphoses).
On voit ici les sœurs de Phaëton (les Héliades) préparer les chevaux de l'attelage tandis que celui-ci se tient à gauche.
Ce sont de très grandes tapisseries : celle-ci a dû être exposée en angle.
Elle montre la chute du char du soleil.Cette autre tapisserie montre les étapes de la métamorphose de Daphné, toujours d'Ovide.
S'étant moqué de Cupidon et de son arc, celui-ci se venge en lui décochant une flèche qui le condamne à aimer sans retour la belle Daphné. Apollon poursuit Daphné de ses assiduités jusqu'à l'épuisement. Celle-ci implore son père de lui venir en aide : il la métamorphose alors en laurier pour déjouer Apollon. Mais ceci ne rebute pas le dieu qui serre l’arbre dans ses bras, embrasse son écorce et dit : "Eh bien, puisque tu ne peux être mon épouse, du moins tu seras mon arbre".
Regardez les doigts de Daphné et de ses suivantes : ils se terminent en feuilles de laurier !
Dans la Grande salle des appartements de la Reine, on peut admirer une cheminée monumentale, véritable chef-d'oeuvre de la sculpture sur pierre. Elle provient d'une maison de ville de Rouen et reflète par ses sculptures l'importance du pèlerinage de Lorette en Italie.
La "Santa Casa" (la maison où Marie reçut de l'Ange Gabriel l'annonce qu'elle allait être mère du Sauveur) est transportée par des anges dans la nuit du 10 décembre 1294 depuis Nazareth d'abord en Dalmatie puis jusqu'à la colline de Loreto dans la Province italienne des Marches, pour échapper aux sarrasins...
L'enlèvement de la "Santa Casa"
Et son implantation à Loreto
La salle suivante est consacrée à Luca della Robbia, célèbre céramiste florentin que l'on reconnait à dix lieues par son bleu et ses décorations florales.
Ce grand plat rond représente "La Tempérance" nous a dit Monsieur Obel, nous expliquant que la jeune femme tient une aiguière avec laquelle pour verser un liquide dans une coupe.
D'où l'expression "Mettre de l'eau dans son vin"...
Il y avait aussi un très joli buste de Saint Jean Baptiste enfant.
Dans la même pièce, une très jolie sculpture représente le groupe en marbre des Trois Parques. Ces trois sœurs, filles de Zeus et peut-être de Thémis, président au destin des hommes en tenant le fil de leurs vies qu'elles filent ou... coupent.
La sculpture fut créée vers 1586 environ par Germain Pilon et son atelier pour le jardin que possédait à Gentilly Nicolas Fumée, évêque de Beauvais et confesseur du roi.
L'une des merveilles du musée : Le Génie funéraire
La statuette devait orner, à l'origine, le tombeau de François Ier. Le thème du génie dionysien renversant un flambeau en signe d'extinction de la vie est d’inspiration antique.
J'ai bien aimé aussi cette "Vierge à l'enfant" en albâtre qui provient de l'église de Breuil-sous-Orbais dans la Marne.
Là se termine la première partie de la visite guidée par Gilbert Obel, du Château d'Ecouen, musée de la Renaissance.
La suite très bientôt...
Tags : Ecouen, Château, Musée de la Renaissance, Association "Paris-Art et Histoire", Anne de Montmorency, Jean Bullant, Générations 13, mythologie grecque
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Commentaires
Bonsoir Monick, mes photos n'ont rien à envier aux tiennes qui sont aussi très belles. Pour les lustres, je ne sais pas si j'utilise bien mon appareil qui, à la limite, est trop compliqué à régler...
Bonnes vacances à toi si tu en prends... A bientôt, Claire
3MonickVendredi 7 Février 2020 à 06:46Merci Claire Je me doute bien que ton appareil est compliqué et nous n'avons guère de temps pour le réglage moi je fais déjà un petit préparatif de réglage sinon ce n'est pas possible c'est trop rapide.
Bonne journée et bonnes vacances
A+ Monick
5genevièveJeudi 13 Février 2020 à 17:16merci pour ce reportage très complet . supers souvenirs.
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MonickJeudi 13 Février 2020 à 18:13
Merci et Bonne journée Geneviève
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Jeudi 13 Février 2020 à 19:02
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Merci Claire magnifiques toutes tes photos et surtout avec les informations correspondantes Un grand bravo et en plus des difficultés de lumières
Très bonne fin de journée
Bisous
Monick