• ☻ Escapade entre sœurs en Bourgogne - Jour 1 : Visite de Tonnerre

    Ce lundi, je quitte la maison pour partir avec Arlette à la découverte d'une partie de la Bourgogne que je ne connais pas encore. J'ai longuement préparé ce petit voyage en réservant les logements, repéré les restaurants et listé tous les lieux dignes d'intérêt.

    Nous ne partons donc pas à l'aventure !

    Notre première étape est la ville de Tonnerre, à 50 kms à l'ouest de Courcelles. Son surnom de "Petite Venise bourguignonne" lui a été conféré par ses atouts de charme que sont le canal de Bourgogne et la rivière Armançon. Labellisée Petite cité de caractère, la localité qui a vu naître le célèbre chevalier d'Eon, diplomate et espion de Louis XV, est un agréable lieu de promenade.

    L'Armançon à Tonnerre

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    La ville est connue pour la fosse Dionne, une source Vauclusienne située au centre-ville. Celle-ci est d'ailleurs à l'origine de la création de la ville basse au Moyen-Age, les gaulois puis les romains ayant tout d'abord occupé le plateau qui la domine. Dionne vient de "Divona", divinité gauloise des gouffres et des sources. La fosse Dionne est alimentée par les infiltrations des précipitations dans le plateau calcaire avoisinant ainsi que par les pertes d'au moins une rivière.

    Pour accéder à la fosse Dionne, il faut descendre des marches. A gauche de la photo est indiqué le niveau de l'eau lors de la crue de 1910.

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    Un lavoir très élaboré a été aménagé autour de la source au XVIIIe siècle par Louis d'Eon, le père du Chevalier d'Eon alors maire de la ville.

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    La vasque de la fosse mesure 2,5 mètres de diamètre et à ce jour seuls 300 mètres de galerie ont été explorés.

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    Trois légendes sont liées à la couleur bleu turquoise de son eau...

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    On aperçoit depuis le lavoir le clocher de l'église Saint-Pierre qui surplombe la ville.

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    Pour y monter, il faut prendre un petit sentier en escaliers.

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    De là, on a une superbe vue sur la fosse et le lavoir.

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    A l'arrivée, on est récompensé de ses efforts.

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    Hélas, l'église est toujours fermée le matin. Nous nous contenterons donc d'en admirer la façade de style Renaissance. Bâtie à l'origine au IXe siècle, elle a été quasiment détruite par un incendie en 1556 qui ravagea la ville. Les travaux de restauration tardent et s'étalent de la fin du XVIe siècle au début du XVIIe siècle, expliquant son visage si particulier mêlant Renaissance italienne et style classique.

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    C'est de l'époque de la restauration de l'église que datent ses vitraux en grisaille (photo internet), extrêmement rares en France.

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    A défaut de visiter l'église, on peut depuis le parapet admirer le paysage.

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    De jeunes scouts sont montés ici pour le dessiner.

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    De ce côté-ci, on plonge sur les toitures en tuiles des maisons et celle de l'Hôtel-Dieu récemment restauré que nous allons bientôt visiter.

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    De cet autre, c'est l'église Notre-Dame où les pèlerins faisaient halte sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle dès le XIe siècle.

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    Voici l'entrée actuelle de l'Hôtel-Dieu

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    Billets d'entrée pris, nous entamons sa visite en passant sous cette jolie voûte qui débouche sur la grande salle.

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    Sur cette sculpture, une représentation du Jugement dernier

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    Portrait de Marguerite de Bourgogne (1250-1308), comtesse de Tonnerre et reine de Jérusalem : elle est la fondatrice de l'Hôtel-Dieu. Veuve à 35 ans du frère de Saint-Louis et restée sans descendance, c'était une femme très pieuse et généreuse.

    par Jean-Joseph Ansiaux (peinture du 17e siècle)

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    Waaaaoooouuuuh !

    La salle des malades servira aussi d'église jusqu'au milieu du XVIIe siècle où elle deviendra aussi un lieu de sépulture : 90 mètres de long et 18 mètres de large, autant du sol au plafond... Fondé par Marguerite de Bourgogne en 1293, ce lieu de soins et de foi destiné aux indigents (auparavant, cet endroit était marécageux et donc propice aux maladies) reste l'hôpital médiéval le plus long d'Europe.

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    Une voûte en carène de bateau, difficile à chauffer au Moyen-Age...

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    Tout nouvellement restauré, l'Hôtel-Dieu jouit d'une scénographie lumineuse qui fait changer la voûte de couleur en passant du vert au bleu, au rouge ou à l'orangé.

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    Au sol, quelques pierres tombales dont les inscriptions sont très bien conservées

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    En 1295, deux ans seulement avant le début de sa construction, l'Hôtel-Dieu accueille ses premiers malades dans quelques quarante lits.

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    Sur le sol de la salle des malades a été tracé en 1785 une méridienne associée à un œilleton percé dans une fenêtre. Celui-ci laisse passer le rayon du soleil au zénith, qui se pose sur le sol sous la forme d'un point, plus ou moins allongé suivant la saison. En admettant que le ciel soit clément tous les jours, le trajet du point lumineux sur une année est symbolisé par la courbe en forme de 8 dessinée au sol. Cette courbe représente le midi moyen qui est à 13h44 (heure d'été) à Tonnerre.

    Le gnomon de Tonnerre

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    Nous cheminons le long de la salle des malades munies d'un prospectus nous indiquant tout ce qu'il y a à voir. Tel ce retable en bois garni de colonnes corinthiennes dit de La pêche miraculeuse car il sert d'écrin à une peinture exécutée d'après un carton de Raphaël.

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    Ce retable a été commandé par la comtesse de Tonnerre Anne de Souvré au XVIIIe siècle (1646-1715). Cette jeune femme mariée à Louvois, ministre de Louis XIV à seulement 15 ans, fut la risée de la cour car Madame de Sévigné rapporta à sa fille dans une lettre qu'elle avait confondu l'expression "être saoule comme une grive" avec "être sourde comme une grive".

    Une jolie femme disait-on, mais un peu bébête...

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    Nous approchons de la chapelle, la raison de ces bancs d'église.

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    Au sein du grand retable, un tableau représente le martyre de Saint-Paul (il a été pendu par les pieds).

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    La chapelle accueille le tombeau de Marguerite de Bourgogne dont c'était le souhait d'être inhumée dans l'Hospice de Fontenilles devenu plus tard Hôtel-Dieu.

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    Le tombeau date de 1826. Inhumée en 1308 au sein du chœur de la salle des malades, il sera vandalisé lors de la révolution, sans pour autant que les restes de Marguerite de Bourgogne ne soient profanés, certainement grâce au souvenir de sa charité. Son tombeau était initialement fait de bronze et de cuivre, représentant la défunte gisante, près de sa tête se trouvaient deux angelots et à ses pieds, une colombe.

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    Le présent tombeau a été réalisé par Charles-Antoine Bridant. Marguerite est allongée, soutenue par soit l'allégorie de la Charité, soit par sa dame de compagnie, Catherine de Courtenay. Revêtant sa tenue royale fleurdelisée et sa couronne, Marguerite tient dans sa main droite la charte de fondation de l'Hôtel-Dieu, tandis que la main droite de la femme à ses côtés tient son cœur, symbole du don fait par Marguerite aux Tonnerrois.

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    Je serais tentée de redire Waaaooouuuh !

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     Passant sur le côté gauche de la chapelle ceinte par des grilles,

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    Nous découvrons le tombeau de Louvois, l'un des plus célèbres ministres du règne de Louis XIV. Ce tombeau, initialement installé à Saint-Louis-des-Invalides à Paris, déménagea une première fois pour aller au Musée des Monuments français puis fut rapatrié ici par ses descendants. Les restes de François Michel Le Tellier, comte de Tonnerre ayant été auparavant jeté à la Seine lors de la révolution...

     Sur un sarcophage de marbre noir, Louvois est à demi couché, accompagné de sa femme, en deux figures en marbre blanc. De chaque côté du monument, deux statues, en bronze, la Force et la Vigilance.

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    La Force est représentée sous la forme d'une guerrière.

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     Quant à la vigilance, elle se présente sous la forme d'une jeune femme tenant une lampe à huile dans la main gauche et aux pieds de laquelle se trouve un volatile que je n'ai pas vraiment identifié.

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    Je ne me lasse pas de ces lumières qui changent en permanence !

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    Du côté gauche de la chapelle, un porte donne accès à une petite pièce : en 1454, un riche marchand bienfaiteur, Lancelot de Buronfosse, fait don d’une Mise au tombeau, sculptée par Georges et Jean-Michel de la Sonnette. A l’origine l’ensemble était polychrome.

    Ici aussi, une scénographie lumineuse et auditive permet au visiteur d'identifier tous les personnages.

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    La lumière est ainsi mise ici sur la "Bourguignonne" qui porte un vêtement contemporain de l'époque de la sculpture. Elle aurait pris le visage de l'épouse du donateur.

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    Sept personnages, en dehors du Christ, composent cette mise au tombeau. L'homme situé à la tête du Christ pourrait être Joseph d'Arimathie. Ensuite, de gauche à droite, viennent : la Vierge - dont le voile cache les yeux - et Jean, Marie de Magdala, Marie d'Alphée et Marie Salomé. Aux pieds du Christ, un marchand, peut-être Nicodème.

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    Un petit tour dans le jardin attenant, taillé de près et depuis lequel on aperçoit sur les hauteurs l'église Saint-Pierre. C'était à l'époque le jardin médicinal de Marguerite de Bourgogne.

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    Sympa ce petit espace de repos avec chaises et tables...

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    Marguerite de Bourgogne est ici représentée portant l'Hôtel-Dieu.

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    Retour à l'intérieur mais cette fois-ci à l'autre extrémité de la salle des malades, celle qui la fait communiquer par un escalier en équerre avec la salle Courtanvaux.

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    Tout est très bien indiqué dans l'Hôtel-Dieu grâce à des panonceaux en français et en anglais.

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    Autrement dit, la cuisine-herboristerie

    La cuisine est un lieu stratégique par bien des aspects. Sur le plan médical, l'administration de repas complets et réguliers aux patients dénutris durant leur hospitalisation suffisait parfois à assurer leur guérison. Outre les apports gustatifs des aliments, les repas pouvaient également être adaptés pour leurs propriétés thérapeutiques, et varier selon les besoins et régimes des patients.

    Sur le plan financier, les archives - et notamment les registres de comptes - renseignent sur l'approvisionnement de l'hôpital, les aliments provenant en grand majorité de l'exploitation du domaine, de ses fermes, rivières, étangs, vergers et potagers. Ainsi l'hôpital était autonome pour se fournir en viandes (mouton, porc, volaille, boeuf et veau, gibier), poissons d'eau douce, légumes et légumineuses, céréales, fruits frais, séchés et à la coque, crèmerie...

    De manière exceptionnelle, la cuisine s'approvisionnait en aliments rares, tels que les poissons de mer, frais ou séchés, afin d'assurer une certaine variété des menus. Dans cette pièce est exposé le mobilier utilisé au XIXe siècle. 

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    Au fond, un grand tableau représente Marguerite de Bourgogne en pied.

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    Nous n'avons pas eu accès à l'étage.

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    Par contre, nous avons pu voir la Pharmacie, une reconstitution du XIXe siècle.

    Depuis la fondation de l'hôpital, les religieuses ont la charge du soin des malades, mais la chimie est au service des soins dès le XIVe siècle dont les archives évoquent la présence d'un "physicien", à la fois médecin et apothicaire, que l'hôpital rétribuait pour ses services. Il faut attendre le XVIe siècle pour que des "chirurgiens-barbiers", des médecins et des chirurgiens, soient salariés de l'établissement pour préparer des "drogues", des onguents...

    Peu de temps avant la révolution, alors que la confection des médicaments revient aux apothicaires de la ville, c'est à la demande du médecin qu'une religieuse a la charge de préparer les potions et drogues simples. En plus de cette charge, elle avait un rôle de gestionnaire, d'inventaire de l'apothicairerie et pharmacie, en relation avec l'administration pour compléter les stocks.

    Les ingrédients qui rentraient dans la composition des médicaments liquides préparés à l'apothicairerie étaient divers, de la réglisse au miel, sous forme de sirops, d'huiles, de teintures ou de gommes.

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    Une chambre individuelle : reconstitution de l'époque du Second Empire

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    Direction la sortie...

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    Un dernier regard à l'Hôtel-Dieu en passant sous cette voûte pour en voir l'ampleur extérieure

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    Jolies, ces petites maisons

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    Le bouquet finalavec les fleurs, on se croirait à Châtillon !

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    La suite (la visite de Chablis et du musée Pierre Merlier), c'est ICI...


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