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Jour 4
Ce matin, nous prenons la route (merci les conducteurs) pour aller plus au nord : direction l'Abbaye de Valloires et ses jardins.
L'abbaye se situe dans le village d'Argoules : poussons la grille...
C'est une fondation cistercienne du XIIème siècle (elle est la douzième fille de l'abbaye-mère de Cîteaux). Aux XII et XIIIème sicèles, au sommet de sa prospérité, elle accueillait une centaine de moines. Décimée par les guerres de Cent ans et de Trente ans, l'abbaye fût reconstruite au XVIIIème siècle et ce sont ces bâtiments qui se visitent avec un guide.
L'allée centrale
Très joli ce mur végétalisé qui commence en façade...
pour se poursuivre sur le côté des bâtiments.
On croise au passage le pigeonnier, seul témoin de l'abbaye primitive.
Un peu plus loin, nous passons près du plus vieux poirier de France : il a été planté lors de la consécration de la nouvelle abbaye en 1756. La Voix du Nord, le journal régional, signale régulièrement le danger qu'il représente pour les bâtiments mais, cimenté sur une partie il ne peut être déplacé. Il faut donc attendre qu'il meure...
Dans le cloître où se trouve un plan de l'Abbaye, notre guide nous explique ce qu'il faut connaître de la règle de Saint-Benoit, la différence entre les moines et les frères convers, bref le laïus habituel dans ce genre de lieu...
Des rosiers ornementent chacun des piliers du cloître.
Bien joli celui-là
Puis il nous ouvre la porte du Grand Salon de l'abbé commendataire où l'on peut admirer l'art du Baron Simon de Pfaffenhoffen dit "Pfaff" pour les intimes (sculpteur autrichien ayant fui son pays suite à un double homicide en 1750 pour notre plus grand bonheur...) qui en a exécuté les lambris de style rocaille, en vogue sous Louis XV. Quant aux tableaux, ils sont de Jean François Parrocel comme celui-ci qui représente l'Abbé Commendataire (sans garantie).
Elle est loin l'austérité de la règle de Saint-Benoît !
La Sacristie est à l'avenant, couverte de boiseries et de peintures.
Le cloître communique naturellement avec l'église où l'on est frappé dès l'entrée par une grille monumentale en fer forgé : elle était destinée à séparer les moines des frères convers lors des huit offices journaliers.
Les moines se tenaient du côté du choeur.
En haut de la grille, une poire rappelle l'activité des moines : ils fabriquaient de la liqueur de poire (les moines ont toujours eu un petit faible pour les alcools !)
Tandis que les laïcs se tenaient derrière cette grille au fond de l'église abbatiale.
Une curiosité dans le chœur : deux anges qui sortent du plafond... Ils sont bien sûr en papier mâché et sont également l'oeuvre de Pfaff.
Les stalles sont en chêne massif et très décorées, toujours dans le style rocaille. Le guide nous rappelle que (les offices étant longs et nombreux), les moines pouvaient "tricher" grâce à un système astucieux de leurs sièges qui faisait penser qu'ils étaient debout alors qu'il n'en était rien...
Au fond du chœur, la chapelle de la Vierge abrite la tombe de Thérèse Papillon décédée en 1983 à l'Abbaye. Infirmière de formation, elle décide de consacrer sa vie à lutter contre la tuberculose et fonde ainsi le préventorium de l'Abbaye de Valloires (il avait pour vocation d'accueillir des enfants souffrant d'affections pulmonaires). Elle le dirigera pendant quarante ans.
Au plafond de la chapelle, une morille sculptée rappelle que c'est dans un lieu gorgé de cette espèce de champignon que les moines décidèrent au XIIème siècle de fonder leur abbaye.
Le buffet d'orgue est très ornementé, toujours dû au ciseau de Pfaff. On y remarque en son sommet une sculpture du Roi David, le roi musicien, et la présence de huit "putti" (anges sculptés).
Des concerts sont régulièrement donnés dans l'abbatiale.
Et si on faisait une pause-déjeuner avant de visiter les jardins ?
Ces bancs sont bien hospitaliers...
Depuis là nous avons vue sur l'allée des cerisiers : joli, non ?
Jacqueline, elle, ne se détend qu'à moitié : elle doit repérer notre prochain itinéraire.
Les jardins sont l'oeuvre du paysagiste Gilles Clément. Ici, le "jardin régulier"
Derrière l'allée de cerisiers, en montant plusieurs marches on accède à d'autres jardins (le jardin des marais, le jardin de l'évolution, le jardin des îles et le jardin des 5 sens).
Quelques photos au hasard de notre promenade
Joli mélèze
En redescendant...
Un cadre enchanteur : pas étonnant que des moines s'y soient installés...
Et maintenant, pour la suite de la balade nous reprenons les voitures : direction Mers-les-bains (en repassant par Saint-Valery)
En chemin, un petit arrêt au cimetière chinois de Nolette. Il s'agit du plus grand cimetière chinois de France et même d'Europe. Y sont inhumés les travailleurs civils chinois (coolies) employés par l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale. Ils étaient affectés à des tâche pénibles et dangereuses comme le terrassement de tranchées, le ramassage des soldats morts sur le champ de bataille, le déminage des terrains reconquis, la blanchisserie, les services de santé auprès des malades, en particulier ceux atteints de la grippe espagnole...
Presque toutes les tombes indiquent un décès au début de l'année 1919 : ces hommes sont, pour la plupart morts de la grippe espagnole (tout comme ma grand-mère paternelle...).
Vous les avez vues les falaises d'Ault ? Tant mieux car vous ne les verrez plus jamais tout à fait pareil dans l'avenir : elles ont reculé de 70 m au XXème siècle...
Ault, c'est le village qui prétend (nous a dit avec fierté le patron du bar) à devenir le plus beau village de France : à mon avis, ce n'est pas gagné, à part les falaises je n'ai rien vu de sensationnel mais les journalistes de télévision ont l'art et la manière d'enjoliver bien des choses, alors on ne sait jamais...)
Direction Mers maintenant et sa plage de galets (seulement à marée haute paraît-il : à marée basse il y aurait du sable). Dommage pour nos pieds, on est tombés sur la marée haute !
ses falaises de craie, mais surtout son front de mer bordé de maisons Art Déco et Art Nouveau.
Mers n'était à l'origine qu'un petit village de pêcheurs mais la création en 1872 de la ligne de chemin de fer Paris-Le Tréport en fait une station de bains de mer très prisée par les parisiens aisés (c'est l'Impératrice Eugénie qui a lancé la mode des bains de mer à Biarritz).
Quelque 600 villas aux façades colorées témoignent du charme de cette époque qu'on dit "Belle" : c'est un vrai festival de balcons ouvragés, de bow-windows, de loggias, de céramiques et de mosaïques...
Ces trois maisons (Tourbillon, Clair de Lune, Crépuscule) appartenaient au même propriétaire : il occupait celle de l'angle et louait les deux autres. Elles se ressemblent mais ne sont pas tout à fait les mêmes : il ne fallait pas que les locataires aient l'air d'habiter une maison identique à leur propriétaire !
Cette villa Art Nouveau appartenait au propriétaire du Champagne Pommery.
De la couleur... En veux-tu en voilà ! (presque trop à mon goût ici)
La ville de Mers est encore en Picardie alors que Le Tréport, sa voisine, est déjà en Normandie.
Après un bon dîner au Restaurant "Les Mouettes" (toujours recommandé par le Routard)
où j'ai mangé une excellente raie au beurre noir...
Un dernier coup d’œil sur le front de mer que le soleil couchant éclaire admirablement.
Ça sent le roussi... Nous venons de vivre notre 4ème jour en Baie de Somme.
Pour voir l'épisode suivant (la Cathédrale et les hortillonnages d'Amiens) : cliquer ICI (en construction)