☻ Une journée à L'Opéra Garnier avec Radio Classique
25 septembre 2018 - Ce matin, nous nous sommes levés de bonne heure pour être dès potron-minet à l'Opéra Garnier d'où Radio Classique - dont nous sommes les fidèles auditeurs depuis notre retraite - émettait pour la journée entière en l'honneur des 350 ans de l'Opéra de Paris. Inutile de vous dire que, recevant régulièrement la newsletter de la chaîne, j'ai tout de suite saisi l'occasion de répondre à cette gentille invitation, sachant que par la même occasion nous pourrions faire la visite de ces lieux chargés d'histoire.
Nous voici donc devant l'Opéra Garnier: il fait encore un temps superbe aujourd'hui quoiqu'un peu frisquet, automne oblige.
La chaîne a installé ses micros dans la Rotonde du Glacier, un espace d'agrément destiné à recevoir des invités lors des entractes et à rafraîchir tout ce petit monde. Au début du XXème siècle, une sonnette, installée dans toutes les loges de la salle de spectacle, permettait de s'y faire servir directement les boissons commandées.
Le public n'est pas encore très nombreux : il n'est que 9 heures du matin.
Un très joli plafond, une oeuvre de Georges Clairin, présente une ronde de bacchanales et de faunes.
Tout autour, est disposée entre les fenêtres, une série de huit tapisseries des Gobelins (d'après des cartons de A.J. Mazerolle) représentant les diverses boissons que l'on peut commander : le champagne, le café, le thé, l'orangeade et autres breuvages, mais aussi "la pêche" et "la chasse".
Le thé, à l'orientale...
L'orangeade, avec le seau à glace
(à noter les décors de grotesques qui surmontent les tapisseries)
Et là, je cale...
Il y a aussi des bustes d'artistes,
comme ici celui de Carlotta Grisi, grande ballerine romantique qui a créé le rôle-titre de "Giselle".
ou celui d'Armand Cambon, peintre et fidèle ami d'Ingres dont il réalisera le musée à Montauban.
C'est avec Franck Ferrand - qui, quittant Europe N°1 est arrivé récemment sur la chaîne - que commence cette journée. Aujourd'hui il a choisi de nous parler d'événements ayant été en rapport avec cette belle institution créée par Louis XIV en 1666 - je veux parler de l'Académie Nationale de Musique.
Franck Ferrand - spécialiste de l'histoire - anime deux créneaux sur Radio Classique : "Franck Ferrand raconte", l'un à 9 heures du matin et l'autre à 14 heures.
Nous étions au premier rang pour ne rien perdre des paroles du journaliste...
Le créneau de 9 heures s'intitule aujourd'hui...
L'assassinat du duc de Berry
Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry, est en 1820 l'héritier potentiel de la Couronne de France en ce qui concerne la branche des Bourbons. Il est le plus jeune neveu du roi Louis XVIII et n'a que onze ans à la Révolution. Il suit dès le 15 juillet 1789 son père en exil et rencontre à Londres où il vit alors, une jeune et jolie roturière, Amy Brown, de cinq ans sa cadette qui lui donne deux filles.
Mesdemoiselles d'Issoudun et de Vierzon
Il vit ainsi dans le bonheur le plus parfait jusqu'à l'abdication de Napoléon en 1814 et la Restauration qui s'ensuit où il doit rentrer en France. Il fait venir Amy et ses filles qui ont respectivement 6 et 5 ans et les confie au duc de Coigny, l'un de ses amis.
En 1816, il épouse - descendance princière oblige - une princesse de son rang, Marie-Caroline de Bourbon, princesse des Deux-Siciles (de vingt ans sa cadette) qui lui donne trois filles - dont une seule vivra - et un garçon.
Avouez qu'elle aussi est très jolie !
Mademoiselle d'Artois et le duc de Bordeaux
Le duc et la duchesse de Berry étaient ce soir du 13 février 1820 à l'Opéra Richelieu (aussi appelé salle Montansier), situé en face de l'actuelle Bibliothèque nationale.
La soirée s'annonçait joyeuse puisque c'était la période du Carnaval. C'était sans compter sans un certain Louis-Pierre Louvel, un ouvrier sellier du château de Versailles, bonapartiste depuis toujours qui voit d'un très mauvais œil ce duc qui risque bien d'avoir une descendance...
Il guette donc l'heure où le carrosse princier va venir prendre les époux à la sortie du spectacle et bouscule le prince en bas de l'escalier, le blessant mortellement à l'aide d'une alène (rappelez-vous qu'il exerce au château la profession de sellier...).
Le duc de Berry retire malheureusement ce qu'il croit être un poignard de sa poitrine, ce qui ne fait qu'accentuer l'hémorragie qui entraîne son décès (après 7 heures d'agonie tout de même).
Peu avant de mourir, le prince demandera à son épouse, Marie-Caroline de prendre soin de sa deuxième famille et en particulier de ses deux filles, ce qu'elle fera en mémoire de son mari.
Il est triste de savoir à posteriori deux choses : la duchesse de Berry est en fait enceinte de quelques mois (elle donnera naissance à un garçon, le duc de Bordeaux, qui continuera donc la lignée...) ET Napoléon mourra à Saint-Hélène un peu plus d'un an seulement après...
Beaucoup de bruit pour rien comme dirait Shakespeare !
Inutile de vous dire que Louis-Pierre Louvel a été guillotiné (même si le duc de Berry lui-même avait réclamé sa grâce à Louis XVIII...).
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Je n'ai pas réussi à télécharger l'émission enregistrée ce matin à l'Opéra mais si cela vous tente d'en apprendre plus, voici celle que Franck Ferrand a enregistrée en 2012 dans les studios d'Europe N°1 et qui est complétée par l'interview de Philippe Charlier, médecin légiste et anthropologue.
Il est vrai que, tout à fait par hasard, cette émission nous intéressait particulièrement puisque les filles descendent justement par leur mère de la liaison que le duc de Berry a eue avec Amy Brown lors de son exil en Angleterre.
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Il faut ajouter que Louis XVIII fit détruire l'Opéra Richelieu après le décès du duc de Berry afin qu'aucun spectacle ne puisse plus se passer dans un lieu aussi tragiquement endeuillé.
Un monument expiatoire fut construit en lieu et place (l'actuel square Louvois).
Après quoi, un nouvel opéra le remplaça : l'Opéra Le Peletier (situé dans la rue Le Peletier) mais il faut croire qu'un mauvais sort s'acharna sur lui puisqu'il fut incendié dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873...
Par ailleurs, Napoléon III ayant été visé par un attentat le 14 janvier 1858 (perpétré par des anarchistes italiens), il a été décidé de faire construire rapidement un nouvel opéra dans un lieu plus sécurisé et proche du lieu de résidence de l'Empereur (l'aile Richelieu du Louvre).
C'est ainsi que naquit, en 1875, l'Opéra Garnier dont la construction durera quinze ans. Napoléon III ne le connaîtra d'ailleurs pas puisqu'il décédera en 1873.
Une petite anecdote : c'est le Président Mac-Mahon qui l'inaugure le 5 janvier 1875 mais Charles Garnier dut payer sa loge car il n'avait pas été invité !!!
Charles Garnier à la construction de l'Opéra
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Et si nous visitions justement cet Opéra, au hasard de mes pas ?
Tout tourne autour de la salle de spectacle dont on aperçoit les portes d'entrée aux loges.
Cet espace est ponctué de bustes d'hommes célèbres comme Corneille,
ou Beaumarchais
Partout du marbre, des dorures (en veux-tu en voilà !) et de jolis carrelages
Les visites guidées qui ont commencé nous permettent de jeter un petit coup d'oeil à l'intérieur où des machinistes sont à l'action et des danseuses en train de travailler.
Le rideau de scène où est inscrite la date de 1669.
(Photo Wikipédia)
Le célèbre plafond de Marc Chagall
La Bibliothèque-Musée - qui dépend de la Bnf - est riche de 600.000 documents (livres, périodiques, partitions, livrets, programmes, photographies, estampes...).
Au fond, un tableau représentant Mademoiselle Sandrini dans le rôle de Lilia (par Edouard Debat-Ponsan)
Sur les côtés de petites scènes de théâtre ont été aménagées : sans doute ont-elles contenu des décors autrefois... ?
Le Grand escalier d'apparat mène à la salle de spectacle, aux salons et aux foyers.
(Photo Wikipédia)
Je n'ai pas réussi à prendre de mon côté une bonne photo du Hall d'entrée tellement il est éclairé car cela en devient aveuglant et la cellule de l'appareil ne sait pas où donner de la tête !
Evidemment, tout est en marbres de toutes provenances.
Le plafond
Voici le Salon de la lune : on y trouve au centre une représentation d'oiseaux de nuit (des hiboux et des chauve-souris) volant dans une constellation d'étoiles.
j'ai gardé le meilleur pour la fin : le Grand Foyer (54 m de long, 13 m de large et 18 m de haut) à qui était réservé au repos, à la flânerie et aux mondanités et à l'origine aux hommes...
Malheureusement ma photo ne donne là pas du tout le visuel que l'on a en direct : on reste "babaorum" devant tant de richesses !
Le peintre Paul Baudry qui collabore avec Charles Garnier à la décoration de l'Opéra copie certains des motifs de la Chapelle Sixtine.
Le plafond de Paul Baudry
Sortie sur la terrasse faisant face à la place de l'Opéra
Chaque centimètre carré du monument est décoré comme en témoigne le plafond de la terrasse.
Il ne reste plus qu'à descendre dans les "sous-sols" de l'Opéra pour admirer le bassin de la Pythie (on donnait le nom de Pythie, en liaison avec le serpent Python, à la Sibylle qui prophétisait à Delphes au nom d'Apollon). Le revers du Grand escalier est magnifiquement décoré comme vous pouvez le constater sur les deux photos qui suivent.
C'est pour servir d'écrin à une très jolie petite statue nommée "La Pythie" présentée au centre d'une alcôve en forme de coquille.
La Pythie a été modelée par la duchesse de Castiglione Colonna (pseudo : Marcello). Elle a fait scandale en son temps, ayant les seins dénudés...
En descendant encore un peu...
Sublime, n'est-ce pas ?
Revenons sur terre avec Christian Morin qui présente tous les jours à 9h30 son "Tous classiques". Dommage qu'il ne joue pas souvent de la clarinette car c'est un très bon musicien.
Radio Classique dit : "Avec son timbre chaleureux et sa bonne humeur quotidienne, Christian Morin partage avec ses auditeurs une matinée musicale, élégante et variée en toute convivialité."
Et c'est vrai !
Le voici qui va prendre le relais de Franck Ferrand.
Nous sommes restés à l'écouter avec plaisir jusqu'à ce qu'il cède la place...
à Laurence Ferrari qui de son côté présente son "Entrée des artistes". Radio Classique invite ses auditeurs à "Partager un moment de plaisir musical avec Laurence Ferrari tous les jours de la semaine de 12h à 14h."
Et c'est ce que nous avons fait !
Très sympathique aussi l'ex-présentatrice du 20 heures de Tf1 et très intéressante : elle a une grande culture musicale (pour le côté people, c'est l'épouse de Renaud Capuçon, le très célèbre et très séduisant violoniste).
Ainsi avons-nous occupé on ne peut plus agréablement une belle matinée parisienne pour la modique somme de ZERO centimes : nous étions les invités de la chaîne !
Dans le hall d'entrée, de très belles sculptures représentant quatre grands musiciens : Rameau, Lulli, Gluck et Haendel.
J'avais déjà participé l'an dernier à une telle "journée délocalisée" : c'était aux Invalides, lieu non moins prestigieux. J'espère que l'an prochain la chaîne trouvera encore un bel endroit.
Qui sait, pourquoi pas la Tour Eiffel !