☻ Sur la route de La Coudalère (2017) : Le Palais du Facteur Cheval à Hauterives
24 août au 6 septembre 2017 - Nous voici arrivés à Hauterives, dans la Drôme où vécut un certain Ferdinand Cheval.
À la mort de son père en 1855, Ferdinand Cheval, alors âgé de 19 ans, laisse l'exploitation agricole de Charmes-sur-l'Herbasse à son demi-frère, déjà marié et père de famille. Il travaille d'abord comme boulanger puis comme ouvrier agricole dans la région, avant de devenir employé des postes en 1867, grâce à sa maîtrise de la lecture, acquise durant la modeste instruction qu'il reçut jusqu'à l'âge de 12 ans. Muté dans le village voisin de Hauterives deux ans plus tard, le facteur Cheval y restera toute sa vie.
Tout commence en avril 1879 quand, alors âgé de 43 ans, faisant sa tournée de facteur rural dans la Drôme, il butte sur une pierre si bizarre qu'elle réveille un rêve. Véritable autodidacte, il va consacrer 33 ans de sa vie à bâtir seul, un palais de rêve dans ce qui était à l'origine son potager, inspiré par la nature, les cartes postales et les premiers magazines illustrés qu'il distribue.
Parcourant chaque jour une trentaine de kilomètres pour ses tournées en pleine campagne, il va ramasser des pierres, aidé de sa fidèle brouette. En solitaire, incompris, il inscrit sur son monument "travail d’un seul homme". Son palais de rêve est achevé en 1912.
On accède au Palais idéal en passant sous cette jolie tonnelle.
Au coeur d’un jardin luxuriant, il imagine un palais inhabitable, peuplé d’un incroyable bestiaire - pieuvre, biche, caïman, éléphant, pélican, ours, oiseaux… Mais aussi des géants, des fées, des personnages mythologiques ou encore des cascades, des architectures de tous les continents.
Une oeuvre architecturale aussi inclassable qu’universelle.
C'est par la façade Est que le Facteur Cheval démarre la construction de son Palais. Il commence au centre par la Source de Vie sur laquelle veillent un lion et un chien.
Elle constitue une sorte d’hommage aux grottes rustiques du XVIIe siècle. Deux ans furent nécessaires à sa réalisation. Entièrement construite avec des coquillages, escargots ou coquilles d’huîtres, elle est une parfaite représentation du monde ruisselant de l’eau et de la mer.
Il poursuit par la droite, édifiant successivement la grotte de Saint-Amédée, Socrate, le temple égyptien, des architectures du monde ainsi qu'un tombeau à double dalle, où il imagine d'être enterré. Pour des raisons de salubrité publique, sa demande lui est refusée.
Afin d'équilibrer sa façade, il bâtit à l'autre extrémité le temple Hindou, où s'entremêlent d'étranges animaux, et une niche pour sa fidèle brouette.
Honneur à sa brouette
Un peu partout dans son Palais idéal, Ferdinand Cheval laisse des messages écrits.
Viennent ensuite les 3 géants, César, Archimède, et vercingétorix. Au sommet, il réalise sa Tour de Barbarie, luxuriante et exotique. Il consacre 20 ans à cette façade totalement baroque et foisonnante.
Il poursuit par la façade Sud, constituée principalement d'un musée antédiluvien, où il range les pierres qui lui tiennent à coeur. On y aperçoit un arbre minéral remarquable, habité de drôles d'oiseaux, et de petits animaux.
L'arbre minéral
Le Palais vu sous l'angle Sud-Ouest
Le Facteur Cheval avait une vision multiculturelle du monde. Est-on dans l'Inde, en Orient, en Chine, en Suisse : on ne sait, car les styles de tous les pays et de tous les temps sont confondus et mêlés.
Voici la Mosquée
"La vie est un océan de tempêtes, entre l'enfant qui vient de naître et le vieillard qui va disparaître".
Temple Hindou à gauche ; Château Suisse à droite
Comme vous le voyez, on peut monter à l'intérieur du Palais idéal...
C'est par la façade Nord que Ferdinand Cheval achève son Palais idéal : il est ici au sommet de son art. Les modelages sont d'une grande richesse et la façade foisonnante. Serpents, biche, caïman, pélican, grenouille, Phénix, minotaure et autres figures étranges, répétitives y cohabitent sous l'oeil d'Adam et Eve. Il est ici question d'enfer, de paradis, de la vie, de la mort.
Eve et les serpents
Des petits messages sur cette partie de la sculpture...
Des petits messages...
et une signature
Montons maintenant... (escalier de la façade Est)
On s'amuse bien à l'intérieur !
Génie de la création...
J'ai pris cette photo et... elle est aussi en carte-postale !
Les visiteurs ont aussi accès aux tunnels que le Facteur Cheval a créés. Un petit plan "spécial enfant" leur permet de découvrir tous les animaux et les végétaux qui y ont été sculptés.
"La vie est un rapide coursier. Ma pensée vivra avec ce rocher".
Est-ce que Ferdinand Cheval s'est représenté ici... ?
Cadran solaire
"Chaque fois que tu mes regardes, tu vois ta vie qui s'en va"...
Un musée explique le travail du Facteur Cheval et cite les artistes qui lui ont rendu hommage. Sur le mur, les écrits de l'artiste ont été reproduits.
Voici le plan qu'il en a fait avant de commencer à attaquer le travail...
Une maquette du Palais trône au milieu de l'une des salles. Tout autour, ce sont les hommages rendus au Facteur Cheval par tous les artistes (entre autres : Breton, Picasso, Tinguely, Niki de Saint Phalle).
Reconnue comme une œuvre d’art à part entière par différents courants artistiques, on dit souvent du Palais idéal du Facteur Cheval qu’il s’agit d’un œuvre inclassable. Une œuvre qui fut classée monument historique en 1969 par André Malraux.
Il sera considéré vers 1920 comme un précurseur de l’architecture surréaliste par André Breton, qui viendra à plusieurs reprises visiter le Palais idéal.
En 1945, Jean Dubuffet fait émerger le concept de l’art brut «Nous entendons par Art Brut des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, … Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions…». Il reconnaîtra Ferdinand Cheval comme un véritable pionnier de l’art brut.
Vous en voulez encore ? Non... Nous si !
Alors nous sommes allés visiter le cimetière d'Hauterives... et avons découvert la tombe du petit facteur, à la hauteur de son imagination, débordante d'inventivité.
A l'intérieur sont inhumés le Facteur Cheval et d'autres membres de sa famille dont son fils.
Très "nouille" tout de même, non ? Je préfère le Palais idéal.
Et maintenant, direction la chambre d'hôtes que j'ai retenue à Romans-sur-Isère. Son nom, La Passerelle est très approprié, vous verrez. C'est Barbara qui nous y accueille très gentiment. En plein centre et très originale: elles ont été faites dans une ancienne menuiserie... et nous sommes à l'étage !
Sympa, non ?
C'est simple mais le lit est excellent : une bonne nuit en perspective, au calme.
Mais avant d'aller dormir, il nous faut visiter la ville (rapidement) et dîner.
Le restaurant, c'est Barbara qui nous l'a conseillé : le Bar à Vins sur la Place Jules Nadi (vous saurez tout tout tout sur notre voyage : faute de mémoire, je note tout.).
Nous y avons naturellement mangé des ravioles, la spécialité du Dauphiné.
La ville de Romans est bordée par l'Isère et de l'autre côté, c'est Bourg-de-Péage.
Un petit mais joli centre historique
La Place aux herbes
Le parvis de la Cathédrale Saint-Barnard
Quelques beaux chapiteaux de colonnes
L'Annonciation
Femme portant une balance : peut-être le signe du Zodiaque ?
Deux masques aux yeux exorbités, à la lèvre pendante et aux oreilles décollées...
L'orgue date de 1843. Il est surmonté de la statue de Saint Barnard.
On se croirait à la campagne dans les rues derrière la Cathédrale.
Montée vers la Place Jacquemart
La place s'appelle ainsi à cause du Jacquemart qui surmonte la tour.
Au XIVè siècle, les Romanais, à l’instar des grandes villes de France, voulurent avoir une horloge publique et les consuls résolurent de faire élever la tour de la forteresse pour y placer un mécanisme d’horlogerie avec cadran et sonnerie. L’oeuvre fut rapidement menée à bonne fin ; le mécanisme fut placé sur la tour et, pour sonner les heures, on plaça un automate en bois armé d’un marteau de fer. A cette époque, on appelait par dérision Jacques Bonhomme le paysan qui supportait les corvées sans se plaindre. L’automate fidèle à la mission qui lui était confiée fut baptisé Jacques et on ajouta Marteau à cause de l’instrument dont il était muni. Jacques Marteau est devenu depuis par corruption Jacquemart.
Ce fut au milieu de la satisfaction et de la curiosité générale que le consciencieux bonhomme de bois fit résonner sa cloche pour la première fois, le 2 mars 1429.
La tour mesure 37 mètres de haut.
Le Jacquemart de Romans-sur-Isère est l'un des plus grands de ceux qui subsistent aujourd’hui dans près d’une cinquantaine de villes françaises.
Son uniforme actuel est celui des volontaires de 1792.
Romans est la ville de la chaussure aussi...
Demain matin : départ pour le sud...