☻ Balades Urbaines : De butte en butte avec Générations 13
9 octobre 2025 - Aujourd'hui, les Balades Urbaines proposaient aux adhérents inscrits à cet atelier une promenade dans le 19e arrondissement au départ de la Porte d'Italie. Après avoir pris, à la Porte d'Italie, le Tram T3a jusqu'à la porte de Vincennes, nous enchaînons par le T3b et descendons à la station Butte du Chapeau-Rouge, point de départ de la balade.
Comme vous pouvez le constater, l'ambiance est à la rigolade à l'intérieur du tram ! (une photo prise par Françoise) !
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Arrivés à notre terminus, nous traversons les deux rails du tram et prenons sur la gauche le boulevard d'Indochine en pente douce avant d'arriver à l'une des entrées du Parc.
Le Chapeau-Rouge était le nom d'une guinguette située au Pré Saint-Gervais (commune voisine au-delà du périphérique). Au 19e siècle la butte faisait partie d'un réseau de carrières de gypse qui s'étendait jusqu'aux Buttes-Chaumont. Cette carrière était alors appelée "carrière d'Amérique" du fait qu'on en exportait le plâtre aux Etats-Unis.
Après la démolition des fortifications de Thiers en 1844, cet espace échappe aux travaux d'aménagement de l'époque et devient un parc public. Celui-ci, d'une surface de 4,7 hectares, a été ouvert en 1939. Son architecture, d'un style néo-classique typique des années 30, est l’œuvre de Léon Azéma : largement arboré d'arbres dits remarquables, il associe escaliers, mails, statues, abris, fontaine en cascades qui se succèdent donnent à ce parc un charme incomparable. Pour presque tous d'entre nous, c'est une vraie découverte.
En haut de la montée, une statue de Pierre Traverse (celui qui a sculpté "l'homme" du Palais de Chaillot) représente "L'enfance de Bacchus". Elle date de 1938.
Depuis le haut du parc on jouit d'une très belle vue sur le Pré Saint-Gervais, cette commune de banlieue située de l'autre côté du périphérique.
L'automne donne à la végétation des tons dorés qui ravissent les photographes... Les jardiniers y ont créé aussi de très jolis massifs de fleurs.
Au niveau du point de vue, se trouve un Monument en marbre aux victimes d'Afrique du Nord : il a été exécuté en 1995 par Eugène Dodègne et influencé par Brancusi et Giacometti : on peut lire sur le net qu'il n'a pas plu à tout le monde et ma foi, à part l'hommage que je respecte, je trouve que cette sculpture est particulièrement moche...
Un escalier nous conduit vers l'entrée principale du parc en contrebas.
La descente des marches permet aux uns et aux autres (vous connaissez tous l'application plant net des portables d'aujourd'hui) de s'arrêter à chaque arbre pour l'identifier, ce qui ne fait pas forcément mon affaire car j'ai un horaire à tenir 🤣.
Fort heureusement, Lisette m'a fourni un plan des arbres remarquables du parc de la Butte du Chapeau-Rouge : cliquez ICI pour y accéder puis fermez la fenêtre pour continuer votre lecture.
Nous arrivons ensuite à la hauteur de trois bancs blancs en arc de cercle qui sont un symbole de paix (ils ont été mis ici en 1953) et sont le rappel du discours pacifiste prononcé au Pré Saint-Gervais par Jean Jaurès, fondateur du parti socialiste, le 25 mai 1913 devant 150.000 personnes. Ce dernier y a parlé contre la loi des trois ans tendant à allonger d'une année le service militaire. Ici, au début des années 1910, les mouvements politiques et les syndicats de gauche se rassemblaient pour défendre le pacifisme contre le militarisme.
Jean Jaurès sera assassiné par Raoul Vilain un an plus tard au café "Le Croissant" rue Montmartre.
En bas des marches, une fontaine monumentale surmontée d'une statue d'Eve (1938) par Raymond Couvègnes (1938)
Après avoir tourné autour de la statue d'Eve et remonté les marches, nous apercevons au loin l'église portugaise Notre Dame de Fatima, catholique. Elle voisine l'Hôpital Robert Debré, qui accueillit au début du mois de mai 2017 un millier de personnes venues faire une veillée dédiée aux aux apparitions de Fatima un siècle plus tôt (de mai à octobre 1917). Trois petits bergers rencontrèrent la Vierge par six fois...). Le pape François se rendit d'ailleurs à Fatima pour célébrer le centenaire de cette apparition et faire saints deux de ces petits bergers, Jacinta et Francisco.
En direction de la sortie du parc
Et maintenant, au programme, la visite du quartier de la Mouzaïa voisin. Il doit son nom à un col de l''Atlas en Algérie où la France gagna une bataille en 1839-1840 entre les tirailleurs de Vincennes alliés aux zouaves locaux contre l'infanterie d'Abd el-Kader, lors de la conquête de l'Algérie.
Prise du Teniah de Mouzaïa le 12 mai 1840
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Le quartier est composé de 250 maisons d'un étage au plus, toutes mitoyennes - à cause des carrières de gypse exploitées vers 1900 - et était destiné aux ouvriers. La végétation qui y est présente donne un charme fou à ce quartier qui, je suppose, est maintenant plutôt devenu chérot... Toutes ces "Villas" donnent dans la rue de la Mouzaïa, telle la Villa Sadi-Carnot ci-dessous. Sadi-Carnot a été Président de la République du 3 décembre 1887 au 25 juin 1894, jour où il a été mortellement poignardé par l'anarchiste italien Sante Geronimo Caserio au cours d'un déplacement officiel à Lyon, à l'âge de 56 ans. Après des funérailles nationales à Notre-Dame de Paris, il est inhumé au Panthéon.
Lors du repérage j'y avais vu un chat que j'ai photographié en pensant à Monick.
Cette fois-ci il n'était pas là sauf sur cette entrée de maison, en céramique !
Un très joli arbrisseau fleuri dans la Villa de Bellevue
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Décidément, tous les présidents de la République sont mis à l'honneur à la Mouzaïa...
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Un clin d’œil à l'autre Monique du groupe des BU
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Chemin faisant, nous voici arrivés en vue de l'église Saint François d'Asssise, restaurée récemment. Cette église de briques à ossature de béton a été construite entre 1914 et 1926 par les frères Courcoux pour commémorer les sept cents ans de la création de l'ordre de Saint-François. La durée des travaux s'explique par l'interruption des travaux pendant la guerre.
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Une statue du saint surmonte le porche d'entrée surmonté d'un clocher.
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La charpente est en béton armé imitant le bois : vous pouvez l'apercevoir en haut de cette photo de la nef : cela fait un vrai contraste avec la blancheur des murs. Le chœur est superbe de sobriété mettant bien en exergue l'immense fresque en mosaïques de style byzantin réalisée par la maison Mauméjean, maîtres verriers et mosaïstes depuis trois générations.
Un petit clin d'oeil à Eddy Mitchell qui y a fait sa première communion le 18 avril 1954 🤣.
Autour du Christ en croix se trouvent Marie et l'apôtre Jean. Au pied, saint François, agenouillé, reçoit les stigmates, tandis qu'une vieille femme en noir rappelle que la vocation des franciscains est de secourir les pauvres. L'ensemble est enrichi par la présence de grands saints franciscains, sainte Claire et saint Bonaventure à droite, saint Louis et sainte Elisabeth de Hongrie à gauche.
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Sur l'arc triomphal se trouvent des fresques réalisées par Charles Bouleau : le Christ, dans une mandorle, tient saint François dans son sein. Les symboles des Evangélistes entourent l'ensemble avec des anges affichant les vertus de saint François. A droite, l'aigle de Jean et le taureau de Luc, à gauche le lion ailé de Marc et l'ange de Mathieu.
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De l'autre côté de l'église, au-dessus du narthex, le balcon de style art-déco orné de fer forgé et d'une petite horloge supporte l'orgue de tribune qui était dû à Rochesson (1951). Il a été remplacé en 2007 par le facteur d'orgue Bernard Cogez. Moderne, il s'harmonise très bien avec la sobriété de l'église.
Au bout de la rue de la Mouzaïa, on accède à l'une des entrées du parc des Buttes-Chaumont. Ce dernier a été construit lui aussi sur des terrains inconstructibles d'anciennes carrières de gypse (l'utilité du gypse depuis le 14e siècle était d'enduire les maisons de plâtre : c'est un isolant thermique et une protection contre le feu). Non seulement le terrain était inconstructible mais il était également impropre à la culture si bien qu'aucune végétation n'avait réussi à s'y implanter. Ainsi, les Buttes-Chaumont étaient connues sous le nom de "Mont Chauve" ou "Chauve-Mont", ce qui proviendrait du latin "Calvus Mons".
Cet endroit devint vite un repère de brigands, les trous étant bouchés par des dépôts d'ordures et des squelettes de chevaux, jusqu'à ce qu'on en interdise l'accès. Le baron Haussmann confia à l'ingénieur Adolphe Alphand le soin d'en faire un parc en 1867, pendant les dernières années du règne de Napoléon III. Il devint ainsi une zone de détente et de mixité sociale.
Ce jardin à l'anglaise d'une superficie de 25 hectares est le plus grand parc parisien. Il imite un paysage de montagne : passerelle spectaculaire, ponts, tunnels, grottes aux stalactites, rochers, falaises, torrents, cascades, temple d'inspiration romaine, ruisseaux, alpages, belvédères... j'en passe et des meilleures.
MAIS HÉLAS, nous ne verrons pas tout cela du fait des travaux en cours destinés à consolider le sol instable.
Le parc est très bien entretenu, sans doute par une armée de jardiniers.
Nous passons devant le restaurant "Rosa Bonheur", peintre et sculptrice spécialisée dans la représentation animalière.
Ah ! Attention à ne pas louper ce petit sentier que longe un ruisseau 😊 !
Une photo du petit groupe (il y a eu trois défections tardives...)
Merci Monick pour la photo !
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Au loin, le Sacré-Choeur de Montmartre
Nous continuons à suivre le chemin bordé d'un petit ruisseau...
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Celui-ci se jette dans le lac, juste après une sculpture de Pan, dieu grec de la nature.
Ce dernier possède des cornes, des pattes de bouc, et une chouette sur l'épaule droite.
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Un peu plus loin, on peut voir les barrières en béton strié imitant le bois, caractéristiques de tous les parcs Haussmanniens de Paris.
Ce corbeau perché m'a plu !
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Même si nous ne pourrons pas y accéder d'ici longtemps..., nous avons pu apercevoir le temple de la "Sybille" : dans la Grèce antique, la sybille était une femme réalisant des divinations. Elle s'exprimait souvent de manière évasive, histoire de limiter les possibilités de contestation... De là vient l'expression "être sybillin" lorsque quelqu'un n'est pas clair.
Haussmann et Alphand confient à Gabriel Davioud la réalisation de cet édifice chargé de coiffer le belvédère au-dessus du lac des Buttes-Chaumont. Pour cela l'architecte s'inspira du Temple de la Vesta de Tivoli, près de Rome. Ainsi, ce temple dessiné la seconde partie du 19e siècle forme un cercle surmonté de belles colonnes corinthiennes. La coiffe du temple affiche fièrement de nombreux mascarons de lions tout autour.
Prenez vos jumelles !!!
Nous sortons du parc par l'entrée qui se trouve face à la mairie du 19e. Non loin de là, le métro Laumière nous conduit directement au métro Place d'Italie par la ligne 5 : nickel !
Ainsi se termine cette agréable promenade.
Je la referai au printemps avec une autre végétation.