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Publié par Tolbiac204

28 mai 2025 - Il y a quelques jours, j'ai découvert un lieu que je ne connaissais pas et pourtant situé tout près de chez nous, juste derrière l'hôpital Saint-Anne. Il s'agit du FIAP de Paris Jean Monnet (Foyer international d'hébergement et de séminaires de Paris) qui a ouvert en 1968. Sa vocation : participer à la construction d'une Europe ouverte sur le monde, lutter contre le racisme et favoriser les échanges culturels entre jeunes du monde entier.

En entrant dans l'immeuble du 30 rue Cabanis, j'ai eu une agréable surprise, celle de découvrir un lieu absolument superbe dont l'entrée ne laisse rien présager.

Un immense hall d'entrée

Des espaces de repos bien sympathiques avec cafétéria

Tout au bout, une terrasse à l'air libre

Pour moi, c'est direction l'escalier et la salle de conférences, à l'étage

L'ordinateur communique avec un écran géant : cool !

Nous avons attendu un peu Muriel Prouzet, prise dans des embouteillages, mais je n'ai pas regretté d'avoir patienté car sa conférence était très intéressante. Il faut dire qu'elle est historienne de l'art diplômée de l’École du Louvre et que justement, son exposé largement imagé, avait pour thème le département des Antiquités égyptiennes du Louvre.

Celle-ci nous dit que Le Louvre représente la deuxième plus grande collection d'art égyptien après le musée du Caire (là, je crois qu'elle est un peu chauvine ou alors j'ai mal entendu car j'ai lu que le Louvre arrivait derrière le musée des antiquités égyptiennes de Turin et le British Museum de Londres).

Elle nous parle tout de suite de Jean-François Champollion qui fut l'homme qui réussit à déchiffrer le secret des hiéroglyphes en 1822, ceci suite à la campagne d’Égypte de Bonaparte pendant laquelle un certain Pierre-François-Xavier Bouchard, lieutenant dans l'armée, découvre le la Pierre de Rosette dans une ancienne fortification de la ville de Rachïd (francisée en Rosette).

Bonaparte devant le Sphinx (entre 1867 et 1886) - Jean-Léon Gérôme

La fameuse pierre contient un texte en trois écritures différentes (égyptien en hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec). Les Français peuvent donc lire la dernière phrase du texte grec et comprennent immédiatement que la stèle peut être importante pour la science. Il est rapidement décidé de procéder à des reproductions de la pierre par différents procédés tels que l'autographie, la chalcographie ou le moulage. Ces reproductions sont ramenées à Paris au printemps 1800 pour être livrées à des experts. Il faudra attendre 1822 pour que Champollion en découvre la lecture...

Notre conférencière  nous parle ensuite de sa confiscation par les anglais à la défaite de Napoléon en Égypte en 1801, pierre qui, comme vous le savez sans doute, se trouve maintenant exposée au British Museum à Londres.

L'archéologie est à la mode en France depuis que le comte de Caylus, antiquaire, a réussi à réunir une collection de quelques 2300 objets. Il en tire d'ailleurs un "Recueil d'Antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises" paru en sept tomes entre 1752 et 1767 (le dernier étant posthume). Cet ouvrage est une sorte de musée de papier, présentant des objets et des monuments antiques qui, pour la plupart, lui ont appartenu. Alors, suite à la campagne de Bonaparte en Égypte, vous pensez bien que l'égyptomanie se développe...

A ce stade, les collections d'antiquités se faisaient par pillage. C'est ainsi que Bernardino Drovetti, consul de France en Égypte dès 1801, se consacre à la recherche d'antiquités, ouvrant des tranchées parmi les ruines de temples ou dans des tombes. Dans la course aux antiquités égyptiennes, tout est à trouver et tous les moyens sont bons.

En 1826, Champollion est nommée conservateur du musée du Louvre par le comte d'Artois, le roi Charles X. Il propose un peu plus tard une campagne d'achat au roi Louis XVIII qui le lui refuse car la France est ruinée. C'est ainsi que Drovetti vend une partie de sa collection au musée de Turin...

Les salles Charles X (au nombre de neuf) sont ouvertes au public au Louvre en 1827.

Muriel Prouzet nous y montre différents plafonds peints par de grands peintres de l'époque.

L’Étude et le Génie dévoilant l'Antique Égypte à la Grèce (François-Edouard Picot)

L’Égypte sauvée par Joseph - Abel de Pujol (1827)

En 1825, Edme-Antoine Durand, un grand amateur d'objets (pillés), vend sa collection, composée de 4 996 objets dont 2149 pièces égyptiennes, au Louvre : elle constituera la base des salles Charles X (il s'agit de petits objets).

En 1826, la collection Salt (Consul-Général britannique en Égypte de 1816 à 1827), composée de grands objets, entre au Louvre.

Puis vient la seconde collection Drovetti en 1827.

Enfin, en 1853, c'est au tour d'une partie de la collection Clot-Bey (médecin français ayant été recruté par Méhémet Ali pour moderniser la médecine égyptienne) d'intégrer les salles Charles X.

On doit à Auguste Mariette, conservateur du musée du Caire en 1850 puis conservateur adjoint du musée égyptien au Louvre, en 1855, la découverte du scribe accroupi, probablement un prince (peut-être un fils de pharaon de la IVe ou Ve dynastie, hypothèse étayée par la très grande qualité de la sculpture), dans une tombe le long de l'allée des sphinx du Sérapéum.

Muriel Prouzet nous parle aussi de la création de l'Institut français d'archéologie orientale (l'Ifao) au Caire en 1880. Aujourd’hui pôle de recherche d’excellence, ses chercheurs œuvrent à la connaissance et à la préservation du patrimoine égyptien.

On peut y voir un buste de Champollion.

Désormais, c'est l’Égypte qui décidera de ce qu'elle donne ou pas.

Exemple, le buste d’Akhenaton en grès donné par l’Égypte au Louvre en 1972.

Le trésor de Tôd partagé après des fouilles en 1936 : quatre coffrets de cuivre contenant lapis-lazuli, argent et or, furent trouvés dans le village de Tôd en Haute-Égypte, rive droite du Nil et partagés entre l’Égypte et le découvreur, la France (l'or est à cette époque moins cher que l'argent).

L'objet le plus précieux, la lame du poignard de Toutankhamon taillée dans une météorite, trouvée par Howard Carter, l'égyptologue anglais, en 1925 sera conservée au musée du Caire.

La chambre des ancêtres du temple de Karnak (XVIIIe dynastie) vient d'un pillage effectué en 1843 par l'archéologue Émile Prisse-d'Avesnes qui, outrepassant l'interdiction des autorités égyptiennes, démantèle de nuit les blocs de la "chambre". Après avoir complété les décors à la main, il donne la "chambre" au cabinet des Médailles de la Bnf Richelieu. En 1922, le Louvre récupère les blocs et reconstitue la chambre. Émile Prisse-d'Avennes justifie son acte par le fait que le site était pillé par tout le monde et qu'il voulait "faire une part à la France". 

Si j'ai bien compris, seule la partie foncée est originale, le reste est reconstitué d'après les dessins de Prisse-d'Avesnes.

La palette à fard au taureau (3300 av. J.-C) qui montre un taureau, représentant le roi, écrasant un adversaire (recto et verso) a été léguée au Louvre par Tigrane Pacha.

Notre conférencière a la gentillesse de nous proposer ensuite un "mode d'emploi" pour aller visiter le département des antiquités égyptiennes du Louvre avec nos petits-enfants (vous imaginez bien qu'il y a dans la salle de conférences essentiellement des "troisième âge" et majoritairement des femmes 🤣).

Elle nous dit d'entrer dans le musée par le Carrousel du Louvre où l'on peut voir les murs de l'enceinte de Charles V (XIVe siècle)

et de commencer la visite par le sphinx de Tanis en grès rose (2600 av. J.-C).

J'espère avoir le loisir d'y emmener Louis prochainement...

 

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