☻ Sur les conseils de ma copine, j'ai lu "Rose" de Tatiana de Rosnay
22 février 2022 - Suite à ma promenade sur les Grands Boulevards du mois de décembre dernier, j'avais écrit un post que Marie-Claire, ma jumelle 😉, avait lu. Elle m'a ainsi suggéré de lire "Rose" de Tatiana de Rosnay et je ne regrette pas ce conseil. Le livre a reçu le prix Hauserman/Métropoles en 2010 qui récompense les œuvres littéraires sur le thème de la ville.
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Le roman
Rose Bazelet, paisible habitante de la rue Childebert à Paris, voit un jour sa vie basculer lorsqu'elle reçoit un ordre d'expropriation : le tracé du boulevard Saint-Germain tel que prévu par le baron Haussmann passe par chez elle. La lutte commence pour Rose, déterminée à garder sa maison en raison d'une promesse faite à son défunt mari auquel elle confie son combat sous forme de lettres.
Le plan du quartier de la rue Childebert avant et après les travaux
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Un extrait du livre
"Nous n'étions pas préparés à ce qui nous attendait. Ce n'était plus Paris, c'était la guerre. Notre paisible faubourg Saint-Germain n'avait plus rien de familier. Nous avions remonté la rue Saint-André-des-Arts, comptant déboucher comme d'habitude dans la rue Poupée, mais cette dernière avait disparu. A la place béait un gouffre gigantesque bordé de bâtisses en ruine.
...C'était un spectacle hallucinant, et l'évoquer aujourd'hui me donne encore la nausée.
...Nous nous frayâmes prudemment un chemin jusqu'à un endroit plus abrité, considérant avec angoisse les profondeurs de la fosse. Des hordes d'ouvriers armés de pioches, de pelles et de masses se déployaient comme une puissante armée parmi des montagnes de gravats et des nuages mouvants qui nous piquaient les yeux."
Sur les traces du Paris détruit par les travaux d'Haussmann (blog Culturez-vous)
Les travaux de transformation de Paris dirigés par le baron Haussmann sous le Second Empire ont profondément marqué l’architecture de la capitale. Mais comment était Paris avant ces travaux, quelles maisons trouvait-on à l’emplacement actuel des grandes percées dessinées à la fin du XIXe siècle ?
Le formidable livre "Paris pour Mémoire" de Pierre Pinon recense un vrai trésor : les croquis d’un millier de bâtiment parisiens aujourd’hui disparus, détruits lors du percement de la rue de Rivoli et des halles centrales. Pourquoi ces croquis ont-il été exécutés, quelle est leur histoire et que nous apprennent-ils sur le Paris du XIXe siècle ? Explorons ce Paris oublié…
Si l’on parle communément des travaux d’Haussmann, ce n’est pourtant pas lui qui a dessiné les grandes avenues parisiennes. Haussmann supervisait l’opération et s’occupait de l’aspect administratif comme les enquêtes publiques ou le financement. C’est à Eugène Deschamps, conservateur du Plan de Paris, que l’on doit le tracé des percées.
En novembre 1851, Deschamps – visiblement doté d’une sensibilité patrimoniale – écrit à l’architecte Gabriel Davioud : le percement de la rue de Rivoli va faire disparaître près de 250 maisons, 80 seront démolies au mois de janvier prochain. L’administration désire conserver du moins le souvenir desdits quartiers qui vont disparaître.
Aidé de collaborateurs, Davioud se consacre donc à l’exécution de cette tâche qui dépassera la commande initiale. Elle durera en effet trois années et s’étendra à plus de 1000 maisons situées à l’emplacement actuel de la rue de Rivoli entre l’Oratoire et l’Hôtel de Ville, ainsi qu’à l’espace consacré à l’implantation des halles centrales et au retrait d’alignement de la rue Saint-Jacques. Ces maisons seront détruites entre 1852 et 1854.
Les dessins ainsi exécutés sont en couleur et d’une grande précision. Malheureusement, ces derniers ont disparu en fumée dans l’incendie de l’Hôtel de Ville lors de la Commune en 1871. Comme le souligne Pierre Pinon, “les maisons détruites l’auront donc été deux fois, d’abord, réellement sous la pioche et ensuite, symboliquement, par les flammes”.
Du travail de l’équipe de Gabriel Davioud il ne reste donc que les minutes, c’est-à-dire les relevés au crayon, travail préparatoire aux dessins en couleur. Ces relevés sont néanmoins déjà extrêmement détaillés, tout y est : les noms des enseignes de magasins, les gouttières, les stores, les volets… de nombreuses annotations viennent compléter les croquis, définissant les couleurs ou les matériaux des bâtiments. Seul manque à ces relevés les habitants, si bien que ce précieux recueil laisse voir une ville fantôme, abandonnée, morte, bref : prête à être démolie. Seuls quelques rares édifices sont toujours debout de nos jours, comme la tour Saint-Jacques ou l'église de l'Oratoire du Louvre.
Paris au XIXe siècle
Ces dessins sont riches en enseignements sur le Paris du XIXe siècle. On y constate tout d’abord que déjà à cette époque, il ne reste presque plus de maisons médiévales. La plupart sont relativement récentes, datant du XVIIe ou du XVIIIe siècle, constituées de 2 à 5 étages et d’une boutique au rez-de-chaussée.
Les enseignes de ces boutiques sont particulièrement intéressantes. Bien entendu, on est encore loin de la mondialisation et les magasins portent les noms de leurs propriétaires. Vous étiez ainsi conviés à aller vous rendre à l’épicerie Boussuges, à la laiterie Corbeil ou encore chez la blanchisseuse Heppel... On trouve également des établissements qui ont disparu de nos jours comme des fabriques de casquettes, des culottiers, gantiers, guêtriers, des achats et reconnaissance du mont de piété ou encore des lavoirs publics.
Certains immeubles portent par ailleurs des inscriptions qui laissent présager des destructions à venir. Ça et là on peut lire “liquidation pour cause d’expropriation” ou “vente au rabais pour cause de démolition”...
Gabriel Davioud, futur architecte de génie
Peu après l’exécution de ces dessins, Gabriel Davioud est recruté en 1855 par Eugène Deschamps comme architecte-inspecteur au bureau des Travaux d’architecture. Il réalisera de nombreux bâtiments parisiens dont certains sont encore des fleurons de l’architecture de la capitale : la fontaine Saint-Michel, les théâtres de la place du Châtelet (théâtre du Châtelet et théâtre de la Ville), les grilles du Parc Monceau et du square du Temple, la grotte artificielle du Bois de Vincennes, la rotonde du Lac Daumesnil, la mairie du 19e arrondissement... Il fut également l’architecte du Palais du Trocadéro, détruit en 1935.
Onze ans après ces dessins, Haussmann commandera à Charles Marville, un reportage photographique des quartiers de Paris qui vont être détruits. Un travail qui apporte un regard complémentaire sur un Paris (plus tout à fait) oublié mais qui ne concerne pas autant d’immeubles que ceux répertoriés dans le précieux recueil de Davioud, réuni dans le fabuleux ouvrage de Pierre Pinon.
Pour consulter ce catalogue - par curiosité - cliquez ICI.
Si vous y cherchez la rue Childebert, vous verrez qu'il y avait à chacune de ses extrémités une fontaine : l'une d'entre elles a rejoint le square Paul Langevin et l'autre est actuellement remisée au musée Carnavalet.
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Une petite vidéo où l'on voit des croquis des maisons disparues
J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre : il très touchant et on y apprend plein de choses.
Merci ma copine !