Ce week-end, André et Evelyne sont venus chez nous avec le dernier de leurs trois petits-enfants, Mallory (11 ans). Le but : lui faire découvrir le théâtre classique dans une salle parisienne, tout comme nous l'avions fait pour son frère et sa sœur quelques années auparavant.
Le choix de ma cousine (parmi plusieurs pièces que je lui avais proposé) s'est porté sur "L'Avare" au Théâtre Michel : une pièce très bien critiquée par Télérama et donc une double référence. Beaucoup d'enfants dans la salle puisque cette tragi-comédie de Molière est accessible dès 9 ans (avec quelques explications peut-être car le vocabulaire du XVII ème siècle n'est pas toujours usité de nos jours : ainsi Mallory aurait-il peut-être mieux apprécié cette première expérience théâtrale...).
Le théâtre se situe près des Grands Magasins, au 38 de la rue des Mathurins : il s'agit d'une adorable petite salle à l'italienne pouvant accueillir 300 spectateurs et qui avait fait le plein pour l'occasion.
A l'ouverture du rideau, le ton est donné : un décor uniquement constitué de quelques meubles recouverts de housses grises et des acteurs tout de gris vêtus... Rien n'a l'air de respirer ici la joie de vivre : nous sommes dans la maison d'Harpagon, un riche vieillard malheureusement atteint de la triste maladie que l'on nomme AVARICE...
Ainsi s'adresse-t-il à son valet, La Flèche, qu'il soupçonne de l'avoir spolié...
Harpagon : Attends. Ne m'emportes-tu rien ?
La Flèche : Que vous emporterais-je ?
Harpagon : Montre-moi tes mains.
La Flèche : Les voilà.
Harpagon : Les autres.
La Flèche : Les autres ?
Harpagon : Oui
La Flèche : Les voilà.
Harpagon : N'as-tu rien mis dedans ?
La Flèche : Voyez vous-même.
Harpagon (il tâte le bas des chausses de son valet) : Ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les receleurs des choses qu'on dérobe ; et je voudrais qu'on en eût fait pendre quelqu'un.
La Flèche : Ah ! Qu'un homme comme cela mériterait bien ce qu'il craint et que j'aurais de joie de le voler !
Ses enfants ?
Il leur destine un bien triste destin : pour sa fille, Elise, un vieux mari (le Seigneur Anselme) ne réclamant pas de dot... et pour son fils, Cléante, une certaine veuve dont on lui a dit du bien.
Quant à lui, il envisage un remariage avec Mariane, une jeune et jolie jeune femme (qui se trouve être l'amante de son fils Cléante...).
Harpagon avec Elise et Cléante
Mariane, c'est cette jolie jeune femme dont Frosine, une intrigante qui compte "vendre" ses services à Harpagon (elle ne le connaît sans doute pas assez...), lui a vanté la beauté et le désintéressement, espérant bien retirer de l'affaire de quoi rembourser une lourde dette...
Le metteur en scène, Jean-Philippe Daguerre, l'a affublée pour l'occasion d'un turban de cartomancienne ainsi que d'un costume fort coloré et il lui a prêté des paroles (tenant du borborygme) absolument irrésistibles tout en respectant bien sûr par ailleurs le texte de Molière.
Frosine assiste ici à la rencontre entre Mariane et Harpagon en présence de Cléante.
Un autre moment fort de l'histoire : quand Maître Jacques, à la fois cocher et cuisinier d'Harpagon, (voyez jusqu'où va l'avarice de ce dernier...) se fait rosser par celui-ci pour lui avoir dit ce qu'on disait de lui en ville.
"Vous êtes la fable et la risée de tout le monde, et jamais on ne parle de vous, que sous les noms d'avare, de ladre, de vilain, et de fesse-mathieu".
J'ai appris à cette occasion que tous ces noms sont synonymes d'avare !
Valère, l'intendant d'Harpagon amoureux d'Elise, qui par intérêt abonde toujours dans le sens de son maître, ne perd rien pour attendre : c'est lui que Maître Jacques accusera d'avoir volé sa cassette à Harpagon...
La dernière scène réunit tous les personnages de la pièce autour du Commissaire convoqué par Harpagon pour confondre le voleur de sa cassette.
Mais qui est donc ce Seigneur Anselme qu'Harpagon destine à Mariane ? Le mystère ne sera révélé qu'à la toute dernière scène de l'Acte V... Un rebondissement qui propose une "Happy End" à la pièce.
Des applaudissements chaleureux ont encouragé les acteurs.
A l'issue du spectacle, les acteurs ont eu la gentillesse de dédicacer l'affiche du spectacle. C'est ainsi que j'ai obtenu la signature de Didier Lafaye (Harpagon), de Grégoire Bourbier (le Seigneur Anselme) et de Flore Vannier-Moreau (Mariane).
Sympa !