Paris a mis son blanc manteau...
Souvenez-vous, il avait neigé sur Paris la veille (une chance, sinon la sortie aurait été annulée !). Terminée l'époque des mobylettes : place aux Gobeebikes ! l'un d'eux a été déposé au bout du Champ de Mars en toute légalité : le principe est de le laisser là où on veut...
Cliquez sur la pelle Starck du Champ de Mars pour lire le texte.
Faisant écran à la tour, le "mur pour la Paix" (originellement inspiré du "mur des Lamentations") élevé ici par l'architecte Clara Halter en l'honneur des célébrations de l'an 2000 : originellement installé pour une période de trois ou quatre mois, il est resté malgré les controverses tant sur sa valeur artistique que sur son emplacement et la légalité de son installation.
La "Dame de fer" a été "chantée" par nombre de poètes dont Maurice Carême .
Mais oui, je suis une girafe
M’a raconté la tour Eiffel,
Et si ma tête est dans le ciel,
C’est pour mieux brouter les nuages,
Car ils me rendent éternelle.
Mais j’ai quatre pieds bien assis
Dans une courbe de la Seine.
On ne s’ennuie pas à Paris :
Les femmes, comme des phalènes,
Les hommes, comme des fourmis,
Glissent sans fin entre mes jambes
Et les plus fous, les plus ingambes
Montent et descendent le long
De mon cou comme des frelons
La nuit, je lèche les étoiles.
Et si l’on m’aperçoit de loin,
C’est que très souvent, j’en avale
Une sans avoir l’air de rien.
Anne-Marie nous a donné rendez-vous aujourd'hui au pied de la statue du Maréchal Joffre , vainqueur de la bataille de la Marne, faisant face à l'Ecole militaire.
C'est là que nous retrouvons notre guide habituel, Monsieur Obel , qui, non économe de son temps, nous gardera près de trois heures...
Se tournant vers le monument, il nous en fait l'historique.
L'Ecole militaire se trouve sur l'ancienne plaine de Grenelle dont l'essentiel des terrains appartenait à l'abbaye Saint-Geneviève depuis sa fondation par Clovis. On y construisit autrefois un château - appelé le château de Grenelle - dont voici une gravure datant de 1702.
Le château de Grenelle fut transformé en manufacture de poudres sous la Révolution et fut très endommagé le 31 août 1794 par une explosion qui fit un millier de morts parmi les employés et la population voisine, les alentours subissant également des dommages considérables.
Gravure du XIXème siècle
Pendant plus de dix ans, le château servit de bureau d'étude à l'architecte de l'École Militaire Ange-Jacques Gabriel (les Gabriel étaient maîtres maçons, entrepreneurs et architectes de père en fils au point qu'on les distinguait souvent par un numéro : on appelait ainsi son père Jacques V Gabriel !)
L'Ecole militaire vue du Champ de Mars
Malheureusement des travaux de ravalement nous empêchent aujourd'hui d'admirer la façade dans son intégralité mais, grâce aux moyens modernes, l'échafaudage a été personnalisé, nous permettant d'en imaginer la façade.
La voici d'ailleurs, trouvée sur le net.
Après l'échec de la guerre de succession d'Autriche et le choix de Madame de Pompadour - roturière née Jeanne Antoinette Poisson - comme maîtresse, Louis XV a besoin de redorer son blason : c'est ainsi qu'il confie à Jacques Ange Gabriel la construction d'une Ecole royale militaire destinée à former 500 jeunes gentilshommes à "toutes les sciences convenables et nécessaires à faire de bons officiers". Les travaux commencent en 1753 et il faudra plus de vingt ans à l’architecte pour les achever, années au cours desquelles les problèmes de financement bouleversent le projet initial.
Le fronton est accompagné par quatre statues : La Victoire sous les traits de Louis XV (à gauche) appartient à un ensemble de quatre statues de marbre qui l'encadrent deux à deux. Les trois autres figures représentent La France, La Paix et La Force sous la figure d’Hercule. On attribue ces quatre allégories à Louis-Philippe Mouchy ou à Jean-Baptiste Cyprien Dhuez. Les statues originales, très ruinées, ont été remplacées par des copies.
L'horloge de Lepaute, horloger du Roi, est flanquée de deux génies (le Temps et l'Astronomie) : une sculpture de Jean-Philippe Mouchy - vers 1780 - portant les armes de Louis XV.
Voici la façade intérieure du "Château".
Plan de l'Ecole Royale militaire : nous nous dirigeons maintenant vers la Rotonde Gabriel (tout à fait à gauche du plan).
Celle-ci abrite le Cercle mixte de la garnison de Paris.
Elégance du plafond...
Notre guide nous fait remarquer la très grande finesse de l'architecture intérieure.
Multiplicité des moulures...
Chapiteaux ioniques accompagnés de guirlandes...
Nous sommes autorisés à "jeter un coup d'œil" dans un salon privé (qui attend visiblement trois invités pour le dîner...) salon dont le plafond vaut vraiment la peine d'être vu. Vous n'en verrez pas plus...
La visite se poursuit par celle des écuries : l'Ecole militaire est réputée pour sa cavalerie.
Trouvez la Tour Eiffel !
Les écuries
Nous entrons ensuite dans la sellerie où sont présentées plusieurs selles ayant une particularité.
Celle-ci, nous dit notre guide, a appartenu au Maréchal Juin , l'un des grands chefs de l'armée de libération en 1943-1944.
Cette autre est une selle d'amazone , réservée aux dames...
On reconnait celle-ci grâce à sa couleur : elle a été chevauchée par un Spahi (*).
Cette autre est une selle du Cadre noir de Saumur (*).
Nous voici revenus près du Champ de Mars.
La Tour Eiffel, toujours la Tour Eiffel !
Une très belle colonnade d'ordre dorique
Coup de projecteur sur la neige...
A l'intérieur de la colonnade
Notre guide nous montre la statue de Louis XV qui s'y trouve.
Le nez des Bourbon, on ne le renie pas !
Soleil couchant à l'intérieur de la colonnade
Au fond de la cour, le bâtiment de l'Unesco
Nous nous dirigeons maintenant vers la Chapelle de l'Ecole qui est consacrée à Saint-Louis , le saint patron des armées. Saccagée sous la Révolution, elle est transformée en cantine puis en dépôt de fourrage et d'armes. Son mobilier est alors dispersé. A l'occasion des funérailles du maréchal Joffre en 1931, la chapelle est définitivement libérée de tout ce qui l'encombrait. Elle récupère son mobilier dans les années 30 avant d'être ré-ouverte au culte catholique en 1951.
Ici les colonnes ont été mises à l'intérieur contrairement à certaines églises (La Madeleine par exemple) où elles encadrent l'édifice.
Ce sont des colonnes aux chapiteaux corinthiens très ouvragés.
Au-dessus de l'autel, un superbe tympan représentant l'agneau pascal
Le chœur
Dans le chœur, un tableau de Hallé (1773) représentant Saint-Louis transportant la couronne d'épines à la Saint-Chapelle
La chapelle est en effet décorée de neuf toiles illustrant des épisodes de la vie de Saint Louis (représenté sous les traits de Louis XV...).
La plus connue est celle qui surplombe le maître-autel : La Dernière Communion de Saint Louis , par Gabriel-François Doyen.
Superbe, non ?
Cet autre représente La remise de la Régence du Royaume par Saint-Louis à sa mère . Il a été peint par Joseph-Marie Vien en 1773.
Le voici de face
La porte d'entrée de la Chapelle est richement décorée.
Les serrures sont ornées, nous montre notre guide, de l'aigle impérial : l'Ecole a formé le jeune Napoléon Bonaparte
. Entré à l'École Militaire en octobre 1784, il en sort en octobre 1785, peu après avoir reçu la Confirmation dans la chapelle de l'institution.
En face de l'entrée de la Chapelle se trouve l'escalier d'honneur : nous ne pourrons pas y accéder mais seulement y jeter un coup d'oeil à travers la porte vitrée...
Superbe rampe en fer forgé
Internet, c'est magique !
Et maintenant, direction La Bibliothèque : au passage, lumière du soir sur l'arrière de l'Ecole donnant sur la Place de Fontenoy
La Bibliothèque est située dans le "Château" et est constituée d'une enfilade d'anciens salons de réception. C'est, je trouve, une vraie merveille . Initialement aux Invalides, elle s’est installée ici en 1878, en même temps que l’École Supérieure de Guerre.
Le fonds de la Bibliothèque de l'Ecole militaire est très riche : il compte actuellement près de 100.000 volumes, dont 140 manuscrits, 400 périodiques français et étrangers, 3.000 cartes et plans ainsi qu’une importante documentation spécialisée.
Zoom sur un autographe de Bonaparte...
Dans l'un des salons, une jolie cheminée en marbre possédant une plaque en fonte intéressante : elle montre un jeune gentilhomme destiné à la carrière militaire (un cadet).
Une photo de Patrick Manglier
Dans le dernier salon, on peut voir un miroir impacté par une balle le 25 août 1944 lors de la libération de Paris par la Deuxième DB et les FFI.
A côté, un livre également touché...
Le groupe en train de regarder le plan perspectif de l'Ecole royale militaire et du Champ de Mars par Louis Nicolas de Lespinasse que nous montre Monsieur Obel.
Pas de Tour Eiffel ni de Trocadéro : des champs, quelques maisons, point de voitures et des mouvements de troupes sur le Champs de Mars !
Fin de cette visite guidée
Merci à Anne-Marie de l'avoir organisée.