☻ Visite de l'Historial Jeanne d'Arc à Rouen
7 janvier 2017 - Ce week-end je suis allée visiter l'Historial Jeanne d'Arc à Rouen avec Evelyne. Le Musée s'est ouvert il y a deux ans seulement au sein de l'ancien Archevêché situé dans la rue Saint-Romain près de la Cathédrale. Il s'agit d'un quartier piétonnier très agréable avec des maisons à colombages typiques du vieux Rouen.
Vue sur la Cathédrale depuis l'Archevêché (Photo Thomas Boivin)
C'est au sein même de l'Archevêché que se tint le procès de Jeanne d'Arc : un lieu émouvant et magnifique. (Photo Thomas Boivin)
L'Archevêché est un bâtiment à plusieurs étages : la vie et les procès de Jeanne d'Arc y ont été reconstitués étage par étage.
Cliquer sur l'image pour la voir en grand.
C'est dans la crypte romane (Photo Thomas Boivin) que commence la visite.
La première partie consiste en un film-spectacle projeté au fil des salles du palais et qui utilise judicieusement leur décor. Guidé par Jean Juvénal des Ursins, archevêque de Reims et maître d’œuvre du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc (en 1456), les spectateurs sont totalement immergés dans l’histoire de la Pucelle.
La crypte romane avant travaux (Photo Thomas Boivin) montre le travail qui a été accompli pour créer cet espace muséal.
Interprétés par 23 acteurs, les témoins de cette histoire donnent leur version des faits jusqu’à ce que Jean Juvénal en assemble les pièces pour dessiner le véritable portrait de Jeanne.
Jean Juvénal des Ursins (image d'archives)
C'est Bernard Alane (rappelez-vous Hibernatus avec Louis de Funès...) qui tient son rôle.
Le paysage de Domrémy prend vie dans la crypte romane grâce aux nouvelles technologies.
Toujours dans la crypte romane, l'arbre aux fées...
Les historiens s'accordent à écrire qu'à proximité du village de Domremy, se trouvait une forêt appelée le "Bois Chenu" et que Jeanne se rendait souvent en cette forêt, pour rejoindre le site du Beau Mai, ou arbre aux fées. Occupation somme toute bien innocente, mais qui souleva de nombreuses interrogations lors du procès ! Mais pourquoi une activité aussi puérile interpellait-elle les juges de Rouen ? Que cachaient donc ces promenades en forêt ?
Jeanne d'Arc a pris des habits d'homme...
La projection suivante se passe dans les anciennes cuisines de l'Archevêché. Autour du pilier central, une table numérique pour éclairer les visiteurs qui veulent en savoir plus.
Les espaces de service étaient systématiquement installés en rez-de-chaussée, niveau sombre, froid et humide, en opposition aux espaces de vie et de prestige qui se trouvent dans les étages supérieurs, dits "nobles".
Cette salle appartient à l'Hôtel que Guillaume d'Estouteville fait construire dans la seconde moitié du XVème siècle. De style gothique tardif, ses voûtes en croisée d'ogives sont appuyées sur des culots décorés de scènes végétales ou figurées.
Extrait de la déposition de Frère Seguin, professeur de sacrée théologie,
de l'ordre des frères pêcheurs, doyen de la faculté de théologie de Poitiers,
âgé de soixante et dix ans environ, à Rouen le 14 mai 1456.
"Je l'ai entendue me dire et dire à l'assistance
quatre choses alors à venir, et réalisées dans la suite :
► Que les anglais seraient anéantis,
► Que le siège alors devant Orléans serait levé,
► et que la ville serait délivrée de la présence des anglais,
après toutefois qu'elle leur aurait fait une sommation préalable.
Elle a dit secondement que le roi serait sacré à Reims,
troisièmement que la ville de Paris rentrerait dans l'obéissance
du roi et que le duc d'Orléans reviendrait d'Angleterre.
Toutes choses dont j'ai vu l'accomplissement".
Dans l'un des angles de la pièce, un bronze de Jeanne d'Arc à cheval par Emmanuel Fremiet (19ème siècle) : il s'agit d'une reproduction en miniature de la statue en bronze doré située au centre de la place des Pyrénées, près du Palais Royal à Paris.
C'est sur les cheminées monumentales des cuisines que se passe la suite de l'histoire.
La projection est du plus bel effet : il s'agit de la rencontre de Jeanne avec le Roi.
Un panonceau explique l'usage de la prochaine pièce, l'ancien Office.
Il s'agit encore d'une superbe salle voûtée (Photo Thomas Boivin).
On y trouve également une table numérique qui montre la bataille d'Orléans, le sacre du Roi et les revers de Jeanne (Photo Agence Clémence Farrel).
Toute la bataille d'Orléans y est expliquée par le menu.
Avant l'arrivée de Jeanne d'Arc, Orléans est au bord de la reddition, la ville n'a plus de ressources et est épuisée. C'est le demi-frère de Charles d'Orléans (celui-ci ayant été fait prisonnier par les anglais), Jean Dunois, un enfant bâtard, qui défend la ville avec courage. Tandis que les chefs de guerre français hésitent et tergiversent, Jeanne rentre secrètement dans la ville pour y rencontrer Dunois. Elle le somme de faire une sortie, mais la dernière a été trop catastrophique et le bâtard d'Orléans préfère attendre les renforts. Jeanne prend les choses en main, deux bastides anglaises se tiennent dans la région, il faut les attaquer ! Elle charge elle-même la bastide des Augustins, la garnison la suit et c'est un succès. Le soir au conseil de guerre, Dunois et ses hommes veulent en rester là, mais Jeanne refuse. Elle ameute la population qui se prépare toute la nuit. Le lendemain, l'assaut est donné, la forteresse est redoutable, les pertes sont élevées, Jeanne est touchée par un carreau d'arbalète au dessus du sein. La blessure est superficielle, elle retourne galvaniser ses troupes. Les Anglais paniquent, ils se jettent dans la Loire, le 8 mai 1429, Orléans est sauvée. C'est un miracle ! Pour Jeanne, la prise d'Orléans prouve le caractère divin de sa mission, la foule lui prête même des pouvoirs de guérison.
Pour les Anglais, humiliés, la Pucelle est envoyée par le diable...
Les quatre-vingts marches de l'escalier à vis du Cardinal d'Estouteville se superposent pour former une colonne centrale d'une extrême élégance.
Elles mènent jusqu'au dernier niveau du palais : le Grand Comble, aménagé au 18ème siècle lors de la restauration de la Salle des Etats et qui possède une belle charpente.
Par les fenêtres on peut apercevoir la Cathédrale voisine. Le crachin normand est de sortie aujourd'hui...
J'ai eu bien du mal à identifier cette statue qui se trouve être la Vierge dorée de Nicolas Quesnel (exécutée en 1541), et qui domine le faîtage en plomb de la Chapelle de la Vierge à l'arrière de la Cathédrale.
Curieuse Vierge très masculine avec presque du poil au menton ! En même temps, sur le net on le dit peintre : peut-être excellait-il dans cet art après tout et moins dans la sculpture...
Trève de plaisanterie, revenons à nos moutons : quand il s'agit de Jeanne d'Arc ce n'est pas compliqué ! Hi hi hi...
C'est dans cette salle que nous est contée l'histoire du Procès en réhabilitation de Jeanne d'Arc. Pour ce faire, Jean Juvénal des Ursins interviewe vingt-cinq ans après les trois hommes qui ont condamné Jeanne. Ils avouent tous avoir été dans l'impossibilité d'assister à la mort de Jeanne d'Arc sur le bûcher...
Jeanne d'arc tient la croix de la paroisse Saint-Sauveur.
Embrasement du bûcher
La photo est mauvaise mais ce sont des épées et une dague qui datent du 14ème siècle...
Depuis la tour de guet (Photo Thomas Boivin)
on jouit d'une vue sur le pignon crénelé de l'ancienne salle de Justice
et sur l'église Saint-Maclou au bout de la rue Saint-Romain.
Nous arrivons maintenant dans une partie du musée plus classique : il s'agit de la Mythothèque (Photo Thomas Boivin). On y apprend comment, au fil des siècles, s'est construit le mythe de Jeanne d'Arc. Les angles d'approche sont multiples : les arts, la République, l'Eglise...
Y figure en bonne place une statue de Léon Cugnot (sculpteur français du 19ème siècle) représentant Jeanne d'Arc sur le bûcher.
A l'autre extrémité de la pièce un mur est couvert d'affiches ayant trait à Jeanne d'Arc.
Y sont exposés aussi les reproductions des originaux des deux procès.
Le Procès de condamnation (en date du 15 mai 1431)
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et le Procès de réhabilitation (qui s'est tenu le 7 juillet 1456): le Roi Charles VII ayant été couronné à Reims voulait asseoir sa légitimité sur des bases solides.
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On peut aussi voir dans cette pièce différents documents se rapportant à Jeanne telle cette partition de musique,
cette lithographie représentant la capture de Jeanne d'Arc par les Bourguignons,
ou encore ce livre sur la vie de la Pucelle.
Dans la dernière pièce de l'Historial, les visiteurs peuvent questionner des historiens de manière interactive...
comme le font ces ados.
Evelyne dans le Cabinet des Curiosités
Affiches, assiettes, petites statuettes... Jeanne a été, surtout depuis le 19ème siècle, un sujet d'inspiration pour tous les artistes.
On y voit aussi comme des petits théâtres en 3D représentant différentes étapes de la vie de Jeanne.
La tour où elle a été emprisonnée
Emmenée vers le lieu de son supplice à travers Rouen
La place du Vieux-Marché et le bûcher
Le pont de pierre où ont été jetées ses cendres
A la sortie de l'Historial, une Jeanne d'Arc par Alphonse-Eugène Guilloux (20ème siècle)
Une petite vidéo sur l'Historial pour terminer
Et pour qui a envie d'en savoir un peu plus sur l'histoire de Jeanne d'Arc, voici un téléfim d'Arte
Une très belle réalisation qui donne une raison de plus d'aller visiter la capitale normande...