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Publié par Tolbiac204

2 février 2025 - Grâce à notre adhésion à l'association Maison 13 solidaire prise en septembre dernier, nous avons pu participer à une visite guidée de l'exposition Suzanne Valadon à Beaubourg pour un prix défiant toute concurrence.

Nous avons d'abord déjeuné dans notre crêperie habituelle, face à la fontaine Stravinski décorée par Jean Tinguély et Niki de Saint-Phalle : ici, l'oiseau de feu.

La bouche

Puis, avons rejoint le Centre Pompidou voisin. Il est temps de le visiter car celui-ci doit fermer en septembre prochain pour rénovation complète et ceci pour 5 ans...

Le musée est au 6e étage, j'en profite pour admirer la capitale depuis l'escalator.

L'exposition commence par un autoportrait de l'artiste (1883).

L'autoportrait tient une grand place dans l’œuvre de Suzanne Valadon. Alors qu'elle n'a que 18 ans, on devine ici une femme qui a du tempérament, ne cherchant pas à mettre sa féminité en avant. Elle parait même presque un peu fière.

Marie-Clémentine, fille de Madeleine Valadon, lingère, et de père inconnu nait à Bessines-sur-Gartempe dans la Haute-Vienne le 23 septembre 1865. Sa mère s’installe à Paris en 1870 : un Paris assiégé par les Prussiens. Elles habitent dans un logement ouvrier du boulevard de Rochechouart. Les temps sont difficiles, Madeleine trouve un emploi de femme de ménage dans une maison bourgeoise de la place Saint-Georges, le jour, et de repasseuse, la soirée.

La chambre bleue (1923) reprend les codes de l'odalisque orientaliste pour mieux les subvertir. Non seulement la femme n'est pas nue mais elle fume : Suzanne Valadon aime choquer dirait-on bien 😉.

J'adore les petites touches de rouge et de jaune données par les couvertures des livres dans un coin du tableau, le petit détail qui accroche...

Suzanne travaille très tôt (dès l'âge de 11 ans) comme couturière, blanchisseuse, serveuse et marchande des quatre saisons. Elle devient ensuite trapéziste dans un cirque mais elle a un accident et doit renoncer à cet art. Elle devient alors modèle puis peintre (elle apprend à peindre en étant modèle) et exécute en 1916 cette Acrobate (ou La roue).

On sent ici l'influence de Toulouse-Lautrec et de Degas qui, eux aussi, fréquentaient les cirques.

L'exposition montre aussi d'autres peintres de la même époque. On ne sait pas si Suzanne Valadon a rencontré Juliette Roche (1884-1980) mais toutes les deux ont participé au Salon des indépendants au début des années 1920.

Autoportrait à Serrières - Juliette Roche (1925)

On voit ici une femme résolument moderne, à l'image de Suzanne Valadon.

Installé en 1884 à Montmartre, Henri de Toulouse-Lautrec  loue un atelier dans le même bâtiment que celui où vivent Suzanne et sa mère. La jeune fille  pose parfois pour lui sous le pseudonyme de Maria : ils entament alors une liaison aussi intense qu'orageuse. Le peintre la surnomme Suzanne en référence à l'épisode biblique de Suzanne et les Vieillards car il est beaucoup plus âgé qu'elle. Elle adoptera ce prénom par la suite.

La grosse Marie - Henri de Toulouse-Lautrec (1884)

Le tableau représente Suzanne Valadon dans le plus simple appareil.

Edgar Degas sera l'un de ses premiers admirateurs.

Femme nue, assise par terre, se peignant - Edgar Degas (entre 1886 et 1890)

Ce que j'aime beaucoup dans les tableaux de Suzanne Valadon, ce sont ses fonds souvent très travaillés comme ici avec ce tableau intitulé Gilberte nue, se coiffant (1920).

Maurice Utrillo naît un lendemain de Noël 1883 à Montmartre, de père inconnu, alors que Suzanne n'a que 18 ans. Il sera reconnu  huit ans plus tard par Miquel Utrillo, un peintre catalan amant de Suzanne, mais on ne sait pas s'il est réellement le père de Maurice.

Maurice Utrillo sur un divan (1895)

 Voici, nous dit notre guide, un vrai Portrait de famille (1912) : on y voit Suzanne accompagnée de André Utter, son second mari, de Maurice Utrillo et de sa propre mère.

Vous reconnaîtrez ici la maman de Suzanne, un portrait que l'artiste exécute sans aucune complaisance, n'est-ce pas ? Le tableau date de 1912 également.

Le choix des couleurs primaires me plait beaucoup.

Portrait d'Erik Satie (1892-1893)

Suzanne Valadon et Erik Satie ont une relation passionnée pendant six mois, suite à quoi ils se séparent. Satie est dévasté et compose alors "Vexations", une partition obsédante dont le motif doit être répété huit cent quarante fois et peut durer jusqu'à vingt-quatre heures selon le tempo adopté. Retrouvée à son domicile après sa mort, l’œuvre n'a jamais été jouée de son vivant.

La poupée délaissée (1921)

Suzanne Valadon peint ici Maria Coca (sa nièce) et sa fille Gilberte. Tandis que la mère sèche sa fille, cette dernière, approchant de la puberté, délaisse sa poupée jetée sur le sol et préférant regarder son image. Bien que l’œil soit attiré par les seins de la jeune-fille, le nœud dans ses cheveux ainsi que dans ceux de sa poupée évoquent davantage la perte de la jeunesse que la sexualisation du corps féminin.

La petite fille au miroir (1909)

Le miroir, élément indispensable pour la toilette, est de fait un motif récurrent dans les nombreuses représentations de baigneuses chez Suzanne Valadon.

Le jardin de la rue Cortot (1928)

En 1896, grâce à l’aisance matérielle que lui procure son mariage avec Paul Mousis, riche négociant en étoffes, Suzanne Valadon loue un atelier rue Cortot, au cœur de Montmartre.

Portrait de la mère de Bernard Lemaire (1894)

Il s'agit là d'un des premiers portraits peints par l'artiste. Bernard Lemaire est un peintre montmartrois voisin des Valadon. Bien observé le petit doigt en l'air de la couturière ! J'aime aussi beaucoup la tache rouge de la chaussette qui illumine le visage du modèle.

Portrait, mis en scène, de Mauricia Coquiot, comédienne (1915)

Suzanne Valadon dispose d’une importante collection de tissus à motifs variés qu’elle choisit selon ses modèles. Ces tissus, qu’elle a pu acquérir lors de son mariage avec Paul Mousis, lui permettent de procéder pour chaque portrait à une véritable mise en scène qui se justifie d’autant plus pour celui de Madame Coquiot.

On devine ici une femme de caractère.

Les deux sœurs (1928)

Suzanne peint ses modèles dans des positions souvent assez naturelles. Ici, les deux sœurs sont assises sur un canapé, les bas négligemment roulés sur les chevilles. La jeune-fille en jaune tient une rose dans la main droite, et un bouquet de roses est posé à ses pieds.

Nature morte au plat d'étain (1920)

Pas de vraie perspective dans ce tableau où le plat garni de fruits semble sur le point de tomber de la table. Mais tout ceci est volontaire bien sûr !

Nature morte au lièvre, faisan et pommes (1930)

Bouquet de fleurs (1930)

Si le motif du bouquet de fleurs est présent, notamment dans plusieurs portraits, il devient un sujet récurrent et autonome dans les dernières années de Suzanne Valadon. Celui-ci est assez dépouillé mais mis en valeur par les motifs du vase et la dentelle du petit napperon.

Suzanne s'attaque aussi aux nus.

Vénus noire (1919)

Représentée en pied, regardant fixement  et fièrement le spectateur, la Vénus noire semble sortir d'un bain en pleine nature. C'est avec un regard féminin que la peintre représente ici une femme noire, sans exotisme ni condescendance. En ré-imaginant une ancienne déesse romaine sous les traits d'une femme noire, l'artiste cherche peut-être à moderniser l'histoire de l'art et à élargir la définition de la beauté. Ce tableau fait partie d'une série de cinq oeuvres

Nu au canapé rouge (1920)

La japonaise nue (1910)

Eh non, ce nu n'est pas de Suzanne Valadon malgré la pose nonchalante, le joli imprimé du tissu et les traits noirs qui cernent le modèle : il s'agit d'une toile d'une peintre contemporaine de Suzanne, Georgette Agutte que je découvre avec plaisir. Elle fut l'épouse de Marcel Sembat, le politique.

Nous progressons dans l'exposition et notre guide s'arrête devant un immense tableau : il s'agit de La joie de vivre (1911).

Cette fois-ci, Suzanne Valadon franchit une étape supplémentaire en peignant un homme nu.

Le bouquet final, si j'ose dire.

Le lancement du filet (1914)

Suzanne Valadon représente le corps nu de son amant, André Utter, lançant un filet de pêche sur le bord d'une plage en Corse. Le même geste sous trois angles différents est décliné dans un mouvement de rotation qui met en valeur les courbes athlétiques du modèle. Ce nu masculin est, à cette époque, l'une des rares représentations du désir féminin pour un corps masculin. Dans l'esquisse réalisée avant le tableau, le sexe du lanceur n'est pas caché par le filet. Une hypothèse est que Suzanne l'ait caché pour pouvoir présenter son œuvre au Salon des Indépendants en 1914.

L'exposition se termine par cette Nature morte au violon (1923) réalisée à partir d'objets existant dans son atelier. On peut apercevoir, en arrière-plan, la partie basse de son monumental tableau Le lancement du filet.

On peut voir dans cette nature morte une synthèse des arts (littérature, musique, art plastique et art décoratif).

Une découverte très intéressante

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