☻ La Pologne de Marzena et Damian (2023) : La mine de sel de Wieliczka (Jour 6)
17 au 24 septembre - Pour visionner le post précédent (la visite du camp d'Auschwitz-Birkenau), cliquez ICI.
Nous avons rejoint hier soir l'Hôtel Novotel City West (4 étoiles) situé aux environs de Cracovie et ce matin nous avons au programme de ce voyage organisé en Pologne la visite de la mine de sel de Wieliczka située à une quinzaine de kilomètres au sud-est de la ville. C'est la mine de sel la plus grande d'Europe.
Marzena, notre guide polonaise, nous prépare dans le car à cette visite. Elle nous dit que nous allons descendre à une profondeur de 135 mètres en empruntant 800 marches et que nous ferons 3 kilomètres à pied. Bien sûr, la remontée se fera par l'ascenseur !
Elle nous fait aussi l'historique de la mine.
Dès la préhistoire les gens ont trouvé des sources d'eau souterraine qui étaient salées et ils ont vu que quand on mettait l'eau dans des récipients sur le feu, cela donnait du sel (le sel servait autrefois à conserver les aliments comme la viande, le poisson ou même le beurre). Le secret se transmet ensuite de génération en génération.
Scène préhistorique dans la mine de Wieliczka
La mine de sel de Wieliczka date du XIIIe siècle : c'est en creusant un puits pour aller chercher l'eau saumâtre en profondeur que l'on trouva les premières roches de sel gemme. Le prix du sel augmente alors pour atteindre quasiment celui de l'or !
C'est le roi Casimir III le Grand qui a investi dans les mines de sel gemme polonaises. Les revenus tirés de l'extraction du sel représentaient alors jusqu'à 1/3 des revenus du trésor royal. Grâce à ces revenus, le roi fonda l'Académie de Cracovie, la première université de Pologne (à cette époque, Cracovie était la capitale de la Pologne).
À la fin du Moyen-Âge, de 300 à 350 personnes travaillaient à Wieliczka et la production annuelle de sel était de 7 000 à 8 000 tonnes.
Les premières cartes du fond de la mine datent des XVIe - XVIIe siècles.
En 1772 eut lieu le premier partage de la Pologne. Trois puissances voisines : la Russie, l'Autriche et la Prusse prirent le contrôle d'une partie de l’État polonais, entraînant un déplacement des frontières. Wieliczka se retrouva alors dans la Monarchie des Habsbourg. Durant cette période, le tourisme devint une source importante de revenus pour l’entreprise. À partir de 1868, une partie du parcours pouvait être visitée par un chemin de fer à cheval. Pour les hôtes, étaient organisés des spectacles à couper le souffle - par exemple une « promenade diabolique », c’est-à-dire la descente de mineurs sur une corde. On organisait des promenades en barque sur le lac salin. Au cours de la visite, le chemin était éclairé par des torches et l'orchestre minier jouait, il y avait aussi des feux d'artifice. Le nombre de visiteurs atteignit jusqu’à une centaine de personnes par semaine au début du XXe siècle.
Après la fin de la Première Guerre mondiale et la reconquête de l'indépendance de la Pologne, la mine redevint propriété de l'Etat polonais. En 1978, elle a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO,
Le monument de l'inscription à l'UNESCO
On arrêta de creuser en 1993. A l'heure actuelle, il y a 300 kilomètres de galeries qui descendent pour certaines jusqu'à 327 mètres de profondeur sur 9 niveaux.
Au niveau du tourisme, on y fabrique des lampes en sel de l'Himalaya : le sel gemme est creusé pour y introduire une ampoule électrique. A l'heure actuelle, des fêtes, des bals, des conférences, des mariages sont organisés dans les galeries mais..., les prix sont "salés" ! On peut aussi venir à Wieliczka pour soigner des maladies respiratoires grâce au microclimat qui y règne en permanence.
Marzena nous parle aussi d'une superstition : ne dit-on pas que renverser du sel porte malheur ? C'est bien connu oui mais, pourquoi ? Cette superstition viendrait de la maladresse de Judas, qui, lors de la Cène, le dernier repas que Jésus prit avec ses disciples, aurait malencontreusement renversé la salière.
Normalement, la patronne des mineurs est Sainte Barbe mais ici à Wieliczka c'est Sainte Cunégonde (Sainte Kinga en polonais).
Une dernière précision : Le mot sel a donné le mot salaire.
Dans la file l'attente, nous voici fins prêts à commencer la visite de la mine.
Ces mots en polonais signifient Mine de sel de Wieliczka
Voici une coupe de la mine : cliquez sur l'image pour l'agrandir.
C'est parti pour la descente des 350 premières marches !
Nous nous sommes groupés par affinités...
Et atteignons un premier palier à 64 mètres sous terre.
A gauche, notre guide pour la visite de la mine : il est parfaitement bilingue car il a vécu en France étant jeune et a beaucoup d'humour, ce qui ne gâche rien.
Des mannequins illustrent la création de la mine et le mode de travail au cours des âges.
Nous circulons à travers de longues galeries boisées,
et sommes régulièrement arrêtés sur notre parcours par de lourdes portes en bois qui garantissent la sécurité contre l'incendie.
Voici la Chambre Nicolas Copernic
Le célèbre astronome fut l'un des premiers touristes à visiter la mine au XVe siècle. Cette statue en sel gemme le représente, portant la terre à bout de bras : elle a été créée en 1973 pour célébrer les 500 ans de sa naissance.
Nous continuons à traverser portes et galeries, consolidées par des étais de bois.
Nous voici maintenant dans la Chambre de Janowice construite au XVIIe siècle.
Vous savez que les faits réels sont toujours entourés de légendes.
Voici celle concernant l'origine du gisement de Wieliczka. On la doit à Sainte Kinga (Cunégonde), fille du roi Béla IV de Hongrie puis duchesse de Cracovie au XIIIe siècle par son mariage (non consommé par accord mutuel) avec le duc de Cracovie Boleslaw le Chaste.
Alors que son fiancé lui avait offert une magnifique bague de fiançailles et que son père de son côté voulait la doter richement, elle dit à celui-ci qu'elle ne voulait ni or ni argent car le prince Boleslaw était riche et son pays prospère. Par contre, sachant qu'il n'y avait pas de mine de sel en Pologne, elle pensait que ce cadeau serait apprécié du prince et de ses sujets.
Le roi son père la conduisit alors à la plus grande mine hongroise et luit dit : 'Vous avez ce que vous demandiez, vous trouverez ici les gisements de sel les plus riches." Elle jette alors sa bague de fiançailles dans la mine et à son arrivée près de Cracovie aux environs de l'actuelle mine de Wieliczka, elle ordonne à ses serviteurs de s'arrêter et de creuser à l'endroit qu'elle avait indiqué. Ayant cassé un morceau de roche blanche, elle y retrouve sa bague !
La légende est belle, non ?
On voit ici un mineur tendant le morceau de sel gemme à la duchesse Kinga entourée de sa garde personnelle.
Le sel gemme à la loupe...
Eh oui, ça sent le sel quand on lèche les parois !
Un mineur récoltant le sel gemme
Le grand danger de la mine : le grisou. Ce gaz méthane se dégageant du gisement pouvait parfois provoquer des explosions ou des incendies. La mine en a connu de nombreux, et certains particulièrement longs, comme celui de 1644 qui a duré 8 mois. Pour éviter cela, certains des mineurs les plus expérimentés, que l'on appelait les "pénitents", s'enveloppaient de vêtements humides et entraient dans les salles de la mine en rampant, le méthane étant plus léger que l'air, munis de longues perches au bout desquelles se trouvaient des torches enflammées, ils essayaient ainsi de trouver les poches de méthane afin de provoquer des explosions contrôlées.
La Chambre Sielec montre les moyens de transports (hommes, chevaux) utilisés pour remonter le sel à la surface de la mine.
Au XIXe siècle, les chevaux tiraient des charriots chargés de sel ou bien alimentaient à la verticale des tapis roulants. Une centaine de chevaux travaillaient ainsi durement à la mine, ne remontant pratiquement jamais en surface.
Nous continuons d'arpenter les kilomètres de galeries creusées au cours des siècles.
La Chambre Casimir le Grand est impressionnante.
Une phrase est souvent employée pour parler de ce grand monarque : "Il a trouvé la Pologne en bois et l’a laissée en pierre". Un tiers des revenus du trésor polonais provenait en effet à cette époque de l’extraction du sel.
Ce n’est pas seulement la Mine qui aida Casimir, c’est aussi Casimir qui aida la Mine. Le monarque régla en effet les questions liées à l’extraction du sel dans le "Statut des Salines cracoviennes". À l’occasion du 600e anniversaire de la publication de ce document, un monument a été inauguré dans la Mine, sur le Trajet touristique, à la mémoire de cet admirable souverain polonais.
Dans les entrailles de la terre
Vous rappelez-vous qu'en tout nous descendrons 800 marches ?
L’un des problèmes rencontrés dans la mine était l’évacuation des eaux souterraines. Il fallait les récupérer dans des cuves à l’aide de tuyaux de bois, puis faire remonter cette eau à la surface du sol.
Au passage, la Chapelle de la Sainte-Croix (1860) : elle abrite un crucifix en bois et une sculpture polychrome de Notre-Dame de la Victoire.
Il était important pour les mineurs de pouvoir prier sur place dans ce pays très catholique.
Mais le plus beau, c'est maintenant que vous allez le voir !
La Chapelle Sainte Kinga (Sainte Cunégonde) qui se trouve à 101 mètres de profondeur date du XIXe siècle. Mesurant 54 mètres de long, 18 mètres de large et 12 mètres de haut, elle est la plus grande église souterraine du monde.
Les pavés du sol sont faits de sel taillé
et les somptueux lustres sont décorés de cristaux de sel dont on pourrait facilement penser qu'ils sont en cristal !
Durant 400 ans, les mineurs n’extrayaient de la mine de Wieliczka que le sel gemme. Puis, petit à petit ces ouvriers sont devenus des artistes de père en fils, créant dans les entrailles de la mine un monde souterrain absolument extraordinaire, entièrement sculpté dans le sel.
La crèche surplombe ici le massacre des nouveaux nés en Egypte.
La fuite en Egypte
N'est-ce pas magnifique !
La Cène
Petit souvenir...
Les noces de Cana
Changement d'époque avec cette statue de Jean-Paul II, le célèbre pape polonais
Après les avoir descendues, nous remontons les marches de sel.
Et nous découvrons ce vaste espace qui n'est autre qu'un lac d'eau saumâtre souterrain ! Sa couleur verte est donnée par l'argile paraît-il.
Nous sommes à 110 mètres de profondeur...
La Chambre Michalowice
Exploitée pendant plus de 100 ans, la Chambre Michałowice fait partie des plus grandes de la mine de Wieliczka. Elle est impressionnante en raison de sa hauteur de plafond et de son échafaudage en bois, qui s'élève à une hauteur de 35 mètres, d'où pend un lustre encore plus grand que ceux de la chapelle Sainte-Kinga.
La Chambre de Weimar a été construite au début du XXe siècle.
Dans la chambre de Weimar se trouve une sculpture de Goethe, un autre touriste illustre qui aimait beaucoup la spéléologie et qui a visité les mines de sel de Wieliczka en compagnie du prince de Weimar dont la chambre porte le nom.
La statue en sel de Johannes Wolfgang Goethe
Le lac salé magnifiquement illuminé et la musique de fond jouant du Chopin (celui-ci fréquentait les mines pour soigner son asthme) font de cette salle un lieu magique qui n'est pas passé inaperçu auprès de nombreux couples d'amoureux qui profitent de leur visite pour se fiancer dans la Chambre de Weimar. Avouez que c'est original mais ça doit coûter "bonbon" !
Dans la Chambre Joseph Pilsudski, créée au XIXe siècle, une statue du Maréchal, Chef du Parti socialiste polonais ayant largement contribué à l'indépendance de la Pologne en 1918.
L'une des dernières photos de cet endroit si extraordinaire. Nous sommes descendus jusqu'à 130 mètres sous terre et il nous faut maintenant remonter...
Nous le ferons par l'ascenseur mais pas n’importe quel ascenseur, un ascenseur comme celui utilisé par les mineurs, celui du puits Danilowicz : étroit, en forme de cage et très sombre. Une expérience très amusante car elle ne dure que peu de temps : on y était serrés comme des sardines !
Si vous voulez perfectionner votre polonais, regardez cette petite vidéo récapitulative !
Une visite qui vaut vraiment la peine.
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