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Quittant Villeneuve, nous rejoignons Sens où j'ai réservé un hôtel trois étoiles pour terminer en beauté cette petite virée : il s'agit d'une chaîne appelée "The originals".
Ayant réservé deux chambres "single", nous apprenons à l'accueil que l'Hôtel les a changées contre des chambres "double" pour le même prix : ça commence très bien !
Un petit coin salon
Des chambres qui donnent sur le jardin de l'hôtel.
Aussitôt installées, nous partons en direction du centre ville.
Notre premier arrêt est pour la "maison d'Abraham". J'ai lu qu'elle avait inspiré Gustave Flaubert pour son roman L'Éducation sentimentale.
Cette maison à colombage du XVIe siècle, construite pour le tanneur Nicolas Mégissier, est l'une des plus anciennes et des plus célèbres de Sens. Elle est aussi appelée la "maison des Quatre Vents", sans doute à cause de sa position en angle de rue. Un arbre de Jessé sculpté sur le poteau cornier, représente la Vierge et huit rois d'Israël. La dénomination maison d'Abraham semble provenir d'une erreur populaire faisant remonter l'arbre de Jessé jusqu'à Abraham.
Tout en bas, il y a Jessé, le père du roi David : de son flanc sort l'arbre dont les branches portent les ancêtres du Christ.
Et là, il y a quatre des huit rois d'Israël (j'ai eu la bêtise de ne photographier qu'un côté de l'angle composant l'arbre). Tout la haut, la Vierge et l'enfant Jésus.
La maison possède un joli décor de porte.
Serait-ce le propriétaire de la maison représenté en haut à gauche de la porte (et en face, sa femme)... ? J'aime bien faire des suppositions !
Voisine de la maison d'Abraham, la maison du Portail (ou maison du Pilier) qui date elle aussi du XVIe siècle.
Ce passage conduisait communiquait autrefois avec la place du marché aux porcs.
Les maisons à pans de bois sont légion à Sens.
Voici la "maison Jean Cousin" : ce dernier n’a probablement jamais habité cette belle demeure du XVIe siècle qui porte pourtant son nom.
Quels sont ces animaux fantastiques, gardiens de la porte... ?
Il semblerait que la maison ait appartenu à l’un des propriétaires du fameux tableau exposé au Louvre – Eva Prima Pandora – peint par l’artiste sénonais Jean Cousin l'Ancien en 1550. Il s'agit peut-être du premier nu de l'histoire de la peinture française qui s'inscrit dans la naissance et le développement dans la deuxième moitié du XVIe siècle du maniérisme français autour de l'Ecole de Fontainebleau.
Outre la façade sculptée donnant sur la rue Jean-Cousin, la maison éponyme est agrémentée d’un remarquable escalier extérieur à vis – visible de la rue Jossey.
Ce portail est celui de l'Hôtel particulier de Bourrienne.
C'était la "maison des Fauvelet", comtes de Charbonnières de Bourrienne, une famille du patriciat local. Luis Antoine Fauvelet de Bourrienne, diplomate, député, Ministre d'État et secrétaire particulier de l'Empereur Napoléon Ier, y est né et l'Empereur y a séjourné lorsqu'il était Premier Consul. Le sculpteur David d'Angers y a également séjourné et l'Hôtel fut le siège de l'Archevêché de Sens au début du XXe siècle entre 1905 et 1929.
En haut du portail, le blason des Bourrienne
L'Hôtel particulier de Bourrienne a été la demeure de Marivaux dont l'épouse était sénonaise.
Une plaque sur cette jolie maison à pans de bois du XVIe siècle, évoque l’ancien "Hostel du compasseur". Ce terme remonte au XIIe siècle, temps des cathédrales. Il désignait celui qui traçait, à l’aide d’un compas, les éléments d’architecture sur les pierres.
Une autre plaque vue sur de nombreuses maisons sénonaises m'a intriguée : "Censive de". J'en ai trouvé l'explication en consultant mon ami internet qui, comme vous le savez, sait tout !
Le "cens" était un impôt que devait payer chaque année le propriétaire d'un vigne ou d'une maison construite sur le terrain nu d'un propriétaire religieux ou noble. La censive était immuable, non réévaluée mais, rassurez-vous, elle a été abolie à la révolution et est maintenant remplacée par... l'impôt foncier (qui lui a le désavantage de ne pas rester immuable) !
Plusieurs maisons pouvaient ainsi être "étiquetées" Censive telle celle-ci : "Censive de Sainte-Colombe du Carrouge" située non loin de la précédente.
Celle-ci est la "Censive des chanoines de Saint-Jean", construite à la même époque.
Avouez qu'elles ne font pas leur âge, ces maisons à pans de bois !
Nous voici arrivées au centre de la ville avec ici la Halle aux fleurs et au fond la Cathédrale.
Cette maison était autrefois "L'auberge de la Pointe" : elle date du XVIe siècle.
La voici de nos jours et a gardé ses superbes balcons de pierre ornés d'une balustrade en fer forgé.
Sur son mur pignon, la date de 1537 et une inscription : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de tout ton cœur et de toute ta force et entendement et ton prochain comme toi-même."
L'autre inscription, en latin, m'a échappé car depuis le temps..., j'ai perdu mon latin !
Nous voici au cœur de la ville : d'un côté, le Marché couvert,
et de l'autre la Cathédrale Saint-Etienne dont la façade est éclairée par le soleil couchant.
Ce restaurant fera l'affaire sauf qu'en terrasse le vent souffle trop fort : nous dînerons à l'intérieur.
Le portail principal de la Cathédrale Saint-Etienne a été en partie mutilé comme tous les autres en 1993 excepté le trumeau où se trouve le diacre Saint-Etienne car un patriote l'avait coiffé d'un bonnet phrygien.
La sculpture date des environs de 1200. Saint-Etienne tient le livre des évangiles.
Les deux médaillons au-dessus de l'archivolte symbolisent la Cité céleste, autrement dit Jérusalem.
Le tympan a été réalisé dans les années 1230-1240. Il épouse le fenestrage d'un vitrail. Il illustre des scènes de la vie d'Étienne, premier diacre de l'Église.
Sur la route du retour à l'hôtel, une maison attire mon attention par les sculptures qui ornent ses fenêtres.
Elle représente des ouvriers du bâtiment qui travaillent sous la direction d'un architecte. A droite, on aperçoit le Marché couvert.
Le maçon monte les murs.
Ici, peut-être le charpentier voisin de la Cathédrale.
Ici, je reconnais le couvreur,
Là, le ferronnier,
Enfin, la touche finale avec le tailleur de pierres.
Etonnamment, je n'ai absolument rien trouvé sur le net.
Retour à l'hôtel pour retrouver nos chambres : un grand lit, la clim, une télévision, un petit bureau et une salle d'eau, tout est parfait.
Après un bon petit-déjeuner, nous reprenons la direction du centre ville.
Avant de le rejoindre, un petit tour sur les bords de l'Yonne voisine de l'hôtel.
Sur l'île d'Yonne, l'église Saint-Maurice se reflète dans l'eau.
Quel est ce grand chef qui va nous guider... ? Je penche pour Vercingétorix.
Le Laurencin est un ancien Hôtel particulier qui abrite maintenant 15 appartements de luxe à la location de courte durée. C'était autrefois la Maison Municipale.
Tiens tiens, un petit air de déjà vu mais j'ai encore craqué devant l'arrondi des balcons !
Et à nouveau la "Censive des chanoines de Saint-Jean"... Nous approchons de la Cathédrale.
Sens, c'est fini...
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