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Publié par Tolbiac204

24 mars 2025 - Toujours avec l'association "Maison 13 Solidaire", nous sommes retournés à la Comédie française ce lundi soir, cette fois-ci non plus pour applaudir Molière comme la dernière fois, mais pour assister à une représentation de "La cerisaie" d'Anton Tchekhov.

Nous étions placés au deuxième balcon de face mais au deuxième rang au lieu du premier comme précédemment donc avec un petit peu moins de place pour les grandes jambes de Philippe . Quatre actes (couvrant une période de mai à octobre) et deux heures un quart sans entracte tout de même ! Mais ces deux heures un quart sont passées comme une lettre à la poste tellement la pièce est bien écrite par Tchekhov et mise en scène par Clément Hervieu-Léger.

La Comédie française distribue des petits livrets pour présenter la pièce et les acteurs, c'est sympa ! On y trouve dedans des informations sur Tchekhov qui est né en 1860 dans une ville située au sud de la Russie. Il étudie la médecine à l'université de Moscou mais parallèlement écrit des textes humoristiques puis des nouvelles et des récits avant de se consacrer au théâtre. Il a essuyé plusieurs échecs avant de percer avec "La mouette", "Oncle Vania", "Les trois soeurs" et "La Cerisaie". Atteint d'un tuberculose, il meurt dans un sanatorium situé près de Friboug en Allemagne à l'âge de 44 ans.

Le résumé de la pièce

Un domaine près d'une grand ville au début du XXe siècle ; l'aube d'un jour de mai : autour de la maison ancienne, une immense cerisaie en fleur. Après cinq ans d'absence, Lioubov Andreevna rentre de France avec sa fille Ania, qui est allée la chercher. Elle retrouve son frère, sa fille adoptive qui s'occupe du domaine, et les domestiques qui ont pu rester : les dettes se sont accumulées, la vente aux enchères aura lieu au mois d'août. Lopakhine, un fils de moujik devenu richissime, propose une solution : abattre la maison et les cerisiers, lotir le domaine et bâtir des datchas pour les louer à des estivants... Une solution absurde aux yeux des aristocrates que sont Lioubov et son frère, mais comment sauver le domaine ou plutôt comment éviter de le perdre ? De mais à octobre, les quatre actes de la pièce marquent les étapes du passage d'un temps à un autre, d'une ère à une autre : "Toute la Russie est notre cerisaie". La dernière pièce de Tchekhov qui le montre au sommet de son art est aussi la pièce la plus célèbre du répertoire russe.

Cette vente marque la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe incarnée par Lioubov et sa famille, qui est en train de disparaître face à la montée de la bourgeoisie représentée par Lopakhine, l'ancien moujik. Tchékhov pointe aussi ici du doigt le côté fragile de la nature face à l'humain : une réflexion qui prend tout son sens aujourd'hui...

Critique Les échos

La Comédie-Française nous a habitués à tant d'audace ces derniers temps que la mise en scène résolument classique de « La Cerisaie » signée Clément Hervieu-Léger paraîtrait presque d'un autre temps. Mais au-delà des apparences - une belle Datcha de bois gris vert en guise de décor, des costumes d'époque stylisés - la lecture que nous offre le sociétaire du Français est tout sauf académique et compassée. Tout est juste et fluide dans ce spectacle qui distille l'émotion à petit feu, entre rires et larmes, jusqu'à devenir poignant dans le dernier acte.

Clément Hervieu-Léger respecte la lettre et l'esprit de la comédie tragique de Thcekhov qui voit des propriétaires terriens, un frère et une soeur déphasés (Gaev et Lioubov) perdre leur domaine et leur belle Cerisaie au profit d'un fils de moujik converti en homme d'affaires lotisseur (Lopakhine). Le metteur en scène laisse respirer chaque personnage tout en préservant leur mystère. La Datcha a des allures de maison fantôme. Ses héros vivent dans leurs souvenirs (Gaev et Lioubov), dans leurs rêves inaccessibles (l'éternel étudiant Trofimov) et leurs amours flous (tous ou presque). Ils flottent dans un ailleurs, un « entre monde ». Le vieux se meurt, le nouveau qui s'annonce paraît bien incertain.

De subtiles lumières changeantes pour rythmer les saisons, quelques jolis effets (la maison qui s'ouvre sur une soirée de fête), deux ou trois scènes déchirantes, spectaculaires (le retour de Lopakhine ivre après le rachat de la propriété) ou furtives (le frère et la soeur qui s'étreignent avant de quitter les lieux) émaillent le spectacle. Mais pour l'essentiel, Clément-Hervieu Léger reste droit dans ses bottes : la vérité de Tchekhov ne doit pas être forcée et la sobriété reste de mise jusqu'au bout.

Je n'ai pas trop accroché sur la bande-annonce : c'est une pièce qu'on ne peut pas découper en petits morceaux, il faut la voir en entier.

Encore une soirée agréable grâce à Maison 13 Solidaire !

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