☻ La Cité Universitaire et les ateliers d'artistes du XIVe arrondissement avec Générations 13
19 mai 2023 - Aujourd'hui, Anne-Marie nous emmène flâner au sein de la Cité Universitaire à la découverte de ses différents pavillons. J'ai déjà fait il y a plusieurs années une visite guidée des lieux mais une petite piqure de rappel ne fait pas de mal.
Nous avons rendez-vous devant l'entrée du RER, sur le boulevard Jourdan et sommes douze à participer à cette promenade.
L'entrée principale de la Cité internationale universitaire se trouve juste en face du RER et est libre d'accès au public entre 7h et 22h.
Une fois les grandes arches franchies, on se trouve dans un espace représentant quelque 40 hectares de terrain. Avec 7000 logements (représentant une capacité d'accueil de 12.000 jeunes) répartis dans 43 maisons (lien sur la liste des maisons ICI), la Cité internationale universitaire de Paris est actuellement le lieu d'accueil le plus prisé des étudiants et chercheurs étrangers de la région Ile-de-France. Parmi les locataires, Allemands, Argentins, Espagnols, Suisses, Japonais, Marocains, Mexicains, Cambodgiens, Canadiens... s'y côtoient pour partager leurs connaissances et leur savoir-faire.
Une règle au sein de la Cité : les étudiants du pays d'origine de chacune des résidences ne peuvent dépasser 60% du total des résidents, les 40% restants émanant obligatoirement d'autres nationalités.
Anne-Marie nous montre le buste d'André Honnorat, fondateur de la Cité internationale universitaire de Paris (la CiuP).
La CiuP a été initiée par le ministre de l'instruction publique de l'époque, André Honnorat, en 1920, au lendemain de la Première Guerre Mondiale dans le contexte du courant pacifiste de l’entre-deux-guerres. Il s’agissait d’une part de favoriser l’amitié entre les peuples via l’accueil d’étudiants, de professeurs, d’artistes et de sportifs étrangers, et d’autre part d’améliorer le logements des étudiants parisiens. Elle a été construite en bordure du parc Montsouris, à l'emplacement des anciennes fortifications de Thiers et s'est beaucoup développée au fil des années.
Ci-dessous, le film institutionnel de la CiuP pour en savoir plus sur son fonctionnement
Vous pouvez cliquer sur ce plan pour le voir en grand.
Voici son bâtiment principal, La Maison internationale, bâtie grâce au concours de John Rockefeller Jr par l'architecte américain Jean-Frédéric Larson qui s'est inspiré pour la construire de l'architecture du château de Fontainebleau.
Ici se tient l'administration ainsi qu'un restaurant et une bibliothèque. Elle abrite aussi un théâtre ouvert à tous, tourné vers la création contemporaine et qui sert également pour l'organisation de colloques ou de rencontres, de façon à participer à la diffusion des savoirs.
La Fondation Deutsch de la Meurthe est née de la rencontre entre Paul Appell, mathématicien devenu recteur de l’Université de Paris et Émile Deutsch de la Meurthe, riche industriel lorrain qui fit fortune dans le domaine des huiles minérales et créateur avec son frère, Henry, des Pétroles Jupiter, qui deviendront le groupe Shell en 1948.
Voici un médaillon le représentant
Nous passons ensuite devant le médaillon représentant Paul Appell qui mériterait un petit rafraichissement.
Paul Appell, l’un des initiateurs de la Cité internationale universitaire, est un mathématicien célèbre, professeur puis doyen de la Faculté des sciences de Paris, recteur de l’Université de Paris, membre de l’Académie des sciences et également premier président du Secours national.
En direction de la Fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe
Emile Deutsch de la Meurthe (1847-1924) était un riche industriel qui a financé, sous forme de mécénat, la construction d'un ensemble de 7 pavillons, organisés spatialement comme une cité-jardin dans le style anglais néo-médiéval, pavillons destinés à loger des étudiants peu fortunés. Ils ont été construits sur le modèle des universités anglaises (type Oxford) et ont presque tous un environnement très arboré, ce qui en fait un véritable havre de paix.
Voici le pavillon central de la Fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe avec sa superbe porte d'entrée en fer forgé.
En haut de la porte, une superbe corbeille de fleurs
Promenez-vous à l'intérieur de la Fondation... en cliquant ICI.
Dommage qu'internet ne permette pas de sentir les odeurs, vous auriez pu humer celle de ce seringat.
Vue sur la façade sud des bâtiments de la Fondation Emile et Louise de la Meurthe et leur beffroi
Mais que fait cette petite dame avec sa paire de ciseaux... ? Elle coupe le gazon pour entretenir cette œuvre d'art, éphémère, très originale !
Le parterre est ici constellé de petits "post-it" de couleurs pastels.
Depuis l'arrière de la Maison internationale, on peut apercevoir l'église du Sacré-Cœur de Gentilly qui sert de lieu de culte aux étudiants catholiques : elle a été construite en dehors du campus pour respecter le caractère laïque de la Cité. Délaissée par les étudiants depuis 1968 suite à la construction du périphérique elle est, depuis 1979, affectée à la communauté catholique portugaise.
Nous voici maintenant devant la Maison du Mexique qui a été inaugurée en 1953 et dont l'architecture tranche par son côté moderne par rapport à toutes les maisons vues précédemment. À l’extérieur, un mural en pierre commémore la découverte de peintures mayas dans le site archéologique de Bonampak.
En 2006, la Maison du Mexique a fait l'acquisition d'une réplique grandeur nature (3,60 mètres de diamètre) de la "Pierre du Soleil" conservée au Musée national d'anthropologie de Mexico. On l'aperçoit derrière la façade vitrée des bâtiments.
Retour à l'architecture des années 1930 et à la brique rouge avec le Collège Franco-Britannique dont l'inauguration a eu lieu en 1937. Les étudiants peuvent y ranger leurs vélos...
En face, se trouve la Fondation Biermans-Lapôtre qui accueille entre autres les étudiants belges et luxembourgeois. Jean Hubert Biermans et son épouse, Berthe Lapôtre, en sont les mécènes. Il s'agit de l'une des plus anciennes maisons de la Cité internationale. Elle a vu le jour en 1927 grâce à un don très important du couple Biermans-Lapôtre qui avait fait fortune au Canada dans la pâte à papier et qui n'avait pas d'enfant.
On peut y voir une statue de la Reine Astrid, épouse du Prince Léopold, décédée dans un accident de voiture en 1935 alors qu'elle n'avait pas encore 30 ans. Le sculpteur Raymond Couvègnes (1893-1985), a été grand prix de Rome en 1927 - date inconnue, entre 1935 et 1940 ?
La Fondation présente des toits caractéristiques de son pays d'origine, en "pas de moineau". Armand Guéritte, architecte en chef du gouvernement français, en est l'auteur et ma foi, "ça a de la gueule !"
Le porche d'entrée est orné de bas reliefs en pierre. D'un coté sont représentés des étudiants (en bas à gauche), de l'autre des scientifiques (en bas à droite).
Un peu plus loin, la Maison du Japon présente un perron en forme de pagode ainsi qu'un "jardin japonais" où pousse un érable (du japon évidemment !) reconnaissable à son feuillage très léger de couleur rouge.
Dans une visite antérieure, j'ai pu entrer dans la Maison, d'où les photos qui suivent.
A l'intérieur, comme dans tous les pavillons, se trouve un salon de réception. Celui-ci est particulièrement intéressant car il renferme deux œuvres du peintre japonais Fujita.
Tsuguharu Fujita, également connu après son baptême en 1959 sous le nom de Léonard Foujita, est un artiste complet : il est peintre, graveur, céramiste, photographe, cinéaste, créateur de mode... D'origine japonaise, il est né à Tokyo en 1886 et arrive à Paris en 1916 où il se lie d'amitié avec Picasso. Il décède à Zurich en 1968 et repose à Reims dans la chapelle Notre-Dame de la Paix qu'il a imaginée et peintre à la fin de sa vie.
Deux œuvres de Fujita sont présentes dans la Maison du Japon : l'une d'elles s'intitule "L'arrivée des occidentaux au Japon" (les portugais furent les premiers à mettre le pied sur le sol nippon au 16ème siècle).
L'autre s'intitule "Les chevaux".
A la sortie, je remarque ce jardin de pierre si caractéristique de l'art des jardins de ce pays du soleil levant : les étudiants doivent se sentir "chez eux" à Paris...
La Maison de la Suède se distingue par son caractère de manoir du XVIIIe siècle avec sa haute toiture débordante percée d’œils-de-bœuf et de lucarnes. Des portes-fenêtres closes par des volets bleus ajoutent une note nordique à la façade et mettent en valeur la terrasse.
Nous sommes à la saison des roses...
La Maison du Brésil a été construite par Le Corbusier. Le bâtiment, composé d’une barre d’habitation de cinq étages, est porté par de puissants pilotis en béton brut de décoffrage, surmontés de poutres. La façade est traitée en loggias colorées, à la manière des unités d’habitation construites par Le Corbusier. L’édifice a été inscrit à au titre des monuments historiques en 1985.
Novateur dans les années 1950, l'architecte est surtout connu pour ses aménagements intérieurs.
La visite de la Cité internationale universitaire de Paris se termine par celle de la Maison de l’Italie qui combine la rationalité des années 30 à la grande tradition classique. Elle comporte plusieurs éléments caractéristiques de cette tradition tels que sa loggia à arcades en rez-de-chaussée et ses chapiteaux ioniques dans la galerie du quatrième étage.
A l’intérieur de la maison, on peut admirer une fresque du XIVe siècle, détachée de l’Eglise Santa Maria dei Servi de Milan, détruite en 1847. Cette œuvre, exécutée par un peintre lombard anonyme et représentant Saint-François recevant les stigmates et Saint-Christophe, provient de la Pinacothèque de Brera à Milan. Elle a été totalement restaurée en 2008 en Italie.
Le temps passe vite à se promener sous le soleil... mais le programme qu'Anne-Marie a préparé prévoit également la découverte des ateliers d'artistes de ce XIVe arrondissement alors on ne verra pas les autres maisons...
Celle-ci se repère sur le boulevard Jourdan.
Il s'agit de longer le parc Montsouris pour rejoindre la rue Emile Deutsch de la Meurthe. Mais d'où peut bien venir ce drôle de nom "MONTSOURIS" ?
► Le quartier de Montsouris doit peut-être ce nom singulier à la présence des anciennes carrières de gypse abandonnées qui ont laissé les sous-sols troués comme du gruyère, carrières sur lesquelles il a été bâti entre 1860 et 1878.
► Une autre tradition suggère que cette appellation proviendrait de la prolifération des rongeurs attirés par les nombreux moulins à vent où était concassé le grain des parisiens.
► Une explication moins poétique évoque l’indigence des populations originelles qui habitaient les environs.
Nous passons ainsi devant une étrange stèle sur laquelle est gravée dans la pierre « DU REGNE DE …….. LA MIRE DE L’OBSERVATOIRE MDCCCVI ». Sur la partie manquante était écrit NAPOLEON mais le nom du premier empereur des Français, Napoléon Ier, qui figurait autrefois sur l’édifice, a été retiré à coup de burin par des opposants.
La stèle marque l'emplacement du méridien de Paris, ligne imaginaire du pôle Nord au pôle Sud sur laquelle à midi heure solaire l’ensemble des points de ce méridien ont le soleil au zénith.
Dans la rue Emile Deutsch de la Meurthe et celle de Nansouty qui lui fait suite, on trouve toute une série de petites impasses ou "villas" pleines de charme.
La rue du parc Montsouris fait une boucle qui commence et se termine dans la rue Emile Deutsch de la Meurthe.
Elle possède quelques jolies façades.
Et la végétation s'en donne à cœur joie.
Elle se termine à l'angle de ce bel immeuble haussmannien.
La rue Georges Braque quant à elle, est en fait une impasse.
Le peintre Georges Braque y avait une maison-atelier au numéro 8 qui a été construite par Marcel Zielinsky, architecte que l'on retrouvera plus loin dans la rue Gauguet. On aperçoit, derrière la végétation, son ancien atelier tout en haut de la maison : il avait la particularité d'être orienté au Sud contrairement à l'habituelle orientation au Nord privilégiée par les peintres pour éviter les ombres.
La végétation, elle, est partout dans ce quartier : ici des campanules ont investi l'entrée de cette porte cochère.
Et ici, ce sont des chélidoines qui ornent la clôture.
Au numéro 14, la maison est même presque entièrement cachée par la végétation.
C'est le petit singe sur la grille d'entrée qui a attiré mon attention : les propriétaires ont peut-être voulu recréer ici la forêt amazonienne et sa faune !
Le square Montsouris est en fait une rue dont l'une des issues donne ici sur la rue Nansouty tandis que l'autre débouche sur l'avenue Reille.
Elle est entièrement pavée, et en forte pente.
Ses maisons ont été construites au début des années 1920.
C'est un véritable havre de paix.
Nous avons maintenant rejoint l'avenue Reille où se trouve, sur toute sa longueur, le réservoir de Montsouris dont Anne-Marie nous explique l'origine.
Le réservoir de Montsouris est construit entre 1869 et 1874 à la demande du Baron Haussmann par l'ingénieur Eugène Belgrand ; les travaux ont été retardés par la guerre franco-prussienne et les troubles de la Commune. Il fait partie d'un ensemble de nouveaux réservoirs qui ont pour but d'améliorer progressivement l'alimentation en eau des Parisiens. Les eaux de la Seine deviennent de plus en plus impropres à la consommation à la fin du XIXe siècle, en raison de leur variation de température saisonnière et du développement industriel et urbain en amont de la capitale.
Le réservoir de Montsouris est situé sur un des points élevés du sud de Paris, près du parc du même nom. C'est le quartier des Champs-Elysées qui a été le premier à bénéficier de ses eaux en 1875.
L'eau arrive dans deux « bâches » (grandes cuvettes) situées dans le lanternon qui surplombe le réservoir, puis est dirigée par des « tulipes » (canalisations verticales) vers le réservoir. Tout au long de son parcours, l'eau est protégée de l'air et circule par gravité, afin de conserver sa température initiale.
Ici, au 53 avenue Reille, la maison-atelier du peintre Ozenfant, a été construite par Le Corbusier.
La rue Beaunier n'est qu'à deux pas et nous la rejoignons.
Au numéro 24, on trouve une plaque indiquant que Lénine a habité ici. Après une première tentative ratée de révolution en 1905, Lénine choisit de séjourner dans plusieurs pays européens. Pendant ce “tour d’Europe”, il arrive à Paris en 1908, la ville est alors en pleine explosion culturelle et artistique. L’histoire de Lénine avec la capitale française commence d’abord dans le quartier du Panthéon puis dans un appartement du 14e arrondissement, situé au 24 rue Beaunier. C’est là qu’il vit avec sa femme, sa belle-mère, et sa sœur. Aujourd’hui encore, on peut toujours apercevoir une plaque sur la façade de l’immeuble.
Nous descendons ensuite la rue de la Tombe-Issoire dont Anne-Marie nous explique la légende : Ysoré, Roi païen de Coimbra au Portugal, Sarrasin et de plus géant de près de 4 mètres 50, était arrivé devant Paris qui "estoit à cel jour moult petite ". Il s'était établi à Montmartre et venait chaque matin lancer un défi aux parisiens.
Pour se défaire de lui, le bon Roi Louis envoya un messager à Guillaume d'Orange, seul capable d'abattre le terrible Ysoré en combat singulier. Guillaume vivait reclus dans son village de Gellone, près de Montpellier, après s'être illustré dans de nombreux combats contre les sarrasins. Il se déclara mort à l'envoyé du Roi Louis qui ne le reconnut pas, puis, tandis qu'à Paris l'affliction était grande, il reprit son vieil équipement de guerre et s'arracha de son ermitage pour secourir son suzerain. Arrivé un soir devant une porte de Paris, il se vit refuser l'entrée de la ville, ordre étant donné de ne laisser entrer qui que ce soit pendant la nuit. Guillaume passa celle-ci chez un pauvre homme, Bernard, dont la cabane était cachée dans un fossé abandonné. Bernard du Fossé lui confirma que chaque matin Isoré venait jusqu'au pied du rempart jeter un défi que jusqu'ici personne n'avait encore osé relever.
Le lendemain matin, Guillaume s'en alla à la rencontre du géant, et les deux adversaires en vinrent aux mains. Guillaume tua donc Ysoré, lui coupa la tête, la porta à Bernard du Fossé à qui il se fit reconnaître, puis reprit au galop le chemin de son ermitage. Ysoré fut enterré à l'endroit même ou il était tombé.
La tombe d'Ysoré devint Ysoere, Isore, Isoire puis La Tombe d'Issoire.
Ceci est une légende bien sûr...
Au coin de la rue d'Alésia et de la rue de la Tombe-Issoire, il y avait autrefois une sculpture très éloquente, œuvre de Corinne Béoust sur le mur du groupe scolaire. Elle a aujourd'hui disparu, sans doute abîmée par les intempéries...
Dommage
A gauche de la rue, le Couvent Saint-François de Paris.
À la fin de l'occupation allemande, le père Corentin Cloarec (1894-1944), aumônier des « résistants de la place Denfert-Rochereau », y fut assassiné le 28 juin 1944 par des membres de la Gestapo. Depuis 1945, une voie voisine, la rue du Père-Corentin, lui rend hommage.
Nous voici maintenant Villa Seurat, du nom du peintre pointilliste.
Mais que regardent tous les adhérents ?
Il s'agit de l'ancienne maison-atelier de Chana Orloff dont le petit-fils a justement entrouvert la porte. Chana Orloff est née en Ukraine en 1888 dans la région de Karkhiv et est décédée à Tel-Aviv en 1968. C'est une sculptrice figurative juive de nationalité française.
Elle se lia d'amitié avec d'autres jeunes artistes juifs, parmi lesquels Marc Chagall, Chaim Jacob Kipchitz, Amadeo Modigliani, Pascin, Chaïm Soutine et Ossip Zadkine et en 1913, elle expose au salon d'automne.
Les descendants de Chana Orloff, viennent d'obtenir, au bout d’une quinzaine d’années de procédures, la restitution d'une sculpture représentant le fils de l’artiste, L'enfant Didi, qui lui avait été spoliée dans le pillage de son atelier en 1943. Cette statue en bois de 90 cm, est désormais visible dans l'atelier de la Villa Seurat, là même où elle fut emportée par les Allemands en 1943. Sculptée en 1921, elle représente le fils que l'artiste eut avec le poète polonais Ary Justman, décédé de la grippe espagnole deux ans plus tôt.
En novembre, la sculpture rejoindra le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, où elle restera en dépôt après avoir fait l’objet d’une exposition.
Nous continuons notre promenade par la rue Saint-Yves où se trouve aux numéros 11-13 l'entrée de la Cité du Souvenir.
Cette Cité a été construite en béton armé revêtu d'un parement de briques de 1926 à 1930 à l'initiative de l'abbé Alfred Keller, par les architectes F. Besnard et D. Boulenger.
L’histoire de l’Abbé Keller et de son action
L’Abbé Keller est ordonné prêtre en 1920, à la fin de la guerre de 1914-1918 qui a fait 1,3 million de morts chez les soldats. A 24 ans, le jeune prêtre est hanté par la misère qu’il côtoie tous les jours. Lui qui est issu d’une riche famille, de Wendel, n’a qu’une idée, venir en aide aux plus malheureux et créer pour eux les conditions d’une vie digne. Nommé vicaire à saint Dominique, il décide de créer un ensemble où les familles éprouvées et de modeste condition pourront être chez elles. En 1925, l’Abbé Keller lance une souscription par actions et y investit une grande part de sa fortune. Des gens modestes donnent, 80 000 prospectus sont distribués dans Paris, les fonds sont rassemblés en un mois. La somme nécessaire est même dépassée.
La cité comporte une chapelle en rez-de-chaussée d'immeuble dont le décor est confié à Georges Desvallières (peintures et vitraux : un soldat mort emporté par le Christ, les Saintes Femmes au tombeau, Nativité...) , un des fondateurs en 1919 des Ateliers d'Art Sacré. 180 logements sont construits avec, sur la porte de chacun d’eux, le nom d’un soldat mort à la guerre. Ils sont répartis en trois immeubles en triangle dont deux, sur la rue saint Yves, encadrent l’entrée. Au centre, la chapelle : « Dieu est au centre ». La Cité dispose d’un jardin d’enfants, d’un dispensaire, d’un patronage.
Allez, une dernière pour la route !
La rue Gauguet, du nom d'un ancien propriétaire terrien. Et que peut-on voir rue Gauguet ? L'atelier d'un peintre devenu célèbre, qui à 41 ans en 1955 a préféré quitter ce monde : il s'agit de Nicolas de Staël.
Moins connu que Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens ou André Lurçat, l’architecte Marcel Zielinski a réalisé dans Paris plusieurs villas-ateliers qui se revendiquent de la Modernité en architecture dont celle-ci où le peintre avait installé son atelier. Sur le net, il est précisé que la grande tour à droite fait fonction d'escalier.
Il avait une vision très personnelle de la rue.
La toile "Rue Gauguet", datée de 1949, est aujourd’hui conservée au Museum of Fine Arts de Boston.
Anne-Marie nous montre le document qui montre que c'est également au numéro 7 de la rue Gauguet que Salvador Dali et Gala s'installeront en juillet 1932.
Propos de Dali
« À notre retour à Paris, nous avons déménagé du 7 rue Becquerel au 7 rue Gauguet. C’était un immeuble moderne. Je considère que ce genre d’architecture est une architecture auto-punitive, l’architecture des gens pauvres - et nous étions pauvres. Donc, comme nous ne pouvions avoir de bureau Louis XIV, nous décidâmes de vivre avec d’immenses fenêtres, et d’immenses tables chromées, beaucoup de verre et des miroirs. Gala avait le don de faire « briller » toutes choses et, au moment où elle entrait quelque part, tout se mettait à étinceler furieusement. Cependant, cette rigidité presque monastique excitait encore plus ma soif de luxe. Je me sentais comme un cyprès poussant dans une baignoire. »
Fin de notre balade dans ce XIVe arrondissement.
Mine de rien, nous avons fait près de 7 kilomètres.