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Après ce bon déjeuner en terrasse, nous prenons le chemin du village des Mées, l'un des deux endroits sur lesquels j'avais flashé en regardant les photos de Marie-France.
Sur la route, nous voyons un très beau moulin et des oliviers. Nul doute, nous sommes toujours en Provence !
Les champs de lavande (défleurie bien sûr) que nous longeons nous le confirment.
Pont sur la Durance
Peu d'eau en cet été caniculaire
En arrivant aux Mées, nous voyons aussi des vignes : le vin des Mées (vin de garde) était réputé entre le XVIe et le XIXe siècle. Au XXe siècle, le phylloxéra lui fit beaucoup de mal. Il n'est maintenant plus cultivé que sur des surfaces très réduites.
Vous me direz, qu'a-t-il de si particulier ce petit village... ?
A priori, rien de spécial de prime abord.
Sauf qu'en fait, il est dominé par une formation géologique très particulière appelée "les Pénitents" (le site est classé depuis 1941) qui occupe 27 hectares.
Leur nom leur vient de leur silhouette : d'après la légende, ils représentent les moines de la Montagne de Lure qui ont été pétrifiés (au sens propre) par saint Donat au temps des invasions sarrasines (vers le VIe siècle) pour s'être épris de belles jeunes femmes mauresques qu'un seigneur avait ramenées d'une croisade.
Bien que la façade des Pénitents évoque des formes rocheuses plus ou moins coniques, il s'agit d'un ensemble de crêtes et de minuscules canyons, s'interrompant simultanément sur un plan vertical. Cette formation s'étire sur 2,5 km, et l’abrupt le plus haut atteint 114 mètres.
Waaaoooouuuuh !
Promenade dans le village
Je vous l'avais bien dit que les clochers étaient en fer forgé dans cette région.
Voici notre premier pénitent.
Celui-là est très réaliste avec son chapeau pointu.
Il ne faut pas craindre le danger quand on construit sa maison ici... Le 2 décembre 2019, un des « Pénitents » de la commune, un de ces grands rochers de 3 000 m3 environ qui surplombent le village s'est effondré, selon la préfecture qui met en avant les conditions météorologiques très défavorables des derniers jours, une partie du terrain est devenu instable. L'incident est survenu vers 16 h 15 faisant au moins deux blessés et a provoqué la destruction de trois maisons et deux autres sont susceptibles d'avoir été endommagées. Une importante rupture de gaz et d'électricité a été provoquée par l'éboulement.
Ce petit moine est-il un clin d'œil aux moines de l'abbaye de Lure ?
Nous quittons maintenant Les Mées pour rejoindre l'Abbaye bénédictine Notre Dame de Ganagobie, également sur notre route et que j'ai mise au programme de cet après-midi.
Pour atteindre le monastère, c'est un vrai chemin de croix : quatre kilomètres d'une route en lacets serrés permettant à peine aux voitures de se croiser en longeant un précipice...
En même temps, c'est cool : si la voiture se crashe, c'est direct le Paradis !!!
L'abbaye est environnée d'oliviers.
Au Xème siècle, l’évêque de Sisteron, Jean II, décide de créer un monastère qui est donné en 965 à l’abbaye de Cluny. Une petite quinzaine de moines habite alors les lieux jusqu’au XIVème siècle, période à laquelle le monastère est abandonné et tombe en ruines. À la Révolution, en 1794, le chœur et les transepts de l’église sont démolis à la masse. Et après un court retour en 1891, les moines doivent s’exiler en Italie en 1901. Triste sort...
On accède au monastère par une longue allée bordée de lavandes.
Ce n’est finalement qu’en 1992 que la communauté de bénédictins de l’abbaye d’Hautecombe quitte ladite abbaye, devenue attraction touristique du lac du Bourget. Les moines viennent donc s’installer à Ganagobie pour y trouver un calme plus propice à la vie de prière et de travail. Aujourd’hui la communauté de Ganagobie compte quatorze moines bénédictins, qui suivent donc la règle de saint Benoît “ora et labora” (prie et travaille). Ils se rassemblent ainsi sept fois par jour pour chanter les offices, le premier étant à cinq heures du matin.
Le portail est ouvragé mais le contraste ombre-soleil n'est pas très favorable à la photo...
Le linteau est monolithe : il présente un bas-relief des apôtres, isolés ou groupés deux par deux. Seul St Pierre a pu être identifié grâce aux clefs qu'il tient en main.
Cette particularité rappelle l'attachement de l'Ordre de Cluny à St Pierre
et à ses successeurs, les Papes.
Avez-vous vu que deux des apôtres ont perdu leurs pieds au cours d'une restauration... ?
Quant au tympan qui le surmonte, il est de forme quasi triangulaire. Le Christ entouré des quatre évangélistes, rayonne de noblesse et de sérénité. Il se détache de la composition par sa position dans une mandorle et bénit de la main droite. Dans sa main gauche Il tient la bible. Les symboles des quatre évangélistes entourent et acclament leur Seigneur.
Voici le chœur, la partie la plus intéressante de l'église
Il renferme des mosaïques médiévales polychromes, d'influence orientale, assez extraordinaires. Celles-ci, recouvertes de gravats suite à la Révolution, ont été récupérés quasiment intactes lors de travaux en 1893.
D'une surface originelle de 82 m², on pourra en sauver 72 m².
Réalisées au XIIe siècle, elles sont ornées de motifs géométriques et d'animaux fantastiques.
Le décor le plus saisissant de la mosaïque est, sans aucun doute, celui réalisé pour l’abside centrale. Il s’agit d’un ensemble de huit animaux de grandes dimensions – six quadrupèdes et deux poissons – s’organisant autour de l’autel majeur, placé au centre de la scène. Mélangeant animaux réels et fantastiques, les bêtes évoquent, tour à tour, le bien et le mal. Parmi les animaux rencontrés, une place primordiale est offerte à l’éléphant. Symbole de la puissance paisible, il porte sur son dos une maquette du monastère. Si sa présence peut paraître surprenante, c’est un animal pourtant bien connu de l’iconographie médiévale. En France, une vingtaine d’églises romanes possèdent des représentations d’éléphants.
On peut cependant aussi y reconnaître Saint-Georges terrassant le dragon.
L'église possède aussi un joli cloître mais le visiteur ne peut y accéder. Il est cependant visible au travers de vitres donnant sur la nef.
A l'intérieur, une Vierge à l'Enfant en bois datant des XIIIe-XIVe siècles
Assez contente de ma photo côté entrée
A la sortie de l'église, le porche est mieux éclairé.
Dans le cimetière attenant, les tombes de moines témoignent de l'humilité du monastère bénédictin.
Une longue allée ombragée de chênes conduit à une esplanade perchée au-dessus de la Durance depuis lequel on a une vue époustouflante.
J'ai malheureusement oublié de changer le réglage de mon appareil photo au sortir de l'église qui était sombre et cette photo de l'ombre de la croix sur le sol avec en arrière plan le paysage, qui devait être belle, est complètement surexposée. J'ai bien essayé de la "rattraper" mais en vain...
Les suivantes sont de Philippe.
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
Un première journée bien remplie
Pour voir la suite de ces petites virées provençales (le Colorado provençal), cliquez ICI.