La semaine dernière je suis allée en compagnie d'une amie visiter l'exposition Frédéric Bazille au MO, comme on dit quand on est snob !
C'est un peintre que je connaissais un peu mais que je ne savais pas classer. En fait, l'exposition s'appelait "La jeunesse de l'impressionnisme" : voilà maintenant chose faite.
Il y avait une queue pas possible car c'était le dernier jour de l'exposition mais, heureusement, j'avais des billets coupe-file, ce qui nous a permis de passer devant presque tout le monde...
Frédéric Bazille est né à Montpellier en 1841 et est décédé au combat à Beaune-la-Rolande en 1870 (il s'engage à cette époque contre la volonté de sa famille pour lutter contre l'occupant) : il ne lui a fallu que 28 ans pour devenir un peintre célèbre.
Il a d'ailleurs souvent été un sujet pour les peintres, les sculpteurs, ou même les photographes.
Le voici photographié par Etienne Carjat en 1865 dans une pose académique.
Et voici le médaillon sculpté par Philippe Solari en 1868
Ici, il est immortalisé par Pierre Auguste Renoir en 1867-1868.
Et voici le buste qu'en a fait Auguste Baussan en 1883. Il s'agit d'un modèle pour le monument funéraire de l'artiste au cimetière protestant de Montpellier.
Je n'ai retenu que quelques uns des tableaux exposés, dont celui-ci qui s'intitule :
L'atelier de la rue de la Condamine (1869-1870)
Frédéric Bazille déménage à l'hiver 1867 de la rue Visconti (près de Saint-Germain des Prés) pour aller dans le XVIIème arrondissement aux Batignoles où il loue un immense atelier pour 200 francs de plus. C'est le quartier de l'avant-garde artistique, non loin du café Guerbois et de Manet.
Pour la dernière fois, il représente l'intérieur de son atelier, ici habité de la joyeuse présence de ses amis réunis autour de sa propre silhouette peinte par Manet. Maître joue du piano ; Manet et peut-être Monet regardent un tableau sur le chevalet (la vue de village) ; en haut de l'escalier, Renoir s'adresse à un homme qui pourrait être Sysley. Beaucoup de tableaux aux murs ont été refusés au Salon, mais cette société bohème aime désormais à se définir par son indépendance vis-à-vis des institutions.
Dans la même pièce, un très joli tableau de Jean-Baptiste Corot peint en 1868 sur le même thème.
Un tableau très touchant : cette "Petite italienne chanteuse de rue" qui date de 1868.
Sans le reflet... Un des rares tableaux du peintre à montrer la vie parisienne
En parallèle dans une salle : Femmes au jardin de Claude Monet (1886)
A l'époque, Frédéric Bazille l'acheta à Monet qui était à cours d'argent...
et La réunion de famille de Frédéric Bazille (1867)
Deux tableaux peints en plein air : une innovation à l'époque.
La robe rose peint en 1864 m'a emballée. Si je ne devais retenir qu'un seul tableau de Frédéric Bazille, ce serait celui-là : la luminosité du soir tombant (ou du petit matin ?) est merveilleuse.
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Loin de "l'indigestion de murailles et de rues" de la capitale, Bazille profite des beaux jours dans la propriété familiale de Méric pour peindre Thérèse des Hours, sa cousine de quatorze ans, assise sur le muret de la terrasse, dominant la rivière du Lez. Face à elle, le village de Castelnau. Première des "Figures au soleil" peintes par Bazille, l'oeuvre est déjà une réussite pour le jeune peintre et pose les principes de ses recherches futures : la composition est claire et recherche l'équilibre, les couleurs du paysage vivement éclairé à l'arrière-plan contrastent avec la figure au premier plan dans l'ombre, le sujet - moderne et familier - fait la part belle à un sentiment d'indolence et de douce rêverie.
Le pêcheur à l'épervier (1868)
De dos, un homme nu s'apprête à jeter son épervier - un filet - dans une mare. La pose de l'homme assis renvoie au "Tireur d'épine" du Musée du Capitole.
De la même année, une très belle étude de jeune homme nu (1868)
Scènes d'été (1870)
La toilette (1870)
On pense évidemment à l'"Olympia" de Manet peint quelques années plus tôt en 1863.
J'ai beaucoup aimé aussi ce tableau : jeune femme aux pivoines (1870)
Ici, la jeune femme n'est plus une marchande de fleurs mais une domestique en train d'arranger un somptueux bouquet. Si le peintre est encore tributaire de certains stéréotypes ethniques et sociaux, il est l'un des rares artistes de sa génération à avoir su voir la beauté de la peau sombre du modèle et comment en tirer profit pour ses harmonies de couleur. Les teintes vives des fleurs (pivoines, tamaris, iris, cytise) mais aussi le fond sombre mettent particulièrement en valeur le brun chaud et lumineux de la carnation du modèle.
Il s'agit de l'un des chefs-d'oeuvre de la dernière année de création de l'artiste.
Dans la série des natures mortes aussi : vase de fleurs sur une console (1867 - 1868)
Le tableau était destiné à orner la demeure de Pauline des Hours, la cousine de Bazille, qui venait de se marier.
Le 16 août 1870, contre toute attente, Bazille s'engage dans un régiment de zouaves. Réel élan patriotique ou geste suicidaire ? Volonté de prouver à ses proches – et à lui-même – sa valeur, ou "divertissement" ?
Bazille semble se saisir de l'opportunité de cette aventure militaire pour résoudre une crise personnelle, dont ses derniers tableaux portent la trace.
A la sortie de l'exposition, nous avons fait un tour dans la partie sculptures du musée.
Antoine Bourdelle : Héraklès archer (1909-1924)
Pas mal le mec, non ?
Moi Paris j'adore !