☻ Sur la route pour Bordeaux : Visite de Brantôme et de son Abbaye
13 septembre 2021 - Suite à la visite du Château de Hautefort (cliquez ICI pour voir le post), nous logeons ce soir à l'Hôtel du Fin Chapon à Excideuil, un Gîte de France pas mal du tout mais dont le restaurant est fermé le dimanche.
Heureusement, sur place un restaurant vient de s'ouvrir et nous n'avons pas eu à regretter d'y dîner : ils nous ont servi une salade de magret de canard au fromage de chèvre mémorable...
Le lendemain matin, nous faisons route vers la région de Bordeaux où un gîte nous attend pour la semaine. En chemin, notre GPS nous fait prendre une toute petite route où nous croisons plusieurs élevages de cochons. Au moins, quand on mange du porc ici, on sait qu'il a été élevé en plein air !
Ce sont essentiellement des truies.
Notre route nous conduit ensuite à Brantôme où nous nous arrêtons pour visiter l'Abbaye, bien placée en bordure de Dronne.
La Porte des Réformés (du XVème siècle) est une ancienne porte d'enceinte fortifiée qui défendait à l'époque le côté nord de l'abbaye.
Brantôme est appelée la "Venise verte du Périgord".
Il est possible d'embarquer à bord d'un petit bateau pour une croisière commentée de 50 minutes à la découverte du patrimoine historique de la ville.
Un billet d'entrée pour la visite de l'abbaye nous donne accès à sa cour à l'ombre d'une falaise dans laquelle ont été creusées des grottes, vestiges du premier monastère bénédictin troglodytique datant du VIIIème siècle.
Au début du christianisme, en Gaule, prédicateurs et évangélisateurs trouvaient dans ces cavités des lieux de réunion discrets, propices à la prière et à la contemplation, où ils pouvaient fuir les persécutions.
Dans cette cavité naturelle agrandie par l’homme, deux bas-reliefs monumentaux toisent les visiteurs.
Le plus ancien mesure sept à huit mètres de haut et daterait de la fin du XVe siècle : Le Jugement dernier. Au sommet trône un grand Christ inachevé. En-dessous, un squelette tient une faux. La représentation de la mort est caractéristique de la fin du XVIe, due à tous les malheurs depuis deux siècles : la Guerre de Cent ans, et la peste qui arrive en Europe en 1347 », éclaire Jérôme Mathet, en charge des visites à l’office de tourisme. A leurs côtés, des anges soufflent dans des trompettes et des morts sortent de leurs tombeaux. Ils encadrent une tête couronnée qui porte une bourse autour du cou, probablement en dénonciation de la vanité. Il s’agit là d’interprétations, puisqu’aucun écrit n’a été retrouvé sur cette mystérieuse sculpture.
Sur la paroi latérale, un autre bas-relief est lui daté du XVIe ou XVIIe siècle. Il représente une scène de crucifixion classique et prouve que ce lieu a été utilisé jusqu’à la fin par les moines. Le christ est cloué sur la croix, dressée sur le Golgotha. Au pied de la croix, se tiennent Saint-Jean, la Vierge et Marie-Madeleine. Plus à gauche, on peut identifier un moine. Le personnage de droite, religieux ou abbé avec sa crosse et qui tient un livre dans ses mains, reste mystérieux. L'œuvre a été en effet très endommagée L’autre singularité de cette grotte, ce sont ses 240 boulins, des nichoirs pour pigeon qui servaient d’unité de mesure de la propriété foncière.
En face des grottes, l'abbaye du XVIIème siècle
Philippe a l'air de bien apprécier l'eau de la fontaine miraculeuse dédiée à Saint-Sicaire (l'un des Saints Innocents massacrés par Hérode peu après la naissance du Christ). Son eau est réputée pour favoriser la fécondité et guérir les enfants. Un pèlerinage a encore lieu ici au mois de mai qui donne lieu à de grandes fêtes.
La grande source : de nos jours encore, cette résurgence est captée pour alimenter une partie des habitations brantômoises.
Vue sur le clocher de l'église abbatiale qui date du XIème siècle : sans doute l'un des plus anciens de France...
Mais quittons donc la Préhistoire pour retrouver la vraie vie...
avec cette fontaine Médicis, qui a subi l'influence italianisante de la Renaissance. La vasque, vaste et trilobée, est entourée de balustres.
Sur le mur du fond, un mascaron à visage humain amène l'eau sous un buste de Brantôme (nom de plume du Seigneur abbé Pierre de Bourdeille, 1537-1614).
A proximité, nous retrouvons la Dronne et ses bateaux de croisière.
Construit sous François Ier durant la première moitié du XVIe siècle sous la direction de Pierre de Mareuil, le pont coudé de Brantôme permet aux moines d’accéder à leurs jardins. Très endommagé par la crue de 1735, il sera restauré entre 1736 et 1738.
La morphologie de ce pont "coudé" est longtemps demeurée énigmatique. Il est composé de dix arches dont trois sont en retour d’équerre. Celles-ci sont séparées par des piles à avant-becs triangulaires et glacis. Ce coude sert probablement à renforcer sa structure de façon à résister à la pression des deux bras de la Dronne, souvent impétueuse, qui se rejoignent ici.
Depuis la berge, la vue sur le pont et l'abbaye est particulièrement jolie.
Dans le jardin des moines voisin, se trouvent trois reposoirs. Ils sont les restes d'un mur du XVIème siècle. Leur architecture, d'inspiration italienne, célèbre les ordres antiques : colonnes cannelées, chapiteaux corinthiens, frises des pilastres qui se prolongent sur l'arc, entablement et corniches à modillons.
Un charmant lieu pour méditer...
Et c'est le retour vers l'abbaye...
Son cloître a été reconstruit vers 1465 et achevé en 1539. Trois des quatre galeries ont été supprimées en 1858. Seule l'aile ouest avec ses voutes en croisées d'ogives subsiste.
Voûtes de l'ancienne Salle du Chapitre
A la Révolution, celle-ci sert de remise. Quand elle est rendue au culte, elle reste trente ans cave du presbytère. Au milieu du XXème siècle, après que la voûte audacieusement posée sur un fin pilier élancé se soit effondrée, elle fait l'objet d'une très belle restauration.
Vue sur le cloître depuis l'église abbatiale Saint-Pierre
L'intérieur de l'église avec son monument au Massacre des Innocents
A gauche, les reliques de Saint-Sicaire déposées dans cette église par Charlemagne : elles sont honorées deux fois par an par une cérémonie solennelle.
L’église abbatiale vaut le coup d’œil. Elle a été construite avec des pierres tirées de la falaise. Son clocher de style roman limousin, érigé au XIe siècle, est probablement le plus vieux de France.
On accède au clocher par un superbe escalier en pierre.
Depuis les fenêtres qui l'éclairent, on a une vue plongeante sur l'intérieur de la cour et les grottes troglodytiques.
On peut aussi apercevoir le clocher,
et admirer la belle vue sur la Dronne et la ville.
Retour sur le plancher des vaches...
Une très jolie petite ville
que nous avons eu beaucoup de plaisir à visiter.