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☻ La Pologne de Marzena et Damian : La visite de Cracovie (Jour 6)
Hier soir nous avons rejoint Krakow - Cracovie en français - (prononciation KRAKOUF) depuis la ville de Wroclaw située en Basse Silésie. La voïvodie de Petite-Pologne dans laquelle elle se trouve est un peu plus variée côté paysages que tout ce que nous avons vu depuis notre départ (les paysages étaient jusqu'ici assez plats). Nous nous sommes en effet rapprochés des Carpates dont le principal sommet, le mont Rysy, culmine à 2500 mètres à 95 kms au sud de la ville.
Une bonne carte vaut mieux qu'un long discours n'est-ce pas ?
Après la visite ce matin de la mine de sel de Wieliczka (cliquez ICI pour en voir le post), le car prend la direction du centre ville et Marzena, notre guide polonaise, en profite pour nous briefer sur SA ville.
Elle nous dit que Cracovie est la deuxième ville de Pologne avec 830.000 habitants dont 100.000 étudiants et 100.000 ukrainiens, sans compter les touristes et les banlieusards bien sûr. L'agglomération compte au total 1.200.000 personnes.
Au moment du partage de la Pologne en 1772 entre la Prusse, l'Autriche et l'URSS, elle tombe sous domination autrichienne et se développe beaucoup au cours du XIXe siècle, acquérant une architecture très similaire à celle de Vienne.
Pendant la deuxième guerre, l'Allemagne nazie crée le "Gouvernement Général de Pologne" dont Cracovie devient la capitale. Mais à côté de ça existe un véritable état clandestin avec son pouvoir exécutif, ses partis politiques, son administration et son armée secrète aux ordres du Gouvernement polonais exilé à Londres. C'est la seule ville de Pologne qui n'a pas été bombardée. Elle est classée au Patrimoine de L'UNESCO.
C'est une ville de commerce, de services, universitaire, touristique mais peu industrielle. Les quelques industries se trouvent en banlieue (Coca Cola entre autres) mais Cracovie est aussi connue en Europe pour la fabrication de fenêtres en PVC. Maintenant, quand j'ouvrirai une fenêtre, je penserai à la Pologne !!!
C'est aussi l'ancienne capitale et elle a gardé ses traditions et son folklore. Pour rester dans le domaine artistique, Marzena nous parle aussi de Stanislas Wyspianski, un des artistes européens les plus prolifiques et les plus remarquables de son époque, malheureusement décédé trop tôt à l'âge de 38 ans. Il est particulièrement réputé pour les vitraux réalisés dans plusieurs institutions de sa ville natale, Cracovie.
Arrivés au centre ville, le car passe par le quartier de l'ancien ghetto. Cette photo de la place Bohaterow, prise du car, montre les 68 chaises commémorant les 68.000 juifs polonais déportés vivant à Cracovie.
Nous traversons une fois de plus la Vistule.
Puis, nous rejoignons à pied, en empruntant ces rues pavées si caractéristiques des villes polonaises, le restaurant qui a réservé des tables pour notre groupe.
Gérald, notre lyonnais blagueur, semble intéressé par cette vendeuse d’obwarzanek, un petit pain en forme d’anneau tressé que l’on trouve nature, au pavot, au sésame ou encore au fromage et qui est vendu dans de petits stands comme celui-ci (c’est un peu comme un bretzel nous a dit Marzena).
La terrasse du restaurant Szara donne sur l'ancienne Halle aux draps au centre de la Place du Vieux-Marché, la plus grande place médiévale d'Europe.
Pas de doute : nous sommes bien en Pologne et à Cracovie !
Nous déjeunerons dans un autre restaurant, le Chlopskie Jadlo, situé en plein centre du Stare Miasto, la vieille ville datant du XIIIe siècle. J'ai regardé la traduction de Chlopskie Jadlo, cela veut dire "nourriture paysanne".
Ici, Christian essaie de se faire tout petit alors que je prends une photo de Marzena ! Ce sympathique albigeois participait à la bonne ambiance régnant dans le groupe.
Un menu très polonais, avec de la viande de porc panée, du chou rouge et de la purée, le tout suivi d'un gâteau plutôt "étouffe-chrétien"...
Puis, nous entamons à pied la visite de la ville avec Marzena.
Voici le Beffroi de l'Hôtel de Ville : il date du XIVe siècle et mesure 70m de haut. C'est ce qui reste de l'hôtel de ville original détruit en en 1820.
C’est ici que résidait le bourgmestre, que se rassemblaient les conseillers et que fonctionnaient le tribunal, la chancellerie, les archives et les entrepôts de blé. Le trésor de la ville avait sa place au rez-de-chaussée de la tour gothique. Aujourd'hui, la tour accueille une division du Musée historique de Cracovie.
NB : sur Wikipédia, on dit que la tour penche de 55 cm mais ici c'est bien sûr un effet d'optique !
Munis de nos écouteurs et de notre boitier rouge, nous écoutons les explications de notre guide sans rien perdre de ce qui se passe autour pour autant.
Philippe m'interpelle : "Une calèche à droite, une voiture de police à gauche !" Je plaisante bien sûr... Nous verrons ainsi beaucoup de ces attelages promenant les touristes un peu fortunés. La robe de ce cheval est superbe, non ?
Nous sommes toujours sur cette immense place, que je vous montre grâce à mon ami internet, vue depuis la Basilique Sainte-Marie pour que vous vous rendiez compte de son ampleur. La Halle aux Draps mesure tout de même 100 mètres de long...
Et voici que se profilent les deux tours de la Basilique construite entre 1355 et 1408. La tour de gauche mesure 81m de haut, et l'autre 69 m. La plus connue des légendes qui s'y rattachent concerne deux frères architectes rivaux dont l'un assassina l'autre qui avait déjà terminé sa tour. Le coupable fut exécuté le lendemain, et personne n'a voulu terminer sa tour, qui fut juste coiffée d'une coupole.
Depuis la Halle aux Draps
Les villes polonaises sont souvent pourvues de tramways comme ici celui-ci qui est aux couleurs de la ville, le bleu et le blanc.
L'église Saint-François-d'Assise, toute en briques, date elle aussi du XIIIe siècle. C'était l'un des endroits préférés de Karol Wojtyla avant qu'il prenne le nom de Jean-Paul II.
Si le chœur est très classique,
l'originalité de l'église consiste dans les vitraux Art Nouveau exécutés par Stanislas Wyspianski du mouvement Jeune Pologne.
Celui-ci représente Dieu le Père (cliquez sur l'image).
Nous entrons ensuite dans le Pavillon Wyspianski 2000, un bureau d'information touristique qui met en valeur trois vitraux exécutés à partir de cartons de l'artiste pour commémorer le 100e anniversaire de sa mort en 2007. C'est Andrzej Wajda qui en a eu l'idée.
Continuant à parcourir les rues de la ville, Marzena nous dit qu'à Cracovie dans les rues il y a maintenant des numéros mais qu'on a aussi l'habitude de nommer les maisons par leurs signes distinctifs comme ici où ce serait la maison du mouton.
La maison du baptême du Christ, si je ne me trompe pas...
La maison des atlantes
A gauche l'église Saints-Pierre-et-Paul, première église baroque de Pologne, a été construite au début du XVIIe siècle.
Devant la façade, les statues des douze apôtres : ce sont des copies du XVIIIe siècle car les originales ont été abîmées par l'érosion et l'exposition à l'air.
Encore de jolies façades
Pourquoi cette bibliothèque à côté de ce porche... ? J'ai oublié.
En direction de la colline de Wawel
L'entrée d'un beau restaurant
De quel blason s'agit-t-il, je ne sais pas.
C'est là que nos chemins se séparent... Tandis que Philippe s'en dispense, je suis Marzena qui va nous faire découvrir le Château de Wawel, ancien siège des rois de Pologne, situé sur la colline du même nom.
Du château de Boleslav le vaillant, puis de celui de Casimir III le Grand, il ne reste plus rien. Le château actuel est celui dont Sigismond Ier le Vieux confia la construction à des architectes italiens Francesco Florentino et Bartolomeo Berecci même si celui-ci est passé à l'ennemi plusieurs fois avant d'être racheté par les polonais en 1905. Sa restauration du château ne sera terminée qu'après la deuxième guerre.
Nous gravissons la pente qui conduit à l'entrée de la forteresse.
Sur le mur de briques sont placés des blocs de pierre que la Pologne reconnaissante a gravés pour remercier les différents donateurs polonais ou étrangers pour leur aide à la restauration du mur menant au Château.
Voici celle concernant la France
L'enceinte fortifiée est construite sur une butte rocheuse.
La Basilique-Cathédrale Saints-Stanislas-et-Wenceslas dont on peut ici admirer le clocher date du début du XIVe siècle.
Enchevêtrement de clochers
Une fois passée une grande arche, nous accédons à la vaste cour Renaissance italienne du château.
Zoom sur la toiture abritant des fresques
Une triple rangée d'arcades aux élégantes colonnettes
La guide locale nous rejoint ici pour nous faire visiter l'intérieur du château qui a vécu ses plus grandes heures de splendeur au XVIe siècle, pendant "l’âge d’or" de la culture polonaise, lorsqu’il fut transformé en superbe résidence de style Renaissance. Un peu plus tard, après un incendie qui consuma l’aile nord du château, une partie des salles fut reconstruite en style baroque.
Au deuxième étage se trouvaient les salles de cérémonie où l’on organisait les réunions et les rencontres officielles : les monarques polonais y accueillaient les délégations, accordaient leurs audiences et rendaient la justice.
Nous commençons la visite par la Salle Poselska, la Salle des députés, également nommée "Pod Glowami" (sous les têtes) en raison du plafond à caissons qui l'habille.
Dans les caissons reconstruits on peut aujourd’hui admirer trente têtes sculptées datant de 1540.
Il paraît que l’une d’elles aurait adressé la parole au roi Sigismond Auguste en lui demandant une sentence juste ; une autre aurait justement prédit que le roi de Prusse perdrait son trône après avoir occupé le Wawel...
Le mur du fond est habillé d'une superbe tapisserie des Flandres datant du XVIe siècle. Il me semble - mais je n'en suis pas tout à fait sûre - que c'est le roi Sigismond Auguste (1520-1572) qui a créé la collection de tapisseries flamandes qui orne les murs du château.
Ici, un détail du "Déluge de la Genèse" de Michiel Coxcie, peintre primitif flamand.
D'autres tapisseries, sur le thème de la nature, ornent les différents murs.
Charmant ce petit lapin dans les fleurettes !
Nous parcourons les pièces en enfilade.
Un plafond moderne pour cette salle
Le portrait équestre de Ladislas IV Vasa a été exécuté par Rubens.
Cette pièce s'appelle la Salle des oiseaux.
Près de la fenêtre, un très joli secrétaire
J'ai remarqué aussi cette belle nature morte à la mandoline qui souffre malheureusement d'un éclairage trop direct...
Cette autre n'est pas mal non plus...
La voilà la fautive !
Dans cette autre pièce, encore des tapisseries des Flandres : le château de Wawel en possède 350...
Il est maintenant temps de ressortir au grand air.
L'esplanade en haut de la colline du Wawel est vaste.
Elle donne sur la Vistule.
En contrebas, le dragon de Wawel veille sur la ville. Selon la légende, cet animal fabuleux vivait dans une grotte située à l'intérieur de la falaise sur laquelle s'élève la colline du Wawel surplombant le fleuve.
Chaque jour, le terrible dragon battait le chemin à travers la campagne environnante, tuant les habitants, pillant leurs maisons et dévorant leur bétail. Dans certaines versions de cette histoire, le dragon appréciait particulièrement de dévorer les jeunes filles, et ne pouvait être apaisé que si les gens du coin lui laissaient une jeune fille en face de sa grotte une fois par mois. C'est le prince Krakus qui vainquit l'animal et fonda la ville de Cracovie sur l'antre du dragon qui avait été tué. Ce prince légendaire donna son patronyme à la cité.
Sur le quai de la Vistule, une sculpture représente le dragon qui crache du feu toutes les 5 minutes pour le bonheur des habitants et des touristes.
Philippe pose ici devant l'une des trois tours restantes de l'enceinte fortifiée.
Cette herse qui ouvrait ou fermait autrefois l'accès à la colline de Wawel ne fonctionne pas, je l'espère, avec le feu tricolore !
Nous quittons la colline pour rejoindre le quartier juif de la ville appelé Kasimierz. Ce dernier a été le quartier juif de Cracovie pendant plus de 500 ans et jusqu’à la deuxième guerre mondiale.
Nous passons près de l'église Saint-Bernard-de-Sienne à la façade baroque.
Réputé pour ses galeries d'art, ses monuments, ses restaurants et sa vie nocturne, le Kasimierz est très prisé des touristes. C'est aussi un des principaux lieux de mémoire pour la communauté juive. C'est dans ce quartier qu'a été tourné le célèbre film de Steven Spielberg, la liste de Schindler.
Cette vielle synagogue est maintenant devenue un café, ce qui apparemment ne plait pas à tout le monde.
Sur la façade de cet autre sont affichées de vieilles photos du quartier.
Au cœur du Kasimierz
L'ancien abattoir-marché qui trône au milieu de la place Nowy : c'est autour de cette construction circulaire qu'on mange les fameux Zapiekanki : la Zapiekanka est l'une des spécialités cracoviennes, malgré son origine en Tchéquie voisine. La grande majorité de ses stands se sont reconvertis dans la réalisation de ces bruschettas couvertes de fromage oscypek fondu. Petite règle : limitez les ingrédients au maximum et méfiez-vous de la sauce, elle tache très vite.
Voici les rescapés du groupe : certains ont préféré faire une pause pendant cette visite pour reposer leurs papattes...
Cet endroit est actuellement un restaurant haut de gamme. Anciennement, j'ai oublié ce qu'il était. On dirait bien qu'il est à côté d'un établissement religieux.
Marzena nous montre l'état de dégradation de certaines façades d'immeubles dû au fait que les prix ont beaucoup monté ces dernières années car le quartier est devenu très prisé.
Le mur de l'ancien cimetière juif de Remu'h : celui-ci a été crée en 1533 et resta le lieu de sépulture jusqu’en 1799. Il existe à l'heure actuelle un nouveau cimetière juif.
Cette pancarte nous dit que nous sommes ici dans la rue Jacob.
D'ailleurs il est indiqué sur cette maison qu'ici on pratique le Mikvé ; il s'agit d'un bain rituel utilisé par les personnes juives pour se purifier et sortir d'une situation d'impureté. Il s'agit donc à la fois du bassin et de l'édifice permettant cette immersion que d'un ensemble de pratiques religieuses.
Le drapeau d'Israël flotte à côté du drapeau polonais sur cet immeuble cossu.
Nous sommes ici dans la rue Szeroka en plein coeur de Kasimerz.
La synagogue Remu'h est la plus ancienne synagogue de Pologne. Elle est maintenant devenue Musée du Judaïsme.
Le restaurant Ariel est le plus connu des restaurants de tradition juive de Cracovie. Ariel est un prénom hébraïque signifiant "Lion de Dieu". Selon le prophète Isaïe, Ariel est à la fois le nom d'un ange déchu et celui de la ville de Jérusalem. A l'entrée du restaurant se trouvent deux lions en partie cachés par la vigne-vierge.
Marzena nous fait ensuite entrer dans une cour où se trouve un mur peint.
L'œuvre me fait penser à une toile de Chagall.
Cet hôtel s'appelle l'Hôtel Rubinstein : l'immeuble était autrefois la maison natale de la célèbre cosméticienne polonaise prénommée Helena.
Ce monument commémore les habitants de Cracovie victimes du nazisme.
La grille du square qui l'entoure représente des chandeliers à sept branches.
Ainsi se termine notre petite virée dans le quartier de Kasimierz.
Retour sur le Rynek...
Fontaine supportant une statue en bronze représentant un étudiant en face de la basilique Sainte-Marie
Nous sommes juste à l'heure pour entendre le trompettiste jouer depuis les quatre fenêtres du clocher de la basilique.
Jadis, chaque matin et soir, un vigile jouait de la trompette pour donner aux habitants le signal de l’ouverture et de la fermeture des portes de la ville. Il montait également la garde pour les prévenir de dangers éventuels. En 1241, les Tartares étaient parvenus aux alentours de la ville. Le sonneur de trompette aperçut l’ennemi du haut de la tour Hejnałowa (en polonais hejnał signifie appel au clairon) et prévint à temps les habitants qui purent ainsi fermer à temps les portes de la ville. Cependant, avant que le vigile eut terminé de jouer son signal, une flèche tartare lui transperça la gorge. Pour commémorer cet événement, la mélodie s’arrête toujours au moment où le brave sonneur l’a interrompue il y a des siècles.
Là, c'est mon ami internet qui m'a aidée...
Petit repos en terrasse sur le Rynek d'où l'on peut faire sa concierge !
En regardant les calèches passer par exemple...
Sauf qu'on a attendu en vain d'être servis avant de changer de place : avouez que ça valait le coup ! Ma bière est une Ksiazece : elle est excellente.
La nuit tombe sur Cracovie qui s'illumine.
J'ai craqué pour Cracovie !
Mon deuxième coup de cœur après Wroclaw...Pour voir le post suivant (la visite de Varsovie) : cliquez ICI.
Tags : Pologne, Cracovie, Vitraux Stanislas Wyspianski, Pavillon Wyspianski 2000, Château de Wawel, Tapisseries des Flandres, Dragon, Kasimiercz
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