Obtrée, c'est le village où nous avons fait notre fête il y a maintenant 12 ans. Eh oui, le temps passe... Nous avions loué la salle des fêtes à la Mairie sans pouvoir visiter l'église située juste en face.
C'est maintenant chose faite grâce à l'animation "Un jour, une église" qu'a repris l'Office de Tourisme du Châtillonnais suivant ainsi l'exemple de celui de l'Aube.
Le cimetière du village est situé en dehors de l'agglomération. On peut y voir des vignobles, sans doute destinés à la fabrication du fameux Crémant de Bourgogne.
Le village d'Obtrée vu depuis le cimetière
Le rendez-vous était donné devant l'église mais je trouve le petit groupe à l'intérieur, la chaleur estivale ayant enclin les participants à chercher la fraîcheur...
C'est Colette Diot, première adjointe au Maire d'Obtrée, qui fait la visite guidée : en temps que bénévole, elle a reçu une petite formation mais elle a aussi fait des recherches sur internet et consulté les archives du village pour se documenter.
Le Châtillonnais et l'Auxois a fait un article l'an dernier sur cette animation : pour la lire, cliquez ICI.
Colette Diot et les participants à l'animation
Nous quittons l'église avec elle pour aller du côté du lavoir voisin : c'était en effet, nous apprend-elle, ici que se faisait la messe au XVIIème siècle (jusqu'en 1644). La commune d'Obtrée était en effet rattachée à l'époque à celle de Chaumont-le-bois et le prêtre y officiait régulièrement jusqu'à ce qu'il refuse parfois de le faire arguant des mauvaises conditions pour exercer son culte...
Un très beau lavoir (malheureusement accolé à un poteau électrique). Vivement que la commune enterre les fils ! Mais je sais que ça a un coût...
La fontaine est très belle, décorée de poissons.
A l'intérieur du lavoir deux pierres portent des inscriptions. L'une d'elle a été posée à l'envers (je l'ai redressée grâce à Photoshop).
On peut y lire "posée par mes soins"........"le 10 avril 1819".
L'église, elle, a été construite en 1856 comme en témoigne une pierre scellée sur sa façade.
Le nom de Gillon apparaît dans les deux cas mais Jean Millot, spécialiste de l'art religieux, qui était présent lors de cette animation, nous a dit qu'il n'y avait probablement pas de rapport entre les deux noms.
Le porche d'entrée est sobre mais élégant.
Des colonnes au chapiteaux à feuille d'eau (caractéristiques des abbayes cisterciennes) supportent un fronton de stylé néo-roman.
Le tympan sculpté représente les quatre évangélistes : le lion de Saint Marc, l'aigle de Saint Jean, le taureau de Saint Luc, l'ange de Saint Matthieu.
Au centre, Jésus-Christ tient une table où sont inscrits les mots :
"Sum principium, sum finis" (Je suis le début, je suis la fin).
Entrons maintenant dans l'église.
Une nef unique, avec un choeur à coupole nous fait remarquer Jean Millot.
Au centre, un beau lustre en cristal éclairait autrefois l'église de ses bougies. Depuis, l'électricité est apparue.
Nous regardons tout d'abord le Chemin de Croix et ses quatorze tableaux. Remarquez les jolies colonnettes qui les séparent...
Les tableaux sont curieusement sous-titrés en deux langues : le français et l'espagnol comme le montre cette station intitulée "Jésus tombe la première fois"- "Primera cada de Jesus" qui semble avoir été exécutée dans la seconde moitié du XIXème siècle, gravée par Ghebard et imprimée par la Maison Basset (imprimeurs rue Saint-Jacques à Paris).
Nous voici devant l'autel principal - je devrais dire "les" autels puisqu'un petit autel (don de la commune de Vannaire) se trouve devant le grand placé juste derrière.
Sous la nappe, la pierre sacrée renfermant les reliques que le prêtre embrasse au cours de la messe
L'autel principal avec, en décoration, l'Agneau de Dieu
Un joli tabernacle et des vases de fleurs de soie anciens
Sue le tabernacle, une représentation de Saint Jean-Baptiste portant l'Agneau de Dieu. Emma, dans son commentaire, émet l'hypothèse que ce pourrait aussi être Jésus, le Bon Pasteur et Pain de vie... ?
Vitrail de Saint Joseph tenant des fleurs de lys
Le lys est avant tout le symbole de la chasteté, il renvoie donc essentiellement à l’absence de consommation charnelle du mariage avec Marie, à la virginité de son épouse et à la conception de Jésus par l’Esprit Saint.
Vitrail de Saint Claude, le patron de l'église
Voici un petit autel dans l'aile latérale Nord
Il est orné d'une statue représentant visiblement un évêque avec sa mitre et sa crosse. Je donne ma langue au chat si quelqu'un a la bonne idée de me renseigner sur son nom que j'ai oublié...
Juste à coté on trouve un bâton de procession représentant Saint Nicolas : on le reconnaît grâce aux trois petits enfants à ses pieds.
Sur le bas-côté droit, un autel symétrique dédié à Sainte Catherine : s'agit-il de Catherine Labouré qui résidait dans la maison des Sœurs de la charité à Châtillon-sur-Seine... ? Une hypothèse émise par Jean Millot. Ce pourrait aussi être, me dit Emma dans son commentaire, Marie Reine du Ciel, des Anges et de tous les Saints car elle porte un diadème.
A côté, un bâton de procession représentant Sainte Catherine d'Alexandrie et sa roue pourvue de piques vers laquelle elle s'est avancée courageusement (début IVe siècle), fidèle au Christ.
Un dernier regard sur l'église...
A droite de la nef, une Sainte Thérèse tenant dans ses mains un crucifix couvert de roses, ne voulant Le couvrir que des fleurs de toutes ses attentions et sacrifices, par 10 ans de Carmel et expirant pour Lui de la tuberculose.
La Sainte étant décédée en 1897, la statue date probablement de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe.
Au fond de l'église dans un petit renfoncement, les fonds baptismaux
et un tableau très endommagé qui semble représenter la Visitation : Marie, enceinte du Christ, rend visite à sa cousine Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste : cette visite est rapportée par l'évangéliste Saint Luc. Emma, dans son commentaire, émet une autre hypothèse...
Dommage que l'équipe de Sciences-Po qui a permis la restauration du tableau de Jean Tassel de la chapelle Sainte-Anne de Courcelles n'ait pas remarqué ce tableau qui semble avoir été bien beau...
Colette Diot nous a ensuite montré la toiture de l'église récemment restaurée en tuiles de pays.
Zoom sur la girouette-coq du clocher
Une visite vraiment très intéressante avec une personne passionnée par la mise en valeur de sa commune que je remercie au passage pour le temps qu'elle a passé avec nous sans le compter.
Une après-midi chaude... mais instructive
N'oubliez pas, avant de quitter cette page, de lire le commentaire posté par Emma qui revient sur plusieurs points de cet exposé en les éclairant différemment.