Ce matin, nous avons rendez-vous avec Françoise pour une visite guidée de l'Esplanade de la Défense dans le cadre de l'atelier "Balades urbaines" de Générations 13. Louis, qui est à la maison depuis quelques jours, m'accompagne.
Le rendez-vous a été donné au groupe au métro Esplanade de la Défense à la sortie duquel se trouve une sculpture intitulée "Les hommes de la Cité", œuvre de France et Hugues Siptrott, conçue en 1991. Elle appartient à l'ensemble des créations qui ponctuent l'Esplanade, véritable Musée d'Art contemporain à ciel ouvert.
En haut de l'escalator, on est tout de suite dans l'ambiance avec ces buildings qui s'élèvent toujours plus haut vers le ciel. Ici, ce n'est plus le Paris d'Haussmann avec ses façades en pierre taillée mais celui des architectes des XXe et XXIe siècles qui ont mis le verre à l'honneur.
► Ce qui suit reprend, en partie, les notes auxquelles Françoise m'a gentiment donné accès.
Le chemin que nous allons prendre est calqué sur celui qui menait de Paris à Saint-Germain-en-Laye (axe historique passant par Le Louvre et l'arc de Triomphe de l’Étoile appelé axe Charles de Gaulle).
La Défense est le plus grand quartier d'affaires d'Europe (quatrième au niveau mondial après New-York, Londres et Tokyo). Il abrite les sièges de nombreuses entreprises françaises et étrangères. On peut y admirer différentes architectures et différentes générations de tours mais aussi une foule d'œuvres d'art.
Avant, il y avait des vignes sur ces terrains (colline de Chantecoq) et on a retrouvé des traces de peuplades et de menhirs.
Dans les années 1920, Nanterre ressemblait à ça.
La Défense, érigée à partir des années 1960, est construite sur 4 communes : Puteaux (essentiellement), Nanterre, Courbevoie et la Garenne-Colombes. On voit sur cette carte qu'elle est divisée en 5 secteurs. Si la Défense doit s'étendre, ce sera au sud, sur la commune de Puteaux où l'on parle déjà d'exproprier les propriétaires de petites maisons...
Nous allons nous promener sur une dalle réservée aux piétons : à la Défense, les voitures circulent en sous-sol.
Nickel !
Les tours de la Défense portent soit un nom soit un numéro, soit les deux. Cette tour, derrière le bassin Takis, est la première à avoir été construite (en 1965). On l'appelle la tour Initiale (anciennement tour Nobel) et elle porte le numéro PB31 (P pour Puteaux, B pour Bureaux et 31 comme numéro sur le cadastre).
Le bassin Takis est ainsi nommé car il est l’œuvre de l'artiste grec, Vassilakis Takis, qui l'a créé en 1988. Il est pourvu de 49 tiges métalliques, d'une hauteur variant entre 3,5 et 9 m dont les extrémités sont munies de formes géométriques colorées et de feux clignotants, eux-mêmes de couleurs diverses. L'EPADSESA (Établissement public pour L'aménagement de la région de la Défense) avait demandé une œuvre visible de jour et de nuit, par les piétons, les habitants des immeubles alentour et les automobilistes. Depuis 2009, Defacto entretient les espaces publics et assure animation et promotion du quartier.
La Défense n'est pas statique : des tours sont encore en construction comme celle-ci dont je n'ai pas réussi à trouver l'entreprise qu'elle va abriter.
Difficile de connaître le nom de toutes les tours qui, pour la plupart sont des tours de bureaux. Il se pourrait que celle-ci soit la tour Alto (?)
On a parfois l'étrange impression que les tours vont tomber ou qu'on est à Pise mais..., il n'en est rien. Il me semble me souvenir que celle de droite est la plus haute de la Défense et même de France, la tour "First" (1974 - 231 m).
Françoise nous montre un banc géant (2,5 fois l'original), une autre œuvre d'art du quartier, Madeleine donnant l'échelle.
Seul Louis arrivera à l'escalader !
Nous laissons derrière nous la tour Initiale avec l'Arc de triomphe à gauche et la tour Eiffel à droite pour emprunter sur 1,5 km un axe appelé Charles de Gaulle qui conduit à la Grande Arche de la Défense.
En direction de la Grande Arche
Cette cheminée d'aération de 32 mètres de haut est devenue une œuvre d'art : elle a été décorée par Raymond Moretti. L'artiste a utilisé 672 tubes en fibre de verre de 2 à 30 centimètres de diamètre, peints de 19 couleurs différentes pour réaliser son œuvre d'art.
Avec ce soleil, certes on ne voit pas les nuages mais on voit de beaux reflets.
A propos de verre, voici la tour Saint-Gobain, enfin... le bas !
En entier (photo SYS & COM)
Un immeuble d'habitations cette fois-ci en béton armé : on parle ici de style "brutaliste".
Cette autre tour, arrondie, porte le doux nom de tour Cornichon - on l'appelle aussi la tour D2 - (D pour Défense et 2 pour 2 cabinets d'architectes). Elle a été inaugurée début 2015 et remplace une autre tour qui a été démolie. Comme quoi à la Défense, rien n'est définitif !
Françoise nous montre ici une œuvre d'art qui dort actuellement dans les sous-sols (40.000 m²) depuis sa création en 1973: il s'agit du "Monstre" de Moretti.
L’œuvre du sculpteur devrait revoir le jour très bientôt sur la dalle.
"La Terre" de Louis Derbré : Les deux personnages en bronze rappellent le mouvement du globe en évoquant toute la puissance de la vie, thème cher à l’artiste issu du milieu agricole.
"Dans les traces de nos pères" de Joseph Jankovic
(béton composite polyester, peinture - 1992)
Nous avons remarqué les jolis entourages des jardinières de cet espace où la nature s'exprime timidement au sein de cet environnement bétonné.
On dirait bien qu'il s'agit d'une chaîne humaine...
Les panneaux indicateurs sont une nécessité pour se repérer dans la Défense qui est une vraie ville dans la ville.
"L'oiseau mécanique" (acier inoxydable) - 1972 - Philolaos, artiste grec
"Les Nymphéas" (acier inoxydable) - 1972 - Philolaos
Où que l'on regarde, on doit lever les yeux comme ici pour admirer la tour Carpe Diem (166 mètres de haut - 3000 personnes y travaillant).
La tour Coeur Défense de Jean-Paul Viguier (2001) a remplacé la tour Esso qui a été démolie elle aussi. Elle est située sur la commune de Courbevoie et représente 160.000 m² de bureaux.
On arrive dans le "dur" avec la Grand Arche, précédée d'une sculpture qui a donné son nom à ce quartier de la Capitale.
Le groupe sculpté de "La Défense de Paris" dû à Louis-Ernest Barrias a été érigé en 1883 à la gloire des soldats qui défendirent la capitale lors de la guerre contre l'Allemagne en 1870. Il a été implanté ici pour le centenaire de la sculpture, en 1983.
Reflets
La tour Légende, ou tour PB6 comme diraient les employés qui y travaillent (rappelez vous : P pour Puteaux, B pour Bureaux et 6 pour son emplacement cadastral), a été construite par l'équipe d'architectes de Pei. La caractéristique principale de la tour réside dans l'extrusion d'une forme conique sur les 26 premiers étages de l'entrée nord ; la tour est donc plus longue à son sommet qu'à sa base.
Une audacieuse architecture
L'entrée nord est également surmontée d'un auvent circulaire de 24 mètres de diamètre.
Je rêve ou j'ai la tête qui tourne... ?
La voie royale de Paris relie l'arc de Triomphe de l’Étoile à la Grand Arche de la Défense.
Un petit arrêt devant la fontaine de Agam
La fontaine monumentale de Yaacov Agam, artiste israélien de l'art cinétique (art qui propose des œuvres avec des parties mises en mouvement par l'effet du vent) en émaux de Venise : c'est un vrai miroir d'eau, comme à Bordeaux !
De dimensions impressionnantes (57m sur 26m, déversoir de 72m), pourvue de 66 jets d'eau montant à 15m, elle fait face à la Grande Arche. Tout comme à Versailles on peut parfois y voir et y entendre des grandes eaux musicales.
On aime ou on n'aime pas...
"La Défonce" de François Morellet : un ensemble de barres d'acier qui composent une forme rectangulaire simple, inclinée et à moitié enfouie dans le sol. L'une des barres transperce un bâtiment situé à proximité.
"Point croissance", une sculpture de l'artiste japonais LIM Dong-Lak (2006) en acier et en bronze : Créée en 1999, elle représente une jeune pousse émergeant d’un globe d’inox sorte de graine cybernétique.
Naturellement, le visiteur s'y photographie.
Nous laissons derrière nous 5 générations de tours...
En direction du CNIT : à droite, la tour Areva (ou tour CB1) - 1974 : sa façade est recouverte de granite sombre dont les fenêtres sont en verre fumé et qui s'élargissent avec l'altitude pour limiter l'effet de hauteur.
Au premier plan, "l'araignée Rouge" ou "Le grand stabile rouge" de Calder, sculpteur américain : 15 m, 75 tonnes, art cinétique, en acier (1976)
L'araignée rouge apparaît dans un film d'horreur "La nuit des traqués" de Jean Rollin avec Brigitte Lahaie (1980).
J'ai eu le coup de foudre pour ces luminaires que j'ai vus depuis dans plusieurs endroits de la capitale (devant la gare Montparnasse entre autres). L'intérêt, c'est qu'on peut y faire grimper de la végétation.
En contrebas, un morceau du mur de Berlin
"Le grand Toscano" d'Igor Mitoraj, sculpteur polonais (1983)
Sculpture néo-classique qui évoque les ruines archéologiques grecques et romaines.
Le Cnit (Centre des nouvelles industries et technologies) est le premier bâtiment construit à la Défense en 1958. Il a fait depuis l'objet de deux restructurations (en 1988 et 2009).
Cliquez pour agrandir la photo.
La tour Sequoia abrite le ministère de la Transition écologique.
"Dieu a une adresse à la Défense" : ce n'est pas moi qui le dit, c'est la Maison d’Église Notre-Dame de Pentecôte. L'église est fermée le dimanche car elle n'est fréquentée que par les gens qui travaillent ici. Elle possède une chorale de Gospel qui se produit plusieurs fois par an.
Une brève visite et une occasion de se soulager...
La Vierge en prière le jour de la Pentecôte du sculpteur Etienne
Nous ne ferons que traverser le Cnit : Françoise nous explique que sa voûte est auto-portée, c'est à dire quelle ne comporte aucun pilier (rapportée à son échelle, la voûte est 20 fois plus mince qu’une coquille d’œuf).
Le chantier du Cnit en 1958
On imagine les savants calculs et l’ingéniosité dont il aura fallu faire preuve.
Le Cnit est maintenant devenu un espace de bureaux (Sncf) et de commerces (Fnac, Hôtel Hilton).
Paris 2024 est passé par là...
A la sortie du Cnit, un des multiples exemplaires du Pouce de César (1981)
La hauteur de la sculpture en bronze est de 12 mètres et pèse 18 tonnes. Symbole phallique, il s'agit d'une commande de la Galerie Claude Bernard dont le thème était "La main, de Picasso à Rodin". Cela a inspiré le sculpteur qui a agrandi son propre pouce quarante fois et en a fait une première version en résine rose translucide.
Dernier regard sur le Cnit
En direction de l'Arche
Au centre, la tour Hekla (nom d'un volcan islandais) ou tour Rose de Cherbourg (2022) de Jean Nouvel : le célèbre architecte nous a habitués à ses tours totalement déstructurées...
"La ronde des Manches à air", œuvre de Daniel Buren
Cette œuvre de l'art cinétique entoure le "cratère" de l'Espace Grande Arche au sein duquel se trouve la Cité de l'Histoire (expérience immersive de l'histoire de France et du monde mais entrée assez chères : 25 euros).
Seize mâts de 10 m de haut en acier galvanisé sont implantés à intervalles réguliers, au sommet desquels sont fixées des girouettes en inox et des manches à air multicolores, en tissu polyester composé de bandes verticales alternativement blanches et colorées de 8,7 cm. Ces gigantesques manches à air de plus de quatre mètres de long, tournent continuellement en suivant la direction du vent, élément prédominant sur l’esplanade. À la tombée du jour, elles se transforment en œuvres lumineuses grâce aux leds placées à l’intérieur des cônes.
La Grande Arche (110 mètres de haut) est l’œuvre d'un architecte danois, Otto Von Spreckelsen. Faite de béton, acier, verre et granit, elle est inaugurée en 1989 par François Mitterand pour le bicentenaire de la révolution et abrite uniquement des immeubles de bureaux. L'espace événementiel et le restaurant gastronomique, La City, qui se trouvaient dans son Toit ont été fermés définitivement en 2023.
Nous en faisons le tour.
Nettement moins de monde sur les marches côté ombre...
Et disons Adieu à la Défense.
Merci Françoise pour cette visite passionnante !