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Publié par Tolbiac204

15 juin 2023 - Vous me direz , les Filles du Roy, tu en as déjà parlé il y a deux jours ! C'est vrai, mais il s'agissait alors d'une conférence qui se tenait à la Mairie du XIIIe. (vous pouvez cliquer ICI pour la relire).

 Aujourd'hui, c'est à une promenade-hommage que nous convie Maud Sirois-Belle, la Présidente de la Société d'Histoire et d'Archéologie du XIIIe.

C'est de l'Hôpital de la Salpêtrière que les dernières Filles du Roy (elles sont au nombre de 19) sont parties en 1673 pour entamer une vie nouvelle en Nouvelle-France.

Notre balade va donc se faire au sein de cet hôpital que Maud Sirois-Belle va nous faire visiter afin de nous en conter un peu plus sur ces lieux et cette époque.

Côté architecture, Louis XIV fit appel à plusieurs architectes. Antoine Duval dessinera les plans de l'aile Mazarin (qui sera attribuée aux vieux ménages), Louis Le Vau y ajoutera la division Montyon (qui accueillera les filles mineures de moins de 23 ans, dont sûrement certaines des Filles du Roy) et la Chapelle Saint-Louis (début de construction en 1670). Après sa mort, c'est Libéral Bruant qui va terminer la construction des autres bâtiments.

L'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière est une vraie ville dans la ville : notre balade concernera la partie orangée et plus précisément les bâtiments Mazarin (1), Montyon (2), Hemey (3), Jacquart (4), la cour Sainte-Claire (5) et le bâtiment de La Force (6). A la fin de la balade nous aurons l'occasion de visiter la Chapelle Saint-Louis (7).

Hommage aux dernières Filles du Roy parties en Nouvelle-France en 1673

Sous Louis XIV, il était beaucoup plus réduit et surtout situé hors Paris.

A propos, le nom de "Salpêtrière" vient de "salpêtre", nitrate de potassium ou sel de pierre qu'on associait autrefois au souffre et au charbon de bois pour la fabrication de la poudre à canon. L'activité de cette poudrière fut de courte durée car on la déplaça à Vincennes en 1653. Restèrent l'Enclos, ses quelques bâtisses, la petite église Saint-Denys, et le nom de "Salpêtrière".

Le Petit Arsenal vers1650, la chapelle Saint-Denys et les granges, dont l'actuel Pavillon Hemey est la seule survivance.

Hommage aux dernières Filles du Roy parties en Nouvelle-France en 1673

Si la Pitié-Salpêtrière est de nos jours un lieu entièrement dédié à la santé, la vocation de l'hôpital de la Pitié et de celui de la Salpêtrière était au XVIIe siècle de "nettoyer" Paris, ses faubourgs et les routes d'Ile-de-France entre Paris, Saint-Germain-en-Laye, Marly-le-Roy et Fontainebleau, des pauvres, des mendiants, des errants de toutes sortes, de chaque sexe et de tous âges.

En 1612, Marie de Médicis crée, à l'emplacement d'un jeu de paume désaffecté,  "l'Hôpital des pauvres enfermés" qui prendra plus tard le nom de sa chapelle, Notre-Dame de la Pitié ; sur place, la vie est très difficile, une exigence de la reine. En conséquence, les gens n'y viennent pas ou peu.

Quant à l'Hôpital Général ou Enclos de la Salpêtrière, il accueillit 628 femmes de tous âges qui y furent "enfermées" sous l'impulsion de la Compagnie du Saint-Sacrement (société secrète ultra catholique et anti-janséniste). Ce chiffre n'était rien en comparaison des quelques 40.000 mendiants qui vivaient alors dans la région (sur une population totale de 400.000 habitants). Il y avait aussi une école où les petites filles pouvaient apprendre à lire, écrire et tricoter.

Parmi ces 628 femmes, on comptait 15 aveugles, 22 folles ou imbéciles (ne riez pas, c'est dans le texte...), 52 impotentes et estropiées, 72 invalides, 34 ayant une maladie du sein et 9 escrouellées (tuberculeuses). Les 421 femmes restantes sont aptes au travail. Elles font du tissage et sont ici protégées du monde extérieur.

En 1665, l'Hôpital Général - ou Salpêtrière - abrite ainsi 1.600 "enfermés". Il faut donc continuer à construire des bâtiments pour les accueillir (voir plus haut). Il y avait aussi dans l'enceinte de la Salpêtrière une écurie, une étable, une porcherie, un poulailler et même un marché.

Dans les années 1635, Vincent de Paul, de son côté, crée des maisons d'accueil et d'orphelinat qui accueilleront de nombreux enfants.

Les Filles du Roy quant à elles, pour la plupart orphelines, partaient en Nouvelle-France (entre 1663 et 1673) avec un "coffre d'espérance" contenant l'équivalent d'environ 300 livres. Elles étaient recrutées de façon volontaire. Principalement issues de milieux pauvres, elles étaient en quête de meilleures conditions socio-économiques.

Dans la cour Sainte-Claire se trouve justement une plaque commémorant les départs des Filles du Roy en Nouvelle-France. Nous sommes cinq à égrener les noms des 19 dernières Filles du Roy à partir.

Hommage aux dernières Filles du Roy parties en Nouvelle-France en 1673

La plaque a été offerte à la Salpêtrière par le Consulat de France à Montréal lors de la célébration des 350 ans du premier départ des Filles du Roy en 1663. Pendant ces dix années 770 Filles du Roy sont parties en Nouvelle-France, dont 325 de la Salpêtrière.

Hommage aux dernières Filles du Roy parties en Nouvelle-France en 1673

Le discours de Maud Sirois-Belle est un peu décousu mais j'en ai retenu quelques petites choses.

En arrivant en Nouvelle-France, les Filles du Roy qui étaient d'origine noble épousaient majoritairement des officiers catholiques (la plupart d'entre elles étaient catholiques mais il y a eu quelques protestantes). Elles ont souvent un esprit d'aventure (Cf. le roman de Louis Hémon, Maria Chapdelaine) et sont attirées par un départ pour "l'étranger". Par ailleurs, il faut qu'elles aient un caractère fort pour pouvoir supporter un voyage qui va durer 3 mois et demi, avec le risque d'attraper des maladies comme le scorbut...

Depuis la cour Sainte-Claire (N°5), on aperçoit le Bâtiment de La Force (N°6). Il s'agit de l'ancienne prison où l'on incarcérait les prostituées et les voleuses. En 1720, les prisonnières furent envoyées en Louisiane où elles travailleront dans les plantations (Cf. le livre de l'abbé Prévost Manon Lescaut :Manon y est incarcérée avant de s'échapper et de s'embarquer pour un exil forcé à la Nouvelle-Orléans). Il y eut beaucoup de mortalité à cause du climat. Ceci dura jusqu'en 1750.

C'est l'architecte Charles-François Viel qui transforma le bâtiment pour en faire un bâtiment dédié aux soins des malades. Pour ce faire, il fit tomber un étage pour créer des chambres pour les malades et agrandir les fenêtres pour plus d'hygiène : ce sont les prémices de l'hygiénisme.

Hommage aux dernières Filles du Roy parties en Nouvelle-France en 1673

Le bâtiment de La Force est un quadrilatère qui comporte 4 cours intérieures. L'une d'entre elles s'appelle la Cour des massacres de septembre 1792 et rappelle qu'ici 35 femmes y furent assassinées dans un contexte de panique provoquée par la guerre avec l'empire austro-hongrois. Une autre rend hommage à Manon Lescaut.

On enferme dans la prison de « La Force », à proximité de la Chapelle Saint Louis, les débauchées, les libertines, les sorcières, les aventurières, les criminelles et les voleuses. LCe bâtiment abrite actuellement le service de psychiatrie.

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