☻ Le Musée de la mine de Saint - Etienne
4 avril 2012 - Aujourd'hui, nous sommes à Saint-Etienne, une ville au passé minier qui a su conserver le souvenir de cette activité ayant fait vivre tant d'hommes et de femmes pendant des décennies en créant en 1991, in situ, un Musée de la Mine.
Classé Monument historique et Musée de France, le Puits Couriot se trouve à deux pas du centre ville. Avec ses deux crassiers et son chevalement édifié en 1914, il est le dernier grand témoin de l'aventure minière du bassin stéphanois.
Voici une photo du Puits Couriot du temps où la mine était encore en activité.
Depuis sa fermeture en 1973, la nature a repris le dessus mais la présence de ces anciens crassiers marque à jamais l'histoire de la ville
A l'entrée du site, le monument aux morts est très expressif.
Dans des bâtiments qui ont conservé leur authenticité et la trace du travail des hommes depuis leur fermeture en 1973, la visite guidée (la visite audio quand on a raté l'heure de la visite guidée...) fait découvrir la plupart des espaces parcourus quotidiennement par les mineurs.
Ainsi cette salle appelée "salle des pendus" (ce sont les journalistes qui leur ont donné ce nom si significatif) ou "lavabo" dans la Loire : elle permettait le stockage des vêtements propres dans un espace minimum pendant le temps où les mineurs étaient "au fond".
Le mineur fixait ses vêtements à un crochet au bout d'une chaîne puis les faisait monter jusqu'au plafond grâce à une poulie. L'autre bout de la chaîne était fixée à un support numéroté grâce à un cadenas. Chacun des 1500 mineurs possédait ainsi son numéro. Ce système était plus simple que des armoires et prenait surtout moins de place.
Chaque mineur possédait un miroir. Une paire de soques en bois lui permettait de circuler sans se salir entre l'espace des douches adjacent et la "salle des pendus".
Un système de contrepoids permettait de ne pas avoir de robinet à fermer à la fin de la douche évitant les débits inutiles. Quand le contrepoids était posé sur le socle, la douche fonctionnait et quand il était passé dans le trou, elle s'arrêtait (ou inversement, je n'ai pas bien suivi les explications...) .
Ici, la salle de la lampisterie fonctionnant avec un jeton numéroté permettant de vérifier en cas de coup dur que le mineur était bien remonté.
La forme du jeton, ronde, carrée ou triangulaire permettait de savoir si le mineur était du matin, de l'après-midi ou de la nuit...
Les lampes furent d'abord à huile, puis à pétrole, à essence et enfin électriques. L'anglais Humphry Davy inventa une lampe qui porte son nom : munie d'un grillage métallique très fin empêchant la flamme de sortir, elle évitait ainsi les "coups de grisou". On appelle ce type de lampe une "lampe de sureté".
Dans les vestiaires, il y a d'ailleurs des affiches mettant en garde les mineurs.
Après la visite de ces deux salles, on sort des bâtiments pour se rendre vers le chevalement : c'est ainsi que l'on appelle la structure qui sert à descendre et à remonter les mineurs, le matériel et surtout le minerai grâce à une cage d'ascenceur.
Au premier plan, le bassin de stockage des eaux d'exhaure (eau utilisée pour l'extraction du minerai et donc souillée par le charbon) ; le bâtiment de la machinerie est relié par des câbles au chevalement du Puits Couriot.
la salle des machines
L'ascenceur aux bennes dans le chevalement
Une autre affiche dans les vestiaires : l'accident devait se produire parfois...
Prêts pour la descente ?
Le puits Couriot descendait à 750 mètres. Un ascenceur nous donne l'illusion de descendre profondément (grâce à un système de "tapis roulant" imitant la paroi) mais en réalité nous ne serons qu'à 7 mètres sous le sol : une galerie y a été reconstituée permettant de comprendre les techniques d'exploitation et les conditions de travail des mineurs en empruntant un authentique train de mine.
Le casque jaune pour les petites têtes, le blanc pour les grosses têtes ! Je m'étais toujours dit que Philippe avait la grosse tête et moi une cervelle de moineau !
Le parcours se poursuit à pied à travers les galeries, un brin fraîches... Des écrans audiovisuels permettent de voir l'évolution des techniques d'extraction, la vie quotidienne des ouvriers, l'avènement de l'âge industriel, l'emploi de la main-d'œuvre étrangère, les grèves et les progrès sociaux qui y furent gagnés de haute lutte. La fin progressive de l'exploitation minière dans la région y est aussi évoquée.
Je n'avais pas conscience que les mineurs travaillaient presque nus mais au final c'est très compréhensif : il faisait plus de 30°C au fond de la mine et ils faisaient des travaux de force !
Les enfants travaillaient dès leur jeune âge dans les emplois subalternes. Ici, le jeune garçon actionne un ventilateur pendant que ses aînés utilisent leurs pics pour entailler la roche. La galerie a été préalablement étayée par des poteaux en bois.
Pas de pitié pour les chevaux ! Ils restaient de longues semaines au noir et ressortaient parfois aveugles de la mine quand ils ne mourraient pas au labeur, utilisés qu'ils étaient à tirer de trop lourdes charges...
Quand aux femmes, elles travaillaient en surface, à la chaîne, au tri du minerai.
Un musée émouvant et bien fait