21 mars 2025 - Ce vendredi après-midi, je suis allée à Boulogne-Billancourt avec mon amie Michèle visiter le nouveau musée Albert Kahn et ses jardins. Bon, une petite erreur d'horaire au départ mais rien de grave au final puisque nous sommes arrivées une heure en avance - 🙂- par rapport au rendez-vous donné par "Maison 13 Solidaire" à la quinzaine d'adhérents inscrits à cette sortie culturelle.
Voici le hall d'entrée du nouveau musée
Celui-ci est l’œuvre d'un architecte japonnais, Kengo Kuma, qui a remporté le concours en 2012. Il s'agissait de démolir l'ancien musée et d'en reconstruire un nouveau. Les travaux démarrés en 2015 dureront 6 ans.
Le hall d'accueil du musée est éclairé par de larges baies vitrées qui donnent sur le jardin.
Nous retrouvons sur place une guide conférencière qui va nous accompagner tout au long de cette après-midi. Elle nous explique qu'Albert Kahn (1860-1940) était le fils d'un marchand de bestiaux juif alsacien. Enfant, il devient allemand après la guerre de 1870 mais reprend la nationalité française tout en changeant de prénom (il se nommait Abraham) à 16 ans alors qu'il monte à Paris.
Il entre très vite par la petite porte dans une banque lorraine et gravit les échelons rapidement. Devenu richissime (il fait fortune au travers d'investissements miniers en Afrique du Sud), il consacre sa vie et sa fortune à rassembler un important fonds iconographique intitulé "Archives de la Planète", une collection - la plus importante au monde - constituée entre 1909 et 1931 d'autochromes (photographies en couleurs sur plaques de verre, et de films en noir et blanc. Ce sont ses nombreux voyages professionnels autour du monde qui lui donnent le goût de militer pour le rapprochement entre les peuples. Malheureusement, au début des années 1930, les conséquences du krach de Wall Street entraînent sa ruine et mettent un coup d’arrêt à l’ensemble de son action.
A l'entrée du musée, une citation d'Albert Kahn
Un mur entier du musée est constitué par une partie de la collection des autochromes (2.000 autochromes) qui, jusqu'au XXe siècle, est restée relativement confidentielle.
Les photographes envoyés de par le monde par Albert Kahn (une douzaine) ont fixé sur la pellicule les villes et les villages, les monuments historiques et même les populations (à ce propos, notre guide nous dit que même si l'on pense que ce sont des instantanés, les personnages doivent poser une dizaine de secondes). Le musée est ainsi à la tête de 72.000 autochromes et 180.000 mètres de pellicule cinéma auxquelles s'ajoutent 4.000 stéréoscopies (photographies en relief).
Les images présentées sont rangées en 4 grands thèmes : la géographie, le voyage, l'ethnologie et l'actualité.
Notre guide nous montre au passage le matériel pour la réalisation d'autochromes (une sorte de diapositive sur verre - invention des frères Lumière en 1904). Le secret de cette invention réside... dans l’emploi de fécule de pomme de terre teintée, permettant de capter et filtrer la lumière.
Le groupe avec la conférencière devant les autochromes
A partir de cette "table", on peut sélectionner tel ou tel sujet et agrandir les autochromes.
Sur le site du musée les autochromes ont été numérisés et sont libres de droits : je me suis livrée à une petite recherche et j'ai sélectionné quelques autochromes comme,
Alger, Algérie - Une jeune tisserande de tapis devant son métier - Jules Gervais-Courtellemont 1909 ou 1910
Tunis, Tunisie - Jeunes filles juives tunisoises en costume citadin - Jules Gervais-Courtellemont
1909 ou 1910
Nous sommes ensuite allés dans le jardin, les jardins, devrai-je dire, puisqu'il y a un jardin anglais, un jardin japonais, un jardin à la française et même une forêt vosgienne. De même qu'Albert Khan a voulu rassembler les peuples, amoureux de la nature il a rassemblé dans ces jardins des essences totalement différentes pour les faire cohabiter : les frontières n'existent pas pour Albert Kahn, ni parmi les peuples, ni dans ce jardin.
L'espace dédié aux jardins (créés entre 1895 et 1920) représente tout de même 4 hectares.
Après être passés par le jardin anglais, nous voici à l'entrée du jardin japonais. Ce dernier n'est pas celui qu'a créé Albert Kahn mais un jardin recréé en 1990.
Le choix de la date de cette sortie par Maison 13 Solidaire est astucieux puisque les cerisiers sont en pleine fleur. Nous avons eu beaucoup de chance avec le temps car, le lendemain, il pleuvait...
De quelque côté qu'on se tourne, cette nature domestiquée est merveilleuse.
Cette pyramide de pierre représente la naissance d'Albert Kahn.
C'est ce que nous explique notre guide. Malheureusement, elle a un rythme assez rapide pour se déplacer dans le jardin (une autre visite guidée qui doit suivre sûrement...), et je n'ai pas le temps de mémoriser tout ni de bien cadrer mes photos.
La rivière représente le chemin de vie d'Albert Kahn.
Le pont rouge représente les voyages d'Albert Kahn qui est tout de suite tombé amoureux du Japon où il est allé à plusieurs reprises dans le cadre de son métier.
Que c'est beau !
La pyramide de pierre est ici recouverte d'azalées : quand elles seront en fleur ce sera superbe !
Je fais cette sortie en compagnie de mon amie Michèle qui est ravie que Philippe se soit désisté 🙂.
Je ne m'en lasse pas...
Les japonais sont les rois de l'art des galets.
Ah, ce petit pont, il est photogénique n'est-ce pas !
Nous quittons, un peu trop rapidement à mon goût le jardin japonais mais c'est pour retrouver un autre jardin, à la française cette fois-ci.
Ce dernier est composé d'un verger et d'une roseraie : il faudra attendre le mois de juin pour la voir fleurir...
La Fabrique des images retrace le parcours de quelques-uns des talentueux explorateurs et dévoile sous tous les angles leur matériel et les conditions de leurs missions sur le terrain mais nous n'avons pas le temps de découvrir ce pavillon dans le cadre de la visite guidée.
Nous passons non loin de la maison qu'habitait Albert Kahn : celle-ci a été vidée de ses meubles en 1931 lors de la faillite du banquier.
Les euphorbes commencent leur floraison.
La Salle des plaques est un vrai trésor : elle renferme toutes les plaques autochromes collectionnées par Albert Kahn.
Celles-ci sont rangées dans de grandes bibliothèques en bois fermées par des portes grillagées.
Tous les pays visités sont représentés, continent par continent : ici le Dahomey voisine avec le Maroc, la Tunisie et l'Algérie.
L'artiste Marina Mancarios expose en ce moment dans cette salle : elle a travaillé sur le patrimoine disparu et la patrimoine en péril dans la région du Proche-Orient à partir de deux autochromes permettant d'évoquer la disparition du patrimoine, l'une sur le plan climatique et l'autre politique.
Ici l'autochrome du temple de Kôm Ombo en Egypte
Et ce qu'elle a inspiré à l'artiste
Et maintenant, voici celle de Palmyre en Syrie avec son temple détruit par Daesch
Et ce que l'artiste a créé : très joli, je trouve.
Nous nous dirigeons vers la forêt vosgienne : ici aussi, le printemps montre le bout de son nez.
La forêt vosgienne est un hommage à la jeunesse d'Albert Kahn. Elle a été créée entre 1897 et 1918 : roches et arbres déjà de belle taille, transportés des Vosges par wagons, nécessitent le démontage des fils électriques du quartier pour leur installation...
Retour dans le jardin à la française pour visiter la serre : la partie centrale a été agrandie de deux ailes modernes en harmonie avec l'ensemble.
C'est surtout pour sa structure en acier en qu'on y entre.
Depuis la terrasse, on a une belle vue sur le jardin à la française.
Dans la grange vosgienne, à proximité de la serre, une salle vidéo munie de sièges permet de visionner des photos d'archives mêlées à des photos actuelles (et même des petits films de l'époque).
Cela permet ainsi d'avoir un aperçu du jardin en toutes saisons.
Notre guide est allée à l'essentiel et nous a donné l'envie de revenir !
Sur France Culture, dans "Toute une vie", la vie d'Albert Kahn
Lorsque Albert Kahn s'éteint en novembre 1940, la guerre est là. Ce qui l'a mobilisé toute sa vie, la recherche de la paix, est un échec. Le krach boursier de 1929, ainsi que les sommes englout...