☻ Visite guidée du Lycée Henri IV avec "Paris Art et Histoire"
17 novembre 2018 - Hier nous avons suivi l'une des visites guidées de l'association "Paris - Art et Histoire" à laquelle Anne-Marie Guérin s'adresse parfois, celle du Lycée Henri IV, le lycée de France le mieux coté où il faut arriver avec un 19,5/20 au bac pour entrer dans les classes préparatoires...
Comme vous le savez sans doute, il est situé dans les beaux quartiers, juste derrière le Panthéon qui, à cette heure de l'après-midi, était éclairé par un beau soleil d'automne.
En vue de l'église Saint-Etienne-du-Mont
Saint-Etienne-du-Mont à gauche ◄ ► la tour Clovis du Lycée Henri IV à droite
On voit bien sur cette gravure du XVIIème siècle que les deux édifices étaient côte à côte.
La tour Clovis, derrière la façade du Lycée donnant sur la rue du même nom, est le seul vestige de l'abbaye Sainte-Geneviève (dédiée aux apôtres Pierre et Paul) fondée en 507 par Clovis et son épouse Clothilde. La tour, bien qu'ayant perdu la flèche de son clocher, a encore fière allure.
Devant le Lycée, une oeuvre de "street art" de C215 (Illustres autour du Panthéon) représentant l'Abbé Grégoire, député de la Convention nationale pendant la Révolution. Il était en faveur de l'abolition de l'esclavage et de l'abolition de la peine de mort. Depuis 1989, ses cendres reposent au Panthéon voisin.
L'entrée du Lycée se trouve au 23 rue Clovis.
Sous le porche d'entrée une jolie grille en fer forgé donne accès au cloître.
Le cloître date du XVIIIème siècle, mais des fouilles récentes ont pu mettre à jour les vestiges de l'ancien cloître datant du XIIIème siècle.
La tour Clovis est romane dans sa partie basse (qui date de Philippe Auguste) et gothique dans les parties élevées (premier et deuxième étage). La balustrade flamboyant fut ajourée lors des travaux de reconstruction au XVIIème siècle. La flèche, endommagée par la foudre, fut détruite en 1764.
Sous les voûtes du cloître, des bas-reliefs en plâtre moulé sont des copies de marbres de Phidias (Ve siècle avant J.C)
Il semble bien ici que des élèves soient en train de lire un parchemin : ce lieu reçoit en effet maîtres et étudiants depuis le milieu du Moyen-Age...
Les restes du réfectoire du cloître datant du XIIIème siècle
Notre guide nous conduit ensuite dans la Chapelle, située en bordure du cloître : elle fut installée au début du XIXe siècle dans l'ancien réfectoire de l'abbaye Sainte-Geneviève, après la suppression de celle-ci et sa transformation en lycée.
Cinq travées, voûtées sur croisées d'ogives aux nervures élégantes, témoignent d'une architecture gothique déjà bien affirmée. Cependant, l'épaisseur des murs et l'étroitesse des baies suggèrent la réutilisation d'un édifice antérieur (un vestige du précédent réfectoire roman datant de la reconstruction du XIème siècle ?)
La tribune située à gauche en entrant témoigne de la vocation de cette pièce : un moine y lisait chaque jour le chapitre pendant les repas de la communauté.
Tandis que les clefs de voûte sont toutes ornées de couronnes de feuillage, celle-ci présente, en sus, un "singe tenant des noix" nous a dit notre guide.
Prés du choeur, une réplique de la statue de Sainte-Geneviève conservée au Louvre, provenant du trumeau du portail central de la façade occidentale de l'ancienne église : la sainte, qui se rend la nuit à Saint-Denis tient un livre de prières dans la main droite et un cierge (manquant) dans la mains gauche. Sur son épaule gauche subsistent les pattes fourchues d'un diablotin qui tente d'en éteindre la flamme tandis qu'à droite un petit ange le rallume.
Il faut bien avoir un guide pour pouvoir apprécier la statue à sa juste valeur !
Notre guide nous conduit ensuite en sous-sol dans ce qui constituait les anciennes cuisines ou bien le cellier (là où les moines entreposaient les biens tirés des vastes domaines de l'abbaye) : Je n'ai pas bien compris...
Philippe donne l'échelle...
Nous voici maintenant dans la Cour des Externes où se trouve un bâtiment dédié à la remise des diplômes (anciennement Chapelle de la Miséricorde). Ignace de Loyola et Saint François-Xavier, étudiants au collège voisin de Montaigu, y reçurent leur maîtrise. Après le baccalauréat, les étudiants de l'époque obtenaient leur maîtrise puis leur doctorat tout comme de nos jours.
Des étudiants y recevaient justement leur diplôme du bac et à cette occasion, un petit buffet avait été organisé : le Lycée soigne ses étudiants...
Des fouilles archéologiques récentes (2001-2006) effectuées dans cette pièce montrent des bases de colonnes engagées, portées par des culots, datant du XIIIème siècle.
Dans cette même Chapelle - qui servait de sépulture aux abbés et même à certains laïcs et dont le plancher peut être découvert lors des Journées du Patrimoine - se trouvent des pierres tombales très ouvragées qui rappellent le rôle funéraire du lieu.
Nous sommes maintenant dans la "Cour du Méridien" qui sert de terrain de jeux aux élèves : il s'y trouve une sphère armillaire qui comporte un cercle parallèle à l'équateur et un cercle vertical positionné dans le plan du méridien avec des repères pour les équinoxes et les solstices.
Nous allons maintenant nous rendre dans les étages supérieurs en empruntant un somptueux escalier de pierre, avec des voûtes portées par d'épaisses colonnes. Il est appelé "Escalier des Prophètes" pour les statues en marbre des prophètes de l'Ancien Testament qui en gardent l'entrée.
C'est un chef-d'oeuvre du père Claude-Paul de Creil, qui a réussi à placer un vestibule et un escalier monumental dans un espace relativement réduit.
La première volée centrale de l'escalier, bordé d'une belle rampe à entrelacs, se divise ensuite en deux volées divergentes. Celle de droite ne conduit qu'à une petite pièce obscure aujourd'hui murée, tandis que celle de gauche qui menait aux dortoirs, se continue en un escalier excentré.
Côté vestibule
Quatre prophètes (non identifiés) sont représentés en bas de l'escalier.
L'escalier est aussi parfois dénommé "Escalier de la Vierge" pour la statue de la Madone à l'enfant située dans une niche au palier de l'escalier.
Le visage de la Vierge a malheureusement dû être martelé à la Révolution...
Voici la pièce qui était l'Oratoire du Père Abbé.
Elle a gardé son décor d'origine et notamment les pilastres corinthiens, aux bases en cuivre et chapiteaux peints couleur bronze, entre lesquels s'intercalent des niches décorées d'angelots.Avant la révolution, elles abritaient des bas-reliefs en plomb, peints eux aussi couleur bronze et représentaient des prophètes et pères de l'Eglise.
Une corniche débordante, portés par des modillons, supporte un plafond à caissons d'un dessin très original.
L'autel est surmonté d'un fronton triangulaire au centre duquel des angelots présentent un triangle, symbole de la Trinité, dans lequel et inscrit en hébreu le nom de Dieu.
Le dessin du dallage originel montre, en son milieu, une ligne d'ostensoirs qui conduisait à l'autel.
Nous montons ensuite un escalier très banal pour accéder à la coupole où se trouve la Bibliothèque. Le père-architecte avait un autre projet - celui d'un magnifique escalier à ciel ouvert sur la coupole - mais malheureusement le "vandalisme" des années 1990 en a eu raison : l'escalier a été détruit si j'ai bien compris...
Mais que regarde donc notre guide... ?
La coupole, qui est malheureusement protégée actuellement par un filet en attendant des travaux de restauration à venir, ce qui nous empêchera de l'admirer pleinement.
La voici, grâce au net, telle qu'elle devrait apparaître bientôt, une fois restaurée : la fresque centrale représentera l’Apothéose de Saint-Augustin enlevé par les anges et brûlant les livres des hérétiques.
Comme on le voit sur la photo précédente, le dôme est soutenu par quatre piliers en forme de palmiers dont les troncs sont décorés de guirlandes de fleurs.
Quatre ailes identiques à celle-ci forment une immense croix : deux d'entre elles servent de salles d'examens, une autre abrite la bibliothèque des lycéens et la dernière celle des classes préparatoires.
Le pavage, abîmé par sa transformation en dortoirs au XIXème siècle, a été reconstitué à l'identique. Il est vraiment très joli.
Elle possède un joli plafond.
La Bibliothèque possédait avant la Révolution un fonds de 60.000 ouvrages. Son contenu est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève voisine.
Par les fenêtres, on peut voir le cloître et apercevoir l'église Saint-Etienne-du-Mont voisine.
Nous ressortons de la Bibliothèque en empruntant une porte en bois sculpté très impressionnante.
Notre guide nous en montre le décor central où des fleurs de lys ont échappé aux révolutionnaires...
La serrure est particulièrement belle.
La porte donne sur le palier de l'Escalier des Grands Hommes côté Panthéon.
Tomettes et parquet au sol, du plus bel effet
J'ai lu sur le net que le vide central de l'escalier est de forme "barlongue" : deux petits côtés et deux grands... Je ne connaissais pas ce terme.
Le vestibule et le bas de l'escalier des Grands Hommes (Photo inventaire.iledefrance.fr)
Et voilà, la boucle est bouclée !
Quelques données sur le Lycée
Le devise du lycée est Domus Omnibus Una (« Une maison pour tous »), est celle des moines augustiniens, dont le bâtiment était le siège.
On désigne l'établissement par la périphrase « le lycée sur la montagne » pour sa situation dominante sur la montagne Sainte-Geneviève et par l'abréviation « H4 ». Les élèves et professeurs du lycée se surnomment les « ashquatriens ».
Les professeurs ou les élèves célèbres
Léon Blum, André Gide, Alfred de Musset, Guy de Maupassant, Prosper Mérimée, Pierre Puvis de Chavannes, Ferdinand de Lesseps, Alfred Jarry, Emmanuel Macron, Georges Pompidou, Guy Béart, Patrick Bruel, Simone Veil, Jean d'Ormesson, André Vingt-Trois, Eric Rohmer, Agnès Jaoui etc. etc.
Une visite d'une heure et demie qui nous a bien intéressés.