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Publié par Tolbiac204

23 mai 2025 - Ce matin, je suis allée voir l'exposition "Matisse et Marguerite" dont tout le monde parle depuis un moment, et ceci grâce à la carte prêtée par Arlette donnant accès gratuitement à tous les musées de la Ville de Paris 🙂.

Au sortir du métro Trocadéro, une petite vue sur la Dame de fer.

Devant la Cité de l'architecture et du patrimoine, des fragments du Mur de Berlin : une exposition s'y tient en ce moment sur ce thème.

Je descends tranquillement l'avenue du Président Roosevelt jusqu'à croiser le Musée Guimet où j'ai récemment vu le Vishnou couché du temple d'Anghkor.

Et j'arrive au Musée d'Art Moderne de Paris où se tient une exposition inédite de l'un des plus grands génies de la peinture du XXe siècle, Henri Matisse (1869-1954). Rassemblant plus de 110 œuvres (peintures, mais aussi dessins, gravures, sculptures, céramique), elle propose de montrer le regard d’artiste et de père que Matisse porte sur sa fille ainée, Marguerite Duthuit-Matisse (1894-1982), figure essentielle mais discrète de son cercle familial.

Organisée de manière chronologique, l’exposition témoigne de la force du lien qui unissait l’artiste et sa fille, née d'une aventure avec un modèle, Caroline Joblaud. Reconnue par son père, elle grandit aux côtés de Jean (1899-1976) et de Pierre (1900-1989), les deux fils de Matisse et de son épouse Amélie. « Nous sommes comme les cinq doigts de la main », écrira plus tard Marguerite à propos de ce noyau familial très soudé.

Depuis les premières images de l’enfance jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Marguerite demeure le modèle de Matisse le plus constant de son œuvre – le seul à avoir habité son œuvre au cours de plusieurs décennies. J'avoue qu'à la fin de l'exposition, je me suis dit que les fils de Matisse auraient pu ressentir un peu de jalousie devant le nombre de tableaux que leur père a consacré à leur demi-sœur 😊

En voyant les tableaux, on devine un père attentionné et empli d'affection pour son enfant fragile, puis d'admiration pour celle qui, à cinquante ans, s'engagea dans la Résistance au péril de sa vie.

  Ceci est le premier portrait qu'on découvre de Marguerite, une enfant qui n'est pas à son avantage je trouve mais sans doute le tableau est-il le reflet exact de son état physique à cette époque. On apprend en effet, en lisant les panneaux explicatifs, que Marguerite a contracté la diphtérie à l'âge de 7 ans et que, suite à deux opérations qui furent salvatrices, elle gardera cependant une cicatrice au cou laissée par une trachéotomie qu'elle cachera longtemps (jusqu'en 1920) sous un ruban noir.

☻ L'enfance : 1894-1905

Intérieur à la fillette - La lecture : la couleur explose ici dans un tableau au décor particulièrement soigné : n'oublions pas que Matisse est à l'origine du Fauvisme même si ce style ne plait pas à tout le monde.

Matisse a aussi "tâté" de la céramique.

☻ L'été 1906 à Collioure

Marguerite lisant

Portrait de Marguerite

La toilette - Encre noire sur papier (1905-1906)

Marguerite assiste ici son père pour préparer un modèle.

Margot 1906 : Marguerite aime les toilettes...

Marguerite - hiver ou printemps 1906

Il parait que Matisse s'est fait critiquer pour l'écriture enfantine de MARGUERITE... Picasso, lui, l'échangera avec l'une de ses toiles et le conservera toujours.

La famille s’installe à Issy-les-Moulineaux en 1909 et y restera jusqu’au milieu de la première guerre mondiale. Vous reconnaitrez le tableau qui a été choisi comme affiche pour l'exposition.

Matisse, qui le gardera jusqu'à sa mort, l'a présenté sans jamais le vendre dans plusieurs grandes expositions internationales. Il s'agit de Marguerite au chat noir. Comme sur le tableau précédent, on note le petit ruban noir porteur d'un médaillon.

☻ Les années de guerre (1914-1916)

En ces années sombres marquées par le début de la Première guerre mondiale, Marguerite pose dans une série de portraits dont celui-ci, assez déroutant vous me l'accorderez, où le peintre s'essaye au cubisme.

Tête blanche et rose

Tête de Marguerite (bronze 1915) : Marguerite n'aimait pas cette œuvre de son père.

Marguerite pose souvent coiffée d'un chapeau.

Mademoiselle Matisse en manteau écossais - Nice (printemps 1918)

Marguerite pose ici face au jeune modèle professionnel Antoinette Arnoud. A leurs pieds, la chienne Lili se gratte les puces. Les critiques dénonceront ce détail pourtant bien "vrai" et le visage déformé de Marguerite.

Double portrait de Marguerite sur fond vert (1917-1918)

Fini le ruban noir !

Marguerite, photographiée ici en 1920 à Etretat par son père lors de sa convalescence après une ultime opération.

Marguerite endormie - Etretat (1920)

Etretat - La voile rouge (1920)

L'exposition est fréquentée en ce dimanche matin, mais sans trop.

A l'automne 1920 Matisse fait un nouveau séjour à Nice où il passera désormais la majeure partie de l'année. Marguerite le rejoint pour quelques mois à l'hôtel de la Méditerranée. Quelque chose a basculé dans les tableaux de son père : Marguerite ne figure plus seule, faisant plutôt figure de figurante auprès d'Henriette Darricarère, une jeune modèle professionnelle. Complices, les deux jeunes femmes apparaissent souvent déguisées, dans des décors riches en couleurs et en étoffes.

La terrasse - Hôtel de la Méditerranée (Nice 1921)

La fête des fleurs - février 2022

Depuis le balcon de l'Hôtel Méditerranée, les deux jeunes filles assistent, à distance, à la bataille de fleurs sur la promenades des Anglais à l'occasion du Carnaval.

La conversation sous les oliviers - Nice, 1921

Les deux jeunes filles apparaissent ici déguisées en espagnoles, une fleur rouge piquée dans leurs cheveux relevés en chignon.

Le paravent mauresque - Nice, septembre 21

Matisse a emménagé à cette époque dans un appartement qu'il loue place Charles-Félix. Les motifs des tapis répondent à ceux du papier peint, et surtout au superbe textile ajouré du moucharabieh aux ton bleuté. L'étui à violon ouvert au fond à droite rappelle que Matisse était aussi musicien. Les deux jeunes filles font ici plutôt figure de figurantes.

L'attente - Nice, septembre 1921

J'aime beaucoup.

La leçon de musique - Nice, septembre 1921

Le visage du retour - 1945

Après une interruption de vingt ans, Matisse dessine à nouveau le visage de sa fille : les circonstances sont dramatiques, âgée de cinquante ans, Marguerite vient de survivre à de terribles épreuves et d'échapper de justesse à la déportation en tant que prisonnière politique. Engagée dans la Résistance au péril de sa vie, elle est devenue agent de liaison pour les francs-tireurs et partisans (les FTP) en janvier 1944 estimant "qu'on ne peut ni ne doit se désintéresser de l'époque dans laquelle on vit - de ceux qui souffrent, qui meurent". Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo et torturée avant d'être incarcérée à Rennes puis déportée en direction de l'Allemagne. Par miracle, elle est libérée à Belfort par les alliés.

Matisse ignorait tout des activités de sa fille. A Vence où ils se sont retrouvés, Marguerite raconte ce qu'elle a enduré, Matisse dessine sa fille qu'il trouve "tellement changée", transformée, détendue, épanouie, rajeunie". Ce sera la dernière fois qu'il la dessinera.

Marguerite - Paris, 1945

Matisse a aussi dessiné le fils de Marguerite, Claude, en octobre 1945.

Envoyé à New-York pour le protéger de la guerre, le jeune garçon y avait retrouvé son père, Georges Duthuit, ainsi que la famille de son oncle, Pierre Matisse. Les nouvelles de l'Amérique furent rares et attendues avec inquiétude pendant toute la durée du conflit. Cinq années ont passé et Claude est maintenant un adolescent. 

La suite de l'exposition s'intéresse au reste de la famille Matisse.

Jean, son frère, fera le portrait de sa sœur en 1922. Plus tard, il s'orientera vers la sculpture.

Quant à Pierre, il la représentera endormie en 1921. Il sera marchand d'art aux Etats-Unis.

Et Marguerite me direz-vous ?

Et bien, elle était à bonne école, n'est-ce pas ? Elle peindra elle aussi comme ici cette vue de Nice peinte en 1925 depuis le balcon de l'appartement de la place Charles-Félix où elle séjourne avec Geroges Duthuit, son mari, écrivain et critique d'art.

J'en aime beaucoup les couleurs vives et la simplicité.

Nature morte à la bouteille - 1925

Amélie dans le jardin - vers 1915-1916

La table en marbre rose a aussi fait partie du décor de certains tableaux de Matisse.

Autoportrait (1915-1916)

Un portrait sans complaisance aucune, n'est-ce pas ?

"J'ai commencé à peindre en 1914, enfermée par la guerre à la campagne" raconte-t-elle. On y remarque le ruban noir à pendentif qui apparait dans les portraits de son père à la même époque.

Mais Marguerite a plus d'une corde à son arc : elle sera aussi styliste.

A la fin de l'exposition, un petit film est présenté au public.

A la sortie du musée, un restaurant haut de gamme, le Corail, a vue sur la tour Eiffel...

Sur le chemin du retour

Une exposition qui m'a intéressée surtout parce que j'y ai un volet de la peinture de Matisse que je ne connaissais pas mais... je pense que je ne suis pas la seule 😂 !

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