☻ Le Louvre avec Maison 13 solidaire : Corot, Decamps, Millet et Delacroix
15 mars 2025 - Ce samedi nous avions rendez-vous avec Gilbert, un bénévole de Maison 13 solidaire, pour aller au Louvre. C'est lui qui a les billets pour entrer par le Passage Richelieu où, cependant, une queue nous attend malgré l'heure matinale.
Nous sommes une vingtaine à participer à cette sortie culturelle.
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Quelques photos à la va-vite...
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C'est au deuxième étage que se trouvent les œuvres que Gilbert a décidé de nous commenter. En montant par l'escalator, on a une jolie vue sur la cour et la pyramide.
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Cette destination (que je n'ai pas identifiée, me laissant guider tout simplement) nous permet de traverser plusieurs salles sans pouvoir malheureusement nous y attarder mais le coup d’œil est agréable.
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Au Louvre en ce moment, une exposition intitulée "Louvre Couture, objets d'art et objets de mode" (du 24 janvier au 21 juillet 2025) marie haute-couture et chefs-d’œuvre historiques.
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Ici une robe de Christian Dior - John Galliano (2006-2007) en organza de soie brodé et peint.
Au fond de la salle, on aperçoit le tableau de Hyacinthe Rigaud représentant Louis XIV en tenue d'apparat. Celui-ci est l'original, le château de Versailles en possède une copie.
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Gilbert nous montre dans cette pièce quelque chose que nous n'avions pas remarqué : quand on regarde sous un certain angle ce portrait en pied de Louis XIV, on peut voir que le roi n'a posé que pour son visage, qui fut marouflé ensuite sur la vaste toile le représentant en manteau de Sacre avec tous les attributs associés au pouvoir absolu. Le peintre avait apparemment cette habitude pour éviter de faire poser trop longtemps ses modèles.
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Voyez-vous le rectangle au centre de la perruque ? Il s'agit du marouflage 🙂.
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Nous voici arrivés au deuxième étage de l'aile Sully. Notre guide commence son exposé devant un public attentif (il nous a distribué deux feuilles A4 sur lesquelles il a répertorié les tableaux qu'il a l'intention de nous montrer avec des petites photos) Très pédagogue Gilbert !
Au programme : Jean-Baptiste Camille Corot, Jean-François Millet, Alexandre-Gabriel Decamps et Eugène Delacroix, quatre peintres pré-impressionnistes.
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Nous commençons par la salle Camille Corot (N° 952).
Tous les tableaux que nous avons vus tout au long de cette visite sont de relativement petite taille.
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Camille Corot est né en 1796 à Paris où il est mort en 1775. Corot par Nadar (1854)
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Son père, Jacques Louis Corot, tenait une boutique de drapier que lui avait légué son beau-père avant de travailler aux côtés de son épouse dans une boutique de mode réputée de la rue du Bac. Leur fils Camille ne fait pas d'éclats pendant sa scolarité. Son père le met en apprentissage successivement chez deux marchands de drap parisiens mais il n'a pas le goût du commerce et suit des cours de dessin le soir à l'académie Suisse dans l'île de la Cité (un atelier de peinture situé quai des Orfèvres où l'on ne reçoit aucun enseignement mais où l'on offre aux artistes démunis de quoi travailler et les services d'un modèle).
Ses parents auraient bien aimé qu'il reprenne le fonds de commerce familial mais il finit par les convaincre de continuer dans la voie de la peinture. Ces derniers vont alors l'aider en lui versant une rente annuelle de 1500 francs, ce qui le rendra dépendant financièrement de ceux-ci jusqu'à leur mort. Camille Corot passe longtemps pour un peintre amateur avant d'être reconnu vers 1850. Dès le début de sa carrière, il s'intéresse aux paysages (il a appris à aimer la nature en passant ses dimanches quand il était adolescent chez des amis de ses parents, les Sennegon).
Il est l'un des fondateurs de l'école de Barbizon (c'est ainsi que je le connaissais, en tant que peintre paysagiste). Je découvre aujourd'hui un autre pan de son art avec une série de portraits féminins.
"La femme à la perle" : un tableau que Corot retouchera pendant près de trente ans, de 1842 à 1870 sans jamais vraiment le finir.
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Ce titre fait immanquablement penser à "La jeune-fille à la perle" de Vermeer, n'est-ce pas ?
Sauf que Corot n'a pas appelé son tableau ainsi mais "Jeune Femme assise les mains croisées, des fleurs dans les cheveux", titre trop long qui fut raccourci lors de l'exposition universelle de 1889. Par ailleurs, le peintre a représenté la jeune femme de trois-quarts avec les mains croisées dans la même position que la Joconde...
A part ça, ce n’est pas une perle qui orne le front de la jeune femme mais la petite feuille saillant d’une couronne.
Le deuxième tableau que Gilbert nous a montré est le portrait d'une autre jeune femme : il est intitulé "Zingara au tambour de basque" (vers 1865-1870). Seul le tambour peut faire penser qu'il s'agit d'une tzigane. Zingara est à l’époque de Corot un motif artistique récurrent, surtout dans l’opéra. On peut remarquer que le peintre l'a peinte sur un fond de paysage.
Je le trouve très beau également.
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Encore un personnage féminin sur cet autre tableau intitulé "L'atelier de Corot : jeune femme assise devant un chevalet" (vers 1865-1868) Celle-ci est pleine de talents puisqu'elle tient également un luth à la main...
J'aime aussi beaucoup.
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"La dame en bleu" (1874)
Emma Dobigny pose dans l'atelier où, au mur, deux toiles de paysages encadrent sa tête. Elle est vêtue d'une robe bleue qui tombe en cascade, découvrant ses bras nus. Ce tableau est pratiquement le seul où le peintre habille son modèle en costume contemporain, une réponse aux jeunes peintres modernes que sont Degas, Manet ou Monet.
Superbe !
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"Velléda" (vers 1868-1870)
Velléda est une vierge prophétesse celte ou germanique du temps de l'empereur Vespasien (Ier siècle après J.-C.). Ici, le paysage s'efface pour laisser place au modèle.
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"La mariée - Portrait de la servante du peintre Édouard Cibot" (vers 1845)
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Camille Corot est considéré avant tout comme un paysagiste. Cependant, ses paysages sont presque toujours animés par de petits personnages, unissant ainsi l'humain à ses représentations de la nature.
Depuis le XVIIIe siècle, le voyage en Italie fait partie du Grand Tour, une formation qu'entreprend tout jeune artiste. Corot n'y fait pas exception puisqu'il séjournera à deux reprises à Rome, à Naples et à Venise.
"Le chevrier italien, effet de soleil couchant" (1848).
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"Florence, vue prise des jardins de Boboli" (1825-1850) - remarquez les deux prêtres.
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"Volterra, la citadelle" - Italie (1834)
Camille Corot joue ici avec la perspective et le contraste des lumières et des ombres pour créer un effet de profondeur et trois dimensions.
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"Volterra, le municipe" - Italie (1834) Le pendant du précédent
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"Italienne assise, accoudée sur son genou" (1825-1828)
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Camille Corot a aussi peint les régions françaises.
"Le beffroi de Douai" (1871)
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"La porte du Jerzual à Dinan" (1860)
Une silhouette solitaire, à peine perceptible dans l'ombre de la porte, ajoute à l'atmosphère de mystère et de solitude rendue par une palette tamisée de bruns, de gris et de verts.
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Notre découverte de Camille Corot se termine par cet autoportrait.
"Portrait de l'artiste, assis près d'un chevalet" (vers 1825).
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La salle suivante (N° 951) est consacrée à Alexandre Gabriel Decamps et, dès que j'y entre, je sens que je vais aimer sa peinture même si je n'ai jamais entendu parler de lui.
Alexandre-Gabriel Decamps est né à Paris le 3 mars 1803 et mort à Fontainebleau le 22 août 1860. Il est l'une des grandes figures du Romantisme.
Le peintre passe les trois premières années de sa vie en Picardie d'où sa famille est originaire. Il en garde le goût pour la nature et le dessin. Au décès de son père, il rentre sur Paris et s'inscrit dans un atelier de peinture (l'atelier d'Etienne Bouhot), puis dans celui d'Abel de Pujol. Déçu par ces formations, il s'engage dans une carrière d'artiste indépendant. Il trouve alors son inspiration dans les faubourgs de Paris et les villages de la banlieue, au contact des milieux populaires et du pittoresque de la vie parisienne.
"Le rémouleur" (1840)
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"Les sonneurs" (1841)
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"Le singe peintre, dit aussi intérieur d'atelier" (1849)
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"Mendiant comptant sa recette" (1833)
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"Le valet de chiens" (1842)
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C'est à la suite de son séjour à Smyrne (où il a été envoyé par le gouvernement) qu'Alexandre Decamps se fait une spécialité de la peinture orientale. Pendant son voyage, il prend des notes, des croquis et emmagasine des souvenirs. Grace à eux, à son retour, il partage sa propre vision de l’Orient. Sa palette s’illumine, il affectionne la lumière chaude des pays du Sud. C'est de ce bref séjour (à peine deux ans) qu'est né tout l'orientalisme français, car jamais Decamps ne retournera en Orient, travaillant toute sa vie sur les souvenirs qu'il en a gardés.
"Une rue à Smyrne" (vers 1840)
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Quittant Jean François Decamps, nous voici maintenant dans la salle 950 consacrée à Eugène Delacroix.
Le peintre est ici photographié par Nadar en 1858.
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Eugène Delacroix est né à Charenton-Saint-Maurice le 26 avril 1798 et est mort à Paris le 13 août 1863. Il vient au monde dans une famille bourgeoise : son père est avocat et même ministre des Affaires extérieures à sa naissance et sa mère descend d'une famille d'ébénistes de renom.
Au lycée, il apprend le grec et le latin et les nombreux dessins et croquis griffonnés sur ses cahiers attestent déjà de ses dons artistiques. Il reçoit aussi très tôt une éducation musicale et prend des leçons auprès d'un vieil organiste qui remarque ses talents et conseille à sa mère d'en faire un musicien. Mais la mort de son père en 1805 met fin à cette possibilité.
En 1815, dans l'atelier de Pierre-Narcisse Guérin, il fait la connaissance de Théodore Géricault qui aura une influence capitale sur son art.
Dans la peinture française du XIXe siècle, il est considéré comme le principal représentant du romantisme.
"Jeune orpheline au cimetière" (1823-1824).
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L'orpheline constitue un symbole fort du romantisme, évoquant la fragilité, la solitude et la nostalgie. En choisissant ce sujet, Delacroix s'inscrit dans une longue tradition artistique et littéraire qui remonte à l'Antiquité, où les orphelins étaient déjà perçus comme les victimes innocentes des caprices du destin.
Toutefois, il convient de noter que la condition de l'orphelin n'est pas explicitement mentionnée dans le titre original du tableau : il s'agit d'une appellation postérieure, probablement attribuée pour renforcer l'impact émotionnel de l'œuvre. Néanmoins, l'idée d'abandon et de vulnérabilité demeure au cœur de la composition.
"Nature morte au homard" (Salon de 1827)
Ce tableau se rapproche de la peinture de John Constable : Delacroix s'est en effet rendu en Grande-Bretagne en 1825, après avoir admiré les tableaux de peintre anglais au Salon de 1824.
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"Turc fumant, assis sur un divan" (vers 1825)
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"Le turc à la selle" (vers 1835-1840)
Cette toile illustre la fascination de Delacroix pour l'Orient et ses cultures, un thème récurrent dans son œuvre. Le tableau représente un cavalier turc, majestueusement drapé dans des vêtements colorés, qui incarne à la fois la force et la grâce. Dans le monde de l'art, "Le turc à la selle" est souvent considéré comme un exemple parfait de l'orientalisme.
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Dans la salle 951, Jean François Millet ici photographié par Nadar.
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Jean Françoise Millet est né le 4 octobre 1814 dans la Manche et est décédé à Barbizon le 20 janvier 1875. Aîné d'une famille nombreuse de paysans, berger dans son enfance et plus tard laboureur, il est cependant élevé dans un milieu éclairé. Il travaille à la ferme familiale jusqu'en 1833, puis, doué en dessin, il est envoyé à Cherbourg par son père en 1834, grâce à des relations dans la bourgeoisie locale, pour apprendre le métier de peintre auprès de Paul Dumouchel, portraitiste de l'école de David. Il monte à Paris en 1837 où il étudie à l'école des Beaux-Arts.
C'est l'un des fondateurs de l'école de Barbizon.
Au Salon de 1848, il expose "Un Vanneur", qu' Alexandre Ledru-Rollin lui achète pour cinq cents francs. C'est la première œuvre inspirée par le travail paysan. De nombreux commentateurs perçoivent un angle politique dans ce tableau, ou du moins une sympathie de l'artiste envers les travailleurs agricoles.
"Un vanneur" (Salon de 1848)
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"La brûleuse d'herbe" (vers 1859-1860)
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"Les botteleurs de foin" (1850)
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"Le fendeur de bois" (1855)
Celui-ci me plait beaucoup.
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La vue sur la cour depuis le deuxième étage
Avant de nous quitter, Gilbert nous fait passer par ce qu'il appelle "La salle surprise".
On y trouve plusieurs grands tableaux des maîtres de l’impressionnisme : on pourrait penser qu'ils soient au musée d'Orsay, mais non !
"La sortie du bain" (vers 1895) - Edgar Degas
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"La lecture" Vraisemeblablement Yvonne et Christine Lerolle, filles du peintre et collectionneur Henri Lerolle (1841) - Auguste Renoir
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"Environs de Honfleur, neige" (1867) - Claude Monet
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Au Louvre, je découvre qu'il y a une salle réservée aux cadres en tant qu’œuvres d'art. On y distingue les cadres français (Louis XV) des cadres des pays du nord (flamands).
Arrivés avec presque personne ici, voici que la foule a envahi l'espace.
La pyramide fait de l'ombre à Philippe 🙂.
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Ah..., ce contraste entre classicisme et modernité, j'adore (même si je sais que ma "moitié de paillasson" - qui lit mes posts - n'est pas du même avis 🤣) !
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Une matinée bien agréable