☻ La crypte mérovingienne de Jouarre avec Générations 13
19 novembre 2015 - Chic, aujourd'hui jeudi c'est jour de randonnée !
Ce matin nous prenons la direction de la gare de l'Est pour aller jusqu'à La Ferté sous Jouarre.
Après avoir longé la Marne,
et marché un peu en forêt,
nous arrivons à Jouarre pour découvrir son Abbaye Notre Dame et sa crypte mérovingienne.
Ici, l'église paroissiale Saint-Pierre - Saint-Paul
La crypte Saint-Paul du VIIème siècle, unique en Europe, est abritée en contrebas de cette chapelle.
On voit bien ici le soubassement de la chapelle où elle se trouve.
A l'entrée du porche d'accès,
une statue de Saint Marc, artisanat des moniales de l'Abbaye Notre Dame.
On entre dans les deux cryptes (Saint-Paul et Saint-Ebrégisile) par un escalier de quelques marches qui descend : (1 sur le plan)
et là..., c'est l'émerveillement !
La crypte Saint-Paul repose sur deux rangées de trois colonnes de marbre antique de remploi (provenant de villas gallo-romaines datées du IVème au VIème siècles) surmontées de magnifiques chapiteaux en marbre des Pyrénées.
Les chapiteaux des colonnes sont tous différents : ils sont de style corinthien.
Ce chapiteau représentant une corbeille à anses est vraiment très original.
mieux éclairé...
Le mur ouest de la crypte est dit "réticulé" car les pierres forment un dessin de filet. On trouve le même genre de décoration dans certaines églises de la basse vallée de la Loire ainsi que sur la porte d'entrée (Torhalle) de l'Abbaye de Lorsch en Allemagne.
Les joints au mortier romain témoignent des préoccupations liées à l'humidité de la crypte.
Notre guide (de l'Office du Tourisme de la ville) nous explique l'histoire de la crypte.
Authaire, haut dignitaire de la cour de Clotaire II avait trois fils : Adon, Dadon et Radon. Vers l'an 610, Saint Colomban, moine irlandais venu de l'Abbaye de Bangor pour évangéliser la Gaule, fut reçu chez Authaire. Pendant son séjour, il convertit toute la famille au Christianisme.
Voici un vitrail du XIXème siècle de l'église d'Ussy sur Marne, voisine de La Ferté sous Jouarre, représentant la scène.
Adon, Dadon et Radon, très fortement marqués par leur rencontre avec Saint Colomban, fondèrent chacun une abbaye : Adon fonda un monastère double de moines et de moniales à Jouarre, Dadon celui de Rebais (il devint ensuite évêque de Saint-Ouen à Rouen) et Radon celui de Reuil-en-Brie.
Le monastère de Jouarre a été fondé par Adon en 630. Celui-ci s'efface ensuite pour en confier la responsabilité à Sainte Théodéchilde, première Abbesse. Sainte Aguilberte, sa cousine, lui succède et c'est enfin Sainte Balde, leur tante, qui dirige le monastère.
Saint-Agilbert, frère de Théodéchilde et évêque de Paris, fait édifier la crypte quelques années après la fondation de l'Abbaye.
La crypte Saint-Paul renferme les tombeaux des fondateurs de l'Abbaye de Jouarre.
Sur le côté latéral du tombeau de Saint-Agilbert, une scène représente le Christ en majesté (au centre), acclamé par des fidèles levant les bras au ciel : c'était la manière de prier au Moyen-Orient à cette époque où il ne faisait pas bon être chrétien.
On devine au centre l'aile de l'Ange situé au-dessus du Christ, balançant un encensoir.
Dans la crypte un tombeau beaucoup plus récent (du XIIIème siècle) : c'est celui de Sainte-Osanne, princesse d'Ecosse. Le chien à ses pieds symbolise sa foi fidèle en Dieu.
Le gisant de Sainte-Osanne est fait en pierre de liais et rappelle la statuaire de Saint-Denis.
Le tombeau de Sainte-Théodéchilde fut élevé au milieu du VIIIème siècle.
Une inscription latine rappelle comme elle fut une noble abbesse qui sut conduire les moniales vers le Seigneur, comme les vierges sages avec leurs lampes garnies d’huile.
La parabole des dix vierges : Évangile selon Matthieu, chapitre 25, versets 1 à 13
Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l'époux. Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d'huile avec elles ; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases. Comme l'époux tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent. Au milieu de la nuit, on cria : Voici l'époux, allez à sa rencontre ! Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes. Les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. Les sages répondirent : Non ; il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. Mais il répondit : Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas. Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure.
Une frise de coquilles représente des coquilles tournées vers le haut et des coquilles tournées vers le bas : les coquilles vers le haut sont les vierges prudentes allant vers la lumière, les autres symbolisent les vierges folles allant vers l’obscurité.
La deuxième crypte est celle de Saint-Ebrégisile, évêque de Meaux et frère de Sainte-Aguilberte.
Elle est plus abîmée que la crypte Saint-Paul car les chapiteaux des colonnes sont en calcaire et plus tardifs. Ils sont aussi beaucoup moins ouvragés.
Au sortir des cryptes, nous allons voir l'extraordinaire "tête" du tombeau de Saint-Agilbert : on y accède par un petit couloir bien abrité des intempéries. Le tombeau se trouve de plus protégé par une paroi en verre qui le maintient à l'abri de l'humidité.
Incroyable mais vrai !
Ceci est un Christ en majesté tétramorphe datant du VIIème siècle : un véritable bijou de l'art mérovingien.
On y retrouve les quatre symboles des évangélistes : l'ange de Saint-Matthieu, l'aigle de Saint-Jean, le taureau de Saint-Luc et le lion de Saint-Marc.
Une rapide visite de l'église paroissiale Saint-Pierre - Saint-Paul qui date du XVIème siècle.
Elle contient une belle mise au tombeau du XVIème siècle en pierre calcaire polychrome attribué à Michel Colombe, sculpteur de Tours. La Vierge est représentée ici en religieuse.
Seul le visage du Christ serait du Maître, le reste étant sculpté par l'un de ses élèves.
et une pieta du XVème siècle (le Christ et sa mère sont entourés de Jean et de Marie-Madeleine)
Une "Pierre des sonneurs" découverte dans l'ancien cimetière. La dalle funéraire représente les marguilliers (sonneurs de cloche) de l'abbatiale sous le clocher. Il s'agit ici d'une des plus anciennes vues de la Tour Romane avec sa toiture à quatre pans et ses pinacles d'angle à crochets couronnant les contreforts (XIVème siècle).
Il est tout juste midi et demie quand nous entrons dans la chapelle de l'église abbatiale pour y entendre les moniales (ce sont des Bénédictines) chanter l'office de Sexte.
L'église est contiguë à la Tour romane datant du XIème siècle.
J'ai adoré cette petite randonnée
et apprécie vraiment que Jacqueline y adjoigne presque à chaque fois une visite culturelle.
Ne dit-on pas : Mens sana in corpore sano... ?