☻ Randonnée en boucle autour de Saint-Rémy-lès-Chevreuse avec Jacqueline
18 novembre 2021 - Ce jeudi, il fait un temps splendide et Jacqueline a prévu une randonnée que je n'ai jamais faite : une boucle en vallée de Chevreuse au départ de Saint-Rémy-lès-Chevreuse avec passage par le château de la Madeleine.
Nous voilà très vite en pleine nature sur ce petit chemin qui longe l'Yvette et qui borde de l'autre côté la Résidence Valchevreuse dont les propriétaires se sont isolés des "passants qui passent" par d'épaisses haies (photo Google).
Je n'ai pas reconnu ces arbrisseaux qui longent la petite rivière...
Jacqueline se repère...
Nous arrivons vite au centre ville de Chevreuse.
Nous verrons l'église plus tard car une petite grimpette nous attend...
Nous voici maintenant sur le "chemin Jean Racine". Un panneau explicatif nous apprend l'origine du nom de ce chemin forestier.
Lié par sa famille à l'abbaye, Racine a été un disciple de Port-Royal-des-Champs.
Orphelin, il est élevé aux "Petites-Ecoles des Granges" tenues par les "Solitaires". Ses études terminées, il revient à Port-Royal en 1661. Il est alors chargé de superviser les travaux du château de la Madeleine par son cousin Nicolas Vitart, intendant du duc de Luynes à qui appartient l'édifice. Ainsi se rend-il régulièrement de l'abbaye au château en empruntant un chemin qui est baptisé de son nom en 1939, à l'occasion du tricentenaire de sa naissance par le Touring Club de France.
Inspiré par les paysages traversés le long de ce parcours qui relie Chevreuse à Magny-les-Hameaux en passant par Saint-Lambert et Milon-la-Chapelle, il nous a laissé des Odes écrites en 1655.
Que ces vieux royaumes des ombres,
Ces grands bois, ces noires forêts,
Cachent de charmes et d’attraits
Dessous leurs feuillages si sombres !
C’est dans ce tranquille séjour 5
Que l’on voit régner nuit et jour
La paix et le silence ;
C’est là qu’on dit que nos aïeux,
Au siècle d’innocence,
Goûtaient les délices des cieux.
Malgré une polémique qui l'éloigne de ses maîtres un temps (166-1677), le poète reste fidèle au monastère. Devenu historiographe du roi, il se fait défenseur des religieux, ce qui lui vaut sa disgrâce. Il s'investit alors dans la vie de l'abbaye et, en "Ami du dehors", y vient régulièrement en retraite. A la fin de sa vie, il écrit un abrégé de l'histoire de Port-Royal et un mémoire pour les religieuses de Port-Royal. Il demande même à être enterré à côté de ses anciens maîtres.
De place en place, une borne porte une citation de Racine comme celle-ci :
"Je vois les tilleuls et les chênes, ces géants de cent bras ornés." - 1656
ou cette autre :
"Là, l'on voit la biche légère, là le chevreuil champêtre et doux" - 1656
Vous êtes dans un espace naturel remarquable, nous dit ce panneau. La forêt de la Madeleine telle que nous la connaissons date du XVIIe siècle ; à cette époque les grandes allées forestières étaient dessinée pour les chasses royales. On dit que les chênes auraient servi pour la réalisation de la charpente du château de Versailles sous Louis XIV.
C'est le Conseil Général des Yvelines, qui en a fait l'acquisition en 1973, qui en assure désormais la gestion.
De jolies couleurs pour cet automne...
Réunion au sommet sur un tapis de feuilles : nous sommes seize aujourd'hui à participer à la balade.
Jacqueline, Huguette, Lisette, Annie B et Annie P., Marie-Christine, Nelly, Madeleine...
Djida, Marie-Cécile, Anne, Michèle, Marie-Claude, Christian (tiens, un homme !) et Jacqueline.
En s'arrêtant de temps en temps, quitte à courir après pour rattraper le groupe, on peut voir des choses intéressantes...
Jolie harmonie de couleurs
Nous ne sommes qu'à une heure de Paris...
Arrivée au château de la Madeleine
Une plaque a été apposée sur le mur du château.
"Que je me plais sur ces montagnes
Qui s'élevant jusques aux cieux,
D'un diadème gracieux,
Couronnent ces belles campagnes."
Jean Racine - 1661
Un premier château en bois aurait été édifié vers 1075 par Guy Ier de Chevreuse sur l'éperon qui surplombe la vallée de l'Yvette, contrôlant ainsi la route Paris-Chartres.
Au début du XIIe siècle, l'enceinte est formée d'un talus en terre surmonté d'une palissade. Elle protège plusieurs bâtiments dont une aula où le seigneur recevait et rendait la justice et une chapelle dédiée à Madeleine, qui donna son nom au château. La basse-cour rassemble les bâtiments utilitaires et les habitations des artisans et des domestiques qui dépendent du seigneur. Le donjon en pierre n'est bâti qu'à la fin du XIIe siècle : vaste logis - raccourci au XIVe siècle -, il est l'outil défensif de la seigneurie.
Pendant cette période, l'enceinte est remplacée par une muraille en pierre qui sépare la haute-cour du reste du site. Rehaussée et dotée de mâchicoulis au XIIIe siècle, elle s'intègre, avec ses tours circulaires, au rempart qui entoure le bourg à la fin du XIVe siècle. Au XVe siècle, des tours carrées sont ajoutées au sud et le châtelet d'entrée est reconstruit : il présentait deux tours circulaires au préalable.
La forteresse actuelle a conservé l'allure générale du XVe siècle : aula et chapelle en moins, basse-cour privée et construction en plus d'un bâtiment moderne dans la cour en 1985, la Maison du Parc.
L'intérieur de la cour
Depuis la terrasse du château, on jouit d'une vue imprenable sur la vallée.
Nous redescendons sur le village de Chevreuse en contournant le château.
L'arrivée dans Chevreuse
Chevreuse doit l'origine de son nom aux chèvres qui peuplaient ses campagnes. Du "Caprosia" d'origine latine au "Chevreuse" contemporain, en passant par "Cavrosia", "Cabrosia", "Cheureuse", c'est plus de mille ans d'histoire qui ont forgé la cité.
À l'origine, les armes de la ville comportaient d'ailleurs quatre chèvres dressées qui seront remplacées par quatre lions après les croisades où s'illustrèrent plus de deux milles croisés de la châtellenie.
En vue de l'église Saint-Martin
L'église est très austère de l'extérieur.
De style composite, l'église se révèle un édifice remarquable dont l'origine peut être datée du XIe siècle. Sa construction massive, voire guerrière, de grès et de meulière, s'accorde parfaitement avec le château de la Madeleine qui la surplombe.
Le clocher, initialement pyramidal, est remplacé au cours du XIXe siècle par une flèche élancée.
A l'intérieur, son élévation surprend tout comme la forte inclinaison de l'allée centrale, symbole du Christ en croix.
Remaniée au cours des siècles et privée de ses stucs, elle apparaît désormais dans un élégant dépouillement et renferme de nombreuses œuvres :
Dans le chœur, des toiles marouflées du baron de Coubertin (1858-1860) figurent des saints traditionnellement vénérés dans la région : Saint-Gilles, Saint-Lubin, Sainte-Madeleine et Saint-Martin (toiles restaurées en 2013 par la municipalité).
Des verrières classées XVIe ou XVIIe siècle
Crucifixion
Un gisant "Christ au tombeau" du XVIIe siècle
Une Vierge à l'Enfant de 1990 en bois de tilleul des ateliers d'arts religieux d'Oberammergau en Bavière
et une autre Vierge à l'Enfant également moderne que j'ai trouvée très belle. On aperçoit sur la photo le chemin de croix en céramique
Le Prieuré Saint-Saturnin, en face de l'église est devenu le Centre d'Art Contemporain de la petite ville : on en voit ici l'entrée.
Saint-Saturnin : sculpture de Nicolas Marret (2011)
Toujours le Prieuré...
L'église Saint-Saturnin et Saint-Eloy est datée des environs de 980, ce qui en fait le monument le plus ancien de la ville.
En 1064, Guy Ier le Rouge fait donation des deux églises de Chevreuse à l'abbaye de Bourgueil en vallée "pour la rémission de ses péchés et pour le remède des âmes de son père et de sa mère". Cette donation est confirmée par ses descendants (bulles papales de 1105 et 1208).
Au XVe siècle, son état de délabrement lié à la guerre de Cent ans, oblige le prieur à réduire l'édifice aux deux travées toujours visibles, dans lesquelles il établit une chapelle. D'une architecture de transition, ce prieuré était réputé pour la beauté et l'élégance de sa construction.
A la suite d'échanges voulus par Louis XIV, en vue de l'agrandissement du parc de Versailles, Saint-Saturnin quitte les revenus des abbés de Bourgueil pour devenir, en 1695, propriété des Dames de Saint-Cyr, une fondation de Madame de Maintenon.
Il est vendu à la Révolution à un marchand de vin. Cette activité y perdure jusqu'au début du XXe siècle. Entre les deux guerres son porche roman est démonté et vendu pour une destination restée inconnue.
En 1901, le peintre Jean Vénitien y installe son atelier, sauvant ainsi d'une dislocation complète cet édifice emblématique de Chevreuse.
Les maisons en meulière sont légion dans cette vallée.
Pour rejoindre Saint-Rémy-lès-Chevreuse, nous prenons le chemin des petits ponts qui longe le canal de l'Yvette.
Comme son nom l'indique, ce chemin donne accès par des petits ponts enjambant le canal à l'arrière des propriétés qui le longent.
Des ouvertures donnent sur la rivière : à quoi servaient-elles... ? Sans doute au tannage des peaux.
Trouée sur le château
Le canal est habité...
Quand les portails sont ajourés, on peut apercevoir de très belles demeures...
Et encore le château !
Cet endroit servait-il autrefois au tannage des peaux ?
Ces anciens séchoirs à peaux à ventelles orientables dont le bâtiment date du XVIIe siècle sert actuellement de salle d'exposition.
Fin de la balade
Merci beaucoup Jacqueline pour ce guidage qui nous a permis de faire cette très jolie balade.