☻ Visite de l'Hôtel Nissim de Camondo avec Générations 13
14 janvier 2022 - Aujourd'hui, nous avons fait tous les deux une sortie très culturelle qu'Anne-Marie proposait dans le cadre de l'atelier "Petites promenades dans Paris" de notre association, Générations 13. Il s'agit de la visite guidée du musée Nissim de Camondo, situé en bordure du parc Monceau dans le 8ème arrondissement de Paris. Comme de coutume, elle a fait appel à l'association "Paris art et histoire" pour en assurer le guidage. Michèle Mazure est aux commandes pour une découverte très approfondie de l'histoire de cette famille de Camondo et de son riche patrimoine.
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Nissim de Camondo est issu d’une famille juive séfarade qui, chassée d'Espagne en 1492 à l'époque de l'inquisition, va émigrer à Venise pour venir finalement s'implanter à Constantinople où elle va exercer le rôle de banquier de l'Empire Ottoman (on les appelait "les Rothschild de l'Orient"). La famille Camondo est anoblie en 1867 par Victor-Emmanuel II en remerciement de son soutien financier à la réunification de l'Italie.
Vue de Constantinople, quartier de Galata
Le comte Abraham-Salomon Camondo, fondateur de la dynastie (vers 1868) est un homme moderne qui contribue à la construction de la partie européenne de Constantinople. Une rue, des immeubles, des escaliers, des bains vont porter son nom. Philanthrope actif, ouvert et généreux, il se préoccupe de l'intégration de sa communauté au sein de l'Empire Ottoman et s'attache à la mettre sue la voie de la modernité par le biais de l'éducation.
Ses deux petit-fils, Nissim et son frère Abraham Béhor, s’installent à Paris sous le Second Empire (en 1869) où ils font construire deux Hôtels particuliers sur deux parcelles voisines de la rue Monceau. Le fils de Nissim, Moïse (1860/1935), passionné par l’art du 18ème siècle, fait détruire la construction précédente et confie en 1911 à René Sergent la reconstruction de l’hôtel familial, rue Monceau, dans un style inspiré d’Ange-Jacques Gabriel dont cet architecte s’était fait une spécialité.
Grand collectionneur, Moïse de Camondo réunit au 63 rue Monceau meubles, boiseries, tableaux, objets d’art du 18ème siècle français et, à sa mort, lègue l’ensemble à l’Union centrale des Arts décoratifs sous réserve que soit créé dans son hôtel un musée ouvert au public et qu’il porte le nom de Nissim de Camondo, en souvenir de son fils, aviateur abattu en Lorraine en 1917.
Nous ne sommes que douze à participer à cette sortie culturelle : le variant Omicron de la Covid, dont on dit qu'il est particulièrement contagieux, en fait encore hésiter certains.
La façade du musée donne sur la rue Monceau.
Voici une gravure de l'Hôtel voisin ayant appartenu à Abraham Béhor de Camondo : il est actuellement caché par des échafaudages (vue depuis la cour). Au terme d'une succession difficile, cet hôtel est vendu en 1893 à Gaston Menier (1855-1934), propriétaire de la célèbre chocolaterie de Noisiel. De la cave au grenier, tout est mis aux enchères.
Il est actuellement occupé par la Banque Morgan-Stanley : décidément, le bien passe de banquier à banquier... Il faut dire que le prix du m² rue Monceau est tout de même de 15.000 euros.
Revenant à nos moutons : passé le porche du 63 rue Monceau, sous lequel se trouve une plaque indiquant le legs de son hôtel particulier par Moïse de Camondo à l'Union des Arts Décoratifs et le destin tragique de ses deux enfants,
nous voici entrés dans la cour, face à une réplique presque parfaite du Petit Trianon de Versailles.
Waouuuuuh...
L'une des deux portes grises pleines sur l'aile gauche donnait autrefois sur le garage où Moïse de Camondo rangeait ses voitures de collection (Panhard, Bugatti, Daimler, Mercédes, Hotchkiss...).
L'autre côté de la cour
L'Hôtel possède deux étages au-dessus du rez-de-chaussée : ce sont les étages nobles. La domesticité du comte de Camondo était logée dans des combles, au-dessus de la balustrade.
L'actuelle administration du musée est abritée dans ces locaux donnant sur la rue Monceau où étaient logés également autrefois les domestiques.
Le Rez-de-chaussée
La visite peut maintenant commencer : Michèle Mazure nous présente tout d'abord le rez-de-chaussée et en particulier ce couloir éclairé par de larges ouvertures donnant sur le vestibule d'honneur de l'Hôtel.
Deux tableaux d'Hubert Robert surmontant d'élégantes consoles en marbre le décorent (Photo Monick).
Elles encadrent une pièce exceptionnelle : ce régulateur est capable de donner l'heure à la seconde près grâce à une petite aiguille ornée d'une lune !
Dans sa partie basse, un joli motif représente Bacchus enfant tenant une grappe de raisin, sous l'œil de sa mère.
De jolis jeux de lumière dans ce couloir
Celui-ci donne accès à un vestibule dont l'escalier d'honneur orné d'une "serrurerie" splendide conduit au premier étage.
D'élégants bras de lumière en bronze ciselé de Jean-Louis Prieur (vers 1766), éclairent le vestibule. Ils proviennent du château royal de Varsovie.
Toujours dans le vestibule...
On y trouve aussi un très joli cartel en bronze ciselé et doré attribué à Robert Osmond (1711-1789).
Mais pour l'heure (sans jeu de mot !), nous restons au rez-de-chaussée pour aller visiter les cuisines qui se trouvent de l'autre côté de l'escalier d'Honneur.
Au passage, cette fontaine en marbre rouge-royal (de Hautmont en Belgique) et plomb doré (vers 1750-1760)
L'hôtel particulier des Camondo possédait un ascenseur.
La cuisine
La cuisine de l'Hôtel de Camondo est entièrement carrelée du sol au plafond et possède des angles arrondis pour permettre un meilleur nettoyage et la retombée de la buée due à l'humidité de la pièce.
Le fourneau de nos grands-mères et la batterie de casseroles en cuivre revisités à la taille d'un hôtel particulier ! - (Photo "unguideaparis.com")
J'ai craqué sur la bassine en cuivre et ses petits noeuds noeuds.
La rôtissoire, imposante elle aussi.
Dans un angle, un modeste évier décoré ici par des fruits artificiels, œuvre de Ewa Jacobs (fruitsdecoratifs.odexpo.com). Ce sont de véritables œuvres d'art, réalisées en cire/paraffine. Ils sont présents au musée Nissim de Camondo mais aussi dans plusieurs châteaux de France et même d'Europe.
Si vous voulez vous en procurer, ils sont vendus dans le quartier du Marais à la boutique "Au Débotté".
On en mangerait, non ?
Dans l'arrière cuisine, encore de la casserolerie et un évier à deux bacs cette fois-ci.
Ce dernier, muni sur la droite d'une double paroi, permet de maintenir l'eau chaude plus longtemps...
Attenante à la cuisine, la "Salle des gens" qui permettait au personnel de prendre ses repas. La table est mise pour 12 couverts mais il y avait peut-être une rotation ?
Avant de quitter la cuisine, un coup d'œil sur le tableau d'appel du personnel qui était relié aux différentes pièces de l'Hôtel et qui permettait de localiser les appels des maîtres (il y en avait dans les principales pièces de service). On pouvait ainsi recevoir un appel de Monsieur le comte ; de Madame ; de Mademoiselle ; du fumoir ; de la bibliothèque ; du Grand salon etc...
Et des pièces, il y en a ! Michèle Mazure va nous les faire toutes visiter, par le menu... Pour cela, il faut monter l'escalier d'Honneur.
Au passage, nous regardons un fauteuil que je n'aurais peut-être pas particulièrement remarqué (il y a tant à voir...) si notre guide ne nous l'avait détaillé. Il date évidemment du 18ème siècle puisque nous nageons dans ce siècle et possède des accoudoirs très originaux en forme de tête de bélier.
Mais ce en fait la valeur, c'est surtout le bas de l'assise en bois travaillé à la manière d'une frange de tissu. Avouez qu'il fallait le faire !
A côté une statue de "Vénus et l'Amour" très gracieuse
Dans la montée d'escalier, aux deux angles formés par le mur du fond se trouvent deux meubles d'angles ou "laques" (meubles ayant reçu plusieurs couches de laque successives et étant décorés par des effets de gravures, de peinture ou de dorure).
Moïse de Camondo avait un goût prononcé pour la symétrie : il achetait presque toujours les objets en double.
Nous voici à mi-étage.
Dans la montée d'escalier, une tapisserie de la manufacture des Gobelins (vers 1680) en laine et soie. Le motif central présente les armes de France soutenues par deux figures ailées sur fond fleurdelisé.
La visite se poursuit par le rez-de-chaussée haut avec le Grand bureau.
C'est la première pièce que nous découvrons. Ne vous attendez pas à du dépouillement, ce n'est pas la mode au 18ème siècle et cet Hôtel est avant tout un lieu où Moïse de Camondo accumule tous les meubles et objets qu'il a collectionné et réunis pendant toute une vie.
On peut y voir deux chaises recouvertes de velours bleu estampillées de Jean-Baptiste Claude Sené que l'on pourrait prendre pour des Prie-Dieu mais pas du tout, ce sont des "chaises voyeuses" qui permettaient aux invités de s'agenouiller devant les tables de jeux pour suivre les parties plus confortablement.
Vous remarquerez qu'il y a aussi dans ce bureau deux fauteuils et deux petits guéridons...
Cette photo vous permet de voir que le grand miroir qui orne le dessus de la cheminée est un miroir en deux parties (j'ai oublié le nom qu'on lui donne) : à cette époque on ne savait pas faire de très grands miroirs. La cheminée est encadrée par deux tapisseries de la manufacture d'Aubusson représentant les Fables de La Fontaine.
Dans la pièce également, quatre autres tapisseries des Fables de la Fontaine. Tissées dans l'atelier De Menou (vers 1775-1780), elles ont pour sujet : "le loup, la mère et l'enfant", "le lion amoureux", "rien de trop", "les poissons et le berger qui joue de la flûte", "le renard et la cigogne" et "le loup et la cigogne".
Celle-ci, située à droite de la cheminée, doit être "Le lion amoureux".
Sur un mur, près de la fenêtre, un tableau d'Elisabeth Vigée Lebrun intitulé "Bacchante" (vers 1785). Ce sujet mythologique est exceptionnel dans l'œuvre de la portraitiste attitrée de Marie-Antoinette. Toutefois, prétexte au rendu du charme d'un nu féminin, il connut un vif succès qui poussa l'artiste à en peindre une seconde version. (Photo site du musée Nissim de Camondo)
C'est dans le Grand bureau que Moïse de Camondo a choisi d'exposer des photos de son fils Nissim, abattu par un avion allemand en 1917. Et toujours cette symétrie qui lui tenait tant à cœur.
Dans le Grand bureau également, un meuble assez exceptionnel : un secrétaire à cylindres estampillé de Claude-Charles Saunier (vers 1780)
Le secrétaire repose sur quatre pieds fuselés à cannelures rudentées et ouvre par cinq tiroirs en ceinture et trois tiroirs au-dessus du cylindre. Celui-ci dégage un plateau coulissant solidaire de huit tiroirs, dont quatre feints, surmontés d'un casier ; deux tirettes sur les côtés.
Un autre très joli tableau dans ce Grand bureau, c'est celui de Geneviève-Sophie Le Couteux du Molay également par Elisabeth Vigée Lebrun (1788).
Le meuble au-dessus duquel il est accroché est une commode à rideaux estampillée de Jean-Henri Riesener (vers 1775-1780) : au-dessous de trois tiroirs en ceinture, deux rideaux à lamelles coulissent pour découvrir quatre tiroirs. Au centre, un bouquet fait d'une très belle marqueterie.
Un lustre aux pendeloques de cristal éclaire naturellement la pièce.
Le Grand salon
Nous voici maintenant entrés dans le Grand salon qui est également un véritable musée, avec beaucoup de symétrie aussi comme vous pouvez le deviner.
Il s'agit d'une grande pièce en angle ouvrant sur un jardin de buis.
La boiserie blanc et or provient du salon de compagnie du comte de Menou. Elle est particulièrement travaillée au-dessus des portes.
De chaque côté de la cheminée de marbre blanc, deux médaillons par François-Hubert Drouais (1789) représentent les portraits des deux fils du marquis de Serent qui était le gouverneur des fils du comte d'Artois. Ils ont été achetés en 1920 par Moïse de Camondo.
Sur le guéridon rond au premier plan, une bouteille à saké en bronze laqué japonais du 16ème siècle monté sur un socle en bronze doré par François Rémond (1783), le grand bronzier du règne de Louis XVI. Elle représente des feuilles de Paulownia, un arbre que l'on trouve au Japon. (Photo site musée Nissim de Camondo)
De part et d'autre de la cheminée une paire de vases couverts en bois pétrifié qui ont cela d'original que leurs anses sont formées de serpents entrelacés en bronze doré remarquablement ciselé. Ils firent partie des collections de Marie-Antoinette à Versailles, placés dans l'armoire de la salle de bain de la Reine. Cette dernière, inquiète à juste titre de la tourmente révolutionnaire, avait confié à son fournisseur Daguerre, dès le 10 octobre 1789, ses collections d'objets précieux. Mis en vente en 1798, sous le Directoire, ils réapparaissent en 1841 lors de la vente du baron Roger avant de devenir l'un des fleurons de la collection de Moïse de Camondo.
Dans ce Grand salon, un mobilier estampillé Georges Jacob (vers 1780-1785) composé de deux canapés, une marquise, dix fauteuils et un écran.
Egalement, une table à gradin dite "Bonheur du Jour" en bois de rose. La ceinture, le plateau et le gradin de ce meuble estampillé de Martin Carlin (vers 1766) sont ornés de dix-sept plaques de porcelaine de Sèvres à bouquets de fleurs sur fond blanc dans des encadrements verts et or enchâssés dans des montures de bronze.
Le marchand Simon-Philippe Poirier avait livré une table semblable à Madame Du Barry et la comtesse d'Artois, belle-sœur du roi Louis XVI, en possédait également une.
J'en terminerai avec le Grand salon par ce paravent de la manufacture de la Savonnerie (vers 1735-1740) qui m'a tapé dans l'œil en entrant dans la pièce.
Ses panneaux sont ornés de cornes d'abondance remplies de fleurs qui mettent en valeur des oiseaux en vol.
Joli, non ?
Le salon des Huet
Nous avons maintenant changé de pièce mais restons dans le luxe avec ce salon des Huet, de forme ovale qui a été spécialement conçu pour y recevoir la suite de panneaux peints de scènes champêtres par Jean-Baptiste Huet.
Le mobilier de salon, estampillé de Jean-Baptiste Claude Sené (vers 1770-1780), est constitué comme toujours d'un nombre pair : huit fauteuils à la reine, deux bergères en cabriolet et un canapé. La console en bronze argenté et doré au dessus en marbre vert d'Egypte est datée vers 1765-1770.
Les accoudoirs du petit canapé bleu sont particulièrement finement sculptés.
La salle à manger
Nous voici donc ici dans un lieu particulièrement fréquenté par les invités de Moïse de Camondo, la salle à manger. Celle-ci est lambrissée de boiseries peintes en vert. Michèle Mazure nous a expliqué que le vert était une couleur à la mode au 18ème siècle car déjà rappelant la nature : écolos avant l'heure !
J'ai remarqué ces superbes sculptures surmontant les colonnes de marbre rose.
Au centre de la table, dressée pour huit couverts mais pouvant en accueillir douze,
un Pot à oille en argent (1770-1771). Il s'agit d'une ancienne soupière circulaire destinée à contenir le ragoût ou oille, plat fort à la mode aux 17 et 18ème siècles. Evidemment, on est ici dans le "grand monde"... (Photo site musée Nissim de Camondo)
Une bien belle table...
Le menu du 9 juin 1933 auquel Moïse de Camondo convia ses invités ne m'a pas toutefois spécialement impressionnée vus les repas auxquels j'ai pu participer dans ma jeunesse (dans les années 60) qui étaient tout aussi consistants mais bien sûr réservés aux fêtes...
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Melon glacé
Filets de sole Murat
Poulets pochés à l'estragon
Riz créole
Pièce de boeuf à la gelée
Salade de Romaine
Petits pois à la française
Paillettes au parmesan
Fromage
Granit à la cerise
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Une jolie fontaine
Buste de femme noire : bronze patiné par Pierre-Philippe Thomire d'après Jean-Antoine Houdon (début du 19ème siècle)
Ce buste d'esclave noire porte des boucles d'oreilles, dites créoles, seul bijou alors autorisé aux femmes esclaves dans les Antilles françaises. L'inscription sur le socle fait référence à son affranchissement, en application du décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794 décidée par la République française, alors réunie en Convention nationale.
Autrefois intitulé "Buste de Négresse", ce titre devenu à la fois choquant et inacceptable a été changé pour celui de "Buste de femme noire" afin de rendre pleinement à cette œuvre sa noblesse, son originalité et sa modernité.
Le Cabinet des porcelaines
Cette porte donne accès au Cabinet des porcelaines spécialement aménagé par Moïse de Camondo pour présenter et mettre en valeur sa collection des différents services Buffon en porcelaine de Sèvres. C'est dans cette pièce que le maître de maison prenait ses repas quand il était seul.
Le millier de planches gravées qui accompagne "L'Histoire naturelle des Oiseaux" publiée entre 1770 et 1783 par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, allait devenir une source quasi inépuisable de modèles pour les peintres de la manufacture de Sèvres, notamment pour le décor de services ornithologiques dit "Buffon".
Ici, devant les assiettes, un service à glaces...
Et là, un objet destiné à recevoir les verres des convives pendant les cocktails (?) Il faudra que je redemande l'explication exacte à Michèle Mazure.
Depuis la salle à manger, on a une jolie vue sur les jardins. Ceux-ci ont été dessinés par Achille Duchêne (1866-1947), paysagiste renommé pour la restauration et la création de grands parterres de broderies des châteaux et de nombreux jardins de ville, notamment à Paris.
Une jolie niche qui abrite un élégant trio de putti...
Le Petit bureau
Les murs de cette petite pièce, également appelée "Salon anglais", sont tendus d'une soie cramoisie.
Voici maintenant l'escalier, plus modeste, qui permet d'accéder à l'étage supérieur, où se trouvaient les appartements privés du comte de Camondo et de ses enfants (le comte était divorcé).
Vue plongeante sur le rez-de-chaussée haut
Le Salon bleu
C'était autrefois la chambre de Béatrice de Camondo. Moïse en fit à partir de 1924 et jusqu'à sa mort en 1965 une pièce qui lui servit de bureau. Le tapis a été exécuté par les ateliers de la Savonnerie.
Même si les peintures semblent plutôt tirer sur le vert, elles étaient bleues originellement.
On trouve dans cette pièce un tableau amusant intitulé "Les gentilshommes du duc d'Orléans dans l'habit de Saint-Cloud". Le peintre, Félix Philippoteaux (1815-1884), qui semble ne pas savoir dessiner les visages..., a fait figurer les personnages de dos ! (Photo site musée Nissim de Camondo)
Un tableau historique cette fois-ci : La Samaritaine et le Pont-Neuf par Jean-Baptiste Raguenet (1755)
Il s'agit de la pompe de la Samaritaine, une machine édifiée sur le pont neuf pour apporter l'eau de la Seine au Louvre.
La Bibliothèque
Les boiseries en chêne naturel sculpté de la bibliothèque ont déterminé la hauteur de cet étage et créent une atmosphère chaleureuse. C'est ici que Moïse de Camondo consultait ses catalogues de ventes et de nombreux périodiques dont la Gazette des Beaux-Arts qu'il faisait soigneusement relier en maroquin rouge.
Depuis la bibliothèque on a une jolie vue sur le parc Monceau.
Ce mobilier en noyer sculpté, composé d'un canapé, de deux bergères et de six fauteuils à la reine, confère à la bibliothèque le confort d'un salon. Il est couvert d'un très beau velours ciselé et frappé bicolore et a appartenu à un ecclésiastique dijonnais, Mgr Gouthe-Soulard.
Cet escabeau en acajou (vers 1800-1810) devient, quand il est replié, un tabouret. De tels meubles, pratiques et élégants, figuraient dans les bibliothèques aménagées pour Napoléon Ier au début du 19ème siècle.
L'appartement de Moïse de Camondo
Il est composé d'une chambre, d'une salle de bain et à la suite d'une pièce appelée "habillage".
La Chambre
Peu de recul dans cette petite pièce... donc deux photos au lieu d'une.
Le ciel de lit
Le lit : il est à trois chevets en bois sculpté et peint qui date des années 1765-1775. Sur le mur sont réunies des scènes de genre er des portraits.
Au-dessus du lit, un nu : ils sont rares dans l'Hôtel particulier.
La salle de bain
La pièce est carrelée à mi-hauteur avec des carreaux de céramique bleu et blanc disposés suivant un motif de vannerie. Elle possède un plafond laqué avec du Ripolin en arrondi tout comme la cuisine favorisant le nettoyage et la retombée de la buée.
Elle est composée d'un lave-pieds, d'une baignoire, d'un bidet (en grès émaillé),
ainsi que d'un lavabo à double vasque. La robinetterie est nickelée, une innovation à cette date pour un particulier.
Il y a même dans la pièce un porte-serviette chauffant...
ainsi que des Water-Closet en porcelaine anglaise équipés de robinets de chasse à piston, dont le système a pour nom "silencieux".
Les couloirs sont éclairés par de larges ouvertures pratiquées dans le plafond.
Michèle Mazure nous montre ici un tableau de la généalogie de la famille Camondo depuis Abraham-Salomon jusqu'aux enfants de Béatrice, la fille de Moïse, morts comme leurs parents à Auschwitz en déportation.
L'appartement de Nissim de Camondo
Il n'a pas gardé son aménagement d'origine mais a été rassemblé dans son bureau.
La chambre bureau
La salle de bain
La visite se termine par une petite pièce où se trouve une maquette de l'Hôtel particulier des Camondo.
La façade sur la rue Monceau
La façade donnant sur le jardin et le parc
C'est dans ce jardin qu'a été prise une photo de Moïse de Camondo et de son fils Nissim en 916 (copyright Les Arts Décoratifs - Paris ).
Une visite très intéressante
Merci à Anne-Marie de l'avoir réservée et à Michèle Mazure de l'avoir animée.